Rendre l'élève responsable de son travail peut aussi avoir une
efficacité auprès de certains élèves : " Je fais remarquer à ceux
qui ne font rien qu'ils ne font rien, que je sais qu'ils font semblant de
travailler. Ils n'aiment pas que je leur fasse recommencer un travail
qu'ils ont recopié. Je leur dis : " moi j'ai fait ma part de boulot, c'est
vous qui devez faire la vôtre. Mais comme vous faites le choix de ne
rien faire, ça dépend de vous. " Ils n'aiment pas se sentir mis en
cause comme ça et ça en fait bouger certains. ".
Dans le même ordre d'idée, des enseignants vont jusqu'à faire
signer un contrat de travail qui stipule clairement les droits et
les devoirs de chacun. Un enseignant précise que ce contrat exige
une réciprocité : si l'enseignant demande à ce que tout travail soit
systématiquement fait pour le lendemain, il s'engage lui aussi à
corriger systématiquement tout travail pour le lendemain.
D'autres enseignants préfèrent faire comprendre ce qu'est " être
responsable " en donnant à l'élève la responsabilité d'un
projet, par exemple, celui de s'occuper du laboratoire photo.
Deux moyens d'action ciblent davantage l'image de soi :
organiser un accueil particulier à la rentrée et faire comprendre la
philosophie de la pédagogie de la maîtrise. Le second moyen mérite
une discussion dans le sens où il peut s'avérer assez efficace. Il
s'agit pour l'enseignant de se positionner par rapport à l'élève
en tant que facilitateur, ou guide. Les propos de l'enseignante qui
a cité ce moyen permettent de mieux comprendre ce point de vue : "
Ce que je fais qui marche bien c'est qu'en début d'année, je leur
explique la pédagogie de maîtrise. Je leur dis que je suis leur
entraîneur. C'est comme s'ils allaient faire une compétition en
natation : au début, ils ne nageront pas assez vite, mais on va
augmenter leur niveau petit à petit pour que le jour de la compétition
ils sachent nager suffisamment vite. Je leur fais le petit schéma avec
l'évaluation formative au tableau où l'on monte chaque fois de niveau
et ils comprennent. Je trouve que ça serait encore mieux si nous
avions des examens externes pour renforcer notre rôle d'entraîneur.
Enfin, en faisant des bilans communs à plusieurs classes, c'est déjà
pas mal. ". Dans cette perspective, un élève a droit à l'erreur un
certain temps. C'est jugé normal étant donné qu'il est en
apprentissage. Il n'a pas à avoir une image négative de lui-même
parce qu'il se trompe.