georges politzer critique des fondements de la psychologie

GEORGES POLITZER
CRITIQUE DES FONDEMENTS DE
LA PSYCHOLOGIE
LA PSYCHOLOGIE ET LA PSYCHANALYSE
1928
Édition numérique hors-commerce
A PIERRE MORHANGE
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Notes sur la présente édition
Cette édition numérique hors-commerce de la Critique des fondements de la psychologie de
Georges Politzer a été conçue non pas pour concurrencer une quelconque édition du même
livre, mais pour assurer la disponibilité d'un texte qui, aujourd'hui, malgré les rééditions
successives, reste soit épuisé, soit onéreux. Le lecteur qui, pour son loisir, sa curiosité, ou ses
recherches, souhaite avoir ce texte à sa disposition personnelle peut ainsi combler ce manque
par la présente édition.
Les notes de Politzer ont toutes été conservées. Nous avons cependant, par souci de clarifier
le texte original, rabattu toutes les références ancrées dans le texte principal parmi les notes de
bas de page. En somme, nous n'avons rajouté aucune note, simplement épuré le texte de ses
nombreuses références (notamment à la Traumdeutung de Freud).
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AVANT-PROPOS
Ce travail n'est pas un travail de présentation. Il ne s'agit pas d'exposer d'une façon
dogmatique la psychanalyse telle qu'elle est dans l'ensemble ou dans une de ses parties, mais
de réfléchir sur elle au point de vue auquel nous nous plaçons. Notre travail supposant donc la
connaissance de la psychanalyse, nous avons négligé tout ce qui n'est qu'articulation technique
ou pure question de fait, lorsque nous n'y avons vu rien de significatif à notre point de vue.
C'est ce qui explique que certains aspects de la psychanalyse qui, comme la sexualité, doivent
figurer dans les exposés dogmatiques au premier plan, n'apparaissent pas du tout dans ce
travail.
Nous ne sommes pas, d'autre part, partisans de cette méthode qui consiste à vouloir justifier
les « mais» et les « si» par des citations appropriées. Et si nous avons cité moins qu'on n'en a
l'habitude dans des ouvrages comme le nôtre, c'est parce que l'exactitude de notre
interprétation ne peut être vérifiée que par une réflexion personnelle. Nous avons renoncé de la
même manière à cette conception qui inspire la plupart des ouvrages philosophiques français,
et qui consiste à supposer un lecteur absolument passif, pour ne pas dire stupide, auquel, pour
le dispenser de tout effort de réflexion personnelle, il faut présenter des choses toutes mâchées.
Cette méthode est superficielle et ne donne que la fausse clarté. Difficulté et obscurité, clarté
et facilité ne sont pas synonyme. La précision de l'idée devant se suffire à elle-même, les
développements qui ne sont destinés qu' à épargner au lecteur des efforts sont complètement
inutiles, d' autant plus qu'ils sont absolument dépourvus d'intérêt pour l'auteur lui-même.
Voilà pourquoi nous avons omis à peu très tout ce qui n'est pas la position et le
développement des idées elles-mêmes. Après avoir dit une fois aussi clairement que possible en
quel sens nous reprochions aux psychologues classiques d'avoir pris les faits psychologiques
pour des « choses », nous avons omis de comparer tout au long la signification que ce reproche
a pour nous, à celle qu'il a chez Bergson. Nous savons aussi que nous sommes très loin d'être
seul à employer le terme « concret », mais le sens qu'il a dans notre texte doit prévenir toute
confusion, bien que nous n'ayons pas passé en revue toutes ses significations. De la même
manière, nous n'avons pas pris une à une les diverses définitions du fait psychologique et les
critiques classiques de l'introspection pour montrer que les premières impliquent toutes
l'abstraction et que les dernières ont oublié l'essentiel. Et de même que nous ne nous sommes
pas éternisés sur l'idée du drame en elle-même, nous n'avons pas montré de chacune des
constructions théoriques de Freud la manière dont l'abstraction permet de les engendrer à
partir d'un fait concret et la manière dont ce fait concret peut être retrouvé en refaisant en sens
inverse le chemin de l'abstraction. Et nous pourrions citer encore beaucoup d'endroits où nous
avons évité les développements.
Tous ces développements n'auraient pas été inutiles. Mais le lecteur qui consentira à faire
l'effort nécessaire saura les retrouver par lui-même, tandis qu'à ceux qui se refusent à tout
effort de ce genre tous les développements du monde ne pourraient jamais suffire.
Nous ne voulons cependant pas couvrir, à l'aide de cette considération, ce qu'il y a d'imprécis
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et de provisoire dans cette étude. Notre travail est un point de départ, d'abord parce qu'il n'est
que le tome I des Matériaux, et ensuite parce qu'il fait précisément partie d'une série d'écrits
préliminaires. Si nous n'avons pas, par exemple, développé l'idée de signification et l'idée de
drame jusqu'au point où leur dualité, un peu gênante dans l'écrit présent, aurait cédé la place à
une conception claire de leurs rapports, c'est parce que les éléments de ce développement
appartiennent déjà au tome II des Matériaux, qui traitera de la Gestalttheorie. C'est pour la
même raison encore que tout en nous servant quelquefois de l'idée de forme, nous ne l'avons
pas approfondie. D'autres points, comme, par exemple, l'analyse de la notion de conscience ou
l'étude systématique de toutes ces démarches classiques que nous avons mises au jour chemin
faisant, ne peuvent être développés que dans l'Essai qui suivra les Matériaux.
Si nous avons la chance de rencontrer des critiques assez éclairés pour ne pas nous resservir,
sous prétexte que nous enfonçons des portes ouvertes, ce précisément sur quoi nous voulons
engager la discussion, on s'apercevra peut-être que nous ne pouvions pas, en faisant ce travail,
trouver beaucoup de points d'appui — du moins dans la littérature psychologique française. On
pourra accepter alors cette idée facile que nous voulons, en somme, la psychanalyse exposée en
termes de Gestalt et de behavior. Mais qu'on n'oublie pas alors que notre position vis-à-vis de la
Gestalttheorie et du behaviorisme ne pourra être précisée que dans les études que nous avons
l'intention de leur consacrer.
D'une façon générale, la question de savoir dans quelle mesure les réflexions contenues dans
ce volume ou dans les suivants sont «originales» ne nous intéresse pas, et si nous la soulevons,
c'est uniquement pour pouvoir éclaircir un point de plus. Des rapprochements que l'on fera,
certains seront légitimes, mais qu'on n'oublie pas ceci : il s'agit pour nous essentiellement de
poser les problèmes de telle manière que la discussion, sans pouvoir jamais revenir vers cette
psychologie qui ne doit plus exister que pour l'historien, puisse repartir d'une base nouvelle et
se poursuivre ensuite sur un nouveau plan. Que nos formules se retrouvent chez d'autres, ou
qu'elles doivent se révéler plus tard comme inadéquates, cela ne peut avoir, le problème étant
ainsi posé, aucune importance, car il ne s'agit pas pour le moment de formules, mais d'une
orientation nouvelle.
G. P.
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