Sommaire - URPS Pays de la Loire

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n° ISSN : 1959-2167
Numéro 4
Service de Pharmacologie Clinique
Centre Régional de Pharmacovigilance et d Information sur les Médicaments
Institut de biologie Hôtel Dieu
9, quai Moncousu 44093 Nantes cedex 1
Tél. : 02.40.08.40.96
Fax : 02.40.08.40.97
E-mail : [email protected]
Sommaire
Pharmacologie du jour : Fondaparinux ARIXTRA® : pas si facile d emploi !
p. 2
Pharmacologie du « terroir » : Interactions médicaments-aliments
p. 3
Pharmacovigilance : Nouvelles molécules anti-VIH : nouveaux mécanismes d actions et nouvelles interactions
médicamenteuses
p. 5
ASMR de nouveaux médicaments
p. 7
Brèves
p. 8
Responsable : Pr Pascale JOLLIET
Gwenaëlle VEYRAC
Carole FONTENOY
Et toute l équipe du CRPV
VigiNantes n°4
Mars 2009
1
Fondaparinux ARIXTRA® : pas si facile d emploi !
Le fondaparinux ARIXTRA® est un anticoagulant injectable inhibiteur indirect du
facteur Xa. Il s agit d un pentasaccharide synthétique, à la différence des héparines,
ce qui permet de pallier le risque infectieux. Il n a pas de conséquence sur les
paramètres biologiques de la coagulation (TS, TP, TCA). La demi-vie est longue (17
à 20h) et l élimination est rénale. La variabilité inter/intra-individuelle est très faible.
Mis sur le marché européen en 2002, il est indiqué, selon le RCP européen :
-en prévention des évènements thrombo-emboliques veineux en chirurgie et en
médecine (ARIXTRA® 2,5mg ou 1,5mg en cas d insuffisance rénale sévère) ;
-dans le traitement des thromboses veineuses profondes (TVP) et des embolies
pulmonaires (ARIXTRA® 5; 7,5 et 10mg selon le poids du patient).
-en 2007, extension d indication dans le traitement de l angor instable et de l infarctus
du myocarde (2,5mg).
Pour positionner la molécule par rapport aux héparines de bas poids moléculaires
(HBPM), le produit est présenté comme ayant une « efficacité identique avec la
surveillance plaquettaire en moins », à savoir pas de suivi biologique, pas de suivi
des plaquettes, et une administration quotidienne. Ce discours rassurant pourrait
expliquer le mésusage observé actuellement.
Problème de l absence de suivi biologique
Des thrombopénies ont été rapportées avec le fondaparinux avant même sa commercialisation : leur
fréquence était de 2,9% pour les thrombopénies modérées (versus 3,1% pour l énoxaparine, sans
différence significative), et de 0,2% pour les thrombopénies graves.
En 2007, la notification en France de complications hémorragiques graves (hématomes, anémies,
hémorragies) a conduit à l analyse des données de pharmacovigilance liées à l utilisation
d ARIXTRA®. Le compte-rendu de la commission nationale de pharmacovigilance du 27/03/07
mentionne la notification de 10 cas graves d accidents hémorragiques depuis la commercialisation
jusqu au 31/12/04. Entre le 01/01/05 et le 31/01/07, 122 accidents hémorragiques ont été rapportés, en
particulier chez les patients âgés de plus de 75 ans et les insuffisants rénaux. Le délai moyen de
survenue est de 11 jours. Dans 1/3 des cas, il s agissait d un mésusage (utilisation hors AMM) et le
patient présentait des facteurs de risque.
Remarque sur le RCP de
ARIXTRA® aux États-Unis
Il recommande de surveiller
régulièrement et en routine
plaquettes et créatininémie ;
Est aussi préconisée une
surveillance attentive d une
éventuelle thrombopénie, avec
arrêt du traitement au-dessous
de 100000 plaquettes/mm3.
En juin 2007, l Afssaps a adressé un courrier aux professionnels de santé rappelant les règles de bon usage de ce médicament.
