Chapitre 1 Psychologie différentielle de la personnalité : introduction

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Licence 2 Psychologie
Psychologie différentielle de la
personnalité
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Partie 1
Introduction
1. Rappels psychologie différentielle
Approche idiographique vs. approche nomothétique
• Deux approches épistémologiques en psychologie :
 approche idiographique (idios : « particulier ») : étude qualitative
de cas individuels sans méthode particulière.
L’individu est envisagé dans sa singularité.
ex: psychologie clinique
 approche nomothétique (nomos : « loi ») : formuler des lois
générales suivant la méthode scientifique.
Les individus sont davantage similaires que singuliers.
ex: psychologie cognitive, psychologie différentielle
1. Rappels psychologie différentielle
Psychologie différentielle vs. psychologie expérimentale
• Les deux approches de la psychologie scientifique (cf. Cronbach)
• Approche expérimentale : créer des variations (VI) et voir comment
elles influencent le comportement (VD)
 logique explicative (causalité)
 approche processuelle
 psychologie cognitive, psychologie sociale
• Approche différentielle : étudier les relations entre des variations
déjà existantes (différences individuelles)
 logique descriptive
 approche structurale
1. Rappels psychologie différentielle
• En psychologie expérimentale, on montre que les comportements
des individus varient en fonction de la situation
• En psychologie différentielle, on part du constat que des individus
dans une même situation ont des comportements différents
• La psychologie différentielle est la sous-discipline de la psychologie
dont l’objet étude est les différences :
 entre groupes : différences intergroupes
 entre individus : différences interindividuelles
 chez un même individu : différences intra-individuelles
1. Rappels psychologie différentielle
Différences individuelles quantitatives et qualitatives
• Deux types de différences individuelles :
 différences quantitatives : les sujets se différencient quant à leur
position sur une certaine dimension (continuum)
ex: différences individuelles d’estime de soi
 différences qualitatives : les sujets se différencient au niveau des
processus qu’ils utilisent pour réaliser une certaine fonction
ex: stratégies cognitives utilisées dans la résolution d’un problème
1. Rappels psychologie différentielle
Exemple : cubes de Kohs (mesure des aptitudes visuo-spatiales)
 le sujet doit reproduire le modèle à partir de carrés isolés
 il y a 3 stratégies de résolution possibles
1. Rappels psychologie différentielle
La stratégie holistique :
 le sujet traite le modèle comme un tout
 le modèle est reproduit par essais/erreurs, par ajustements
successifs
1. Rappels psychologie différentielle
La stratégie analytique :
 le sujet décompose le modèle en différentes unités correspondant
aux carrés élémentaires (segmentation)
 le modèle est reproduit suivant un mode structuré
1. Rappels psychologie différentielle
La stratégie synthétique :
 le sujet décompose le modèle en différentes unités correspondant
à des gestalts (groupements de carrés formant une figure
géométrique simple)
1. Rappels psychologie différentielle
La notion de construit
• Objectif de l’approche différentielle :
Résumer et expliquer les nombreux comportements observés à
l’aide d’un petit nombre de dimensions psychologiques
• Une dimension psychologique est un construit : une entité non
observable, causale, et dont l’existence est inférée à partir d’un
ensemble d’observations
Un construit :
 détermine des comportements observés
 rend compte des différences de comportement entre les sujets
 est stable
1. Rappels psychologie différentielle
• Notation :
INTELLIGENCE
C
construit
observations
1
2
QI
mention
au BAC
3
nombre d’années
d’études supérieures
1. Rappels psychologie différentielle
• La prise en compte de plusieurs observations est cruciale pour qu’un
construit soit scientifiquement pertinent
• Exemple : rat dans une boîte de Skinner. Le rat appuie beaucoup sur
le levier parce qu’il a faim.
Cette explication repose sur un raisonnement circulaire : on
explique une observation par cette observation elle-même.
Faim
1. définit
2. explique
Appui sur le
levier
Pour qu’un construit soit pertinent, il doit rendre compte de plusieurs
observations corrélées entre elles
1. Rappels psychologie différentielle
• Toutes les variables psychologiques sont des construits : personnalité,
intelligence, émotions, croyances, motivation, empathie, …
• Nous invoquons en permanence des construits psychologiques pour
expliquer et comprendre nos comportements et ceux d’autrui.
« Notre esprit explique le comportement des gens par leurs croyances
et leurs désirs parce que de fait, leur comportement est déterminé par
leurs croyances et leurs désirs. » (Pinker, 2000)
1. Rappels psychologie différentielle
La notion de loi normale
• Concrètement, les différences individuelles apparaissent lorsqu’on
mesure un construit. Le plus souvent, les scores des sujets se
distribuent suivant une loi normale (courbe en cloche) :
 la majorité des sujets se situent autour de la moyenne
 le nombre de sujets diminue lorsqu’on s’éloigne de la moyenne
moyenne
1. Rappels psychologie différentielle
La notion de corrélation et l’analyse factorielle
• Dans un domaine donné, comment fait-on concrètement pour extraire
des construits ?
Exemple : un psychologue va dans un lycée et relève les moyennes
de 100 élèves dans 6 matières : maths, physique, biologie, histoiregéo, philosophie, et langue
1) les données prennent la forme d’une matrice sujets-variables
Marie
David
Céline
maths
physique
biologie
histoire
philosophie
langue
14
13
16
12
11
15
1. Rappels psychologie différentielle
2) La moyenne en maths est-elle liée à la moyenne en philo ?
