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LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949
Si la Chine est aujourd'hui considérée comme une grande puissance, ce statut est récent.
Elle est devenue la puissance économique mondiale, et dispose d'atouts considérables pour imposer son influence, à commencer par le poids
économique de ses 1,3 milliard d'habitants.
Pourtant, au début du XX°s, la Chine, peu ouverte au monde, est dominée par les grandes nations européennes et le Japon. Elle a connu une
évolution originale qui l'amène d’une situation de sous-développement économique et de mise sous tutelle politique à une position économique et
politique de premier plan.
1949 marque pour le pays, le début d’une nouvelle étape : la Chine, devenue communiste, veut s'affirmer sur la scène internationale comme une
puissance du 1/3 monde, mais elle reste un pays pauvre, anéanti par les politiques désastreuses menées par Mao.
La mort de Mao, en 1976, ouvre une nouvelle phase dans l’histoire de la Chine au XXe siècle. En une trentaine d’années, elle acquiert un statut de
puissance économique et financière de premier plan qui lui permet de prétendre à une plus grande influence politique sur la scène internationale et
de revendiquer une place nouvelle parmi les grandes puissances.
La montée en puissance de la Chine depuis les années 1980 nous conduit à nous interroger sur les origines, l’évolution, les étapes, et les
manifestations de la puissance de ce pays. Il s'agit non pas de la naissance, mais de la réérmergence d'une puissance.
Comment la Chine a-t-elle reconquis une place de grande puissance depuis 1949 ?
La Chine a mis en place un fonctionnement communiste lui permettant d'acquérir une puissance limitée de 1949 à 1978 (1° partie), puis a su
s'affirmer sur la scène internationale grâce à son essor économique à partir de cette date (2° partie).
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I: 1949-1978 ; UN ETAT COMMUNISTE A LA PUISSANCE LIMITEE:
A:Une Chine affaiblie qui tente de se relever en copiant le modèle soviétique :
Le pays sort en 1949 d'une
longue guerre civile
La situation économique de la
Chine en 1949 est
catastrophique
Sa monnaie a peu de valeur et
l'administration est
désorganisée
Mais le PCC dispose d'atouts
pour réorganiser le pays : ses
nombreux adhérents, ses
organisations, même s'il
manque d'expérience dans les
zones urbaines
Un programme commun est
Une Chine affaiblie :
En 1949, la Chine sort d’une longue guerre civile (1927-1949), seulement interrompue par la guerre avec le
Japon (1931-1945).
Mao Zedong proclame, le 1er octobre 1949, la République Populaire de Chine (RPC) et annonce que « plus
jamais les Chinois ne seront un peuple d'esclaves ».
Les nationalistes menés par Jiang Jieshi se réfugient sur l'île de Taiwan, sous protection américaine, ils
prolongent la république d'avant-guerre.
La situation économique est catastrophique : des millions d’hectares de terres sont noyés après la destruction
des digues et des canaux, le cœur industriel mandchou a été démantelé par les Soviétiques entre 1945 et 1946,
les moyens de transport sont peu développés ou absents (20 000 km de voies ferrées seulement, flotte
marchande partie à Taïwan). L'agriculture occupe les ¾ des actifs mais peine à nourrir une population de plus de
500 millions d'habitants.
La monnaie nationaliste n’a qu’une valeur très limitée en raison de l’inflation, l'administration est désorganisée
par le départ de 2 millions de Chinois à Taiwan.
Pour réorganiser le pays, le Parti Communiste Chinois (PCC) dispose d’un certain nombre d’atouts : 4,5 millions
de membres encadrés par des dirigeants expérimentés, de nombreuses organisations de masse sur lesquelles il
peut s'appuyer, en particulier l’Armée Populaire de Libération (APL),. Il bénéficie d’une autorité incontestée par la
rupture qu’il incarne avec l’ancien régime nationaliste et par l’espoir d’une unification du pays absente depuis
1911. Par contre, il n'est sont pas préparé à gérer les grands centres urbains et industriels du pays.
A partir de 1949, le PCC organise la reconstruction du pays autour du « programme commun » défini en 1939
reposant sur l’alliance des « 4 classes révolutionnaires » (paysans, ouvriers, petite bourgeoisie et « capitalistes
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défini
prévoyant une réforme
agraire...
la nationalisation des
entreprises étrangères
l'élimination des «contre-
révolutionnaires»
Le fonctionnement du pays est
copié sur le modèle soviétique :
- planification économique
- nationalisation des
entreprises
- créations de coopératives
de production
- constitution politique qui met
nationaux ») afin de créer une « nouvelle démocratie ». Une réforme agraire est instaurée en juin 1950 : 47
millions d’hectares de terres sont redistribués à environ 300 millions de paysans.
Sur le plan industriel, seules les entreprises étrangères ou appartenant aux proches du pouvoir nationaliste sont
nationalisées tandis que les « capitalistes nationaux » se voient simplement imposer un contrôle étatique. Les
productions industrielle et agricole progressent, entre 1949 et 1952. La monnaie et les prix se stabilisent.
Sur le plan politique, le PCC multiplie les grandes « campagnes de masse », comme le mouvement des « trois
anti » (anti corruption, anti gaspillage, anti bureaucratie) en 1951 ou des « cinq anti » (3 anti + anti fraude fiscale,
anti vol de propriétés de l’État) en 1952, destinées à éliminer les « contre-révolutionnaires », ennemis de classe.
De 1949 à 1952, entre 800 000 et 3 millions de personnes sont tuées.
… Qui copie le modèle soviétique :
Mao choisit de « pencher d'un seul côté », cad de rejoindre le bloc communiste en copiant le modèle soviétique.