Par ailleurs, entre février 2007 et septembre 2008, 446 effets indésirables liés au fondaparinux ont été recensés en France : le comité
technique de pharmacovigilance mentionne que 72% des effets étaient hémorragiques ; ils concernaient d avantage les sujets âgés et étaient
graves dans 91% des cas, avec 8% de décès. Pour 54%, l usage était curatif. Dans 46% des cas, un mésusage a été retenu.
Le fondaparinux peut entraîner l apparition d anticorps anti-PF4, avec une fréquence comparable à celle des HBPM. Cependant, la taille du
pentasaccharide est insuffisante pour entraîner la formation des complexes anti-PF4-plaquettes-fondaparinux. Une exposition ultérieure à un
une HBPM ou de l héparine, chez ces patients sensibilisés, pourrait déclencher une thrombopénie induite par l héparine (TIH).
Début 2008, le RCP européen a été modifié pour mentionner que des cas de TIH ont été observés sous fondaparinux, tout en ajoutant que le
lien de causalité n a pas été établi. Il indique aussi que le fondaparinux doit être utilisé avec précaution en cas de thrombopénie à moins de 50
000 plaquettes par mm3 en raison d un risque hémorragique accru, et que la posologie doit être réduite en cas d insuffisance rénale modérée
(clairance de la créatinine inférieure à 50ml/min ; le RCP contre-indique le fondaparinux au-dessous de 20ml/min). Le RCP européen
n impose pas expressément de surveillance biologique, mais apporte les justifications de cette surveillance : surveillance des plaquettes car le
risque de thrombopénie existe, ce qui expose à un risque accru d hémorragie ; surveillance de la fonction rénale pour adapter la posologie,
voire suspension du traitement.
En pratique
Il convient de rappeler que la prescription d ARIXTRA® doit respecter strictement les règles de bon
usage, et attirer spécialement l attention sur les situations et populations à risque hémorragique :
- le sujet âgé et/ou de faible poids corporel (<50kg) et/ou insuffisant rénal
- l insuffisance rénale sévère est une contre-indication à l utilisation d ARIXTRA®, si la clairance de
la créatinine est :
- < 20 ml/min pour la forme préventive
- < 30 ml/min pour la forme curative
Un nouveau dosage d ARIXTRA® 1,5mg pour le patient insuffisant rénal en prophylaxie des
évènements thromboemboliques veineux est actuellement en cours d évaluation.
sujets âgés,
insuffisants rénaux
Estelle DUCLAY
VigiNantes n°4
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Interactions médicaments - aliments
La iatrogénie médicamenteuse est, à l heure actuelle, un réel problème de santé publique. De nombreuses études rétrospectives ont mis
en évidence que les interactions médicamenteuses représentaient un risque iatrogène évitable.
Aussi nous a-t-il paru intéressant de rappeler les mécanismes des interactions médicamenteuses. Il existe deux mécanismes
d interactions médicamenteuses :
les interactions pharmacodynamiques : ces interactions impliquent les mécanismes d action de 2 médicaments et
notamment l addition des actions pharmacologiques (désirées ou indésirables).
les interactions pharmacocinétiques : ce type d interaction correspond à la modification du profil pharmacocinétique
(résorption, distribution, métabolisme, élimination) d une molécule A par une autre molécule B. Ceci traduit une
modification de l exposition systémique du patient au médicament A et/ou à ses métabolites et à l observation de
modifications de tous leurs effets thérapeutiques ou indésirables.
Il peut résulter de ces interactions médicamenteuses soit un effet de potentialisation ou soit un effet d antagonisme mais les
interactions médicamenteuses n ont pas toutes de répercussion clinique pour le patient.
L' Afssaps met à la disposition des professionnels de santé l'ensemble des interactions médicamenteuses identifiées par le Groupe de
Travail ad hoc et regroupées dans un Thesaurus : http://afssaps.sante.fr/htm/10/iam/thesaurus-juillet-2008.htm
Certains aliments peuvent interagir en modifiant l efficacité, ou les risques d effets indésirables des médicaments. Quelques unes de
ces interactions méritent d être présentes à l esprit du prescripteur.