Notion de corrélation : degré de relation linéaire entre deux variables
 une corrélation varie entre -1 et +1 : plus la valeur est proche de 1
(en valeur absolue), plus les deux variables sont liées
 corrélation positive : plus une variable augmente, plus l’autre
augmente aussi (ex: maths et physique)
 corrélation négative : plus une variable augmente, plus l’autre
diminue (ex: estime de soi et anxiété)
corrélation positive
corrélation négative
corrélation nulle
1. Rappels psychologie différentielle
3) Peut-on résumer les 6 matières par des capacités plus larges ?
capacités scientifiques  maths, physiques, biologie
capacités littéraires  histoire-géo, philosophie, langue
 pour cela, on analyse toutes les corrélations
 analyse factorielle : méthode pour extraire les construits qui
résument les variables
Remarque : le facteur général d’intelligence a été trouvé par
Spearman suivant cette méthode
2. Les grandes théories de la personnalité
• La personnalité est un domaine à part en psychologie de par son
importance, elle est souvent considérée comme la clé de voûte de la
nature humaine
• Dans le langage usuel, les termes « tempérament » et « caractère »
sont souvent utilisés comme synonymes de « personnalité », mais
seul ce dernier terme est considéré dans le champ scientifique
• La personnalité est « une caractéristique relativement stable et
générale de la manière d’être d’une personne dans sa façon de
réagir aux situations dans lesquelles elle se trouve. » Reuchlin (1991)
2. Les grandes théories de la personnalité
• Les théories de la personnalité peuvent être classées en deux
catégories :
 les théories dynamiques : décrire le fonctionnement de la
personnalité (processus)
ex: la théorie psychanalytique, la théorie humaniste
 les théories structurales : décrire la structure de la personnalité
(inventorier ses caractéristiques)
ex: la théorie des types, la théorie des traits
La théorie psychanalytique
• Selon Sigmund Freud, la personnalité est déterminée durant les
stades psychosexuels précoces (5-6 ans).
On lui attribue la citation : « L'enfant est le père de l'homme »
(auteur : William Wordsworth)
2. Les grandes théories de la personnalité
La théorie humaniste
• L’essor de la psychologie humaniste dans les années 1950 est dû
au rejet du béhaviorisme (trop réducteur) et de la psychanalyse (trop
centrée sur la pathologie).
En psychothérapie, il vaut mieux promouvoir ​les qualités individuelles
du patient plutôt que le considérer comme un « sac de symptômes »
• Abraham Maslow et Carl Rogers ont étudié le développement de la
personne. Celui-ci serait dirigé par l’actualisation de soi : tendance à
exploiter toutes ses potentialités et à faire de son mieux pour se
réaliser
La personnalité des individus qui parviennent à se réaliser présenterait
4 caractéristiques : une conscience profonde de soi et du monde, le
réalisme, l’acceptation du monde, et l’agréabilité
2. Les grandes théories de la personnalité
La théorie des types
• Un type est une catégorie de personnes :
 qui se ressemblent sur un grand nombre de caractéristiques
 qui se différencient d’une autre catégorie de personnes
Une typologie est donc un ensemble de catégories
• Type s’oppose à Dimension
 type : variable discrète (ex: homme-femme, droitier-gaucher)
 dimension : variable continue (ex: la taille, l’intelligence)
• L’approche typologique a toujours été très répandue car elle est très
simplificatrice (on range les personnes dans des boîtes)
• Le modèle typologique le plus célèbre est celui de Jung (1921), il
donne lieu à un questionnaire de personnalité, le MBTI
2. Les grandes théories de la personnalité
Exemple :
La typologie des tempéraments d’Hippocrate-Galien
 le mélancolique : rumineur, replié, émotif, peu sociable
 le flegmatique : calme, lent, modéré, sensible à la douleur
 le colérique : agressif, irritable, volontaire, logique
 le sanguin : bon vivant, optimiste, sociable, excessif
2. Les grandes théories de la personnalité
Exemple :
La typologie de Sheldon : une typologie morpho-psychologique
 l’ectomorphe : maigre, sensible, introverti
 l’endomorphe : rond, décontracté, tolérant
 le mésomorphe : athlétique, actif, prend des risques
Ectomorphe
Endomorphe
Mésomorphe
2. Les grandes théories de la personnalité
• Les types astrologiques sont les plus connus du grand public
Les horoscopes tirent profit d’un biais psychologique, l’effet Barnum
(ou effet Forer) : tendance à croire qu’une description vague de la
personnalité s’applique spécifiquement à soi
• En 1948, Bertram Forer avait rédigé une description de personnalité à
partir de divers horoscopes.
Il avait distribué le – même – texte à ses étudiants en le présentant
comme une description personnalisée.
Les étudiants devaient évaluer dans quelle mesure cette description
s’appliquait à eux, sur une échelle de 0 (médiocre) à 5 (excellent).
La moyenne des évaluations était de 4.26
2. Les grandes théories de la personnalité
Vous avez besoin d'être aimé et admiré, et pourtant vous êtes critique avec
vous-même. Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité,
mais vous savez généralement les compenser. Vous avez un potentiel
considérable que vous n'avez pas encore utilisé à votre avantage.
À l'extérieur vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais à
l'intérieur vous tendez à être préoccupé et pas très sûr de vous-même.
Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne
décision ou fait ce qu'il fallait.
Vous préférez une certaine dose de changement et de variété, et devenez
insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations. Vous vous flattez
d'être un esprit indépendant ; et vous n'acceptez l'opinion d'autrui que dûment
démontrée. Vous avez trouvé qu'il était maladroit de se révéler trop facilement
aux autres.
