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NOTRE EXPERIENCE
68 patients, d'âge moyen 70 ans (57-88), présentant un
cancer de prostate de stade D2 (dans 31% des cas) et pT3
en récidive biologique (69%) ont été traités par une hor-
monothérapie intermittente après avoir obtenu le nadir de
leur PSA pendant au moins 6 mois. La surveillance est
réalisée cliniquement par des dosages de PSA et une
enquête de qualité de vie tous les 3 mois, l'hormonothéra-
pie étant reprise dès que le PSA devient supérieur à 4
ng/ml. La durée moyenne du premier traitement est de
11,8 mois (3-36) et le délai de réascension du PSA de 8
mois (3-24) mais 6 patients n'ont pas réascensionné le
PSA avec un recul moyen de 14,5 mois (6-24). Le deuxiè-
me et le troisième traitement, lorsqu'ils ont été réalisés,
ont duré 6 mois (3-12) pour une durée d'arrêt également
de 6 mois : la diminution de la durée des cycles est com-
parable avec celle décrite dans la littérature par les autres
auteurs. Tous les patients, sexuellement actifs avant le
traitement, ont repris une vie sexuelle correcte et l'en-
semble des patients décrit une amélioration de l'état géné-
ral dès l'arrêt du traitement. Un cas d'androgéno-résistan-
ce est survenu après le deuxième arrêt, soit 27 mois après
le début du traitement [11 ] .
DISCUSSION
Le caractère récent et relativement empirique de ce type
de traitement permet, comme tous les auteurs l'ont fait,
d'insister sur la nécessité de réaliser des études randomi-
sées prospectives qui seules permettront de répondre aux
questions essentielles concernant la sélection de la popu-
lation et les modalités d'arrêt et de reprise du traitement.
Au vu des différentes publications, les candidats idéaux
semblent être les patients en stade D2, répondeurs à l'hor-
monothérapie, c'est-à-dire ceux dont le PSA s'est norma-
lisé en moyenne avant le 9ème mois et les patients pT3
en récidive biologique après radiothérapie ou après pros-
tatectomie radicale. Il semble nécessaire de poursuivre le
traitement hormonal tant que le nadir du PSA n'a pas été
obtenu et qu'il ne s'est pas maintenu pendant plusieurs
semaines, le délai de 6 à 8 mois étant proposé par l'en-
semble des auteurs. Le taux de PSA avant la reprise du
traitement est différent selon que les patients sont au
stade D2 ou pT3 : des différents travaux, on peut retenir
un seuil compris entre 10 et 20 ng/ml pour les patients
métastatiques et alors que celui-ci n'est que de 4 ng/ml
pour les patients au stade pT3. Le dosage du PSA doit
donc être réalisé tous les 3 mois ce qui peut être un fac-
teur d’inquiétude pour les patients.
La compréhension des mécanismes d'androgéno-inde-
pendance secondaires chez les patients traités pour un
cancer de prostate est en pleine évolution : une récente
communication de ZHAU [12], tentant de déterminer les
gènes en cause, peut laisser espérer des possibilités de
thérapies géniques. Mais dans l'état actuel des choses,
pour différer cette phase d'androgéno-indépendance et
donc tenter d'augmenter la survie des patients, en
dehors d’un éventuel traitement différé, l’alternative la
plus séduisante est le traitement immédiat mais inter-
mittent chez les bons répondeurs.
CONCLUSION
Poursuivant le triple but d'augmenter la survie en retar-
dant l'androgéno-indépendance, d'améliorer la qualité
de vie et de réduire le coût du traitement, le traitement
hormonal intermittent dans le cancer de la prostate
semble constituer une alternative interessante aux
autres possibilités thérapeutiques. La diversité des pro-
tocoles illustre l'absolue nécessité de réaliser des études
prospectives randomisées avant de pouvoir valider ce
concept et le proposer en clinique quotidienne.
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