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Le rétrécissement aortique (281)
Professeur Gérald VANZETTO
Novembre 2002 (Mise à jour Janvier 2005)
Pré-Requis :
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Anatomie et physiologie
Sémiologie clinique
Sémiologie paraclinique
Pharmacologie
Résumé :
Le rétrécissement aortique – dont les deux principales causes sont dégénératives et
rhumatismales – est responsable d'un obstacle éjectionnel ventriculaire gauche
entraînant en amont une surcharge barométrique ventriculaire gauche avec hypertrophie,
et en aval d'une inadaptation du débit cardiaque à l'effort, responsable des
manifestations cliniques classiques : dyspnée d'effort, angor d'effort et syncope d'effort.
Facile à reconnaître par son souffle systolique rude et râpeux au foyer aortique, il évolue
tardivement vers l'insuffisance cardiaque gauche, alors de très mauvais pronostic. Le
risque de mort subite est élevé dans les formes les plus sévères. Tant qu'il reste
asymptomatique avec un gradient inférieur à 50 mmHg, la surveillance clinique et
échographique est la règle. Dès que les symptômes apparaissent où que le gradient
dépasse cette valeur, la seule sanction thérapeutique est un remplacement valvulaire
chirurgical.
Mots-clés :
Rétrécissement aortique, dyspnée d'effort, angor d'effort, syncope d'effort, souffle
systolique éjectionnel, hypertophie ventriculaire gauche, remplacement valvulaire,
prophylaxie de l'endocardite infectieuse.
Références :
1er, 2ème, 3ème cycle de médecine, préparation au concours de l’Internat :
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Collège des Enseignants de Cardiologie sous la direction de Xavier André-Fouët,
Cardiologie, Université Claude Bernard Lyon I, Presses Universitaires de Lyon
(PUL).
Denis B., Machecourt J., Vanzetto G., Bertrand B., Defaye P., Sémiologie et
Pathologie Cardiovasculaires, Edité par B.Denis, 1999.
Et pour approfondir :
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Vacheron A., Le Feuvre C., Di Matteo J., Cardiologie, 3ème édition Mars 1999,
Expansion Scientifique publications.
Braunwald E., Heart disease : a textbook of cardiovascular medicine. 5ème édition
1997, Editions W.B. Saunders, Philadelphie.
Liens :
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Sémiologie et pathologie cardiovasculaires, Site Internet du Service de Cardiologie
du CHU de Grenoble : http://www-sante.ujfgrenoble.fr/SANTE/CardioCD/cardio/index.html
Exercices :
1. Étiologies et aspects anatomiques
Etiologie
Anatomie
Dégénératif ou calcifié
= maladie de Monckeberg
Calcification progressive de l'anneau valvulaire et des
sigmoïdes, aboutissant à un bloc calcifié immobile, tandis
que les commissures restent libres.
Rhumatismal :
= post rhumatisme articulaire aigu
Épaississement valvulaire, soudure commissurale,
rétraction des bords libres, calcifications apparaissant
tardivement.
Congénital
- RA valvulaire
- RA sous-valvulaire
- RA sus-valvulaire (rare)
- Valve en gicleur, soudure commissurale, épaississement
valvulaire, bicuspidie très fréquente.
- Diaphragme fibreux sous la valve aortique.
Dégénérescence valvulaire progressive par lésion de jet.
- Rétrécissement fibreux ou diaphragme au dessus du
sinus de Vasalva.
2. Physiopathologie
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Obstacle éjectionnel systolique entre ventricule gauche et aorte, dès que la surface
valvulaire est inférieure à 0,75 cm2.
Constitution d'un gradient de pression ventricule gauche - aorte
Allongement de la phase d'éjection ventriculaire gauche
Augmentation de la vitesse d'éjection ventriculaire gauche
Surcharge barométrique systolique ventriculaire gauche, avec hypertrophie
ventriculaire
Insuffisance coronarienne fonctionnelle, par augmentation de la masse et du travail
VG et par diminution relative de la perfusion coronaire (effet Venturi).
Dans les formes sévères, inadaptation du débit cardiaque à l'effort, lorsque la surface
valvulaire aortique est inférieure à 0,50 cm2.