Par moment vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu'à d'autres
moments vous êtes introverti, circonspect, et réservé. Certaines de vos
aspirations tendent à être assez irréalistes.
2. Les grandes théories de la personnalité
La théorie des traits
• C’est la théorie correspondant à l’approche différentielle de la
personnalité. Elle décrit la structure de la personnalité au moyen
de dimensions (plutôt que de catégories)
Partie 2
La théorie des traits
1. La notion de trait de personnalité
• La personnalité renvoie à un vaste ensemble de comportements
observables (être ponctuel, anxieux, aimer prendre des risques, …)
• L’approche différentielle cherche à identifier les construits qui soustendent ces comportements. Chaque construit est appelé un trait de
personnalité :
« une disposition interne, relativement générale et permanente, plus
ou moins marquée selon les individus et ayant une valeur
explicative. » (Huteau, 1985)
• Un trait de personnalité :
 détermine des pensées, des sentiments, des comportements
 est une dimension suivant laquelle les individus se différencient
 est stable : dans le temps (stabilité temporelle) et entre les
situations (stabilité situationnelle)
1. La notion de trait de personnalité
• On distingue quatre niveaux d’analyse dans l’approche différentielle
de la personnalité :
 niveau 1 : comportements spécifiques
 niveau 2 : comportements habituels, traits de surface
 niveau 3 : facteurs de premier ordre, facteurs primaires, traits
 niveau 4 : facteurs de second ordre, facteurs globaux, domaines
• C’est l’analyse factorielle qui a mis en évidence ces niveaux
2. L’approche psycho-lexicale
• La première étape pour identifier les construits de personnalité est de
répertorier l’ensemble des comportements (par observation)
• Selon l’approche psycho-lexicale, il n’est pas nécessaire de faire
cela car les aspects les plus importants du comportement sont
retranscrits dans le langage, et le plus souvent par un seul mot.
« Ces différences individuelles qui sont les plus saillantes et les plus
pertinentes socialement dans la vie des gens finissent par être codées
dans leur langue ; plus une telle différence est importante, plus il est
probable qu’elle soit exprimée par un seul mot. » (Allport et Odbert,
1936)
• Ainsi, pour dégager les dimensions fondamentales de la personnalité,
on peut partir d’une analyse du lexique (le dictionnaire étant un
inventaire du lexique)
2. L’approche psycho-lexicale
• Le premier inventaire psycho-lexical a été réalisé par Baumgarten en
1933, dans la langue allemande. Il a recensé 1093 termes relatifs à la
personnalité et aux états mentaux
• L’inventaire psycho-lexical le plus célèbre et le plus exhaustif provient
de Allport et Odbert en 1936, dans la langue anglaise.
Ils ont extrait d’un dictionnaire (le Webster's Dictionary, 500 000 mots)
tout terme ayant « la capacité ... de distinguer le comportement d'un
être humain de celui d'un autre »
• Extraction de 17 953 termes classés dans 4 catégories :
 traits (4504) : tendances consistantes et stables (introverti)
 états (4541) : état mental temporaire, humeur (abattu)
 évaluations normatives (5226) : jugement social (digne)
 catégorie résiduelle (3682) : qualités physiques, capacités (doué)
2. L’approche psycho-lexicale
• Allport et Odbert ont signalé la difficulté de ce travail de classification
sémantique. La liste des 17 953 termes correspond selon eux à un
« cauchemar sémantique ».
Leur classification contient donc une part d’arbitraire. En effet, les 4
catégories ne sont pas indépendantes (le degré d’accord entre les
classifications de 3 juges indépendants n’atteint que 47%)
• En 1967, Norman publie un autre inventaire psycho-lexical à partir du
même dictionnaire utilisé par Allport et Odbert (édition plus récente).
Il relève 18 125 mots liés à la personnalité parmi lesquels il identifie
2797 traits. Norman élabore une taxonomie plus fine comportant 75
catégories sémantiques
2. L’approche psycho-lexicale
• Critiques de l’approche psycho-lexicale :
 des traits de personnalité renvoient à une réalité psychologique
trop complexe pour être captée par un seul mot
 souvent, les individus utilisent les termes de personnalité de façon
ambiguë et équivoque
 la signification des termes de personnalité varie en fonction des
périodes, des régions, des langues, et des cultures
2. L’approche psycho-lexicale
• L’inventaire psycho-lexical de Allport et Odbert a été la première étape
dans la construction d’une théorie différentielle de la personnalité, en
répertoriant l’ensemble des comportements pertinents
• La deuxième étape a consisté à extraire les construits (facteurs) qui
résument et organisent ces comportements, en réalisant des analyses
factorielles
• Trois modèles principaux ont été issus de cette démarche : le modèle
de Cattell, le modèle de Eysenck, et le modèle du Big Five
3. Le modèle de Cattell
• Il y a deux Cattell en psychologie différentielle :
James McKeen Cattell
Raymond Cattell
• James McKeen Cattell (1860-1944) : américain, auteur des premiers
tests mentaux (le premier à avoir utilisé ce terme). Collaborateur de
Francis Galton
3. Le modèle de Cattell
• Raymond Cattell (1905-1998) : anglais et américain
 plus de 500 articles, 50 ouvrages, et 30 tests psychologiques
 figure à la 16ème place du classement des 100 psychologues les
plus éminents du 20ème siècle (Haggbloom, 2002)
 contributions essentielles dans deux domaines notamment :
intelligence (cf. intelligence fluide-cristallisée) et personnalité
• Cattell défendait une approche scientifique en psychologie et
dénonçait les approches trop intuitives
« La psychologie apparaît comme une jungle de concepts confus,
contradictoires, et arbitraires. […] Qui sait, parmi les brillantes idées
proposées, lesquelles sont vraies ? Certains diront que les
affirmations de tel théoricien sont correctes, alors que d’autres
privilégieront le point de vue d’un autre. Il n’existe aucun autre moyen
objectif de faire sortir la vérité que la recherche scientifique. » (1965)
3. Le modèle de Cattell
• Cattell avait une conception large de la personnalité : elle englobe
« tout ce qui permet de faire une prédiction de ce que fera une
personne dans une certaine situation » (prédiction comportementale).
