james bond… fin de série - Théâtre des Marionnettes de Genève

1
Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier presse – saison 2012 - 2013
JAMES BOND… FIN DE SÉRIE
Un spectacle du Bob Théâtre Rennes (F) en coproduction
avec le Théâtre des Marionnettes de Genève et le Théâtre Lillico Rennes (F)
Du 9 au 20 JANVIER 2013
Texte, mise en scène et interprétation :
Denis Athimon
Lumière : Alexandre Musset
Compositeur : François Athimon
Théâtre des Marionnettes de Genève
3 Rue Rodo | 1205 Genève
Réservations : 022 807 31 07
ou www.marionnettes.ch
~ 60 minutes
Adultes, ados
2
Le spectacle
1. L’histoire
Qu’en est-il d’un acteur qui n’arrive
plus à jouer ? Et d’un espion qui
n’arrive plus à espionner ? Un gagnant,
celui à qui tout réussi, qui commence à
perdre et à se poser des questions sur
son travail et sa routine. L’Aston
Martin, les hôtels de luxe, les gadgets,
les courses poursuites… Ca va cinq
minutes mais au bout de cinquante
ans… Peut-on parler de travail
pénible ? A quel âge faut-il partir en
retraite lorsque l’on est espion ? Que
se passe-t-il lorsqu’on s’aperçoit que
l’on ne peut plus faire son travail
correctement ? A quoi pense-t-on
lorsqu’on a la main qui tremble au moment de tirer sur quelqu’un ? Lorsqu’on s’assoit à côté d’une
superbe femme et que celle-ci vous ignore totalement ? Lorsque votre vodka-martini vous reste sur
l’estomac ? Quand le briquet lance-flammes que vous a confié l’ingénieur des gadgets high-tech se met
accidentellement en route dans votre poche ? Bref quand la "loose" fait son apparition. Quand la loi de
Murphy devient votre quotidien. Nous suivrons donc cet espion de renommée internationale, enchaînant
les succès et les conquêtes, durant son déclin, vers une fin certaine. Mais au fond, cela n’est-il pas
rassurant de constater que même les icônes vieillissent. Cet espion n’est pas un surhomme, et lorsque le
doute s’immisce…
A l’heure du bilan et passé l’âge des quadras rugissant dans d’incroyables courses-poursuites, le plus
célèbre agent secret et figure culte de la culture populaire affronte un ennemi intérieur, une sorte de
double plus juvénile qui refuse de mettre fin à l’incroyable saga de l’espion qui ne s’aimait plus. Face aux
femmes, on s’est toujours demandé si Bond n’était que la dernière variante d’un patriarcat ringard ou un
être sensible au cœur d’artichaut confronté à des femmes indépendantes rendues parfois malheureuses
par les épreuves subies. Sur scène, l’ancien héros désormais solitaire étale devant lui les perruques
figurant ce qu’il reste de ces femmes croisées séduites puis perdues à jamais. Sont-elles enfin bien
davantage que des fétiches et des gadgets ?
Le James Bond du Bob Théâtre est un homme rien qu’un homme. Il souffre, il encaisse, il saigne, il
est sonné, il s’évanouit, il est anxieux, il a peur, il vomit, il transpire, il aime, il a des chagrins d’amour
tout en ne voulant plus effectuer ses deux à trois missions par an. De détournement d’objets en
parodies de l’agent secret façon Sean Connery, viril, pince-sans-rire, brutal et un brin désabusé,
Denis Athimon explore, avec une savoureuse ironie, les paradoxes d’une fin de carrière pleine de
rebondissements et de chausse-trappes. Ce spectacle sera l’occasion de mettre fin à cette jeunesse
qui semble lui coller à la peau. Le but ultime : faire mourir l’espion, une bonne fois pour toute,
terminé, rideau, fin de l’histoire. Promis, il y aura de l’action, du suspense, du sexe, des cascades,
James Bond… Fin de partie. Photo de répétition
3
des génériques à couper le souffle, des entrées en fanfares, des fins qui font pleurer, des courses
poursuites en voitures de collections, des vodka-martini (à la cuillère pas au shaker), de la violence,
de l’amour, de la haine, du luxe…
2.
Le grand Bond en arrière
Rencontre avec Denis Athimon qui réalise et
interprète le spectacle.
Vous imaginez la figure de James Bond en bout
de course, notamment à travers un comédien qui
ne désire plus endosser son rôle.
