comprenant un ensemble de pratiques et de coutumes qui perpétuent une situation
d’inégalité à l’égard des groupes cibles.
Les travaux du Bureau International du Travail en 1998, ainsi que ceux d’AMADIEU
en France ont, par exemple, largement démontré l’importance du phénomène dans le
monde du travail, à travers la technique du testing : le même CV est présenté en
modifiant le nom de famille, le sexe, l’âge, la photo… La discrimination à l’embauche
apparaît clairement. Le constat est simple : on a tendance à engager et à faire
confiance à des gens qui nous ressemblent.
L’Observatoire des discriminations a été créé en novembre 2003. Il rassemble une dizaine de chercheurs
et mène des études qui présentent plusieurs originalités : d’une part, toutes les formes de discriminations
sont abordées (genre, origine, apparence physique, âge, handicap, etc.). D’autre part, sont utilisées des
méthodes d’enquêtes diversifiées et parfois inédites en France comme le testing. L’approche
pluridisciplinaire (gestion, sociologie, droit) et fait le choix de la diffusion des travaux pour contribuer à
l’évolution des préjugés et des comportements. L’Observatoire prend le parti de traiter de questions
parfois négligées ou tabous (quel lien entre diversité, mixité et performance, par exemple ?).
En ce qui concerne le testing sur CV, étude publiée en mai 2004, l’ampleur des discriminations (pour les
emplois de commerciaux concernés par le testing) est confirmée. Un candidat handicapé (bien que la
nature de son handicap soit ignorée de l’employeur) obtient 15 fois moins de réponses positives que le
candidat de référence. Un candidat maghrébin reçoit 5 fois moins de réponses positives. Un candidat de
50 ans est nettement écarté de l’embauche (près de 4 fois moins de réponses). Pour la première fois en
France, on a testé l’effet du lieu de résidence (un mauvais quartier) et d’un visage disgracieux. Il y a bien,
dans ces deux cas, discrimination même si elle est de moindre ampleur (environ 2 fois moins de réponses
positives).
Outre les discriminations individuelles, qui peuvent se produire pour n’importe qui
dans un contexte défavorable, quatre catégories de discrimination se retrouvent le plus
souvent dans les études menées : le genre et l’orientation sexuelle ; l’âge, le
handicap et – la catégorie la plus « sensible » et donc la plus difficile à traiter dans
nos modèles culturels dominants – l’origine ethno-socio-culturelle.
L’Etat fédéral a lancé une campagne diversite.be et un label qui sera décerné, à titre
expérimental, à une série d’entreprises privées ou publiques qui accepteront d’élaborer
d’ici mars 2007 un PLAN DIVERSITE. Celui-ci porte sur quatre critères : le genre,
l’origine ethnique ou culturelle, le handicap et l’âge. En Région bruxelloise, une
Charte Diversité existe depuis un an et demi et en Flandres, 235 entreprises sont
reconnues comme ayant développé un plan diversité. En Région wallonne, une Charte
est en préparation, ainsi qu’un label management de la diversité, à partir duquel un
prix sera décerné pour mettre en valeur les initiatives remarquables en la matière :
l’objectif est repris dans le plan Marshall.
Les actions visent à la fois la main d’œuvre (recrutement, salaires, types d’emploi,
organisation du travail…), les clients ou usagers (bâtiments accessibles, amélioration
de la mobilité, diversification des goûts, des attentes, des comportements, des modèles
familiaux, des valeurs et des normes…) et les produits ou services (cfr. IKEA qui
lance ses équipements pour personnes en chaise roulante, écoles d’architecture qui
sensibilisent leurs étudiants…).
La motivation est à la fois réglementaire (injonctions internationales et européennes,
lois et décrets), sociale (responsabilité sociale et développement durable, lutte contre
les discriminations, contingence nécessitant de refléter la population) et économique
(mieux satisfaire une clientèle de plus en plus diversifiée, meilleure valorisation des
compétences, créativité et innovation, image de marque…).