A - Interactions pharmacocinétiques (avec modification des concentrations circulantes du médicament)
A1 - Quelques exemples de médicaments dont la résorption digestive peut être modifiée en cas de prise avec des aliments.
- L absorption des antifongiques triazolés de première génération (itroconazole) et de deuxième génération (posaconazole) est
largement augmentée par l alimentation et dépend de sa composition (régime riche ou pauvre en graisses) (1). Un repas pauvre, ou
riche, en graisses augmente respectivement la biodisponibilité du posaconazole de 168 et 290 %. Pour une efficacité optimale, le
posaconazole doit donc être administré au cours d un repas ou avec un complément nutritionnel.
- Le saquinavir, inhibiteur de la protéase du VIH doit également être pris au cours des repas afin d augmenter sa résorption intestinale
et donc son efficacité.
- La prise de médicaments au cours des repas améliore dans certains cas l efficacité, voire la tolérance (cas des anti-inflammatoires
non stéroïdiens).
- Dans certains cas, une augmentation de la résorption gastro-intestinale peut survenir et être responsable d une augmentation de
risque de toxicité. Ainsi l halofantrine, voit sa biodisponibilité augmentée de 190 % par la prise d un repas ce qui contribue au risque
de cardiotoxicité (arythmies, arrêt cardiaque...). L halofantrine doit donc absolument être prise en dehors des repas.
A noter que par exemple la prise d huile de paraffine peut diminuer l absorbtion de médicaments lipophiles mais également des
vitamines liposolubles A, D, E, K.
D autres interactions sont liées plus spécifiquement à un aliment ou à un composé particulier. Ainsi,
- les régimes riches en fibres diminuent la biodisponibilité de la digoxine qui s adsorbe sur ces fibres,
- les produits laitiers sont également responsables de diminution de résorption du fait de la formation de complexes entre certains
médicaments (ciprofloxacine, tétracyclines...) et le calcium,
-les biphosphonates présentent une très mauvaise biodisponibilité per os comprise entre 0,63% et 8% d où l utilisation exclusive pour
le zolédronate et le pamidronate de sodium de la voie intraveineuse. Leur biodisponibilité per os est réduite à néant en cas de prise
simultanée de calcium en raison de la formation de complexes insolubles. Cela conduit à une diminution de leur efficacité par
diminution de leur résorption (2). Ces médicaments doivent être impérativement pris en dehors des repas et être administrés avec de
l eau et non avec d autres boissons telles que jus d orange ou café.
-A2 - Certains aliments peuvent modifier le métabolisme des médicaments
L exemple le mieux connu est celui du jus de pamplemousse (3).
(communiqué en octobre 2008 sur le site de l Afssaps) (4).
Le jus de pamplemousse contient en effet des substances qui inhibent le métabolisme oxydatif des médicaments passant par le CYP
3A4 et un transporteur d efflux la glycoprotéine P ou (P-gp). Le métabolisme des médicaments passant par le CYP 3A4 et ceux dont
le rejet est assuré par les cellules intestinales via les glycoprotéines P-gp sera inhibé lors d une prise concomitante de jus de
pamplemousse d où l augmentation des concentrations des médicaments concernés et une majoration de leurs effets indésirables
dose-dépendants.
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Le risque existe, en particulier pour :
- la simvastatine, et dans une moindre mesure, l atorvastatine (5). Pour la simvastatine, la biodisponibilité peut être multipliée d un
facteur 15, ce qui revient à prendre en une fois la dose de deux semaines. Elle double pour l atorvastatine. Des cas de rhabdomyolyse,
attribuée à une interaction entre la simvastatine et le jus de pamplemousse, ont été publiés ;
- les immunosuppresseurs (tacrolimus, ciclosporine...) avec risque accru de néphrotoxicité ;
- le cisapride, avec un risque de torsades de pointes.