Denis Athimon : L’histoire de l’espion qui doute, veut
raccrocher sa mission après un demi-siècle de bons
et loyaux services parcourt déjà la version cinéma de
Casino royal avec Daniel Craig dans le rôle-titre. Il y a
cette lassitude, ce burn-out d’un agent secret
intermittent ou d’un intermittent du spectacle qui ne
veut plus l’incarner.
J’ai été fasciné par la lecture du roman signé Philip
Roth, Le Rabaissement. Il développe l’histoire d’un
acteur ne parvenant plus à jouer. S’il ne peut plus
monter sur scène, c’est qu’il s’y sent médiocre, se
regardant interpréter. Qu’en est-il alors d’un espion ne
sachant plus espionner ? Lorsqu’il tire, la balle arrive
dans son pied. Loin d’être un super-héros, James Bond est ici simplement un homme perdu, un looser
dénué de sa classe et de son aplomb légendaires. Plus concrètement, soit je perdais une vingtaine de
kilos pour incarner Bond, soit il fallait emprunter cette voie réaliste et pas si parodique que cela d’un être
en bout de course et à bout de souffle.
L’univers de Philip Roth est assez sombre.
Il a écrit une tragédie en trois actes dont la première phrase décrivant l’acteur déboussolé est : "Il avait
perdu sa magie." Ayant triomphé pendant 40 ans à Broadway, le comédien du roman à la soixantaine. A
propos de lui, Philip Roth écrit : "Le charisme qui avait été le sien, toute son originalité, ses singularités,
ses traits distinctifs, tout ce qui avait fonctionné pour Falstaff, Peer Gynt et Oncle Vania…, rien de tout
cela ne marchait plus, quel que fût le rôle". S’il accepte au début difficilement la panne survenue dans son
parcours, il finira par l’intégrer à sa vie. Evidemment, comme comédien manipulateur, il m’arrive de me
poser de sérieuses questions. Ce, y compris sur des spectacles joués depuis longtemps, en pensant à ce
que le comédien va faire ou penser, en se voyant jouer de manière distanciée. Autant de moments de
doute parfois douloureux à vivre.
James Bond… Fin de série. Photo de répétition
4
Il y a dans le roman de Roth, une ironie limpide, superbe et une forme de résistance vitale, désespérée,
malgré les échecs à répétitions. C’est de cette tonalité et de cet esprit que souhaite s’inspirer la création
de James Bond… Fin de série. C’est aussi le prétexte à un merveilleux, loufoque et révélateur jeu de
rôles, où les femmes aux destinées souvent tragiques, qui ont traversés la vie de l’agent secret sont
maintenant des perruques que contemple le héros. Que reste-t-il d’une vie, au bout du compte ?
Quel est le degré de fidélité au scénario James Bond dans cette pièce ?
A l’origine de ce projet, c’est le respect de la
franchise cinématographique et de la mythologie
liée à James Bond. Ainsi le récit bondien est
invariablement marqué par des débuts
fracassants. Prenez le dernier Bond au cinéma,
Skyfall, signé Sam Mendes, c’est un art de gestes
pour l’agent secret au fil de la traditionnelle
course-poursuite au cœur du bazar d’Istanbul.
Bond saute aussi dans des rames piégées, reste
droit quand les wagons explosent et se
désossent. Mais le cador est potentiellement faillible, chute du haut d'un viaduc, désarticulé comme un
pantin.
On ne sait pas très bien qui sont les poursuivants dans cette série de courses et de bagarres. Tout
commence par une trépidante et longue séquence de course-poursuite, où le comédien que je suis
déboulera suspendu à un hélicoptère avec les moyens que permet le théâtre d’objets.
Le dessein du spectacle étant de mettre fin à une franchise et à la série des James Bond, c’est donc le
crépuscule d’une certaine forme de héros bondien. Ainsi fête-on le 50e anniversaire d’un personnage,
l’agent 007, qui a accédé au statut de mythe, colonisé l’imaginaire collectif et devenu un véritable
phénomène culturel sans prendre une ride. Il a une trentaine voire une quarantaine d’années. Or, il est
bien un moment qui le voit dépasser ce cap d’âge et plonger dans une crise d’identité. Si le personnage
que j’incarne peut mourir, les différentes facettes de cette figure internationale, elles, ne finiront jamais.
3.
