
Dental Tribune Édition Française | Novembre 2016
44 CONFÉRENCE À VENIR
SPÉCIAL ADF
Ce titre est très révélateur et représente la
doléance la plus souvent évoquée par les pa-
tients dont l’édentement est compensé par la
mise en place de prothèses amovibles.
S’il s’agit d’un traitement récent, quoi de
plus désarmant qu’un patient déçu après la
pose d’une prothèse, dont l’élaboration a par-
fois nécessité plusieurs semaines voire plu-
sieurs mois.
Pour le praticien, résoudre ces problèmes
avec pertinence et efficacité sont les souhaits
les plus ardents.
Prothèse amovible complète
On peut distinguer plusieurs catégories de
doléances de patients traités par prothèses
amovibles complètes (PAC) : douleur, in-
confort et manque de rétention. Ces griefs
fréquemment exprimés, handicapent plus
ou moins fortement le patient édenté, engen-
drant un mal être et réduisant singulière-
ment sa qualité de vie.
Il faut envisager différentes situations cli-
niques en fonction de l’arcade concernée, de
l’ancienneté du traitement et enfin de l’ori-
gine de cette doléance.
Les solutions et améliorations à apporter
sont ensuite à rechercher, à partir de l’é-
coute du patient et de la situation clinique,
pour analyser les insuffisances du traite-
ment.
1/ Diagnostic différentiel entre absence de
rétention et instabilité.
La rétention : le contact intime de deux
plaques de verre et d’un liquide interposé ca-
ractérise une rétention liée au phénomène
d’adhésion-cohésion. Celui-ci est influencé
par la surface intéressée, l’épaisseur de l’in-
terface et les propriétés physiques du liquide.
En prothèse amovible, la salive constitue l’in-
terface entre l’intrados prothétique et la mu-
queuse.
Concrètement, en prothèse amovible
complète, les objectifs sont les suivants:
– Pour l’empreinte qualifiée d’« anatomo-
fonctionnelle » :
· surface d’appui maximale compatible
avec le jeu des structures périphériques et
régler les bords de la base en fonction.
· interface d’épaisseur réduite : choisir un
matériau à empreinte « mouillant » pour
éviter l’empreinte de la salive générant
une surépaisseur. Les propriétés phy-
siques de la salive sont connues et non mo-
difiables aisément
La stabilité : doit permettre le jeu fonctionnel
des organes para prothétiques, langue, lèv-
res, joues sans altération de la « tenue » de la
PAC…
C’est la stabilité occlusale appliquant inti-
mement les bases sur leurs appuis qui parti-
cipe pour une grande part à la rétention. Une
prématurité ou interférence occlusale,
comme une insuffisance de contacts antago-
nistes, provoquent déplacement des bases et
perte de rétention.
2/ Pour la mandibule :
Les dires des patients permettent de cerner
le mode de manifestations:
Absence de rétention:
« Quand j’ouvre, même légèrement la bou-
che, ma prothèse se décolle »
– les causes:
· compression localisée ou interférence
d’une zone ou des bords sur la surface d’ap-
pui avec certains éléments anatomiques,
ou bien présence de surfaces d’appui po-
tentielles non exploitées. La relation in-
time entre la surface de l'intrados prothé-
tique et la muqueuse n'est pas parfaite,
avec pour conséquence un film salivaire
irrégulier.
– les solutions:
· réfection de la base en s’assurant de l’ab-
sence de sur-extensions principalement
au niveau des volets linguaux (sens verti-
cal) ou du plancher buccal (épaisseur des
bords).
Instabilité
Au moindre mouvement de la langue, des lè-
vres ou de la mandibule dans son ensemble,
la prothèse se mobilise.
