Augmenter la valeur de la DSI par une démarche marketing

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Enquête
Augmenter la valeur
de la DSI par une
démarche marketing
Une enquête de Talisker Consulting et Advantages mesure la
progression des démarches marketing au sein des DSI. Catalogue de
services et autres plans de communication existent dans plus de la moitié
d’entre elles. Mais le véritable changement culturel est encore à venir.
A
vec les métiers et la direction générale,
l’informatique doit de plus en plus user
de séduction. Entre la maîtrise de son savoir-faire et celle du faire-savoir, le DSI,
souvent ingénieur et méfiant devant les
artifices de la communication, a longtemps pu éviter, enfermé dans la tour d’ivoire de sa technicité, de céder aux
professionnels de la communication et du marketing.
Non que ces derniers n’aient pas essayé de le convaincre,
à la fin des années 90 notamment, en lui faisant miroiter
un siège et une écoute attentive au comité de direction,
s’il savait mettre en valeur ses projets et ses réussites.
Mais le DSI, même reconfiguré en CIO, avait toujours
du mal avec la « novlangue » des communicants. Et
le catalogue de services, un maillon
essentiel du marketing de la dsi
43 % 57 %
Facturent
leurs coûts
100 %
26 %
Catalogue
partiel
Facturent
leurs coûts
23 %
Catalogue
complet
48 %
Pas de catalogue
complétude
du catalogue
pour les dsi interrogées
La facturation des coûts peut être partielle ou complète.
Facturent
leurs coûts
57 % 43 %
quand il acceptait de parler de ROI ou de gouvernance,
il continuait à utiliser les mots de son sérail, à base
d’indicateurs Itil (Information Technology Infrastructure Library) indigestes !
La digitalisation à marche forcée de la société et des
entreprises change la donne. Entre l’émergence de jeunes
générations de collaborateurs plus enclins à l’échange, y
compris à l’extérieur de la DSI, et les demandes de plus
en plus urgentes de directions métiers ne voulant pas
rater le TGV du digital, il est urgent de réagir. Ces dernières n’hésiteront pas, en effet, à rechercher des solutions externes si l’informatique interne ne leur apparaît
pas concurrentielle.
Des catalogues de services dans la moitié des DSI.
Les sociétés Talisker Consulting, conseil en organisation des DSI, et Advantages, spécialiste de la satisfaction
clients des DSI, ont décidé de prendre le pouls de cette
évolution. Leur enquête, intitulée « L’entreprise DSI » et
menée en 2013, mesure l’état de structuration de plusieurs fonctions supports au sein des DSI, parmi lesquelles la fonction marketing. « Nous avions déjà réalisé
deux études sur le sujet, en 2007 puis en 2011, explique
le président de Talisker Consulting, Pascal Potié. Il y a
sept ans, il y avait un intérêt certain des directions informatiques mais, concrètement, peu de réalisations. Aujourd’hui, elles ont progressé. »
Première démonstration, la généralisation des catalogues de services, c’est-à-dire d’une présentation structurée de l’offre de la DSI, avec des tarifs et des engagements
de niveau de qualité. Plus de la moitié des répondants à
l’enquête (39 entreprises et GIE consultés, avec une représentation majoritaire pour les DSI dotées d’un budget
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de plus de 100 millions d’euros), déclarent disposer de ce dire plan de marketing opérationnel ? – permet à la fois
catalogue, soit pour la totalité de leur activité (23 %), soit de structurer ses actions, mais aussi de renforcer leur lipartiellement (36 %). L’existence du catalogue se traduit sibilité pour les directions métiers, qui mesurent alors
également par une pratique renforcée de la facturation plus facilement les progrès accomplis. Ainsi 36 % des réen interne des services. 100 % des DSI ayant un catalogue pondants à l’étude se sont déjà dotés d’un tel outil, et en
complet y ont recours. Ce n’est le cas que de
vantent le résultat. Deux tiers d’entre eux es60 % des DSI qui n’en ont pas, ou dont le caen effet qu’il a un impact positif sur
Les outiLs ne timent
talogue n’est que partiel.
