embarquées en aviron. Les angles des dames de nage, les forces appliquées sur celles-ci, la vitesse et l’accélération du bateau
ont été mesurés durant la course (50 Hz), afin de calculer des paramètres mécaniques par coup d'aviron.
ANALYSE DES DONNÉES Le croisement des analyses des cours d’expérience et des paramètres mécaniques a respecté
le principe d’un « primat du cours d’expérience », c’est-à-dire dans le cadre d’une démarche subordonnant l’analyse mécanique
à la compréhension des phénomènes subjectifs. Dans un premier temps, l’analyse des cours d’expérience a permis d’identifier
l’évolution du partage des perceptions, préoccupations, et interprétations entre les rameuses, et de caractériser leurs modalités
typiques d’ajustements mutuels. Dans un deuxième temps, ces phénomènes ont fait l’objet d’une enquête ciblée visant à rendre
compte de leurs corrélats mécaniques.
RÉSULTATS ET DISCUSSION Les résultats sont présentés en deux parties. La première prend appui sur une étude de
cas relative à un phénomène saillant pour les rameuses au cours de la course, vécu comme un dysfonctionnement de leur
coordination. Celui-ci fut exprimée par la rameuse « à la nage » (donnant la cadence à l'équipage) par sa perception récurrente
d’« être poussée » par sa coéquipière, et de ne pas pouvoir réaliser pleinement son mouvement, sous la pression de sa partenaire.
La synchronisation des cours d’expérience des deux rameuses a montré que cette perception n’était pas partagée. Ce phénomène
a donné lieu au test de trois hypothèses relatives aux ajustements comportementaux des rameuses pouvant expliquer ces
perceptions, et susceptibles d’être confirmées par les mesures mécaniques. Ces hypothèses concernaient (a) les décalages
temporels entre les deux rameuses à l’attaque du mouvement de rame, (b) les différences d’amplitude à l’attaque et au dégagé,
et (c) les différences de vitesse sur le retour. Cette analyse a mis en évidence des caractéristiques de la coordination entre les rameuses,
compatibles avec leurs perceptions mais insoupçonnés par elles (et par les entraîneurs), ouvrant sur une meilleure compréhension
de cette coordination, et des pistes d’intervention.La deuxième partie présente et discute, au-delà de cette étude de cas, l’ensemble
des axes de confrontation explorés entre l’analyse de la dynamique des expériences des rameuses et des paramètres mécaniques,
qui sont susceptibles de contribuer à une meilleure compréhension de la coordination inter-rameurs, et des conditions de la
performance collective en aviron.
Références Eccles, D.W., & Tenenbaum, G. (2004). Why an expert team is more than a team of experts: a social-cognitive conceptualization of team
coordination and communication in sport. Journal of Sport and Exercise Psychology, 26, 542-560.Magyar, T. M., Feltz, D. L., & Simpson, I. P. (2004).
Individual and crew level determinants of collective efficacy in rowing. Journal of Sports & Exercise Psychology, 26, 136-153.Poizat, G., Bourbousson,
J., Saury, J., & Sève, C. (in press). Analysis of contextual information sharing during table tennis matches:An empirical study on coordination in sports.
International Journal of Sport and Exercise Psychology.Theureau, J. (2006). Le cours d’action : méthode développée. Toulouse : Octarès.Etude
financée par la Région des Pays de la Loire dans le cadre d’un programme de recherche intitulé OPERF2A (2008-2010). Elle a été conduite en
collaboration avec le Pôle France d’Aviron de Nantes.
Jacques Saury, UFR STAPS, Université de Nantes,
25 bis Boulevard Guy Mollet,
BP 72206, 44 322 Nantes Cedex 3
AUDITORIUM
ANALYSER LA PERFORMANCE COLLECTIVE EN AVIRON
EN CROISANT UNE DESCRIPTION DE L’EXPÉRIENCE
SUBJECTIVE DES RAMEURS ET LE TRAITEMENT
DE DONNÉES MÉCANIQUES
Auteurs : Jacques Saury, Antoine Nordez et Carole Sève
Affiliation des auteurs : Université de Nantes, Laboratoire « Motricité,
Interactions, Performance » (EA 4334)
INTRODUCTION La performance d’un équipage d’aviron résulte de l’interaction de divers facteurs. Si de nombreux auteurs
ont étudié les déterminants physiques et physiologiques de la performance du système bateau-équipage, peu d’études ont à ce
jour été consacrées aux dimensions psychologiques et cognitives de la performance collective en aviron. Les auteurs ayant
investigué ces dimensions l’ont essentiellement fait sous l’angle de l’analyse de construits psychosociaux (e.g., Magyar et al., 2004).
Or, différents auteurs ont récemment souligné les limites d’une prise en compte privilégiée de telles variables, étudiées en dehors
de l’activité elle-même, et qui ignore de ce fait les processus de coordination inhérents à toute activité collective (e.g., Eccles &
Tenenbaum, 2004). Ces processus, désignés par la notion générique de Team cognition (ou « cognition collective ») sont conçus
comme jouant un rôle prépondérant dans les ajustements mutuels entre les partenaires d’une même équipe. L’étude exploratoire
présentée dans cette communication s’inscrit dans cette orientation générale, tout en ambitionnant d’y apporter une contribution
méthodologique originale. Elle a été conduite en référence au cadre théorique du cours d’action (Theureau, 2006), déjà mis en
œuvre dans diverses recherches récentes sur la performance collective en sport, qui se sont plus particulièrement intéressées à
l’articulation des « cours d’expérience » de partenaires d’une même équipe (e.g., Poizat et al., in press). En aviron, bien que ce
niveau d’analyse, qui concerne les phénomènes de l’activité qui sont « significatifs pour l’acteur », permette des descriptions non
triviales de l’activité des rameurs, il semble insuffisant pour rendre compte d’autres aspects des coordinations inter-rameurs. En
effet, celles-ci mettent en jeu de façon déterminante des automatismes et ajustements comportementaux subtils non significatifs
pour les rameurs, compte tenu des contraintes mécaniques auxquelles ils sont soumis, des exigences de précision et de
synchronisation de leurs mouvements, et de la fréquence des cycles de rame. Cette étude visait ainsi à explorer la fécondité de
l’articulation de deux niveaux d’analyse de l’activité collective : une analyse des cours d’expérience, et celle de paramètres
mécaniques rendant compte d’ajustements non significatifs pour les rameurs.
MÉTHODE
PARTICIPANTS ET SITUATIONS Un équipage féminin Junior de « deux de pointe » du Pôle Espoir de Nantes a participé à
cette étude. Leur activité a été étudiée lors d’une course contre la montre sur 3000m, organisée dans le cadre ordinaire de leur
entraînement (test précompétitif).
RECUEIL DES DONNÉES Les comportements et communications des rameuses (équipées de micros-HF) ont été enregistrés
pendant l’intégralité de la course, grâce à deux caméras respectivement connectées à un récepteur HF, à partir d’un bateau
suiveur.Des entretiens d’autoconfrontation ont été organisés après la course :chaque rameuse a été confrontée à l’enregistrement
audiovisuel de la course, et incitée à décrire et commenter de façon détaillée son expérience à chaque instant. Les mesures
mécaniques ont été recueillies grâce au système Powerline (Peach Innovations), spécialement conçu pour réaliser des mesures
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