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1. Revue de la littérature
Dans la zone euro, outre les décisions de taux directeurs, les principales mesures de politique
monétaire non conventionnelle sont mises en œuvre dans le cadre de trois programmes :
Securities Market Programme (SMP), Long Term Refinancing Operation (LTRO), et Outright
Monetary Transactions (OMT). L’objet de ce papier est de connaître l’impact spécifique des
opérations de refinancement de long terme (LTRO) sur la distribution de crédit aux
entreprises et aux ménages au sein de la zone euro. En effet, contrairement au SMP qui se
concentre sur le marché de dettes et aux opérations monétaires sur titres (OMT) qui ciblent les
marchés souverains, le programme LTRO paraît être la mesure adaptée si nous souhaitons
connaître l’impact ciblé sur la distribution de crédit de la part des banques de la zone euro. Il
agit a priori de manière indifférenciée sur les prêts accordés aux entreprises et aux ménages.
Pour affiner son action, la BCE annonce d’ailleurs en juin 2014 un LTRO ciblé (« Targeted »
LTRO, soit TLTRO) sur les prêts accordés aux entreprises non financières, excluant les prêts
aux ménages.
L’étude de l’impact des politiques monétaires non conventionnelles a donné lieu à une
littérature abondante. Cependant, si l’impact de ces mesures prises dans leur ensemble a été
largement étudié (Cecioni, Ferrero et Secchi, 2011; Santor et Suchanek, 2013; Dubecq et al.
2013; IMF 2013), l’étude des effets des mesures spécifiques, à l’instar des opérations
européennes de refinancement de long terme (LTRO) représente une part moins importante de
la littérature (Taylor et Williams; Frank et Hesse 2009 ; Manganelli 2012). Par ailleurs, les
effets des mesures non conventionnelles sur l’allocation de crédit au secteur non financier, et
surtout sur leur effet différencié sur le crédit aux entreprises et aux ménages, n’ont pas fait
l’objet d’un grand nombre de travaux.
La littérature offre donc un grand nombre d’analyses des effets des politiques monétaires non
conventionnelles sur différentes variables, principalement de stabilité financière, parmi
lesquelles les spreads de taux d’intérêt (entre une mesure de taux sans risque et une mesure du
taux interbancaire des opérations en blanc
) (Taylor et Williams, s. d.; Frank et Hesse 2009),
les rendements obligataires sur les marchés souverains (Eser et Schwaab 2014), ou encore
l’exposition au risque de la part des banques (Black et Hazelwood 2013).
Les résultats de ces travaux ne sont pas consensuels. Certains attestent de l’efficacité des
mesures non conventionnelles prises soit par la Fed, soit par la BCE sur la stabilité financière
au lendemain de la crise 2007-2008. Dans le cas de la zone euro, d’après Frank et Hesse
Il s’agit généralement de spreads IBOR – OIS. Le taux IBOR est associé aux opérations interbancaires en blanc
(LIBOR USD aux Etats-Unis, EURIBOR dans la zone euro) et le taux OIS aux swaps de taux d’intérêts fixe
contre variable. On retient la plupart du temps les taux à 3 mois comme endogène principale.