Evolution à long terme vers l'insuffisance ventriculaire gauche
3. Diagnostic
3.1. Symptômes
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Asymptomatique pendant plusieurs années
Dyspnée d'effort
Angor d'effort
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Syncope d'effort
Insuffisance cardiaque gauche à un stade plus évolué
3.2. Signes physiques
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Souffle mésosystolique éjectionnel, rude, râpeux, serratique
Maximum au foyer aortique principal (2ème EIK droit)
Irradiant dans les carotides et l'apex
Diminution, voir extinction de B2
Galop (B4)
Frémissement à la palpation dans les formes sévères
Pincement de la différentielle par abaissement de la PAS et conservation de la PAD
Enregistrement sonore : rétrécissement aortique
(Tous Droits Réservés)
3.3. Électrocardiogramme
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Hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) de type systolique (T < 0)
Hypertrophie auriculaire gauche
Bloc de branche gauche incomplet fréquent, parfois bloc de branche gauche complet
Plus rarement bloc auriculo-ventriculaire du 1er, voire du 2ème et 3ème degrés en cas
de calcifications ++
3.4. Radiographie thoracique
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Cardiomégalie, avec augmentation en général modérée de l'index cardio-thoracique
Augmentation (relativement tardive) de l' arc inférieur gauche
Dilatation de l'aorte sus-valvulaire, avec aspect déroulé, par lésion de jet
Calcifications valvulaires
3.5. Echo-doppler cardiaque
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Précise l'anatomie valvulaire et l'étiologie du rétrécissement aortique
Recherche des calcifications
Mesure l'amplitude d'ouverture de la valve aortique
Quantifie la sévérité du rétrécissement aortique grâce à l'étude Doppler :
o du gradient moyen de pression ventricule gauche - aorte
o de la surface valvulaire aortique
Quantifie l'hypertrophie ventriculaire gauche
Évalue la fonction ventriculaire gauche systolique et diastolique
Vidéo : rétrécissement aortique
Valve aortique calcifiée, ouverture limitée
(Tous Droits Réservés)
Photo échographie : rétrécissement aortique
Écho TM petit axe sur aorte-OG, ECHO multiples remplissant toute la lumière aortique
(Service de Cardiologie du CHU de Grenoble)
Photo échographie : rétrécissement aortique : coupe transverse
sur l'orifice aortique en ETO pour planimétrie de la surface. RA serré si S<=0,75 cm2.
(Service de Cardiologie du CHU de Grenoble)
Photo échographie : rétrécissement aortique : incidence apicale
Flux doppler à travers l'orifice aortique en Doppler continu.
(Service de Cardiologie du CHU de Grenoble)
Photo échographie : rétrécissement aortique : incidence sus sternale
Noter le gradient maximum et le gradient moyen. Lorsque le gradient moyen dépasse 50 mmHg, on discute un
remplacement valvulaire aortique. Ici 67,5 et 79,1 mmHg.
(Service de Cardiologie du CHU de Grenoble)
3.6. Cathétérisme et angiographie cardiaques
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L'aortographie sus sigmoïdienne recherche une possible insuffisance aortique associée
et monte la dilatation aortique sus-valvulaire.
La ventriculographie gauche - lorsque le RA peut être franchi - évalue la fraction
d'éjection.
La coronarographie permet de faire le diagnostic entre un angor purement fonctionnel
et une insuffisance coronarienne par sténoses athéromateuses associées qui relèveront
d'un pontage aorto-coronarien dans le même temps opératoire que le remplacement
valvulaire aortique.
La mesure des pressions gauches permet de calculer le gradient de pression VG aorte, et la surface aortique (sous réserve que le RA puisse être franchi).
La mesure des pressions droites apporte une information pronostique opératoire.
Schéma : rétrécissement aortique : synthèse
(Service de Cardiologie du CHU de Grenoble)
3.7. Critères affirmant le caractère serré d'un rétrécissement
aortique
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Existence de symptômes
Frémissement palpatoire
Abolition de B2
Hypertrophie ventriculaire gauche important à l'ECG
Gradient de pression VG-Aorte Doppler ou au cathétérisme > 50 mmHg
Surface valvulaire aortique < 0.50 cm2
4. Evolution et pronostic
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Le rétrécissement aortique reste longtemps asymptomatique. L'apparition de
symptômes marque un tournant évolutif de la maladie, et va rapidement gréver le
pronostic spontané :
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Survie moyenne après l'apparition des premiers signes :
o Dyspnée d'effort : 5 ans
o Angor d'effort : 5 ans
o Syncope d'effort : 3 ans
o Insuffisance cardiaque gauche : 1 an
o Insuffisance cardiaque globale : 6 mois
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D'autres complications peuvent émailler l'évolution :
o Embolie calcaire dans la grande circulation
o Mort subite (25% des cas)
o Bloc auriculo-ventriculaire du 2ème et 3ème degrés
o Endocardite infectieuse
5. Traitement
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Médical :
o Il est limité : les tonicardiaques (digitaliques, dobutamine...) sont
classiquement contre-indiqués, les vasodilatateurs doivent être utilisés à petites
doses sous peine d'une trop forte diminution de la pré-charge avec risque de
collapsus, les diurétiques peuvent être utiles en cas de dyspnée.
o Prévention de l'endocardite infectieuse
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Chirurgical :
o Remplacement valvulaire aortique par prothèse mécanique ou biologique
o Comme dans toutes les valvulopathies, le choix entre les deux types de
prothèses est fonction du terrain, et parfois du choix du patient :
ƒ Un age avancé et/ou une contre-indication au traitement anticoagulant
au long cours font opter pour une prothèse biologique.
ƒ Inversement, une prothèse mécanique est le choix logique chez un
patient plus jeune, du fait de la longévité supérieure de ce type de
prothèse, mais nécessite un traitement anticoagulant (antivitamine K) à
vie.
ƒ Toutefois, chez certains patients jeunes, pratiquant notamment une
activité sportive à risque traumatique, ou ne souhaitant pas suivre de
traitement anticoagulant au long cours, il est possible de proposer la
mise en place d'une bioprothèse. Elle dispense du traitement
anticoagulant mais les patients être clairement informés de la forte
probabilité d'avoir à recourir à un nouveau remplacement valvulaire
dans les 10 ans.
o Indication chirurgicale :
ƒ FORMELLE : dès l'apparition des symptômes
ƒ DISCUTÉE : gradient > 50 mmHg en l'absence de symptômes
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