Un effet identique sur les dihydropyridines a été démontré. Mais, à l exception de la lercanidipine et de la félodipine, les variations
pharmacocinétiques observées lors d une prise simultanée de jus de pamplemousse et des médicaments de cette classe n ont pas de
traduction clinique significative sur les effets hémodynamiques ou indésirables de ces médicaments.
D autres médicaments pourraient voir leurs taux passer au dessus de la zone thérapeutique par ce mécanisme (carbamazépine,
buspirone).
Le point de l Afssaps sur ce sujet a été justifié par la confusion pouvant résulter de la médiatisation d une
étude qui a rapporté (et de façon isolée pour cette molécule) une réduction de l absorption intestinale de
la féxofénadine (Telfast) (6). Celle-ci passerait par une inhibition d un transporteur impliqué dans
l absorption intestinale des anions organiques (OATP 1A2).
Ces résultats ont été obtenus chez des volontaires sains en s appuyant uniquement sur des données
pharmacocinétiques, lesquelles ne reproduisent pas exactement les conditions réelles de prise.
D autres aliments pourraient augmenter le métabolisme au niveau intestinal de certains médicaments par
un mécanisme très mal élucidé. Ainsi, l ail diminuerait les concentrations plasmatiques de saquinavir (7).
Les viandes et poissons fumés peuvent par leur effet inducteur enzymatique augmenter le métabolisme de
médicaments tels que la théophylline et diminuer leur concentration plasmatique et, donc, leur efficacité.
Il faut éviter de consommer de la caféine lors d un traitement antibiotique contenants certains
antibiotiques comme l énoxacine, la ciprofloxacine ou la norfloxacine, utilisés fréquemment pour le
traitement des infections urinaires (cystites). Ces antibiotiques gênent l élimination de la caféine et
peuvent donc conduire à un surdosage en caféine. La consommation excessive de caféine est également
non recommandée lors d un traitement par théophylline qui a les mêmes effets que la caféine (risque
d excitation, palpitations, tremblements, sueurs, hallucinations).
B - Les interactions pharmacodynamiques aliments-médicaments sont moins fréquentes.
Le meilleur exemple en est celui qui concerne des apports excessifs de vitamine K chez des patients sous
anti-coagulants oraux (choux, brocolis, épinards, avocats, laitue, abats doivent être consommés sans
excès chez les patients anticoagulés). Il est surtout recommandé à ces patients de ne pas modifier les
apports alimentaires (en particulier en augmentant ou en réduisant brutalement les aliments riches en
vitamine K). Il est à noter l importance de ne pas interdire aux patients sous AVK, les aliments contenant
de la vitamine K car il a été montré que les patients ayant des apports normaux en aliments contenant de
la vitamine K avaient des INR beaucoup plus stables que les patients n en consommant que peu (8)
Des interactions sont également fréquemment décrites avec les aliments riches en tyramine ou en
tryptophane (fromages, foies de volaille, sauce à base de soja...). La tyramine est une amine
sympathomimétique indirecte qui peut entraîner la libération de noradrénaline et augmenter la pression
sanguine par vasoconstriction. Les aliments riches en tyramine sont contre-indiqués avec les IMAO, en
raison d un risque de crises hypertensives. Les patients traités par le linézolide (antibiotique ayant des
propriétés IMAO A sélectif) devront également être informés de ne pas consommer de grandes quantités
d aliments riches en tyramine.
Il est nécessaire de prendre également garde aux associations de médicaments réduisant la
vigilance avec l alcool. C est le cas des tranquillisants (anxiolytiques de type benzodiazépines),
analgésiques ou antitussifs à base de codéine ou de tramadol, neuroleptiques, certains antidépresseurs et certains médicaments anti-allergiques. L alcool, pris conjointement avec ces
médicaments peut entraîner une somnolence et réduire les réflexes. De plus la consommation
d alcool avec les anti-inflammatoires type ibuprofène, ou l aspirine peut entraîner des brûlures
d estomac et des reflux acides.