La personnalité englobe ainsi la cognition (« traits d’aptitude »), le
tempérament (« traits de tempérament »), et la motivation (« traits
dynamiques »)
3. Le modèle de Cattell
• Pour Cattell, la meilleure méthode pour élaborer une vraie théorie de
la personnalité est l’analyse factorielle.
Cette méthode permet de prendre en compte simultanément un grand
nombre de variables (méthode multivariée) recueillies dans un
contexte naturel
 la méthode expérimentale ne permet de considérer qu’un petit
nombre de variables dans des situations artificielles (laboratoire)
 la méthode clinique considère l’individu dans son environnement
naturel mais sans rigueur scientifique (intuition)
« Ainsi la méthode multivariée présente les avantages de la méthode
expérimentale classique et de la méthode clinique sans cependant en
avoir les inconvénients : elle est objective, précise et rigoureuse, tout
en permettant d’aborder ce qui échappe à l’expérimentation classique,
à savoir l’étude non fragmentée des phénomènes psychiques
complexes dans leur contexte naturel. » (1966)
3. Le modèle de Cattell
• Cattell a élaboré son modèle de la personnalité en 1946 en réalisant
des séries d’analyses factorielles sur la base de l’inventaire psycholexical de Allport et Odbert (1936)
• Dans la terminologie de Cattell :
 comportement observé = trait de surface
 construit (facteur) = trait de source
• La donnée de départ est l’observation d’un sujet sur une variable
(matrice sujets-variables)
persévérance
Marie
David
extraversion
sociabilité
…
3. Le modèle de Cattell
• Pour Cattell, il existe 3 types de données (recueil des observations) :
 les données biographiques (données L) : données issues de
l’observation du comportement d’un sujet dans son environnement
naturel (ex: habitudes alimentaires), et données issues d’une
évaluation du sujet par des observateurs (hétéro-évaluation)
ex: demander aux parents de Marie si elle est persévérante
 les données de questionnaires (données Q) : réponses fournies
par un sujet lui-même (auto-évaluation)
ex: demander à Marie si elle est persévérante
 les données de tests objectifs (données T) : données objectives
issues de l’observation du comportement d’un sujet dans une
situation standardisée
ex: faire réaliser à Marie une tâche fastidieuse et observer si elle
persévère ou non
3. Le modèle de Cattell
Les étapes de la démarche de Cattell :
• Etape n°1 : il part de la liste de 4504 traits de personnalité de Allport
et Odbert et la réduit à une liste de 171 traits élémentaires par une
analyse sémantique (niveau 1)
• Etape n°2 : il demande à des sujets d’évaluer des personnes de leur
entourage sur ces 171 traits (hétéro-évaluation : données L)
L’analyse factorielle des données fait ressortir 35 traits de surface
(niveau 2).
Cattell ne retient donc que 0.78% des 4504 traits de Allport et Odbert.
Autrement dit, l’ensemble de comportements liés à la personnalité
peut se résumer par quelques comportements plus généraux
3. Le modèle de Cattell
Les étapes de la démarche de Cattell :
• Etape n°3 : il demande à nouveau à des sujets d’évaluer certaines de
leurs connaissances sur ces 35 traits (données L).
L’analyse factorielle montre que 12 facteurs (traits-source) résument
les 35 traits de surface
• Etape n°4 : il demande à des sujets de s’évaluer eux-mêmes sur les
35 traits de surface (données Q). L’analyse factorielle dégage les
mêmes 12 facteurs que ceux obtenus avec les données L plus 4
nouveaux facteurs, soit 16 facteurs au total que Cattell appelle
facteurs primaires de la personnalité (niveau 3).
Par la suite, Cattell a montré que ces 16 facteurs primaires sont euxmêmes sous-tendus par 5 facteurs généraux : facteurs secondaires
ou globaux (niveau 4)
3. Le modèle de Cattell
Relation entre les 16 facteurs primaires et les 5 facteurs secondaires :
Extraversion
Anxiété
DuretéIntransigeance
Indépendance
Contrôle de soi
Cordialité
Chaleur (A)
Stabilité
émotionnelle (C)
Cordialité
Chaleur (A)
Dominance (E)
Vivacité (F)
Vivacité (F)
Vigilance (L)
Sensibilité (I)
Assurance en
société (H)
Respect des
conventions (G)
Assurance en
société (H)
Inquiétude
Appréhension (O)
Imagination
Distraction (M)
Vigilance (L)
Imagination
Distraction (M)
Intériorisation (N)
Tension (Q4)
Ouverture au
changement (Q1)
Ouverture au
changement (Q1)
Perfectionnisme
(Q3)
Autonomie à l’égard
du groupe (Q2)
Note : le facteur primaire B (raisonnement) est à part
3. Le modèle de Cattell
• Un questionnaire est basé sur le modèle de Cattell : le 16PF.
La première édition date de 1949 et il a depuis été réédité quatre fois
(1956, 1962, 1968, et 1993). Cette 5ème version de 1993 a été traduite
et adaptée en français en 1995.
