Médecine d'Afrique Noire : 1998, 45 (5)
ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES… 322
mitrales parmi lesquelles une place importante revient à la
maladie mitrale (6).
Dans notre étude la maladie mitrale occupe le premier rang
des affections valvulaires rhumatismales en général
(44,06 %) et des atteintes mitrales en particulier (61,80 %).
Ces données rejoignent celles de FOFANA et coll. (43,47 %
et 67,60 %) ; elles sont inférieures à celles de CONDE
(48,70 % et 81,89 %) et d’ATTOUMANE (54 % et 76,72 %)
et elles sont supérieures au taux de 26 % de maladie mitrale
observée à Bamako (4, 6, 7, 8).
Ailleurs dans le monde, la maladie mitrale rhumatismale et
la sténose mitrale occupent dans les services de médecine
privée 40,7 % des consultations ; dans les services hospi-
taliers publics, le pourcentage est plus important avec 71 %
des cas (10).
Dans notre série la fréquence diminue quand l’âge des
patients augmente, jusqu’à 40 ans. Le maximum d’atteintes
est observé dans la tranche de 15-34 ans, en faveur de l’étio-
logie rhumatismale. L’âge de prédilection est de 15 à 28 (68
%) pour BALDE, de 15 à 34 ans (71,57 %) pour CONDE ; et
de 10 à 30 ans (75,25 %) pour FOFANA et coll (6, 4, 7).
Dans les régions où l’endémicité et la gravité du rhumatis-
me articulaire aigu sont caractéristiques, des maladies
mitrales sévères, d’évolution galopante et rapidement mor-
telle, sont observées dès l’enfance avant l’âge de 10 ans (4,
8, 11, 12).
Le taux est faible pour l’Europe et les Etats-Unis où on
note 17 % pour les 6-17 ans, à cause du recul du rhumatis-
me articulaire aigu (RAA) (cité in 4).
Une légère prédominance féminine est observée dans notre
série (51,69 %), elle n’est apparemment pas significative.
Chez CONDE, les hommes (60,47 %) sont significative-
ment plus atteints que les femmes (39,53 %) (4), tandis que
chez BALDE le taux est relativement identique pour les
deux sexes (50,01 % pour les hommes et 49,09 % pour les
femmes) (6). Selon LABORDE et CORMIER la maladie
mitrale se distingue des sténoses pures à la fois à l’absence
de prédominance du sexe féminin et une plus grande fré-
quence d’antécédents définis de RAA (5).
Le rôle du sexe est controversé. Actuellement, il est plutôt
admis que la sténose serait plus fréquente chez la fille,
l’insuffisance mitrale chez le garçon et la maladie mitrale
frapperait les deux sexes dans des proportions à peu près
identiques (4, 8).
Le faible niveau-socio-économique se retrouve chez la
majorité des patients de notre série, ce qui est moins sur-
prenant car la promiscuité, les mauvaises conditions d’hy-
giène seraient des facteurs prédisposants. Le milieu social
le plus atteint est de loin celui des indigents (7, 8).
Des facteurs génétiques sont souvent évoqués devant la fré-
quence à laquelle sont observées les cardiopathies rhu-
matismales dans les fratries. Selon GUERIN (14) ces
facteurs feraient que certains sujets réagiraient de façon
inhabituelle à une banale infection rhinopharyngée aboutis-
sant à la crise de RAA ; cependant il est difficile de faire la
part des facteurs génétiques et des facteurs socio-économi-
ques, dont on a démontré le rôle considérable dans la sur-
venue du RAA (14).
Le tableau clinique ne présente aucune originalité, la
séquence angine de gorge-polyarthralgie se retrouve chez
environ 60-70 % des cas. Ce taux est identique à celui de
GLOVER ; tandis qu’il est de 22 fois sur 26 cas contrôlés
par JOLY, c’est-à-dire dans une proportion qui serait plus
élevée que dans les sténoses pures (4, 8, 13, 14). L’associa-
tion d’une insuffisance mitrale organique et d’un rétrécisse-
ment mitral prédomine sur les cas d’insuffisance et de
rétrécissement mitraux purs (4).
B E RTRAND, CONDE puis FOFANA et coll. recomman-
dent d’observer une prudence dans l’interprétation des
antécédents douloureux ostéo-articulaires dans un contexte
où drépanocytose, paludisme, arboviroses sont des patho-
logies courantes (1, 4, 8).
Les complications de la MMR sont celles de toute valvulo-
pathie mitrale. Celles observées chez nos patients sont
également rapportées dans la littérature (4, 8). Elles sont
plus en rapport avec la sténose que l’insuffisance mitrale.
L’ i n s u ffisance cardiaque majeure traduit les importants
dégâts myocardiques des malades hospitalisés, le caractère
mutilant des lésions valvulaires (8) ; à ces facteurs s’ajou-
tent dans notre contexte le bas niveau socio-économique de
nos populations et le poids encore important de la médecine
traditionnelle (1, 4, 8).
L’ i n s u ffisance cardiaque est la complication la plus fré-
quemment observée : 76,80 % de nos cas, 85,5 % chez
SERME, 78 % chez DIALLO et TOURE, 84 % chez
CONDE, 80 % chez ATTOUMANE (4, 8, 9, 15).