Forum Med Suisse 2010;10(1–2):14 14
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velle dans le développement du profil de l’interniste ou
d’une manifestation supplémentaire du processus de
fragmentation de la médecine? De son côté, la grande
organisation faîtière des médecins internistes améri-
cains, l’American College of Physicians (ACP) tente de
conserver les hospitalistes sous le même toit que les in-
ternistes. En Suisse également, les préférences pour la
profession de médecin hospitalier commencent à se
faire sentir; cependant il existe un certain équilibre
entre les postes de médecins assistants et ceux de mé-
decins hospitaliers, et on ne pourra pas le déplacer en
faveur des seconds au-delà de certaines limites.
Recherche? Recherche!
Pour qu’une discipline médicale soit reconnue comme
telle et qu’elle puisse bénéficier de l’appui académique,
il faut que ses représentants fassent de la recherche. A
cet égard, la médecine interne n’a hélas pas produit
beaucoup de résultatsdepuis de nombreuses années, et
cela continue. Seuls des travaux de recherche dans l’une
ou l’autre des anciennes sous-spécialités permettaient
en fait d’assurer une carrière scientifique.
Mais tout doucement, de façon différenciée selon les
lieux, un changement se dessine. Les problèmes de
ressources des systèmes de santé, l’augmentation du
nombre de patients polymorbides, la nécessité de com-
parer les différentes méthodes et de définir certains
standards au-delà des disciplines médicales ouvrent de
nouveaux champs de recherche en médecine interne, et
il est probable qu’ils occuperont une place de plus en
plus importante à l’avenir.
Le rédacteur en chef des Annals of Internal Medicine,
Harald Sox, un homme très estimé, vient de quitter son
poste d’éditeur; il a pris la direction d’un nouvel institut
de recherche en efficacité comparative («comparative
effectiveness»), qui reçoit un fort soutien financier éta-
tique aux Etats-Unis. Ce domaine de recherche ne se
situe évidemment pas dans l’axe de financement des
industries, et il est défini comme suit: Comparative
effectiveness analysis evaluates the relative (clinical)
effectiveness, safety, and cost of two ore more medical
services, drugs, devices, therapies or procedures to
treat the same condition (ACP).
Il ne s’agit donc plus de comparer un médicament ou
une méthode avec un placebo ou un quelconque objet
supposé moins efficace, mais de tenir compte de tous
les aspects et critères pour déterminer, parmi les mé-
thodes diagnostiques ou thérapeutiques dont on dis-
pose, laquelle est la plus appropriée pour un groupe de
patients précis. Il faut que le domaine de recherche qui
s’ouvre ici à la médecine interne se transforme le plus
rapidement possible en un domaine phare.
Quatre diagnostics, huit médicaments,
x interventions – où est le concept?
Nous connaissons tous le développement démogra-
phique en Europe: le nombre des patients atteints de
plusieurs problèmes de santé à la fois, ou présentant
des tableaux cliniques complexes, est en augmentation.
Pour les prendre en charge de façon appropriée, il faut
élaborer un concept diagnostique et thérapeutique pour
chaque cas. Cela signifie que la société abesoin de géné-
ralistes et de spécialistes. La Fédération Européenne de
Médecine Interne (EFIM) a magnifiquement intégré
cette réalité dans sa nouvelle définition de la médecine
interne, publiée récemment dans son document straté-
gique, dont nous citons un extrait:
Internal Medicine is the core medical discipline that is
responsible for the care of adults with one or more
complex, acute, or chronic illnesses, both in the hospital
and in the community. It is patient-centred, scientifi-
cally based and committed to ethical, scientific and
holistic principles of care.
Internal Medicine analyzes the findings of other medical
specialties and integrates them into strategies for diag-
nosis, treatment and care for the individual patient.
Internists cope with the challenge of developing stan-
dards, decision making, quality improvement and pa-
tient safety tools, and integrated health care delivery
systems.
La lumière du projecteur s’est déplacée pour éclairer
certains des domaines où la médecine interne est en
pleine mouvance – comme il se doit lorsqu’une disci-
pline est vivante:
–la médecine aiguë en tant que médecine interne des
premières 48 heures – le concept des anglais;
–les hospitalistes en tant qu’internistes assurant la
continuité et la compétence de la prise en charge des
patients hospitalisés (maintenant ils existent égale-
ment dans le domaine ambulatoire) – en somme, les
américains découvrent ce que nous avons déjà;
–la recherche clinique, qui doit être interdisciplinaire
si l’on veut trouver la voie vers la meilleure utilisation
des ressources possible – une chance à saisir pour la
médecine interne;
–la prise en charge judicieuse de l’établissement ou
de la réalisation du diagnostic et des plans thérapeu-
tiques par les internistes – toujours en collaboration
avec les spécialistes, dont ils doivent évidemment
bien connaître les compétences et les méthodes.
Comme le dit si bien Osler: The future is today. Renew
yourself daily. Cela ne veut dire qu’une simple chose:
en avant!
Correspondance:
Dr Werner Bauer
Facharzt für Innere Medizin und Onkologie-Hämatologie
Kohlrainstrasse 1
CH-8700Küsnacht