• Le 16PF comporte 185 items pour lesquels le sujet doit choisir entre
3 réponses a, b, et c
Exemple : un item du facteur A (cordialité-chaleur)
Pour certaines fêtes et anniversaires importants :
a. j’aime faire des cadeaux personnels
b. je ne sais pas
c. je trouve un peu ennuyeux d’acheter des cadeaux
3. Le modèle de Cattell
• Chaque facteur est mesuré avec 10-15 items. Les scores (étalonnés)
à chaque échelle vont de 1 à 10
• Le 16PF comporte également 3 échelles permettant d’évaluer des
biais de réponse :
 Désirabilité sociale : tendance à choisir les réponses les plus
socialement désirables
 Tendance à l’acquiescement : tendance à choisir davantage les
réponses qui reflètent un accord (« Vrai », « Oui », « Fortement en
accord », …)
 Tendance à la neutralité
• La passation de l’instrument par un sujet permet d’obtenir son profil
de personnalité sur les 16 facteurs
4. Le modèle de Eysenck
• Hans Eysenck (1916-1997) : psychologue allemand
 plus de 1600 articles et 80 ouvrages
 travaux sur la personnalité, l'héritabilité
des caractères psychologiques
• Eysenck a réalisé la première étude (1952)
sur l’efficacité des psychothérapies.
Sa méta-analyse de 19 études montre que
sur une période de 5 ans après le début de
la thérapie :
 groupe « psychanalyse » : 44% des patients s’améliorent
 groupe « éclectique » : 64% des patients s’améliorent
 groupe « médecine » (hôpital) : 72% des patients s’améliorent
4. Le modèle de Eysenck
• La spécificité de l’approche d’Eysenck de la personnalité est son
ancrage dans la biologie : son modèle est psychobiologique.
Il cherchait à élaborer « une théorie biologique des différences
individuelles »
Génétique
Biologie/Physiologie
Personnalité
Les gènes n’influencent pas directement la personnalité : ils
déterminent la physiologie de l’individu, qui à son tour influence la
personnalité
• Dans sa conception, les dimensions psychologiques qui sont extraites
par l’analyse factorielle :
 doivent être mises en relation avec le fonctionnement biologique
 ont une origine génétique
4. Le modèle de Eysenck
Les étapes de la démarche d’Eysenck :
• Etape n°1 : En 1944, Eysenck travaille dans un hôpital psychiatrique
à Londres. Le dossier de chaque patient comporte beaucoup de
données médicales, biographiques, et psychologiques. Il extrait de
chaque dossier 39 variables et code ces variables pour 700 patients.
Une analyse factorielle montre que deux facteurs indépendants
(orthogonaux) résument largement les 39 variables :
« l’un dénote un manque général d’intégration de la personnalité,
d’adaptabilité et d’effort général qu’on pourrait qualifier du terme de
névrosisme. Le second facteur oppose des symptômes qualifiés de
“dysthymiques” : anxiété, apathie, dépression, à des symptômes
qualifiés d’hystériques. » (1947)
4. Le modèle de Eysenck
En se référant aux travaux de Jung, Eysenck croit reconnaître dans
ce deuxième facteur l’expression pathologique de deux types de
personnalité : l’introverti (dysthymique) et l’extraverti (hystérique)
 Premier facteur : névrosisme (noté N)
névrosés : anxiété, dépression, culpabilité, faible estime de soi,
irrationalité, sur-émotivité
 Deuxième facteur : extraversion-introversion (noté E)
extravertis : sociabilité, expressivité, enthousiasme, activité,
recherche de sensation, dominance
4. Le modèle de Eysenck
Eysenck note une correspondance entre les deux facteurs N-E et les
quatre tempéraments d’Hippocrate-Galien :
Névrosisme
Mélancolique
Colérique
Extraversion
Introversion
Flegmatique
Sanguin
Stabilité émotionnelle
4. Le modèle de Eysenck
• Etape n°2 : Eysenck retrouve les deux facteurs à partir d’un
échantillon de sujets normaux (1500 soldats).
Il montre notamment que le facteur N différencie ces soldats normaux
de soldats névrotiques.
La différence entre le normal et le pathologique est donc une
différence de degré. Selon Eysenck, la personnalité pathologique est
un prolongement de la personnalité normale
4. Le modèle de Eysenck
• Etape n°3 : Eysenck ajoute un troisième facteur à son modèle, le
psychotisme (ou psychoticisme) noté P : c’est le modèle PEN.
Le psychotisme représente un continuum entre la conduite
empathique et la conduite schizoïde (détachement des relations
sociales et froideur émotionnelle), et il serait un trait commun à toutes
les psychoses.
Psychotiques : impersonnalité, égocentrisme, froideur, dureté
4. Le modèle de Eysenck
• Eysenck a proposé une interprétation biologique des 3 facteurs de
personnalité qu’il a identifiés :
 Facteur E : excitabilité du cortex (formation réticulaire activatrice)
introvertis : grande excitabilité corticale, donc retrait de
l’environnement
extravertis : faible excitabilité corticale, donc approche de
l’environnement, recherche de stimulation
 Facteur N : activation du système limbique (support cérébral des
émotions)
névrosés : forte et longue activation du système limbique
 Facteur P : asymétrie fonctionnelle des hémisphères cérébraux et
niveau de testostérone
psychotiques : prévalence de l’hémisphère gauche et niveau élevé
de testostérone
4. Le modèle de Eysenck
• Eysenck (1990) a avancé trois arguments majeurs pour justifier la
pertinence biologique de son modèle en trois facteurs :
1. stabilité interculturelle du modèle : celui-ci a été validé dans
34 pays (Nigeria, Japon, Etats-Unis, etc.).
