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B. Dualisme corps-esprit : problématique
D’une vision moniste à dualiste : l’évolution de la médecine se fait en parallèle avec celle de la philosophie et de la théologie :
- On part d’une période antique où c’est la nature qui domine (nature/culture).
- On arrive à une notion de péché et de corps impur (raison (pur)/passion (impur) : clivage nécessaire à l’avancée des sciences (« plaie »
active de la médecine d’organe)).
Aujourd’hui, on a d’un côté la médecine organicisme et la psychologie humaine. Ce dualisme pose problème car on néglige la suggestion →
médecine bio-psycho-sociale et lutte contre les écueils de la vision dualiste.
Le placebo marche dans toutes les situations de communication et pas seulement chez les êtes doués de parole.
Le champ d’action du placebo repose sur les animaux domestiques (études comportementales), sur les adultes, sur les enfants et même sur le
nourrisson → repose alors une dimension infra-verbale, sur l’attitude, le contexte et les croyances.
L’action du placebo agit sur la plupart des maladies mais surtout la douleur, l’insomnie, l’anxiété, la rhinite et même la croissance tumorale
cancéreuse. Son action concerne tous les domaines de la médecine, la chirurgie, la pharmacologie médicale.
C. Facteurs influençant l’effet placebo
Les acteurs sont :
- le malade
- le médecin
- le médicament
Le cadre est législatif (code de santé publique CSP, code de déontologie) et le cadre de la relation médecin-malade.
1. Le malade
Conformisme ? Souffrance ? Attente ? → pas de profil type du patient placebo-répondeur, pas de relation avec le QI. Son attitude face au
médecin va conditionner la relation.
Et sa maladie :
- Pathologie susceptible de variations (comme la sclérose en plaque), de guérison ou de rémission spontanées, charge
psychosomatique (il est différent d’avoir une sclérose en plaque qui ne se voit pas qu’un psoriasis qui se voit).
- Histoire personnelle ou familiale de la maladie. Il existe une plus grande méfiance si la pathologie est invisible, de plus, l’entourage est
souvent moins proche. Idem pour l’hérédité : le patient connaît déjà les étapes, les traitements de la pathologie donc sa complexité et
est plus méfiant (il est difficile de lui faire comprendre que tout n’est pas écrit d’avance).
- Contexte culturel (fibromyalgie : maladie récemment reconnue, homosexualité, épilepsie : possession démoniaque par le passé)… rôle
des médias, de l’économie, de la société.
Avant, il y avait une grande confiance envers le médecin de famille, on était persuadé de guérir parce qu’il en savait beaucoup et qu’il avait un
grand impact sur la rémission. Aujourd’hui, l’accès à l’information médicale augmente la méfiance du patient.
2. Le médecin
Il doit être calme et consciencieux (effet placebo fréquent) et ne pas être négligent, pressé et brutal (effet nocebo fréquent).
- conviction, charisme, titres (passe mieux avec un médecin reconnu comme tel qu’avec un interne), notoriété, prix de la consultation
(plus cher donc plus efficace ?)
- médecin comme objet de dépendance : donne envie au patient de revenir, d’allonger la durée du traitement (attention à ne pas être
trop amical avec son patient). → effet décrit chez les généralistes par Balint
- La croyance du médecin en sa pharmacopée : exemple d’un essai en simple aveugle (médecin informé) comparant l’efficacité d’un
antiangineux dans l’insuffisance coronaire :
→ médecin sceptique = 37% de réponses positives
→ médecin enthousiaste = 79% de réponses positives
3. Le médicament
- Le nom, le goût, la couleur, le prix, la délivrance sur ordonnance, être un générique…
- Les nouveaux médicaments sont mieux que les anciens. Le fait que ça soit un générique veut aussi dire qu’il est moins efficace.
- La voie d’administration : chirurgie>injection>gouttes>comprimés → plus c’est intrusif et plus c’est efficace ?
- L’attitude et le discours du personnel soignant et de la famille.
- Les patients placebo-sensibles ? il n’y a pas de profil type. Pas de corrélation avec les antécédents, la personnalité de fond, le milieu
socio-culturel. Ce sont les facteurs situationnels et relationnels qui conditionnent, on ne peut pas prédire l’action du placebo.