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1- Courtney R. Wexler D. Radwanski E, Lim J, Laughlin M. Effect of food on the relativebioavailability of two oral formulations of posaconazole in
healthy adults. Br J Clin Pharmacol 2004 ;57 (2) : 218-22.
2- Gertz BJ, Holland SD, Kline WF, Matuszewski BK, Freeman A, Quan H, Lasseter KC, Mucklow JC, Porras AG. Studies of the oral bioavailability of
alendronate. Clin Pharmacol Ther 1995 ; 58 (3) : 288-98.
3- Kane GC, Lipsky JJ. Drug-grapefruit juice interactions. Mayo Clin Proc 2000 ; 75 (9) : 933-42.
4- Mise au point sur l interaction médicaments et jus de pamplemousse. Information destinée aux professionnels de santé. Octobre 2008.
5- Lilja JJ, Kivistö KT, Neuvonen PJ. Grapefruit juice-simvastatin interaction : effect of serum concentrations of simvastatin, simvastatin acid, and HMGCoA reductase inhibitors. Clin Pharmacol Ther 1998 ; 64 (5) : 477-83.
6- Bailley DG et al. Naringin is a major and selective clinical inhibitor of organic aniontransporting polypeptide 1A2 (OATP1A2) in grapefruit juice.
Clinical Pharmacol Ther 2007 ; 81 : 495-502.7
7- Piscitelli SC, Burstein AH, Welden N, Gallicane KD, Falloon J. The effect of garlic supplements on the pharmacokinetics of saquinavir. Clin Infect Dis
2002 ; 15 : 34 (2) : 234-8.
8-Jego P. Diagnostic et conduite à tenir face à un surdosage aux AVK. La Revue de Médecine interne. Volume 29 (2008)
Carole FONTENOY
Nouvelles molécules anti-VIH: nouveaux mécanismes d action et
nouvelles interactions médicamenteuses
INTELENCE®
INTELENCE® (étravirine)
étravirine) 100 mg, comprimé:
Classe pharmacologique: Inhibiteur non-nucléosidique de la transcriptase inverse. Action anti-VIH 1
Posologie: 2 comprimés 2 fois/jour, pas d adaptation posologique en cas d insuffisance rénale ou hépatique1
Métabolisme:Substrat des CYP450, 3A4, 2C9, 2C19, faible inducteur du CYP 3A4 et faible inhibiteur du CYP 2C191
Interactions:
Etravirine/inhibiteurs de protéases: seule l association avec tipranavir(APTIVUS®)/ritonavir
n est pas recommandée (réduction d environ 80% de l exposition de l étravirine)2 , il est
également noté que son association avec fosamprenavir(TELZIR®)/ritonavir peut entraîner une
augmentation de 70% de l exposition de l Amprénavir1
Etravirine/antituberculeux : l association avec la rifampicine n est pas recommandée2, celle
avec la rifabutine est possible1
Etravirine/anticonvulsivants: diminution des concentrations en étravirine lors de son
association avec la carbamazépine, le phénobarbital, la phénytoïne1
Etravirine/autres traitements: La co-administration de l étravirine avec la dexamethasone par
voie systémique ou les préparations de Millepertuis entraînent une perte d efficacité du
médicament. L association avec la méthadone est possible1.
Avis HAS: ASMR V
Attention à la co-administration avec les médicaments métabolisés par le CYP450 3A4:
par exemple les statines, le sildénafil, la clarithromycine (diminution de leurs concentrations plasmatique)
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ISENTRESS®
ISENTRESS® (raltégravir)
raltégravir) 400 mg, comprimé:
Classe pharmacologique : Inhibiteur de l intégrase du VIH.