Une telle validation du modèle dans des cultures aussi variées
serait peu probable si des facteurs biologiques ne rentraient pas
en compte dans la construction de la personnalité.
La validité du modèle ne tient donc pas à la culture mais à la
nature (biologie)
4. Le modèle de Eysenck
• Eysenck (1990) a avancé trois arguments majeurs pour justifier la
pertinence biologique de son modèle en trois facteurs :
2. stabilité temporelle des facteurs : des études longitudinales
montrent que les individus préservent leurs positions sur les trois
facteurs au cours de leur vie.
Bien que nos expériences et notre vécu varient énormément tout
au long de notre vie, notre personnalité telle que décrite par ces
trois dimensions change relativement peu.
Selon Eysenck, la stabilité de la personnalité est due à sa base
biologique
4. Le modèle de Eysenck
• Eysenck (1990) a avancé trois arguments majeurs pour justifier la
pertinence biologique de son modèle en trois facteurs :
3. héritabilité des facteurs : renvoie aux travaux en génétique
comportementale.
Exemple : des jumeaux monozygotes (MZ) ont exactement le
même patrimoine génétique alors que des jumeaux dizygotes
(DZ) ont 50% de leur patrimoine génétique en commun.
Si la personnalité a une origine génétique, les personnalités de
jumeaux MZ devraient être plus similaires que celles de jumeaux
DZ. Les recherches dans ce domaine montrent que c’est le cas
4. Le modèle de Eysenck
La méthode des jumeaux :
Génétique
Environnement
monozygotes (MZ)
dizygotes (DZ)
élevés ensemble
élevés ensemble
jumeau 1
jumeau 2
jumeau 1
jumeau 2
Paire 1
Paire 2
…
Corrélation jumeaux
rMZ
rDZ
Plus rMZ est supérieure à rDZ , plus l’influence génétique est forte
Exemples :
 névrosisme : rMZ = 0.45 , rDZ = 0.18
 extraversion : rMZ = 0.50 , rDZ = 0.17
4. Le modèle de Eysenck
• On peut noter des différences importantes entre les travaux d’Eysenck
et ceux de Cattell.
 Eysenck : identifier les facteurs globaux de la personnalité
(niveau 4) en lien avec la biologie, les facteurs sont indépendants
 Cattell : identifier les facteurs qui permettent une description
précise de la personnalité (niveau 3) ; les facteurs sont corrélés
4. Le modèle de Eysenck
• Eysenck a construit deux questionnaires basés sur sa théorie :
 l’EPI (1964; Eysenck Personality Inventory) : mesure E et N
57 items dichotomiques : 24 items pour chaque échelle, et une
échelle de mensonge (9 items)
 l’EPQ (1975; Eysenck Personality Questionnaire) : mesure E, N, P
100 items dichotomiques : 23 items pour l’échelle E, 24 items pour
l’échelle N, 32 items pour l’échelle P, et une échelle de mensonge
(21 items)
Exemple :
Votre humeur subit-elle souvent des hauts et des bas ?
□ OUI
□ NON
4. Le modèle de Eysenck
Le modèle psychobiologique de Cloninger
• Il existe un autre modèle psychobiologique de la personnalité majeur :
le modèle de Robert Cloninger (né en 1944). Ce modèle identifie 4
tempéraments ayant une base génétique et 3 caractères qui sont
façonnés par l’environnement et les événements de vie
• Les 4 tempéraments :
 Recherche de la Nouveauté (RN) : recherche permanente
d’activités nouvelles et évitement des activités répétitives et
monotones.
La RN serait liée au taux de dopamine (neurotransmetteur
associé au plaisir) : ce taux est faible chez les sujets avec une RN
élevée qui chercheraient à l’augmenter via des activités nouvelles
Scores élevés : excité, impulsif / Scores bas : calme, tempéré
4. Le modèle de Eysenck
 Evitement du Danger (ED) : tendance à réagir intensivement aux
stimuli aversifs et à éviter les situations négatives.
L’ED est lié au taux de sérotonine (neurotransmetteur associé à
l’humeur) : ce taux est élevé chez les sujets qui évitent le danger
Scores élevés : craintif / Scores bas : optimiste
 Dépendance à la Récompense (DR) : tendance à réagir
intensivement aux renforçateurs (sociaux)
La DR est liée au taux de noradrénaline (neurotransmetteur
associé à l’anxiété) : ce taux est faible chez les sujets avec une
DR élevée qui cherchent à l’augmenter via les relations sociales
Scores élevés : sociabilité, dépendance / Scores bas : froideur
 Persistance : capacité à maintenir ses buts quelles que soient les
difficultés rencontrées (perfectionniste vs. instable)
4. Le modèle de Eysenck
• Les 3 caractères :
 autodétermination : maturité individuelle
aptitude du sujet à contrôler, réguler, adapter ses comportements
en accord avec buts et ses valeurs
 coopération : maturité sociale
acceptation, tolérance, amabilité, empathie
 transcendance : maturité spirituelle
conscience, transpersonnalité
• Cloninger a développé 2 questionnaires basés sur sa théorie :
 le TPQ (Tridimensional Personality Questionnaire) : mesure les
tempéraments RN, ED, et DR (100 items dichotomiques)
 le TCI (Temperament and Character Inventory) : mesure les 4
tempéraments et les 3 caractères (240 items dichotomiques)
5. Le modèle des cinq facteurs
• Modèle dominant et relativement consensuel dans le domaine de la
personnalité, issu de deux courants de recherches : l’approche
lexicale et l’approche par les questionnaires
Le courant basé sur l’approche lexicale (Goldberg)
• On analyse le lexique de la personnalité
• Fiske (1949) part des 35 traits de surface de Cattell et les transforme
en 22 descriptions simplifiées. A partir d’auto et d’hétéro-évaluations
sur ces 22 variables, il dégage par analyse factorielle 5 facteurs.
