Université Pierre & Marie Curie Licence de Mathématiques L3
LM 371 (Algèbre 1) Automne 2012
Correction du TD n◦3.
Exercice 11 (sous-groupes caractéristiques).Un sous-groupe Hd’un groupe Gest dit caractéristique
si pour tout α∈Aut(G),α(H) = H(voir l’Exercice 4). On note cela HJG.
a) Montrer que le centre Z(G), le dérivé D(G)sont caractéristiques.
b) Montrer que si HJG, alors H G. Donner un contre-exemple à la réciproque.
c) Montrer que si KJHJG, alors KJG. Montrer que c’est faux avec des .
d) Montrer que si KJH G, alors K G. A-t-on KJG?
e) On suppose KJGet K≤H. A-t-on KJH?
Solution.
a) – Le centre est caractéristique :
En effet soient z∈Z(G)et α∈Aut(G). On montre que α(z)∈Z(G). Si y∈Gest quelconque, il
existe x∈Gtel que y=α(x)(car αest surjectif). Comme z∈Z(G), on a xz =zx. Appliquant
le morphisme α, on trouve α(x)α(z) = α(z)α(x), c’est-à-dire que α(z)commute avec y. Comme
yest arbitraire, on a bien α(z)∈Z(G), et Z(G)est donc caractéristique dans G.
– Le dérivé est caractéristique :
Appelons commutateur tout élément de la forme xyx−1y−1(souvent noté [x, y]). Soit Cl’en-
semble des commutateurs de G. Par définition, D(G)est le sous-groupe de Gengendré par les
commutateurs : D(G) = hCi.
Soient alors z=xyx−1y−1∈Cun commutateur et α∈Aut(G). On a α(z) = α(xyx−1z−1) =
α(x)α(y)α(x)−1α(y)−1(commode à noter [α(x), α(y)]), et c’est encore un commutateur. Donc
si z∈C, alors α(z)∈C⊆ hCi=D(G). Ceci signifie que α(C)⊆D(G). Comme αest un
morphisme, on a α(D(G)) ≤D(G);D(G)est donc caractéristique dans G.
b) Il est clair que si HJG, alors H G. En effet, si Hest caractéristique dans G, alors il est stable
par tout automorphisme de G. En particulier, pour tout g∈G,Hest stable par l’automorphisme
de conjugaison ϕg:x7→ gxg−1. Ceci signifie que pour tout g∈G,gHg−1=H, et c’est la définition
de H G.
La réciproque est pourtant fausse. Partons du groupe de Klein G= (Z/2Z)2={0, a, b, a +b}. Il est
abélien, donc tout sous-groupe est distingué. Pourtant il existe un automorphisme de Gqui échange
aet b. Donc hai G, mais il n’est pourtant pas caractéristique.
c) On suppose KJHJG; montrons KJG.
Soit en effet α∈Aut(G)un automorphisme de G; on veut montrer que α(K) = K. Or comme H
est caractéristique dans G, on a déjà α(H) = H.αse restreint donc en un automorphisme de H
(classiquement noté α|H∈Aut(H)). Comme Kest caractéristique dans H, on a α|H(K) = K. Mais
comme on a juste pris une restriction, c’est aussi α(K) = K, ce qui signifie que Kest caractéristique
dans G.
Cette propriété de « transitivité » n’est pourtant pas vraie avec des sous-groupes distingués. Voici
un contre-exemple (le lecteur doit faire les calculs). On considère G=A4, qui contient H=
{Id,(12)(34),(13)(24),(14)(23)}, qui contient K=h(12)(34)i={Id,(12)(34)}. Observons que K
H G. Pourtant, on peut voir que Kn’est pas distingué dans G, par exemple en conjuguant par
(123) ∈G.
d) On suppose à présent KJH G ; montrons K G.
C’est un peu comme précédemment. Soit g∈G; on veut montrer que gKg−1=K, ou en termes
plus abstraits que ϕg(K) = Kpour l’automorphisme de conjugaison par g. Or H G, donc Hest
stable par ϕg;ϕgse restreint donc à Hen un automorphisme β∈Aut(H).
Attention, βn’est pas forcément un automorphisme « intérieur » à H, dans le sens qu’il
n’existe pas forcément de h∈Htel que β=ϕh. C’est précisément pour cela que « la
distinction n’est pas transitive ».
Comme Kest caractéristique dans H, on a quand même β(K) = K, c’est-à-dire que ϕg(K) = K:
Kest donc distingué dans G.
C’est en revanche faux avec « caractéristique » : je peux ne pas me fouler, et prendre n’importe
quel sous-groupe Hdistingué non caractéristique (cela existe, on l’a vu). Puis je prends K=H. . ..
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