Une économie de type socialiste est mise en place :
Un « plan quinquennal » (1953-1957), copié sur le modèle soviétique, accorde la priorité à l’industrie qui absorbe
58% des financements contre 19% pour les transports et 8% pour l’agriculture. Sur le modèle stalinien, les
industries lourdes et les grands projets (barrages, complexes sidérurgiques…) sont privilégiés.
Le système économique de transition est remplacé par un système socialiste : les entreprises des « capitalistes
nationaux » sont nationalisées, les artisans urbains et les paysans sont contraints de se rassembler dans des
coopératives, 85% du commerce passent sous le contrôle de l’État.
L’industrie connaît de réels progrès : la production d’acier quadruple de 1952 à 1957, celle de charbon est
multipliée par 3, la production se diversifie.
Par contre, la production agricole s’accroît moins vite que la population entraînant le maintien du rationnement
des céréales, des huiles alimentaires et des tissus de coton.
Sur le plan politique, la constitution de 1954 définit le pays comme une démocratie populaire reprenant le
modèle soviétique. La peuple est à l’origine du pouvoir et élit, au suffrage universel, ses représentants dans les
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en place une démocratie
populaire
- parti unique fonctionnant
sur le principe du centralisme
démocratique
- une population très
encadrée
et des opposants rééduqués en
camps de travail
L'URSS envoie des techniciens
en Chine et celle-ci s'aligne sur
Moscou pendant la GF
assemblées de cantons qui élisent, à leur tour, les assemblées des sous-préfectures qui élisent les assemblées
de province qui élisent l’Assemblée nationale populaire.
Cette dernière procède à la nomination d’un comité permanent qui désigne les ministres et élit le président.
Cependant, chaque élection s’effectue sur une liste unique constituée par le comité du parti. Cette dualité entre
l’État et le PCC assure à ce dernier le contrôle total de la vie politique et de l’action publique.
Ainsi, à la tête du parti, le Congrès national élit le Comité Central qui élit, à son tour, le Bureau Politique lequel a
autorité sur le gouvernement. Le parti est soumis au principe du centralisme démocratique qui impose
l’obéissance de tous ses membres à sa direction.
De plus, la population est fortement encadrée dès son plus jeune âge à travers des organisations de jeunesse
liées au PCC puis ce sont les unités de travail (danwei) qui prennent le relais. Elles concentrent en un même lieu
production, logements, loisirs.
Pour les plus récalcitrants, des camps de rééducation par le travail (le laogai) sont mis en place.
L'URSS envoie des milliers de techniciens pour aider la Chine à mettre en place équipements et usines et Mao
s'aligne sur l'URSS pendant la guerre froide, envoyant des milliers de « volontaires » pour aider la Corée du
Nord, par exemple.
B: Une voie nationale vers le communisme :
A la mort de Staline, la Chine
s'éloigne du modèle soviétique
A la mort de Staline en 1953, les relations entre la Chine et l’URSS se tendent.
Tout d’abord, Mao Zedong considère que l’aide fournie par les Soviétiques est insuffisante et a pour objectif de
maintenir la Chine dans la dépendance de l’URSS.
Ensuite, il rejette la politique de déstalinisation menée par Khrouchtchev à partir de 1956, qu'il qualifie de
révisionniste, ainsi que la coexistence pacifique (stratégie préconisée par Khrouchtchev à partir de 1956 qui
consiste à déplacer la confrontation EU/URSS dans le cadre de la GF, vers une confrontation économique,
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et met en place sa propre voie
vers le communisme
Le « Grand bond en avant »
doit rattraper le retard
industriel de la Chine et
accélérer son passage vers le
socialisme
mais c'est un échec
Mao, isolé, tente de récupérer
son pouvoir en s'appuyant sur
scientifique et technique).
En fait cette rupture, portant sur des motifs idéologiques, repose également sur la volonté de la Chine d'être elle-
même un modèle, de montrer la voie d'un communisme adapté aux nations pauvres.
La rupture est officielle en 1960.
La Chine affirme son indépendance en refusant de signer le traité de Moscou de 1963 qui met fin aux essais
nucléaires atmosphériques et fait exploser sa première bombe A en 1964.
La Chine met alors en place sa propre voie vers le communisme :
Documents p. 82-83 : Le maoïsme ou le communisme au service de la puissance :
Cette voie chinoise vers le communisme prend en compte le caractère rural de la société et la nécessité du
changement politique (« La Chine doit compter sur ses propres forces » Mao), ce qui se traduit par deux
décisions majeures : « Grand bond en avant » et « Révolution culturelle »
Mao lance, en 1958, le « Grand bond en avant » dont l’objectif est de rattraper le retard industriel de la Chine et
d'accélérer le passage vers le socialisme. Ces mesures doivent permettre de modeler une Chine nouvelle qui
passerait en quelques années de la pauvreté à « l'harmonie socialiste ».
Pour cela, Mao met en place 26 000 « communes populaires » mêlant industrie et agriculture (« marcher sur ses
deux jambes »). Chaque commune s’étend sur environ 4 500 ha et accueille 5 000 familles organisées en
brigades et équipes de production. Elle vit en quasi autarcie produisant sa nourriture et répondant à ses besoins
en biens de consommation par de petites unités de production (« bas fourneau», mini centrale hydroélectrique).
Le bilan est une totale désorganisation de la production qui se traduit par une terrible famine (au moins 20
millions de morts).
A la suite de cet échec, Mao est isolé politiquement, mais il peut compter sur le soutien de l’armée et sur celui
des étudiants, chez qui le Petit livre rouge rassemblant ses idées s’est fortement diffusé.
Pour reprendre l'initiative au sein du parti, Mao lance en 1966, la «Révolution culturelle prolétarienne ».Le but
officiel est de « briser les dérives bourgeoises » en imposant une transformation radicale de la société.
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