Tupes et Christal (1961) retrouvent ces 5 facteurs à partir de 8
échantillons différents.
Norman (1963) retrouve aussi cette structure à partir de listes dérivant
des 35 variables de Cattell.
5. Le modèle des cinq facteurs
• Goldberg (1990) part de l’inventaire psycho-lexical de Norman (1967),
il en dérive une liste de 1710 adjectifs répartis dans les 75 catégories
sémantiques, et il demande à des sujets de s’évaluer sur ces adjectifs.
Un série d’analyses factorielles des données montre qu’on aboutit
chaque fois à 5 facteurs.
• En 1981, Goldberg avait qualifié ces 5 facteurs de Big Five (chaque
facteur recouvrant un large domaine de la personnalité).
Dans le courant psycho-lexical, les 5 facteurs sont désignés par des
chiffres romains et sont souvent mesurés au moyen d’adjectifs
I. Extraversion
II. Agréabilité
Les facteurs sont ordonnés suivant
leur fréquence dans le lexique
III. Conscience
IV. Stabilité émotionnelle
V. Culture
5. Le modèle des cinq facteurs
• La reconnaissance de la validité du Big Five provient notamment
d’études ayant montré la stabilité interculturelle du modèle.
A ce propos, Goldberg est le créateur de l’IPIP (International
Personality Item Pool) : site web proposant des traductions d’items
mesurant les 5 facteurs dans de nombreuses langues.
5. Le modèle des cinq facteurs
Le courant basé sur les questionnaires (Costa et McCrae)
• On analyse les réponses à des phrases descriptives représentatives
du domaine de la personnalité
• Dans les années 1970, Costa et McCrae sont partis des travaux de
Cattell et ont retrouvé 2 des 3 dimensions du modèle d’Eysenck :
Extraversion (E) et Névrosisme (N).
Leurs analyses les ont amené à considérer un troisième facteur,
Ouverture (O), qui regroupe notamment les facteurs primaires
Imagination et Ouverture au changement de Cattell.
Ces 3 facteurs forment le modèle NEO
• En 1978, Costa et McCrae publient un inventaire mesurant ces
facteurs, le NEO Inventory
5. Le modèle des cinq facteurs
• Par la suite, Costa et McCrae ont réalisé que leurs 3 facteurs étaient
identiques à 3 des 5 facteurs du Big Five. Ils ont alors étendu leur
modèle en intégrant les 2 autres facteurs (Agréabilité et Conscience)
• Le modèle de Costa et McCrae est appelé FFM (Five-Factor Model)
Les 5 facteurs sont indépendants et chaque facteur comporte 6
facettes (sous-dimension, facteur plus restreint)
Les 5 facteurs sont désignés par des lettres majuscules :
Ouverture
Conscience
Extraversion
Agréabilité
Névrosisme
• En 1985, ils publient le NEO PI (NEO Personality Inventory) qui
mesure les 5 facteurs. Une version révisée est publiée en 1992, le
NEO PI-R. Cet inventaire compte 240 items (chaque facette est
mesurée par 8 items)
5. Le modèle des cinq facteurs
• Névrosisme : stabilité émotionnelle
Facettes :
1. anxiété
2. hostilité
3. dépression
4. timidité sociale
5. impulsivité
6. vulnérabilité
Exemple item NEO PI-R :
Je me sens souvent inférieur aux autres.
5. Le modèle des cinq facteurs
• Extraversion : énergie dans l’approche du monde extérieur
Facettes :
1. chaleur
2. grégarisme (vie en groupe)
3. assertivité (s'affirmer tout en respectant autrui)
4. activité
5. recherche de sensations
6. émotions positives
Exemple item NEO PI-R :
J’aime être entouré de beaucoup de gens.
5. Le modèle des cinq facteurs
• Agréabilité : orientation pro-sociale
Facettes :
1. confiance
2. droiture
3. altruisme
4. compliance (respect d'une prescription médicale)
5. modestie
6. sensibilité
Exemple item NEO PI-R :
Je préfère coopérer avec les gens plutôt que de rivaliser avec eux.
5. Le modèle des cinq facteurs
• Conscience : caractère consciencieux, contrôlé, déterminé
Facettes :
1. compétence
2. ordre
3. sens du devoir
4. recherche de réussite
5. autodiscipline
6. délibération (examen approfondi à propos d’une question)
Exemple item NEO PI-R :
Je vise la perfection dans tout ce que j’entreprends.
5. Le modèle des cinq facteurs
• Ouverture : accepter de vivre de nouvelles expériences
Facettes :
1. rêveries
2. esthétique
3. sentiments
4. actions
5. idées
6. valeurs
Exemple item NEO PI-R :
Je démontre une très grande curiosité intellectuelle.
