Les diarrhées infectieuses et parasitaires de la génisse

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Les diarrhées
infectieuses et
parasitaires
de la génisse
Les diarrhées infectieuses et parasitaires de la génisse
Les diarrhées constituent le problème de
santé numéro 1 dans l’élevage du jeune veau.
D’un point de vue zootechnique, elles
entraînent des retards de croissance fortement
préjudiciables à la croissance de la génisse. Les
symptômes sont similaires quelle que soit la
cause. Le diagnostic repose sur l’existence de
symptômes associés et l’âge d’apparition. De
multiples agents microbiens ou parasitaires
sont les hôtes naturels ou pathologiques du
tube digestif du veau.
Leurs natures conditionnent les étapes du
diagnostic et la conduite prophylactique.
Les principaux agents pathogènes
responsables de diarrhée chez le veau sont
des bactéries (surtout des colibacilles), des
virus (en particulier le rotavirus et à moindre
degré le coronavirus) et enfin des parasites
(essentiellement des cryptosporidies).
Principaux agents responsables de diarrhées chez le veau
E. Coli (colibacilles) :
ETEC, EPEC, VTEC
Salmonella
Clostridium
Campylobacter
Virus
Rotavirus
Coronavirus
Virus BVD/MD
(maladie des muqueuses)
Torovirus (Breda Virus)
Calicivirus (norovirus), etc
Parasites
Cryptoporidies
Giardies
Coccidies
(animaux de + de 3 semaines)
Candida
Toxocara
Strongyloides
Liste non exhaustive. En gras, figurent les agents les plus souvent rencontrés
Période d’expression des différents agents pathogènes
100
80
Rotavirus
Coronavirus
E coli ETEC
Coccidies
Cryptosporidies
60
40
20
0
2
Les diarrhées infectieuses et parasitaires de la génisse - Service Technique Formulation – Hélène PIROELLE – Avril 2010
Bactéries
Périodes
Traitement
Prévention
E. Coli
Veau (très) malade,
Fécès liquides à
grumeaux. Fièvre
ou hypothermie
Déshydratation
1ère semaine
Consultez votre
vétérinaire
Consultez votre
vétérinaire
Diarrhée
alimentaire
Diarrhée jaunâtre,
onctueuse. Veau un
peu abattu. Absence de
fièvre
1-3ème
semaine
Supprimer un repas
de lait et remplacer
par une buvée d’eau
sucrée.
Ne pas hésiter à donner
un purgatif léger.
Hygiène
Respect du plan
d’alimentation
Rotavirus
Diarrhée jaunâtre,
pâteuse à liquide.
Veau abattu et mou.
Température entre
38 et 39.5°C
1-2ème
semaine
Fractionner les repas +
boisson d’électrolytes
(1 jour et ensuite
du lait). + 10% de
colostrum (indemne de
paratuberculose)
Hygiène, colostrum
Cryptosporidiose
Diarrhée blanche
- jaune- verte et
acqueuse. Souvent avec
du sang
2-3ème
semaine
Médicaments.
Hygiène, colostrum
Coccidiose
Diarrhée marronverte,
liquide souvent avec
du sang. Veau chétif,
amaigri
4ème semaine
et +
Médicaments. Vérifier le
plan d’alimentation
Eviter le contact fécès
aliment. Contrôler la
ration. Eau propre.
Hygiène.
Lait dans
le rumen
Diarrhée marron-grise,
argileuse, veau au
ventre ballonné avec
clapotis
4ème semaine
et +
Forme aiguë : vider la
panse, tétine. Forme
chronique : sevrer le
veau.
Améliorer le protocole
d’alimentation surtout
des veaux malades
Les signes cliniques peuvent varier fortement, entre autres, à cause d’infections mixtes.
E. Coli en 1er diagnostic
Cryptosporidiose en 1er diagnostic
Lait dans le rumen en 1er diagnotic
Rotavirus en 1er diagnostic
Diarrhée alimentaire
en 1er diagnostic
Coccidiose en 1er diagnostic
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Les diarrhées infectieuses et parasitaires de la génisse - Service Technique Formulation – Hélène PIROELLE – Avril 2010
Signes précurseurs
Les agents bactériens responsables de diarrhée
Colibacilles
Autres agents bactériens
Les bactéries sont avant tout des colibacilles.
Les colibacilles sont des entérobactéries
à Gram-, hôtes habituels du tube digestif.
Les bactéries telles que les ETEC (E. coli
entéro-toxinogène) provoquent une diarrhée
néonatale en produisant des entérotoxines
qui stimulent les sécrétions intestinales. Après
une étape initiale d’adhésion aux cellules
intestinales, les bactéries se multiplient
localement et libèrent des toxines dans la
lumière intestinale. S’ensuit alors une fuite
hydrique d’origine toxique et donc de la
diarrhée.