Le mythe James Bond
James Bond est déjà ancien. C'est presque un vétéran de la mythologie. Il ne cesse pourtant d'être
actuel. Cette actualité tient d'abord au fait que James Bond reste identique à lui-même en se dotant des
atouts de la nouveauté. Depuis plus de cinquante ans, le mythe bondien a su se renouveler. Son créateur,
lan Fleming, n'a pas seulement inventé une figure d'espion jusqu'ici inédite. Il a donné naissance à une
série littéraire où le principe consiste fondamentalement à repartir de zéro à chaque nouveau roman. Bien
entendu, chaque opus s'inscrit aussi dans la continuité des précédents et les romans de James Bond
forment une série qui a su engendrer sa propre mémoire. Au début d'On ne vit que deux fois, 007 n'est
plus que l'ombre de lui-même après la mort de sa femme, Teresa di Vicenzo, assassinée sous les balles
de l'infâme Blofeld à la fin du roman précédent, Au service secret de Sa Majesté. Dépressif, aigri, rongé
par l'ennui, lui qui jouit habituellement d'un formidable appétit de vivre, Bond sabote ses missions,
culpabilisant de n'être pas mort à la place de celle qu'il aimait. Il suffit pourtant que M lui confie une
C’est le crépuscule
d’une certaine forme de héros bondien.
5
mission qualifiée par lui d'impossible, et le voilà à nouveau revigoré, tous les sens en éveil, prêt comme
au premier jour à aller au-devant du danger. Le caractère inépuisable de Bond est inscrit dans son code
génétique littéraire, parce que 007 est un personnage sériel.
James Bond, les retours dans l’Histoire
Le cinéma joue du même principe, d'ailleurs entièrement
condensé dans les formules "James Bond will return..." ou
"James Bond will be back...", qui figurent à la fin des premiers
films à partir de Bons baisers de Russie. Mais la nouveauté
bondienne est d'autant plus frappante au cinéma qu'elle
s'appuie, bien sûr, sur le changement des visages chargés
d'incarner le mythe. Quelles que soient les raisons qui ont
présidé aux choix de Sean Connery, George Lazenby, Roger
Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan ou Daniel Craig depuis
2006, le constat s'impose : les acteurs qui ont duré
correspondaient moins au canon bondien qu'ils n'étaient des
corps en phase avec leur époque. On imagine mal le musculeux
Daniel Craig pendant les années Roger Moore, mais le
physique un rien mollasson de Moore n'est plus guère
envisageable aujourd'hui. Les corps starisés par les
blockbusters ont évolué, Bond s'est adapté. Dans cette faculté
d'adaptation réside en grande partie l'élixir de jouvence du
personnage. Les films de James Bond sont des éponges qui
s'imprègnent de l'air du temps.
Casino Royale l'aura démontré avec éclat. Film du « re-bond»
(pour faire nôtre ce calembour qui a émaillé tant d'articles
critiques à sa sortie), il est l'un des épisodes qui a su le mieux exhiber l'extraordinaire plasticité d'un mythe
jamais plus fidèle à lui-même que lorsqu'il recycle les figures d'une époque donnée. Sous couvert d'en
revenir aux origines du héros, Casino Royale restera aussi comme le film qui a fait entrer, de manière
fracassante, 007 dans l'ère post-11-Septembre, sans la moindre référence aux islamistes radicaux. Une
tentative d'attentat contre un prototype d'avion gros-porteur qui tourne en son contraire "l'événement-
image" (Baudrillard) des Boeing de TWA s'encastrant dans les tours du World Trade Center; l'exhibition,
au début du film, d'une violence extrême lorsque Bond défonce la tête de sa victime dans des toilettes,
pour placer d'emblée le spectateur dans un état d'effroi proche de celui qui l'avait saisi face aux images
des attentats; la présence, enfin, d'une organisation criminelle qui, contrairement au Spectre, demeure
une nébuleuse de l'ombre anonyme et insaisissable, pour mieux faire écho à Al-Qaida : il n'en faut pas
plus pour que James Bond colle résolument à son époque, en intégrant l'époque à l'univers bondien.
On nous objectera que ce ne sont que les cendres de l'époque, et non l'époque elle-même, qui sont
saisies par un tel ensemble de clichés ? Ce serait ne pas comprendre que la perspective mythique
gouverne le recyclage bondien. Or, le mythe doit trouver les moyens, parfois grossiers, d'apparaître
toujours différent tout en demeurant le même. Les rapports que James Bond entretient avec l'Histoire
(l'histoire sociale, l'histoire politique autant que l'histoire culturelle et l'histoire esthétique des formes) se
justifient par la volonté, commune aux créateurs de la saga, d'assurer la survivance du mythe sous les
oripeaux de la métamorphose…
James Bond… Fin de série.
Photo de répétition
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !