Résumé
Objectifs : Les études sur le recours aux soins en santé mentale ont montré qu’environ un
tiers des dépressifs n’avait recours à aucun traitement, et qu’une partie de la population
non dépressive consommait des psychotropes sans diagnostic de troubles mentaux. Notre
objectif est de mettre en évidence les caractéristiques à la fois individuelles et
environnementales qui sont associées aux troubles dépressifs et au recours aux soins en
santé mentale.
Méthode : Nous nous sommes basés sur les données de l’Etude RECORD, (Residential
Environment and CORonary heart disease), incluant 7290 participants âgés de 30 à 79 ans,
recrutés entre 2007 et 2008 et résidant dans l’un des 1824 quartiers de la région Île-de
France.
La présence de troubles dépressifs chez les participants a été déterminée par l’échelle de
dépression de Pichot: le QD2A. Les indicateurs de recours aux soins étaient : dans les 18
mois après l’étude avoir consommé des antidépresseurs et/ou avoir consulté un psychiatre.
Les probabilités suivantes : être dépressif, consommer des antidépresseurs et consulter un
psychiatre ont été estimées par des modèles de régression logistique multiniveau.
Résultats : Les troubles dépressifs étaient associés avec les facteurs de risques traditionnels
de la dépression (le genre, l’âge, le statut matrimonial, le niveau d’étude et l’activité
professionnelle). Une forte association a également été trouvée entre difficultés financières
ressenties et dépression.
Les femmes, les personnes nées en France et celles vivant seules ont toujours plus de
chance de consommer des antidépresseurs ou de consulter un psychiatre. Toutes choses
égales par ailleurs, la probabilité de consommer des antidépresseurs et de consulter un
psychiatre suivent des relations inverses avec le niveau d’étude des participants et celui de
leurs parents.
Ajusté sur les facteurs individuels, une hétérogénéité inter quartiers a été observée pour la
consultation d’un psychiatre. La densité de psychiatre au km² a été également associée à la
probabilité de consulter un psychiatre.
Conclusion : L’étude a montré des recours aux soins en santé mentale différenciés selon
l’origine sociale des participants. L’environnement de résidence semble également
influencer la probabilité de consulter un psychiatre, par la répartition de l’offre de soins.
D’autres recherches sont donc nécessaires pour comprendre comment l’environnement de
résidence détermine le recours aux soins en santé mentale ainsi que la survenue de troubles
dépressifs.
Mots Clés : Dépression, Santé mentale, Recours aux soins, Antidépresseurs, Multiniveau