Les salmonelles ne doivent pas être
négligées, surtout en élevage laitier, car elles
représentent un risque zoonotique. Enfin,
des clostridies et des campylobacters (avec
là encore un risque zoonotique) peuvent
aussi être rencontrés lors de diarrhées du
veau. Les salmonelles sont elles aussi des
entérobactéries à Gram– mais elles ne sont
qu’occasionnellement détectées dans le tube
digestif des animaux. Les clostridies sont des
bactéries à gram+ anaérobies strictes sous
estimées en pathologie néonatale du veau.
Deux espèces de clostridies sont responsables
de diarrhée néonatale du veau : Clostridium
Perfringens et clostridium sordelli.
Les virus entériques (de même que les
parasites) provoquent une diarrhée néonatale
en détruisant les cellules épithéliales.
Après une phase d’adhésion suivie d’une
invasion des cellules entérocytaires, les virus
occasionnent des lésions au niveau des
muqueuses, à l’origine d’une malabsorption.
L’absorption de l’eau, des électrolytes et du
lactose est diminuée. Les lésions sont plus
ou moins marquées selon l’agent concerné.
En effet, la destruction des villosités lors de
coronavirus ou de BVD est plus importante
que lors de rotavirus. En plus de la diminution
de l’absorption, une augmentation des
sécrétions apparaît.
En outre, la poursuite d’une alimentation
« classique » conduit à la présence dans
l’intestin grêle de nutriments en excès par
rapport aux capacités diminuées d’absorption.
Cela entraîne une fuite hydrique d’origine
osmotique, ainsi que des fermentations
bactériennes indésirables dans le gros intestin.
La diarrhée induite par une infection virale
est pâteuse à liquide, fétide, avec parfois la
présence de sang.
Les virus intestinaux les plus courants sont les
rotavirus. Plus rares mais responsables d’une
maladie plus sévère, les coronavirus sont
également assez fréquents.
Rotavirus
Les rotavirus sont de petits virus très résistants
dans le milieu extérieur, notamment en
présence de matières organiques (peut-être
même d’une saison de vêlage à l’autre).
Ces virus sont peu immunogènes et la
contamination se fait par contamination
digestive d’où l’intérêt de la vaccination des
mères par voie parentérale. L’immunogénicité
est accrue avec le nombre de stimulations
vaccinales, ce qui explique, pour partie,
l’intérêt du colostrum des vaches les plus
anciennes et justifie certains protocoles
consistant à effectuer une primovaccination
tous les ans. Seuls, ces virus sont responsables
de diarrhées bénignes avec une morbidité
élevée mais une mortalité faible mais ils
ouvrent surtout la porte à d’autres agents
pathogènes.
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Les virus
Coronavirus
Virus BVD
Les coronavirus sont responsables de
l’apparition de diarrhée sévère chez le veau
âgé de 5 jours à 3 mois. Ils peuvent être
également à l’origine d’une pneumopathie,
la contamination par voie aérienne via les
muqueuses nasale et oculaire étant possible.
Le virus BVD ou virus de la maladie des
muqueuses est présent dans le tube digestif
des IPI (infectés permanents immunotolérants)
comme des infectés transitoires. Son rôle dans
les diarrhées néonatales est controversé. La
différenciation clinique entre maladie des
muqueuses néonatale et diarrhée néonatale
due à une infection aiguë par le virus BVD est
délicate.
Les parasites
Les affections parasitaires du veau avant le sevrage impliquent une exposition, non seulement à un agent pathogène, mais également à des facteurs environnementaux, d’hygiène et
de gestion d’élevage. Le parasitisme digestif constitue l’une des atteintes sanitaires les plus
courantes chez les ruminants. La plupart du temps, les animaux hébergent des parasites sans
manifestation clinique. Un équilibre s’établit entre les parasites et le système immunitaire de
l’hôte. Cet équilibre est beaucoup plus difficile à établir chez les jeunes individus dont le système immunitaire est encore immature. Il peut être rompu par tout facteur environnemental ou
intrinsèque défavorable, ce qui conduit alors à des manifestations cliniques parfois très graves.
Les affections parasitaires digestives du veau avant le sevrage ont en commun le fait de se
manifester plus intensément chez des animaux jeunes et fragiles, de présenter une expression
clinique sous la dépendance de différents facteurs environnementaux et d’être à l’origine de
pertes économiques considérables dues à la difficulté et au coût du traitement ou aux pertes de
production.
Cryptosporidium est un parasite qui
appartient à la classe des coccidies. L’ingestion
d’ookystes sporulés conduit à la libération des
formes infectantes dans la lumière intestinale.