L inhibition de l intégrase empêche l insertion covalente ou
l intégration du génome du VIH dans le génome de la cellule hôte ce
qui empêche la formation de nouveaux virions et donc la propagation
virale. Action anti-VIH 1
Posologie : 1 comprimé 2 fois/jour, pas d adaptation posologique en
cas d insuffisance rénale ou hépatique1
Métabolisme : Importante variabilité inter et intra-individuelle de la
pharmacocinétique. A priori, le raltégravir n est ni inhibiteur, ni
inducteur enzymatique. Il est principalement métabolisé par
glucuronidation médiée par l uridine diphosphate glucurosyl
transférase (UGT 1A1)
Interactions :
Etravirine/autres antirétroviraux (aucune contre-indication!!) : Atazanavir (REYATAZ®): est un puissant inhibiteur de l UGT 1A1:
risque d augmentation des taux de raltégravir lors de son association. Augmentation des concentrations de raltégravir lors de son association
avec tenofovir (TRUVADA®, VIREAD®).
Etravirine/antituberculeux : Rifampicine : puissant inducteur de l UGT 1A1, lors de son association avec raltégravir: diminution des
concentrations en raltégravir de 40%, il est donc recommandé de doubler la dose en raltégravir. On préfèrera l association avec la rifabutine.
Etravirine/médicaments modifiant le pH gastrique : les inhibiteurs de la pompe à protons entraînent une augmentation de l absorption de
raltégravir (ex: oméprazole)
Avis HAS: ASMR III
CELSENTRI®
CELSENTRI® (maraviroc)
maraviroc) 150 et 300 mg, comprimés:
Classe pharmacologique : Antagoniste des récepteurs CCR5. Maraviroc se lie de
façon spécifique aux récepteurs des chimiokines humains CCR5, empêchant ainsi
les virus à tropisme CCR5 de pénétrer dans les cellules.
Molécule ne devant être utilisée que chez les patients à virus VIH-1 à tropisme
CCR5 (test de tropisme indispensable avant toute prescription)
Posologie : 150 à 600 mg/prise, 2 fois/jour, prudence en cas d insuffisance
hépatique, adaptation posologique en cas d association avec de puissants inhibiteurs
du CYP 450 3A4 1
Métabolisme : Principalement métabolisée par le CYP450 3A4. A priori, maraviroc
n est ni inhibiteur, ni inducteur enzymatique 1
Effets indésirables cardiovasculaires : risque CV (IDM, insuffisance coronarienne)3
Interactions :
Etravirine/autres antirétroviraux (aucune contre-indication!!) : adaptation posologique avec les inducteurs ou inhibiteurs du CYP 450
3A4 comme les inhibiteurs de protéases (à l exception de tipranavir/ritonavir) 1. A noter une forte interaction médicamenteuse avec le
ritonavir et de fortes variabilités interindividuelles.
Etravirine/antituberculeux : l association maraviroc + rifampicine nécessite d augmenter la dose de maraviroc à 600 mg x 2/j. On
préfèrera l association avec la rifabutine 2
Avis HAS: ASMR IV
Attention à la co-administration avec tous les autres médicaments inhibiteurs ou inducteurs du
CYP450 3A4!!:
Les récepteurs CCR5 sont ubiquitaires sur toutes les cellules humaines
risques
cardiovasculaires accrus par rapport aux anti-rétroviraux classiques
Références: 1: Thériaque ; 2: Résumé des communications - HIV9 2008, Glasgow, 3: RCP-FDA Nov 2008
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Carole FONTENOY
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ASMR DE NOUVEAUX MEDICAMENTS
La Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) évalue les médicaments ayant obtenu une
Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) lorsque les laboratoires souhaitent obtenir leur inscription sur la liste des
médicaments remboursables et donne au Ministre de la santé des avis sur la prise en charge des produits pharmaceutiques
par la sécurité sociale et/ou pour leur utilisation à l hôpital. Cette commission ne délivre pas les AMM, rôle de la
Commission d AMM. Elle se prononce au vu du Service Médical Rendu (SMR) et sur son éventuelle amélioration
(ASMR) et contribue au bon usage du médicament en publiant les résultats de son évaluation.
Distinction entre ASMR (Amélioration du service médical rendu) et SMR (Service Médical Rendu )
SMR : évaluation du médicament sur les critères suivants : efficacité, sécurité, caractère préventif, symptomatique
ou curatif, gravité de l affection et intérêt en terme de santé publique. Le SMR ne compare pas le médicament par
rapport aux autres produits mais permet de définir un taux de remboursement. Il s exprime en différents niveaux :
majeur, important (taux de remboursement à 65%), modéré ou faible (35%) ou absence de SMR.
ASMR : appréciation de l amélioration apporté par un médicament par rapport aux autres médicaments déjà
commercialisés dans la même classe médicamenteuse ou de la prise en charge de la maladie. Elle est chiffrée en 5
niveaux en terme d'amélioration de l'efficacité, de la tolérance et/ou de la commodité d'emploi.
L ASMR est très utile pour le prescripteur.
NB : Le niveau d'ASMR figure sur les avis de la Commission de la transparence qui doivent notamment être remis par
les visiteurs médicaux lors de toute présentation verbale d'un médicament. (Décret du 16 juin 1996 - article R.5047-3
du Code de la Santé publique)
SMR : Service médical rendu
ASMR : Amélioration du service médical rendu
SMR majeur
ASMR 1 Amélioration majeure
SMR important
ASMR 2 Amélioration importante
SMR modéré
ASMR 3 Amélioration modeste
SMR faible
ASMR 4 Amélioration mineure
SMR insuffisant
ASMR 5 Aucune amélioration
SMR non précisé
ASMR 6 Avis défavorable inscription Collectivité ou Sécurité Sociale
Les avis de la Commission de Transparence sont sur le site Internet de l HAS (http://www.has-sante.fr)
Voici une sélection d ASMR récentes :
ASMR de niveau 3: amélioration modérée
MIMPARA® cinacalcet (chlorhydrate de)
Indication: « Traitement de l hyperparathyroïdie (HPT) secondaire chez les patients dialysés atteints d insuffisance rénale chronique
terminale (IRCT).
Mimpara peut être utilisé dans le cadre d un traitement comportant des chélateurs du phosphate et/ou des analogues de la vitamine D
selon les besoins.
Traitement de l hypercalcémie chez les patients présentant :
un cancer de la parathyroïde
demande d extension d indication: hyperparathyroïdie primaire, chez qui la parathyroïdectomie serait indiquée sur la base des taux
de calcium sérique (définis par les recommandations thérapeutiques en vigueur) mais chez qui la parathyroïdectomie est contre
indiquée ou n est pas cliniquement appropriée. »
ASMR de niveau 4: amélioration mineure
XARELTO® 10 mg, comprimés pelliculés rivaroxaban. Le rivaroxaban est un nouvel anticoagulant, inhibiteur direct (il
n agit pas par l intermédiaire de l antithrombine), compétitif, réversible et spécifique du facteur Xa. Il est actif après
administration par voie orale (une seule prise quotidienne à dose fixe).
Indication: « Prévention des événements thromboemboliques veineux chez les patients adultes bénéficiant d une intervention
chirurgicale programmée de la hanche ou du genou (prothèse totale de hanche ou du genou) ».
XARELTO® apporte une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR de niveau IV) en termes d efficacité par
rapport à LOVENOX® (énoxaparine) dans cette même indication.
ASMR de niveau 5: pas d amélioration
AZILECT® 1 mg, comprimé, classe des IMAO B rasagiline
Indication: « Traitement de la maladie de Parkinson idiopathique en monothérapie (sans la lévodopa) ou en
association (avec la lévodopa) chez les patients présentant des fluctuations motrices de fin de dose. »
Aucune nouvelle donnée d efficacité n a été apportée permettant à la commission de modifier son avis de 2006 sur
AZILECT®. En particulier aucune étude comparative entre rasagiline et sélégiline n a été fournie.
GALVUS® vildagliptine
Indication: hypoglycémiant oral, diabète de type 2
La vildagliptine appartient à la classe des inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (DPP-4) dont l'administration
entraîne une augmentation des taux des hormones incrétines.
