LES PHARMACOPSYCHOSES PROBLEMES DE DEFINITION État psychotique survenant sous produit (drogue ou médicament) pouvant soit disparaître à l’arrêt soit perdurer État secondaire à la prise du toxique ou produit jouant le rôle de catalyseur dans l’apparition d’un trouble psychotique sous-jacent Tableau de psychose aigue ou chronique LES PSYCHOSES AIGUES Tableau de Bouffée Délirante Aigue Apparition brutale et spectaculaire Délire aigu, réversible, polymorphe avec fréquence des hallucinations visuelles et auditives, angoisse massive, agitation, déréalisation, dépersonnalisation, +/- auto ou hétéro agressivité, trouble de la concentration, fluctuation de la vigilance et de l’humeur, perte de cohérence du discours. Note confusionnelle fréquente Délire de grandeur ou paranoïa aiguë Thématique délirante variable selon le produit CARACTERISTIQUES SELON LES PRODUITS CANNABIS • Drogue illicite la plus consommée en France pour ses • • • • effets euphorisants À dose élevée: troubles sensoriels avec dépersonnalisation et déréalisation, phénomènes délirant, hallucinatoire, maniaque ou dissociatif Perception de voix, de sensations corporelles anormales, de pensées étrangères Signes maniaques: excitation paradoxale, desinhibition, logorrhée, perte de la sensation de fatigue, trouble du sommeil, engagement dans des actions dangereuses Signes dissociatifs: perte de contact avec la réalité (environnement perçu comme étrange ou dangereux), désorganisation des propos, discordance Le cannabis induit d’authentiques psychoses appelées psychoses cannabiques (bouffée délirante aigue) Certains symptômes sont proches des symptômes de la schizophrénie A l’heure actuelle il n’existe pas de démonstration que l’usage de cannabis puisse déclencher des syndromes schizophréniques sans vulnérabilité préalable (personnalité avec traits schizotypiques) COCAINE Drogue dont l’usage augmente le plus actuellement en Europe Puissant stimulant du SNC Entraine une accélération psychique à l’origine de troubles anxieux ou délirants Symptômes d’allure maniaque: bien-être, desinhibition, idées de grandeur, tachypsychie, logorrhée, agressivité,… Réaction paranoïaque aigue: délire,hallucinations,comportements violents AMPHETAMINES METHAMPHETAMINES (crystal, ice…) dérivé puissant et dangereux. Psychostimulant majeur. Le plus répandu au monde après le cannabis et la cocaïne. Effets comparables à ceux du crack (symptômes maniaques) mais en descente possibilité d’état délirant aigu: hallucinations, envies suicidaires, sentiment de persécution, hétéro-agressivité ECSTASY (MDMA, MDA…) effet stimulant et empathogène, état délirant aigu avec hallucinations à forte dose, psychose (bad trip) HALLUCINOGENES LSD Le plus puissant des hallucinogènes Hallucinations (distorsions visuelles, hyperacousie, synesthésies), perte de la réalité, bouffée délirante Risque d’accident ou de suicide lié à l’état psychotique (impression de pouvoir voler, comportement violent…) Risque de flash-back PHENCYCLIDINE Anesthésique détourné (PCP) retiré du marché, haut potentiel hallucinogène et psychostimulant, réactions violentes fréquentes (accès de rage) KETAMINE(Ket, Special K, Kit-Kat, vitamine K) Analogue structurel du PCP, effets dissociatifs avec hallucinations, impression de sortir hors de son corps, de flotter dans l’espace… Antagonistes des récepteurs du NMDA (activés par le glutamate) PCP, Ketamine, ibogaine,DMX,… effet schizophrénie-like : symptômes dissociatifs, perte de contact avec la réalité, idées noires, agressivité et levée des inhibitions avec réactions de violence (suicide, homicide, auto-mutilation) POPPERS/SOLVANTS POPPERS effets euphorisants, désinhibiteurs, hallucinatoires COLLES/SOLVANTS effets psycho actifs et hallucinatoires NOUVEAUX PRODUITS DE SYNTHESE Molécules synthétisées en laboratoire, imitent les effets des différents produits illicites. 