Elles se fixent dans la bordure en brosse
des entérocytes, entre les microvillosités.
Des ookystes directement infectants sont
produits. Certains sont à l’origine d’une autoinfection et d’autres sont émis dans le milieu
extérieur avec les selles. La période qui sépare
l’ingestion d’ookystes infectants et l’excrétion
est courte : la totalité du cycle est réalisée
entre 2 et 5 jours.
La transmission est oro-fécale : les veaux se
contaminent lors de l’ingestion d’aliments ou
d’eau contaminés par des ookystes sporulés.
Dans les étables, la transmission peut
également s’effectuer de veau à veau.
La conduite d’élevage est le principal
facteur qui influe sur l’expression d’une
cryptosporidiose clinique dans un élevage :
les mélanges d’animaux d’espèces et d’âges
différents, les fortes concentrations animales
et une mauvaise hygiène d’élevage sont
impliqués.
Les symptômes apparaissent en général à
l’âge de 7 à 15 jours (avec une variabilité entre
3 et 21 jours). La maladie est caractérisée par
une diarrhée aiguë intermittente, verdâtre,
aqueuse et nauséabonde. Ces signes sont
accompagnés de dépression et d’abattement,
d’anorexie et de perte de poids.
La cryptosporidiose à C. Parvum s’exprime
lorsque les concentrations animales sont
élevées avec parfois des pics notamment en
fin de période des naissances. La résistance
des ookystes émis dans le milieu extérieur
est très longue. Ainsi, la viabilité d’un ookyste
dépasse un an à 4°C et plusieurs mois dans
le sol.
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Cryptosporidiose à Cryptosporidium parvum
Eimeriose
Les eimerioses bovines, communément
appelées coccidioses sont dues à la présence
et à la multiplication de coccidies du genre
Eimeria dans les cellules épithéliales de
l’intestin du jeune bovin. Les ookystes sont
rejetés avec les selles sur le sol. A ce stade, ils
ne sont pas infectants (forme non sporulée).
Les ookystes subissent une sporogonie
(passage de la forme non sporulée à la forme
sporulée et donc à la forme infectante).
L’humidité relative (en général > 70%), la
température (> 20°C) et la présence nécessaire
d’oxygène sont des facteurs qui conditionnent
la réalisation de cette étape. L’ingestion de
ces ookystes conduit au développement
intracellulaire du parasite puis au rejet de
nouveaux ookystes non sporulés avec les
matières fécales. Les ookystes sporulés
peuvent résister de 12 à 18 mois.
L’impact économique des coccidioses est
considérable et résulte probablement
davantage des pertes liées aux manifestations
subcliniques de l’affection plus fréquentes
(perte de valeur marchande, retard de
croissance), qu’aux manifestations cliniques.
La coccidiose est une maladie plurifactorielle
et, comme pour la cryptosporidiose,
l’influence des facteurs qui découlent
de fortes concentrations animales est
fondamentale. Une diarrhée séreuse verdâtre
peu évocatrice apparaît initialement. Les
matières fécales rejetées contiennent du
sang qui donne la couleur sombre et l’odeur
nauséabonde caractéristiques. L’état général
de l’animal demeure bon à ce stade et
l’appétit est conservé. Un ou deux jours plus
tard, la diarrhée devient très abondante avec
de volumineux caillots de sang dans les fécès.
Les coccidioses interviennent à partir de
l’âge de 3 semaines au moins et se déclarent
chez des animaux fragilisés à la faveur
de circonstances stressantes (transport,
sevrage,…).
Les diarrhées néo natales des veaux
sont des affections automno-hivernales
d’intérieur. Les cas sont plus nombreux de
décembre à avril avec un pic entre janvier
et mars. A mesure que la saison de vêlage
avance, les nouveau-nés sont soumis à
une pression d’infection de plus en plus
élevée. Cela conduit à une augmentation
de la proportion de veaux présentant une
affection digestive, généralement plus
sévère.
Par leur origine essentiellement
infectieuse, les diarrhées du veau voient
leur incidence croître dans les élevages où
la pression d’infection augmente et dont
les veaux ont une immunité insuffisante
(défaut de transfert colostral ou facteurs
stressants comme le froid).
Ainsi, un des facteurs de risque principaux
est donc constitué par un mauvais transfert
de l’immunité : soit le veau a ingéré son
colostrum en quantité insuffisante ou
trop tardivement, soit le colostrum était
de qualité médiocre. L’environnement
des nouveau-nés est aussi un facteur
clé dans l’apparition des diarrhées : le
confort (paillage abondant, surface et
volume d’air suffisants, absence de courant
d’air) et l’absence de cohabitation avec
des animaux d’autres classes d’âge sont
2 aspects essentiels à contrôler dans
l’objectif d’une lutte contre ces affections.
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