la qualité de leur communication. Autre
L’étude met également en évidence un suffisent pas, constat, ces plans intègrent bien souvent,
lien entre la clarification des SLA (Ser- un changement dans les deux tiers des cas, la définition
vice Level Agreement, niveaux de quad’une identité propre (charte graphique,
cuLtureL
lité de service) et l’existence du catalogue, doit s’opérer etc.) pour la communication de la DSI. Les
l’une précédant assez naturellement l’autre.
autres préfèrent utiliser les outils de la diAinsi, 80 % des DSI disposant d’un SLA complet, propo- rection de la communication de l’entreprise. Enfin, l’ensent également un catalogue de services, total ou partiel. quête démontre s’il en était besoin que les enquêtes de
Tandis que seulement 58 % des DSI n’ayant pas de SLA satisfaction auprès des utilisateurs se sont banalisées,
éditent un catalogue, partiel de surcroît.
puisque 85 % des répondants déclarent y avoir recours.
Ce qui leur permet d’appréhender les attentes, de conceFacturation et « factualisation ». Clarifier les services voir des services pour y répondre… et de les intégrer aux
et les niveaux de qualité attendus aide donc la DSI à cal- plans de communication pour les promouvoir.
culer ses prix. Mais elle doit aller plus loin, selon Pascal
Potié : « L’enjeu d’un bon marketing, c’est la mise en valeur Au-delà des outils de marketing, des réflexes à acde ses apports aux clients. Et le catalogue de services en quérir. Les outils du marketing et de la communication
est la vitrine ». Sans compter qu’il permet aussi de réa- sont donc de plus en plus utilisés par les DSI : 75 % de
gir plus rapidement à l’émergence de la concurrence ! celles qui comptent plus de 200 collaborateurs dispoLorsqu’un service apparaît sur le marché en mode Saas sent même d’une cellule support dédiée. « Mais s’ils sont
par exemple, et si des utilisateurs dans l’entreprise com- nécessaires, ils sont insuffisants si un changement culturel
mencent à y souscrire, il importe d’écouter leurs raisons ne s’opère pas », martèle Pascal Potié. Et ce n’est pas seud’une part, mais aussi de réfléchir à la mise au catalogue lement le DSI qui est concerné, mais toute la direction.
de la DSI d’une éventuelle alternative. « Souvent, des CIO « Nous proposons des formations à la communication
me disent qu’ils ne peuvent pas communiquer, parce que la orale et à l’écoute active, par exemple pour mieux aborder
qualité de services délivrée en interne est insuffisante. Ma les mécontentements des utilisateurs mécontents. Car l’imréponse est toujours la même : c’est justement là qu’il faut portant, c’est de ne pas se cantonner à son savoir-faire techprendre la parole. À la fois pour “factualiser” la situation nique et d’intégrer la relation avec le métier comme un axe
et les attentes des clients mais aussi, et surtout, pour déter- de développement majeur des compétences. »
miner un chemin de progression », détaille le consultant.
Et de comprendre que si l’autre ne comprend pas, ce
n’est pas forcément un imbécile ? L’enjeu va au-delà de
Un bon plan… de communication. Et sur le chemin, la boutade. L’absence de dialogue entre l’informatique
rien ne vaut un bon plan pour ne pas s’égarer. En l’occur- et l’utilisateur conduit parfois à des gabegies évitables.
rence, le plan de communication de la DSI – pour ne pas « Par exemple, à des refontes coûteuses d’applications
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Enquête
Pascal Potié, président de Talisker
Consulting : « Les outils de marketing
et de communication sont
nécessaires, mais insuffisants si un
changement culturel ne s’opère pas ».
Finances et RH, les autres facettes à polir du management de la DSI. Dans sa troisième étude, Talisker
Consulting étend le champ de son analyse aux fonctions finances et RH de la DSI, en sus du marketing. Un
élargissement assumé par Pascal Potié : « Le DSI doit
composer avec un ensemble d’acteurs et de problématiques qui rendent sa position très similaire à celle d’un chef
d’entreprise ». En particulier, il doit piloter lui-même
ses budgets, sa performance financière et opérationnelle, et ses ressources humaines. Avec un équilibre à
trouver avec la direction financière et la DRH de l’entreprise, dont les processus doivent être complétés, « instanciés » en quelque sorte pour la DSI, mais évidemment
pas contredits.
L’étude relève ainsi
la présence d’un support finances dans
70 % des DSI étudiées
(et 100 % pour celles
comprenant plus de
250 collaborateurs), et
d’un support RH dans
46 % (75 % pour celles
de plus de 200 collaborateurs). Mais elle souligne aussi que leur création est
souvent « la conséquence d’une demande de la direction
générale (comptabilité, reporting, processus RH communs…), davantage que d’une démarche volontaire visant à mieux piloter la DSI ».
Ce bémol se retrouve dans l’analyse détaillée de leurs
activités. Ainsi, le pilotage de la DSI se concentre trop
sur les aspects budgétaires et la production de tableaux
de bord sans s’orienter vraiment vers la performance
pour ses clients et sa direction générale (seuls 45 %
des DSI sont au niveau). Par ailleurs, les embryons de
GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), mis en place au niveau RH pour anticiper les
besoins de la DSI, se heurtent encore trop souvent à l’inadaptation de ses processus pour gérer le développement
des compétences (75 % d’insatisfaction).
Des résultats que les responsables de l’étude ont tenté
de corréler avec la taille des fonctions support, sans résultats probants. Ce n’est pas le nombre de personnes qui fait
l’efficacité d’une équipe de financiers ou de RH au sein de
la DSI, mais plus sûrement la conviction de son manager
et, par ricochet, celle de ses équipes. • François Jeanne
DR
métiers, alors que la précédente version déclarée insatisfaisante, était tout simplement mal utilisée par méconnaissance de ses fonctionnalités », regrette Pascal Potié.
Les forums qui commencent à apparaître sur les Réseaux sociaux d’entreprise (RSE) pourraient bien bouleverser le paysage, et dans le bon sens. Car ils permettent
des échanges plus sereins entre les fournisseurs de la DSI
et leurs clients des métiers, avec probablement, à terme,
des gains de temps lors de la définition des attentes des
seconds. « Il y aura sans doute, dans le futur, un effet génération Y sur la façon dont la DSI communique. Pour
l’instant, ses représentants n’influencent pas encore cette
communication. Mais ils ont une telle pratique des outils
de partage de l’information sur les réseaux sociaux, qu’ils
vont faire bouger les lignes. D’autant plus que dans les directions métiers, ils ont des homologues qui vont dessiner
avec eux les contours de l’entreprise de demain. »
La DOSI De La Fnac cOmmunIque Sur SeS réaLISatIOnS
L
DR
e marketing est absolument
nécessaire pour vendre un
produit ou un service. Mais une
DSI comme la nôtre n’en est pas là ».
Ce constat n’a pas empêché Benoît
Fremaux, directeur de la DOSI
(Direction de l’Organisation et des
Systèmes d’Information) et de la
Transformation Digitale du Groupe
Fnac, de se doter d’une cellule
Benoît Fremaux, directeur de dédiée à la communication, au sein
la DOSI et de la Transformade sa direction (environ 130 pertion Digitale du Groupe Fnac.
sonnes). « Car, explique-t-il, la DOSI
a en revanche besoin de communiquer sur ses projets, ses réussites
et sa contribution aux projets
menés par les directions métiers
de l’entreprise ». Son objectif est
double. D’une part, que les clients
métiers, dans le groupe, jouissent
d’un panorama complet de ce que
l’IT peut leur apporter au travers
des activités et des savoir-faire de la
DOSI. D’autre part, fédérer ses
membres et accroître leur fierté de
participer à des projets réussis et
importants. Et ce n’est pas si naturel.
En particulier dans un monde de
la distribution où l’informatique est
omniprésente, mais souvent,
seulement en filigrane. « À la Fnac,
qui est une entreprise à l’aise avec
la technologie, avec des dirigeants
du Comex très sensibilisés à ses
apports potentiels, il faut d’autant
plus faire preuve de pédagogie que
les attentes sont élevées. C’est
en même temps très intéressant
d’avoir des attentes à satisfaire pour
mobiliser les équipes sur des projets
de transformation ». La cellule
de communication s’est dotée d’un
plan de communication annuel,
avec la publication intermédiaire
de tableaux de bords trimestriels
pour surveiller son avancement.
Le lancement et la fin des projets
importants sont aussi l’occasion de
prendre la parole. Et pas seulement
pour le CIO : « Je pense que la
communication de la DOSI ne doit
pas être celle du son directeur.
La parole doit être partagée, au
moins en interne ».
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