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Finalement, l’éducation thérapeutique vise à répondre aux trois besoins psychologi-
ques fondamentaux que sont l’autonomie, c’est-à-dire l’aptitude à décider pour soi, 
ce qui ne veut pas dire décider seul, la compétence c’est-à-dire le sentiment d’effi-
cacité et son environnement, et enfin l’affiliation c’est-à-dire le sentiment d’apparte-
nance et de reconnaissance, à l’opposé du sentiment d’exclusion. 
Cette  conception  partagée  de  l’éducation  thérapeutique,  suppose  donc  une 
triple  compétence  de  l’équipe  d’éducation  thérapeutique  comportant  médecins  et 
paramédicaux.  La  première  compétence  est  biomédicale  et  tout  particulièrement 
thérapeutique,  à  la  fois  théorique  et  pratique.  Cette  compétence,  fruit  de  la 
connaissance mais aussi de l’expérience, doit en permanence être actualisée. Sans 
elle, répétons le, l’éducation thérapeutique ne saurait être vraiment thérapeutique. La 
deuxième compétence est d’ordre pédagogique. La pédagogie requise par l’éducation 
thérapeutique est de type pratique et constructiviste. Elle vise non pas à montrer mais 
à faire faire, à mobiliser les connaissances et les affects des patients pour apprendre 
à  résoudre  des  problèmes  thérapeutiques  personnels.  C’est  pourquoi  elle  se  fait 
de manière optimale en groupes. Ces groupes, pour être efficaces, ne peuvent pas 
dépasser le nombre de 8 personnes. L’éducation en groupe n’a pas pour fonction 
de permettre un face à face entre maître et élèves, mais de favoriser une dialectique 
entre les apprenants où chacun se confronte aux autres pour réévaluer ses savoirs 
et en acquérir de nouveaux. L’enseignant n’est alors pour l’essentiel qu’un animateur 
avant d’être un référent. Le but de cette pédagogie est  en  réalité  la  conquête de 
l’autonomie du patient grâce à l’acquisition de compétences personnalisées (savoir 
faire, savoir mesurer, savoir analyser, savoir décider, savoir évaluer, savoir prévenir, 
savoir gérer sa maladie dans sa vie, savoir rechercher de l’aide …). La troisième 
compétence  est  d’ordre  psychologique,  visant  à  aider  le  patient  à  changer  de 
comportement grâce à l’intériorisation d’une motivation extrinsèque. Il convient donc 
de favoriser l’expression du moi identitaire du patient à travers le conte de sa vie. 
S’il est important de rechercher à connaître ce moi identitaire, c’est d’abord pour y 
adapter son style relationnel et comprendre ce qui est facile ou au contraire difficile 
voire insupportable pour le patient, de façon momentanée ou plus durable ou même 
structurelle. Il s’agit d’aider le patient à trouver le compromis optimal entre son « moi 
rationnel » et son « moi identitaire ». Le contrat qui scelle l’alliance thérapeutique 
n’est pas un contrat entre le malade et le médecin, mais un contrat entre les deux 
instances du moi du patient, le médecin devant se faire l’avocat des deux parties 
sans oublier de se faire l’avocat du diable. Ce faisant, il s’agit d’aider le patient à se 
connaître lui-même, c’est-à-dire favoriser sa métacognition.
Cette  triple  compétence  est  une  compétence  d’équipe,  qui  suppose  un  partage 
des rôles entre les différents acteurs (aides soignantes, infirmières, diététiciennes, 
éducateurs physiques, psychologues, médecins, pharmaciens, …). Chacun a une 
tâche spécifique, mais connaît l’activité de l’ensemble des membres de l’équipe dont 
il partage les objectifs. Il s’agit en quelque sorte de former un orchestre de chambre 
dont chaque membre joue sa partition, mais connaît celle des autres pour produire