150 nouvelles drogues de synthèse entre 1997 et 2010 Production en Asie Vente: internet +++, magasins spécialisés (head shops, smart shops) Milieu homosexuel (slam) et milieu festif alternatif techno 5 types: cathinones, cannabinoides, phénétylamines, pipérazines, tryptamines CATHINONES DE SYNTHESE Stimulant alcaloïde contenu dans les feuilles de khat Propriétés pharmacologiques similaires à celles de la cocaïne ou des amphétamines 3M (Mephedrone, MDPV, méthylone), 4-MEC, pentedrone, NRG Chef de file: Mephedrone avec effet methamphetamine like, vendue sous l’appellation « sels de bain » Hallucinations, états délirants aigus (pharmacopsychose), paranoïa induite CANNABINOIDES DE SYNTHESE Vendu comme encens d’herbes naturelles Etat délirant aigu, état d’agitation, hallucinations, paranoïa induite PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE Surveillance ++++, hydratation, environnement calme, protection du patient contre l’auto agression Toujours examiner le patient, éliminer une organicité Sédation pharmacologique de l’agitation Contention parfois nécessaire Orientation: Soins sans consentement si nécessaire (demande d’un tiers, demande du préfet) SEDATION PHARMACOLOGIQUE DE L’AGITATION Penser au traitement habituel + + + Privilégier une monothérapie et une voie orale Pas d’association de Benzodiazépines ni de Neuroleptiques +++ Penser aux demi-vies et aux CI Evaluer les risques Délai d’action = 20 minutes mini Informer le patient et l’entourage si possible des choix thérapeutiques et effets secondaires TRAITEMENT PSYCHOTROPE DE L’AGITATION 2 classes thérapeutiques les benzodiazépines (BZD) Les neuroleptiques et anti psychotiques Etat d’agitation Loxapine (LOXAPAC), cyaménazine (TERCIAN) Ratio efficacité/tolérance satisfaisant Par voie orale de préférence sinon IM Loxapac:50-100 gouttes ou 50 à 300mg/IM en 2 o u 3 prises Tercian :25-100 gouttes ou 100 à 300 mg/j IM BENZODIAZEPINES Voie orale de préférence sinon injectable De demi-vie courte et d’action rapide:VALIUM 10mg per os ou SERESTA 10 à 50 mg/j, en injectable Valium ampoule de 10 mg ou TRANXENE ampoule de 20 à 50 mg En cas de délire Neuroleptique atypique (meilleure tolérance neurologique) Solian 400 à 800 mg/j, Risperdal 4 à 8 mg/j, Zyprexa 5 à 20mg/j MISE SOUS CONTENTION Jamais par manque de temps ou d’effectif. En dernier recours quand il n’est plus possible de discuter avec le patient (conditionne la future complaisance aux soins) Indications : État d’agitation avec acte auto ou hétéroagressif Prévention de fugue ou de risque de récidive élevé (si TS, comportement violent) Nécessité d’effectuer une surveillance somatique rapprochée sans l’accord du patient ( surveillance scopique ou examens complémentaires itératifs nécessaires ) Dans le calme. Traitement oral puis injectable si refus du patient LA CONTENTION PHYSIQUE Acte thérapeutique Image très dévalorisante pour le personnel des urgences et pour le patient Acte codifié, préparé et soumis à un protocole Prescrite dans le dossier, datée et signée par un médecin Surveillance des points de contention, hémodynamie Matériel adapté et personnel entraîné, en équipe Mixité du personnel est souhaitable La plus brève possible, le temps que la sédation associée par les psychotropes prescrits permette sa levée sans risque pour le patient ou pour un tiers LES PSYCHOSES CHRONIQUES Installation progressive, tableau de psychose dissociative chronique ou de syndrome de dépersonnalisation marqué, vécu délirant, polymorphe de type paranoïde non structuré, anxiété permanente Potentiellement induites par tous les toxiques vus précédemment PSYCHOSES DE TYPE SCHIZOPHRENIQUE Marquées par le triptyque dissociation, délire, autisme Fréquence des manifestations déficitaires Le plus souvent toxique catalyseur d’un trouble qui va perdurer Liées le plus souvent à une prise de cannabis et de cocaïne PSYCHOSES PARANOIAQUES Le plus souvent résolutives à l’arrêt du produit Délire interprétatif, à thématique persécutive, anxiété, auto ou hétéro agressivité Liées le plus souvent à une prise régulière de cocaïne ou d’amphétamines PRISE EN CHARGE DES PSYCHOSES CHRONIQUES Pas de spécificité Arrêt du toxique Nouveaux anti-psychotiques (Zyprexa, Risperdal, Abilify) Prise en charge médico-psycho-sociale CONCLUSION Réalité des patients vus en urgence: polyconsommation+++ Comorbidité entre troubles addictifs et troubles psychiatriques fréquente