Troubles mentaux 
Dépression 42
1. Introduction
| Pathogenèse
1-3
La dépression compte parmi les situations cliniques les plus f-
quemment rencontrées en médecine de premier recours.
La prévalence dans la population est d’environ 5 % (deux femmes
pour un homme) et le risque pour un individu de développer un
épisode sur la durée de la vie est d’environ 15 %.
50 à 70 % des sujets déprimés consultent un médecin de premier
recours initialement pour une plainte somatique.
La dépression peut être assoce à une ou plusieurs autres patho-
logies psychiatriques, qui peuvent passer inaperçues, notamment
en raison du déni et de l’évitement :
addiction à une substance psycho-active (environ 50 % des cas)
telle que l’alcool, le tabac ou les drogues illégales. Labstinence
permet parfois la rémission spontanée des symptômes dépressifs ;
trouble anxieux, notamment trouble panique ou anxiété géné-
ralie, qui peut être primaire (la dépression s’inscrit dans le
contexte d’un trouble anxieux préexistant) ou secondaire (l’an-
xiété s’inscrit dans le tableau dépressif) ;
état de stress post-traumatique (PTSD), qui le plus souvent
précède la dépression et domine le tableau clinique ; mais une
pression peut aussi « activer » un traumatisme ancien et
clencher un état de stress post-traumatique
;
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
trouble de la personnalité : le tableau dépressif peut alors être
plutôt une manifestation du trouble de la personnalité, notam-
ment borderline, caractérisé par une labilité aective pouvant
inclure ou relever d’une véritable dépression surajoutée ;
trouble bipolaire : un épisode dépressif doit toujours faire évo-
quer le diagnostic différentiel d’une dépression bipolaire, en
particulier en cas 1) d’anamnèse familiale positive pour une
bipolarité ou une schizophnie, 2) d’antécédents dans le post-
partum, 3) d’un aspect saisonnier, 4) de présence dans le tableau
clinique de caractéristiques mixtes (logorrhée, grandiosité).
N.B. Les associationsmultiples (p. ex. dépression + anxiété +
PTSD + troubles de la personnalité + dépendance, ou bipolarité +
anxiété + dépendance) ne sont pas rares.
Certains médicaments tels que bêtabloquants, phénytoïne, inter-
féron, antihistaminiques sédatifs, corticostéroïdes, opias
peuvent être la cause ou exacerber une dépression.
N.B. Lors d’un premier épisode de dépression, surtout après 45 ans
(et en absence d’histoire familiale positive pour un trouble de l’hu-
meur), envisager l’association avec les situations suivantes
:
Aections virales : mononucléose, VIH
Cancers : gastro-intestinaux, pancréatiques
Maladies endocriniennes : dysthyroïdie, insusance surrénalienne
Maladies hématologiques : anémie ferriprive, carences en folate
ou B12
Maladies rhumatologiques : lupus, polyarthrite rhumatoïde
Maladies neurodégénératives : maladie de Parkinson, chorée de
Huntington
Pathologies du sommeil : apnées du sommeil, jambes sans repos
mences débutantes : troubles cognitifs peuvent être aggravés
par un état dépressif
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42. Dépression
2. Définition
| Classification
Critères diagnostiques dun épisode dépressif,
selon la CIM-104
A.
dure depuis deux semaines
pas de symptômes d’hypomanie ou de manie
pas secondaire à l’utilisation de toxiques ou à un autre trouble
mental organique
B.
humeur dépressive à un degré anormal pratiquement toute la
journée et presque tous les jours, persistante depuis au moins
2semaines
diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour des activités
agréables (anhédonie)
duction de l’énergie ou augmentation de la fatigabilité
C.
perte de confiance en soi ou de l’estime de soi
culpabilité inappropriée
pensées récurrentes de mort ou idées suicidaires récurrentes
diminution de l’aptitude à penser ou se concentrer (indécision,
hésitations)
modification de l’activité psychomotrice (agitation, ralentissement)
perturbation du sommeil
modification de l’appétit avec variation pondérale (diminution
ou augmentation)
Classification
Episode dépressif léger : au minimum 2 critères B, et au minimum
4 critères B+C
Episode dépressif modéré : au minimum 2 critères B et au minimum
6 critères B+C
Episode dépressif sévère : 3 critères B et au minimum 5 critères C
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Le syndrome somatique se réfère à la psence de symptômes phy-
siques assocs. Il est considéré présent pour tout épisode sévère et
pour les épisodes légers ou moyens lorsquau minimum quatre
des critères suivants sont remplis :
diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour les activités
agables
manque de réactivité émotionnelle
veil matinal précoce (min. 2 h avant le réveil)
pression plus marquée le matin
ralentissement ou agitation psychomotrice
perte marquée d’appétit
diminution marquée de la libido
Symptômes psychotiques d’un épisode dépressif (qui en principe
impliquent un degré de gravité sévère) :
présence d’idées délirantes ou d’hallucinations (dites congruentes
à l’humeur lorsque le contenu tourne autour du thème de la
pression, de la culpabilité, de l’hypocondrie, du nihilisme ou de
la percution, non congruentes à l’humeur dans le cas contraire) ;
stupeur dépressive.
3. Drapeaux rouges
Quand adresser au spécialiste ?
Risque suicidaire (évaluation, cf. « 6. Suivi, complications, pronostic »)
Risque de danger pour les autres
Dépression sévère
Symptômes psychotiques (hallucinations, délire) ou maniaques
Grossesse ou période du post-partum
Doute quant au diagnostic et en particulier suspicion de trouble
bipolaire
Evolution défavorable
Situation familiale complexe (p. ex. suspicion de maltraitance)
Comorbidités psychiatriques
ÄLa demande du patient est aussi un critère pour demander une
consultation psychiatrique.
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42. Dépression
Critères d’urgence
Danger immédiat auto-agressif
Danger immédiat hétéro-agressif
ÄLa question d’une hospitalisation doit être abordée. En cas de
refus, l’hospitalisation peut être organisée « contre la volonté » du
patient.
N.B. En Suisse, l’hospitalisation non volontaire doit respecter la
nouvelle loi entrée en vigueur en janvier 2013 (loi du 29 mai 2012 :
application du droit fédéral de la protection de l’adulte et de l’enfant
211.251), dans laquelle le Code civil instaure « une autorité de pro-
tection de l’adulte et de l’enfant comme compétente pour ordonner
le placement à des fins d’assistance (PLAFA) d’une personne ou la
levée de cette mesure ». Dans le canton de Vaud, cette autorité est la
Justice de paix. Des médecins habilités sont également désignés ; ils
peuvent ordonner un placement dont la due est fie par le droit
cantonal à six semaines. Dans le canton de Vaud, seuls les médecins
de premier recours, les médecins de garde (y inclus SMUR/REMU/
REGA), les pédiatres, les psychiatres et les médecins-délégués du
canton de Vaud sont autorisés à ordonner des PLAFA.
Ne sont plus autoris : les médecins-chefs des établissements
du canton, le Service de protection de la jeunesse (SPJ), l’Oce des
curatelles et tutelles professionnelles (OCTP, anciennement OTG).
Ceux-ci devront faire appel aux psychiatres de liaison attachés à
l’hôpital (médecins-chefs), aux pédiatres ou aux pédopsychiatres
de garde(SPJ), et aux médecins-délégs de leurs districts ou au
decin de garde (OCTP).
Lien pour formulaire PLAFA : www.vd.ch/fileadmin/user_
upload/organisation/dsas/ssp/SSP-MC/A_DIRECTION_et_
SUPPORT/PLAFA_FORMULAIRE_HOP_Vdef_20130110.pdf
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