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INTRODUCTION
Les tentatives de suicide (TS) sont un événement relativement fréquent à l’adolescence.
En France, le Baromètre Santé 2005 indique une prévalence des TS de 4,8 % chez les
adolescents de 15 à 19 ans, avec 7,5 % chez les filles et 1,9 % chez les garçons (1). L’enquête
Espad 2007 montre une prévalence de 7,7 % chez les adolescents de 12 à 18 ans, avec 8,3 %
chez les filles et 6,9 % chez les garçons (2).
Les données épidémiologiques montrent que près d’un tiers des sujets souffrant de
trouble du comportement alimentaire (TCA) ont fait une tentative de suicide. La prévalence des
gestes suicidaires s’étendrait de 3 à 27 % dans l’anorexie, de 25 à 35 % dans la boulimie et 38,2
% dans les TCA atypiques (3). Il est important de noter que l’incidence des TCA est en
constante augmentation dans de nombreux pays (Hoek et Hoeken 2003 (4)). Parmi les troubles
psychiatriques, les sujets souffrant de TCA représentent la 2ème population ayant la mortalité par
suicide la plus élevée.
L’existence d’un risque suicidaire chez les personnes souffrant de TCA est bien connue et
la littérature est abondante à ce sujet. A l’inverse, il n’existe aucune donnée concernant
l’existence de TCA chez les suicidants (individu qui a fait une TS).
Dans les recommandations françaises de l’Agence Nationale d’Accréditation et
d’Evaluation de la Santé (ANAES, future Haute Autorité de Santé (HAS)) sur la prise en charge
hospitalière des adolescents après une tentative de suicide (5), la recherche des troubles du
comportement alimentaire n’est pas mentionnée parmi les éléments à analyser lors d’une TS, ni
dans ceux faisant craindre une récidive à court terme de la TS. C’est également le cas dans les
recommandations à l’intention des médecins généralistes publiées par l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS) sur la prévention du suicide (6).
Pourtant, en France, à partir des données du Baromètre santé 2000, Guilbert et Choquet
ont montré une corrélation entre les conduites alimentaires perturbées (qui peuvent annoncer une
pathologie alimentaire) ou TCA et les idées suicidaires (7). La proportion de jeunes qui ont des
idées suicidaires est en effet plus élevée parmi les jeunes ayant déclaré avoir eu des
comportements alimentaires perturbés : par exemple, parmi les adolescents s'étant
volontairement fait vomir, 50 % disent avoir pensé au suicide contre 9,9 % pour les autres
adolescents.