120412Finance Participative

© Futuribles, Système Vigie, 12 avril 2012
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Note de veille, 12 avril 2012
La finance participative : un service d’avenir ?
Fin 2011, la première agence de notation participative est née : Wikirating fonctionne sur le
même modèle que Wikipédia (l’encyclopédie participative) et pourrait être une illustration de
la reconfiguration de la finance évoquée dans le Rapport Vigie 2012 1.
Alors qu’en 2011, l’agence de notation Standard and Poor’s a infligé la perte du triple A à la
France et aux États-Unis, Wikirating attribuait la note BBB+ aux Français et un timide BB-
aux Américains.
Basé sur un système semblable à celui de l’encyclopédie Wikipédia, Wikirating permet aux
utilisateurs inscrits de participer à la notation des différents pays et à celle des entreprises.
L’inscription à cette agence de notation se fait sur le site Internet (www.wikirating.org), elle
est simple, gratuite et ouverte à tous.
Wikirating propose deux notes pour chaque pays :
- une note obtenue par le vote des utilisateurs ;
- une note obtenue selon un indice de capacité de remboursement du pays, le SWI (Sovereign
Wikirating Index). Les utilisateurs peuvent participer à l’élaboration de la méthode de calcul
de cet indice.
Le SWI met en relation plusieurs données (indices de développement, données
macroéconomiques, niveau de corruption, stabilité politique, etc.). Ces données sont
recueillies auprès de divers organismes internationaux (Banque centrale européenne, Fonds
monétaire international, Transparency International, Programme des Nations unies pour le
développement).
La note s’obtient donc de la manière suivante.
 Les critères économiques comptent pour les trois quarts de la note et sont :
o la dette publique (50 % de la moyenne économique)
o la balance des paiements (20 %)
o le taux de croissance économique (10 %)
o l’inflation (10 %)
o le taux de chômage (10 %)
 Les critères « humains » sont :
o l’indice de développement humain (60 %)
o l’indice d’instabilité politique (20 %)
o l’indice de perception de la corruption (20 %)
Cette méthode de calcul est appelée à évoluer : les utilisateurs peuvent faire des propositions
d’amélioration aux administrateurs du site. L’ajout de nouveaux critères comme
l’environnement social, l’empreinte écologique, le capital intellectuel ou même le niveau de
1 GRANRUT Charles (du), « La reconfiguration du secteur financier », in Rapport Vigie 2012, chapitre
« Économie et finances », Paris : Futuribles International, 2011.

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bonheur sont actuellement à l’étude. Les administrateurs tentent également de développer une
licence pour une utilisation commerciale de Wikirating : les revenus générés seraient alors
redistribués aux contributeurs les plus actifs du site.
Le but de Wikirating, revendiqué dans la présentation du site, est de remplir un « objectif de
transparence, d’efficacité et de neutralité », afin de fournir des bases plus solides à la
spéculation financière. Selon les créateurs de Wikirating, les agences de notation actuelles ont
une influence exagérée et elles surévaluent de nombreux pays.
Depuis sa mise en ligne en octobre 2011, le site aurait déjà reçu 40 000 visiteurs uniques et,
chaque jour, 2 000 à 3 000 nouveaux internautes viendraient surfer sur ses pages 2.
Toutefois, le site n’a pas acquis la notoriété ni la légitimité de Wikipédia : seuls 460
internautes seraient actifs sur Wikirating 3. Fin mars 2012, la France avait reçu 301 votes
d’internautes. Le pays le plus noté est la Suisse (où résident les administrateurs du site) avec
461 votes.
Selon le cofondateur du site, les contributeurs seraient « des amateurs avec un certain degré
d’expertise », les administrateurs ont présenté leur projet à des universités et, selon eux,
beaucoup d’étudiants en master de finance y participeraient 4.
Les fondateurs estiment que la crédibilité des notations dépendra du nombre d’utilisateurs
actifs : ils fixent le premier palier entre 5 000 et 10 000 utilisateurs actifs en 2012.
Ce système de notation issu du web participatif pourrait d’autant plus s’imposer que la crise
de la dette de nombreux pays européens n’avait pas été prévue par les agences de notation
traditionnelles, qui font désormais face à une crise de légitimité.
Par ailleurs, la spéculation financière se base à la fois sur des critères économiques (que
Wikirating formalise par le SWI) et sur des critères plus subjectifs comme la perception de la
santé économique du pays, l’image que peuvent avoir les individus d’un pays ou d’une
entreprise. Le vote des internautes (si la participation devient massive) pourrait permettre
d’obtenir un indicateur de la perception nationale et internationale du pays.
L’émergence d’agences de notation plus transparentes avec une participation active des
internautes pourrait rendre moins opaque le processus de notation. La spéculation sur des
bases plus solides (objectif affiché de Wikirating) pourrait être à l’origine d’une plus grande
stabilité financière, ce qui pourrait entraîner une diminution de la rentabilité de l’activité
financière. Ce nouveau type d’agences de notation contribuera peut-être aussi à donner une
plus grande visibilité aux acteurs financiers des pays émergents, auxquels s’intéressent peu les
agences traditionnelles.
Une tendance du Rapport Vigie 2012 consacrée à la reconfiguration du secteur financier
évoque une baisse probable de la rentabilité financière, une place plus importante pour les
pays émergents et l’apparition de nouveaux acteurs financiers : Wikirating pourrait être l’un
de ces nouveaux acteurs 5.
Laurie Grzesiak
2 THERIN Frédéric, « Wikirating, première agence de notation participative », Myeurop, 30 janvier 2012,
http://fr.myeurop.info/2012/01/30/wikirating-premiere-agence-de-notation-participative-4436
3 Ce n’est pas une certitude car l’inscription sur le site est très simple et non contrôlée, ainsi une même personne
peut aisément détenir plusieurs comptes différents.
4 VOLONTAT Bertrand (de), « Wikirating, l’agence de notation communautaire », 20 minutes, 15 décembre 2011,
http://www.20minutes.fr/economie/internet/843224-wikirating-agence-notation-communautaire
5 GRANRUT Charles (du), op. cit.

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Champ de veille : Économie et finances
Mots clefs : Marché financier / Internet