CEPO 2012-01
RÉSUMÉ
Le cancer du poumon représente le deuxième type de cancer le plus fréquemment diagnostiqué et la
première cause de décès par cancer au Québec. La chimiothérapie cytotoxique est le principal traitement
utilisé chez les patients atteints du cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) métastatique. Le taux de
réponse observé à la suite de ce traitement se situe entre 20 % et 35 %, avec une survie moyenne de 10 à 12
mois ainsi qu’une augmentation modérée de la qualité de vie.
L’amélioration de la compréhension des mécanismes fondamentaux de transformation des cellules
épithéliales bronchiques a permis le développement de nouveaux traitements. L’un des marqueurs identifiés
les plus efficaces est la présence de mutations somatiques au niveau du domaine tyrosine kinase (TK) du
récepteur du facteur de croissance épidermique (epidermal growth factor receptor, EGFR). En raison du rôle
important qu’il joue dans la prolifération et la survie des cellules de CPNPC, l’EGFR a été identifié comme cible
thérapeutique potentielle.
Les premiers inhibiteurs réversibles de l’activité TK de l’EGFR développés ont été le géfitinib (IressaMC,
AstraZeneca) et l’erlotinib (TarcevaMC, OSI Pharmaceuticals Inc.). Bien que les inhibiteurs de l’activité TK de
l’EGFR semblent apporter un bénéfice chez les patients atteints d’un CPNPC, certaines études cliniques ont
montré que des patients non sélectionnés pour une mutation activatrice au niveau de l’EGFR ont un faible
taux de réponse suivant le traitement. Des études récentes ont évalué l’efficacité des inhibiteurs TK de l’EGFR
comme traitement de première intention du CPNPC chez des patients présentant des mutations au niveau du
domaine TK de l’EGFR.
L’objectif du présent guide est de faire état de la documentation scientifique pertinente afin d’évaluer
l’efficacité et l’innocuité du géfitinib et de l’erlotinib pour le traitement de première intention du CPNPC chez
les patients présentant une mutation de l’EGFR. Une revue de la documentation scientifique a été effectuée
en utilisant l’outil de recherche PubMed. La période couverte s’est étendue de janvier 2000 à janvier 2012,
inclusivement. Seules les études prospectives de phases II et III, ainsi que les abrégés de communication
d’études randomisées publiés en 2010 et en 2011 ont été retenus dans ce guide. Douze publications
originales portant sur l’efficacité et l’innocuité de l’utilisation du géfitinib ou de l’erlotinib dans le traitement
de première intention du CPNPC ont répondu aux critères d’inclusion et ont été retenues.
L’analyse de la documentation scientifique permet de confirmer l’efficacité clinique du géfitinib comme
traitement de première intention chez les patients atteints d’un CPNPC et présentant des mutations au
niveau du domaine TK de l’EGFR. En ce qui concerne l’erlotinib, étant donné la faible qualité des preuves
actuellement disponibles, d’autres études de plus grande puissance seront nécessaires pour appuyer son
utilisation. Pour ce qui est de l’innocuité, les effets indésirables observés à la suite de la prise de ces deux
molécules sont moindres comparativement à ceux observés lors de l’utilisation d’une chimiothérapie
cytotoxique standard (paclitaxel/carboplatine, gemcitabine/carboplatine ou cisplatine/docétaxel).
Considérant les données probantes disponibles à ce jour, le Comité de l’évolution des pratiques en
oncologie (CEPO) recommande :
1. que le géfitinib soit considéré comme un traitement standard de première intention chez les
patients atteints d’un CPNPC et présentant une mutation du domaine tyrosine kinase de l’EGFR
(recommandation de grade A);
2. que l’erlotinib soit considéré comme une option thérapeutique de première intention chez les
patients atteints d’un CPNPC et présentant une mutation au niveau du domaine tyrosine kinase
de l’EGFR (recommandation de grade B);
3. qu’une chimiothérapie standard soit privilégiée en première intention de traitement du CPNPC
en l’absence de mutation de l’EGFR (recommandation de grade A);