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ROLE DU CRPV ?
BREVES
Bon usage de la vitamine K1 chez les nourrissons
L Afssaps rappelle, suite à des erreurs d administration de parents ayant
administrés une ampoule par jour au lieu d une ampoule par semaine à
leurs nourrissons, que la posologie de la spécialité VITAMINE K1 ROCHE
2 mg/0.2 ml solution buvable ou injectable en prévention de la maladie
hémorragique du nouveau-né en cas d allaitement maternel exclusif ou
« quasi-exclusif » est de :
1 ampoule (2 mg) per os par semaine
Vous pouvez retrouver cette information sur le site de l Afssaps:
http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/filltrpsc/lettre_prescripteur_vitaminek1.pdf
Risque de confusion Prograf® - Advagraf®:
Un communiqué du laboratoire ASTELLAS datant du 02/12/2008, relayé
par l AFSSAPS relate la survenue d erreurs médicamenteuses liées à une
confusion entre les spécialités Advagraf® et Prograf®. En effet, ces 2
spécialités contiennent du tacrolimus (immunosuppresseur indiqué dans la
prévention du rejet de greffe), mais sont administrées selon des schémas
posologiques différents.
Advagraf® est une formulation à libération prolongée qui doit être prise
une fois par jour le matin
Prograf® est une formulation à libération immédiate qui doit être prise
deux fois par jour, le matin et le soir
La prescription médicale doit donc comporter le nom de la spécialité
pharmaceutique prescrite et non la seule DCI: tacrolimus
Afin d éviter le risque d erreur médicamenteuse, une modification de
l étiquetage du conditionnement d Advagraf® avec un agrandissement
des mentions: « une fois par jour » et « gélules à libération prolongée »
prendra effet à partir du 1er avril 2009 (dans l attente de cette
modification de conditionnement, un sur-étiquetage sera apposé sur
chaque conditionnement avec la mention: « une fois par jour » en
caractères agrandis). Les RCP des notices des 2 spécialités seront
modifiés à partir de mars 2009.
Du recueil de l observation à la
prévention du risque.
Le Centre Régional de Pharmacovigilance a
pour mission de répondre à vos questions sur
les médicaments (bon usage, effets
indésirables, modifications de posologies ou
d indications, interactions, risques pendant la
grossesse, l allaitement ou selon d autres
terrains particuliers) et de recueillir et
d analyser
vos
notifications
d effets
indésirables médicamenteux.
Nous vous rappelons l obligation de
déclaration :
« Tout professionnel de santé ayant constaté
un effet indésirable grave (soit entraînant ou
prolongeant une hospitalisation, soit entraînant
une incapacité ou des séquelles, soit mettant
en jeu la vie du patient ou entraînant le décès)
et/ou « inattendu » (non répertorié dans les
mentions légales) doit en faire la déclaration
au Centre Régional de Pharmacovigilance ».
(décret du 13 mars 1995).
Notre objectif est d améliorer la
connaissance du risque lié au médicament
et ainsi de favoriser une meilleure
utilisation en optimisant la balance
bénéfice/risque.
Vos déclarations peuvent être faites par
téléphone, par courrier ou par fiche de
déclaration disponible sur le site officiel de
l Afssaps
Vous pouvez retrouver cette information sur le site de l Afssaps :
http://afssaps.sante.fr/htm/10/filltrpsc/ddl-prograf-advagraf.pdf
IMPORTANT
Ce bulletin sera diffusé gratuitement par
courriel. Merci de signaler dès
maintenant vos adresses électroniques à
l adresse suivante :
[email protected]
Sites utiles :
AFSSAPS :
HAS :
EMEA :
FDA :
http://afssaps.sante.fr
http://www.has-sante.fr
http://www.emea.europa.eu/htms/human/epar/a.htm
http://www.fda.gov
Le bulletin VigiNantes est rédigé et diffusé par le CRPV sans aide de l industrie pharmaceutique
VigiNantes n°4
Mars 2009
8
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