« Quand je ris, quand je veux prendre un ali-
ment, ma prothèse ne tient plus »
« Quand je mouille ma lèvre avec ma lan-
gue, c’est la même chose »
« Je n’arrive pas à mastiquer d’un coté ou de
l’autre sans déstabiliser la prothèse »
– les causes :
· sur-extensions de la base en opposition
avec le jeu fonctionnel des structures péri-
phériques
· versants linguaux ou vestibulaires trop
épais: absence d’exploitation des surfaces
polies stabilisatrices
· problèmes occlusaux
– les solutions
· Tests de stabilité de la base, corrections en
prenant garde de ne pas réduire trop les
bords pour éviter de nuire à la sustenta-
tion. Plus la surface d’appui est réduite,
plus le patient sera limité dans ses mouve-
ments fonctionnels. (Fig. 1)
· Tests occlusaux conventionnels et assu-
rance d’être à une DVO correcte
3/ Pour le maxillaire:
« Quand je prends des aliments entre les in-
cisives ma prothèse se décolle du fond »
« Au téléphone mes amies disent que je zé-
zaie »
« Quand je ris, ma prothèse du haut tombe »
Absence de rétention:
– les causes:
· Inefficacité du joint vélo-palatin, mal situé
ou mal préparé
· Insuffisance de comblement des zones
péri-tubérositaires
· versants linguaux ou vestibulaires trop
épais
· situation incorrecte des dents antérieures
· espace dévolu à la langue insuffisant
(Fig. 2)
· surépaisseur de la base prothétique en re-
gard des bosses canines, ou de tout le sec-
teur antérieur.
– les solutions:
· rechercher les sur-extensions des
bases avec des révélateurs comme le Fit-
checker® de Kerr.
· réfection de la base et/ou modification des
versants latéraux (surfaces polies stabili-
satrices)
Instabilité
– les causes
· sur extension des bases ou compression
d’une zone d’appui
· problèmes occlusaux
– les solutions(communes aux 2 arcades) :
· Enregistrement de la relation centrée (arti-
culé de Tench et Campbell) pour s’assurer
de la présence d’une occlusion intégrale-
ment équilibrée harmonieuse et fonction-
nelle.
· élimination d’une surcharge occlusale an-
térieure par une rééquilibration occlusale.
· meulage sélectif: mésial sup et distal inf.,
(MSDI) qui fait reculer l’appui occlusal vers
les molaires et redonne une efficacité au
joint vélo-palatin. (Fig. 3)
· remontage sur articulateur si nécessaire
et équilibration complétée en bouche.
(Fig. 4)
4/ En fonction de la date d’apparition.
Les prothèses viennent d’être mises en
place.
Les prothèses font l’objet de réglages d’a-
daptation comme les équilibrations occlusa-
les et les rectifications du profil des bases qui
font partie intégrante du traitement
Les prothèses sont anciennes.
La démarche à mener est la suivante, fonc-
tion de l’importance du déséquilibre:
– Motifs de la consultation
– Analyse des prothèses
– Rectifications sectorielles
– Réalisation de nouvelles prothèses
L’usage des prothèses s’accompagne sou-
vent au cours du temps d’un déplacement
des appuis vers les dents antérieures. Une
équilibration consistant à réduire ces
contacts améliore la rétention.
Il est toutefois nécessaire de vérifier si l’in-
trados est toujours adapté aux surfaces d’ap-
pui. Un long cheminement vers le déséquili-
bre occlusal (plusieurs années) peut avoir en-
gendré une résorption des bases osseuses
CONFÉRENCE C65 |MERCREDI 24 NOVEMBRE |DE 11H À 12H
Responsable scientifique : Estelle Schittly
Conférencier: Michel Pompignoli
Modérateur: Marcel Bégin
„Docteur ma prothèse ne tient pas“
Estelle Schittly, Michel Pompignoli
Fig. 1 : Fit de Kerr pour l’empreinte des bords et des versants vestibulaires. |Fig. 2 : Espace dévolu à la langue et surfaces stabilisatrices. |Fig. 3 : Équilibration après
transfert sur articulateur. |Fig. 4 : Contrôle de la rétention lors de l’interposition d’un objet dur. |Fig. 5 : Usure des dents en résine compensée par l’égression pro-
gressive des dents antagonistes
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