5. Le modèle des cinq facteurs
• Différence entre le Big Five et le FFM :
 Big Five : description (taxonomie) de la personnalité
les 5 facteurs ne font que résumer le lexique de la personnalité
 FFM : explication de la personnalité
les 5 facteurs sont réels (base biologique)
• Dans les années 1990, Costa et McCrae ont développé un modèle
intégratif de la personnalité articulant 5 éléments :
1. les dispositions de base : traits de personnalité (biologie)
2. les caractéristiques adaptatives : compétences acquises,
attitudes, habitudes (interaction sujet-environnement)
3. le concept de soi : représentation qu’un sujet a de lui-même
4. la biographie objective : histoire et événements de vie
5. les influences externes : environnement au sens large
5. Le modèle des cinq facteurs
• Critiques du modèle des cinq facteurs :
 ce modèle est purement descriptif car il a été construit de façon
strictement empirique et a-théorique (analyses factorielles de
termes liés à la personnalité)
 le nombre de facteurs n’est pas si consensuel : en appliquant
l’approche lexicale dans 7 langues, Ashton et coll. (2004) trouvent
un facteur supplémentaire : l’Honnêteté-Humilité
 les 5 facteurs ne sont pas exhaustifs : ils ne couvrent pas toute
l’étendue de la personnalité
 l’interprétation théorique des facteurs n’est pas consensuelle
 la structure réelle du modèle ne correspond pas exactement à
la structure théorique : les facteurs ne sont pas totalement
indépendants et certaines facettes sont peu liées au facteur
correspondant
6. Critiques de la théorie des traits
Les trois propriétés théoriques des traits sont-elles vérifiées?
1. Les traits différencient les individus OUI
Les réponses à un questionnaire de personnalité sont très variables,
elles reflètent des différences psychologiques réelles
2. Les traits sont stables dans le temps
Application de la méthode test-retest : on fait passer le questionnaire
à un échantillon de sujets une première fois (test), puis une seconde
fois (retest). Le délai entre le test et le retest est très variable.
 stabilité relative : OUI
Entre le test et le retest, le classement des sujets reste le même
 stabilité absolue : NON
Entre 20% et 30% des sujets n’ont pas le mêmes scores entre le
test et le retest.
6. Critiques de la théorie des traits
3. Les traits causent le comportement
• Depuis les origines de la psychologie, deux grandes approches
s’opposent quant aux déterminants du comportement :
 l’approche individuelle : le comportement est déterminé par les
caractéristiques de la personne
ex: psychologie différentielle, psychologie clinique
 l’approche situationniste : le comportement est déterminé par
les caractéristiques de la situation
ex: psychologie différentielle, psychologie clinique
Exemple : un conducteur grille un stop. Est-ce parce qu’il est
impulsif (personne) ou est-ce parce qu’il est pressé (situation) ?
6. Critiques de la théorie des traits
• En 1968, Walter Mischel (né en 1930) a publié un ouvrage dans
lequel il critique vigoureusement la notion de trait de personnalité.
Sur la base d’une revue – partielle – des recherches, il montre
notamment que :
 la corrélation entre les traits et le comportement réel est
faible : entre .30 et .40. On ne peut donc pas raisonnablement
affirmer que les traits déterminent le comportement
 le comportement n’a pas de stabilité situationnelle : si les
traits existaient et causaient le comportement, alors celui devrait
être stable d’une situation à une autre
6. Critiques de la théorie des traits
• Les défenseurs de la théorie des traits ont répondu à ces critiques :
 Mischel a pris en compte des études réalisées en laboratoire où
le comportement est relativement artificiel.
Mais si on considère le comportement en situation naturelle, la
corrélation trait-comportement augmente
 le comportement varie beaucoup entre des situations précises,
spécifiques.
Mais il varie beaucoup moins si l’on considère les situations à un
niveau plus global. Les traits ne décrivent d’ailleurs que des
tendances générales.
Par ailleurs, des corrélations entre .30 et .40 ne sont pas si
basses que cela. Plusieurs chercheurs ont montré qu’en fait, la
corrélation situation-comportement n’est pas plus élevée
6. Critiques de la théorie des traits
• La publication de Mischel est en partie à l’origine de l’opposition entre
les psychologues différentialistes et les psychologues sociaux
• Note : Walter Mischel est par ailleurs célèbre pour ses travaux sur le
contrôle de soi et notamment la capacité à différer la gratification
(attendre avant d’obtenir un plaisir, une récompense).
En 1972, il a réalisé la célèbre « expérience du chamallow » : un
enfant a le choix entre manger un chamallow immédiatement ou
attendre 15 min pour en avoir deux.
6. Critiques de la théorie des traits
6. Critiques de la théorie des traits
Résultats sur 653 enfants de 4 ans :
 1/3 avaient attendu quelques secondes : les « impulsifs »
 1/3 avaient attendu quelques minutes
 1/3 avaient attendu les 15 min : les « contrôlés »
6. Critiques de la théorie des traits
14 ans plus tard, Mischel avait recontacté les enfants qui avaient
participé à l’expérience en 1972, ils étaient alors âgés de 18 ans.
Il avait alors comparé le groupe des impulsifs au groupe des
contrôlés sur plusieurs critères, dont leurs scores au SAT.
Le SAT est un test d’aptitudes scolaires américain composé de deux
échelles : mathématiques et verbal.
Résultats :
 score moyen des impulsifs : 1052
 score moyen des contrôlés : 1262
Cette différence de 210 points est plus importante que la différence
au SAT entre les élèves dont les parents sont diplômés de l’université
et les élèves dont les parents n’ont pas terminé le lycée
6. Critiques de la théorie des traits
• La solution à l’opposition personne-situation est l’interactionnisme.
Cette approche stipule que :
 l’effet de la personnalité sur le comportement dépend de la
situation et inversement
 les personnes se retrouvent dans certaines situations en fonction
de leur personnalité
 les personnes changent les situations dans lesquelles elles se
trouvent
• Avec les progrès de la génétique, la problématique personnesituation est devenue la problématique gène-environnement.
La notion d’interaction est centrale dans les travaux modernes sur la
personnalité
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