Le Cardiologue - Les points forts du 27e congrès du CNCF – Supplément au numéro 388 – Janvier 2016 5
UN PATIENT MÉCONNU
ET À HAUT RISQUE CARDIOVASCULAIRE
D’après la communication de Sophie Béliard, Marseille.
L’hypercholestérolémie familiale est une
maladie autosomique dominante, mo-
nogénique, à forte pénétrance (90-95 %),
qui doit être distinguée de l’hypercholesté-
rolémie IIa polygénique.
L’hypercholestérolémie familiale hétéro-
zygote (1/200 à 1/500 naissances, soit entre
132 000 et 330 000 cas en France) est large-
ment sous-diagnostiquée et doit donc être
évoquée en cas de LDL-Cholestérol très éle-
vé (> 1,9 g/l chez l’adulte), surtout en pré-
sence d’une histoire familiale lipidique ou
vasculaire, d’un accident vasculaire person-
nel précoce ou de dépôts extravasculaires :
xanthomes tendineux, petites tuméfactions
jaunâtres sous-cutanées, appelés xanthélas-
mas lorsqu’elles affectent les paupières ou
arc cornéen, le tout témoignant de dépôts
graisseux localisés. Ces xanthomes sont plus
fréquemment retrouvés au dos des mains et
au niveau des tendons d’Achille, mais ces
derniers apparaissent vers la troisième dé-
cennie de la vie. [3] Une hypertriglycéridémie
ne doit pas faire exclure le diagnostic.
Le diagnostic d’hypercholestérolémie fami-
liale hétérozygote peut être considéré comme
étant très probable en présence des éléments
spécifi ques suivants : hypercholestérolémie
familiale (transmission de type autosomique
dominante) avec un LDL-cholestérol très
élevé (4 g/L), constatée depuis l’enfance,
voire depuis la naissance pour la rare forme
homozygote (1/1 000 000) ; antécédents fami-
liaux de pathologie CV précoce, pathologie CV
sévère chez un homme jeune, avec présence
de xanthomes tendineux (achilléens ou des
extenseurs des doigts) et de xanthélasmas.
Le diagnostic génétique permet de confi rmer
le diagnostic et de faire le dépistage en cas-
cade. Le patient doit être adressé dans un
laboratoire et un service spécialisés.
La majorité (80 %) des mutations ont été
identifi ées : 70 % concernent la mutation
sur le récepteur du LDL cholestérol (LDL-R),
6-8 % l’apoprotéine B-100 (ApoB-100) et
2 % la PCSK9 ; 20 % ne sont pas encore
connues. A noter la mutation rare (10 cas
signalés) de l’hypercholestérolémie familiale
autosomique récessive (LDL-R adaptator pro-
tein 1).
Depuis 1997, l’Offi ce of Public Health Geno-
mics (OPHG), qui se consacre à la génomique
en santé publique, a servi de nombreux pro-
grammes pour le CDC (Centers for Disease
Control and Prevention, basé à Atlanta,
Etats-Unis), pour d’autres organismes fédé-
raux des Etats-Unis, des ministères de la san-
té et d’autres partenaires externes. L’OPHG
fournit des informations translationnelles
fondées sur le génome dans le domaine de
la santé publique et des soins de santé. Plus
Figure 2. Grille d’évaluation pour établir des scores
de probabilité.
Critères Points
1. Histoire familiale
• Parent au premier degré présentant :
I. Pathologie coronarienne ou vasculaire précoce .................... 1
II. LDLc > 95e percentiles pour l’âge et le sexe
a. Chez un adulte .................................................................................................................. 1
b. Chez un parent < 18 ans ................................................................................ 2
III. Xanthome tendineux ou arc cornéen ............................................. 2
2. Histoire personnelle CV précoce
• Homme < 55 ans, femme < 60 ans
I. Pathologie coronarienne ............................................................................................. 2
II. Pathologie vasculaire ou cérébrale .......................................................1
3. Examen clinique
I. Xanthome tendineux ......................................................................................................... 6
II. Arc cornéen < 45 ans ..................................................................................................... 4
4. LDLc en g/L (mmol/L)
I. ≥ 3,30 g/L (8,5 mmol/L .................................................................................................. 8
II. 2,5-3,9 g/L (6,5-8,4 mmol/L) ............................................................................. 5
III. 1,90-2,49 g/L (5,0-6,4 mmol/L) .................................................................. 3
IV. 1,55-1,89 g/L (4,0-4,9 mmol/L) .................................................................. 1
5. Mutation génétique identifi ée ............................................................. 8
Diagnostic
Certain.................................................................................................................................................... Score > 8
Probable ...............................................................................................................................................Score 6-7
Possible ..................................................................................................................................................Score 3-5
gote :
sculaire
En l’absence de traitement hypolipémiant, le risque de subir un événement coronarien fatal
est très élevé, autour de 50% chez l’homme avant 50 ans et de 30% chez la femme avant
60 ans.
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LES POINTS FORTS
DU 27e CONGRÈS DU CNCF