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en fin de compte venir `a la rencontre l’une de l’autre puisqu’ elles doivent trouver
leur place cˆote a cˆote dans le cadre de la Physique totale. Comment les concilier ?
Longtemps on a pens´e que les grains devaient se d´ecrire comme des objets ponc-
tuels ou quasi ponctuels ayant `a chaque instant une position dans l’espace. Eux
aussi ils se trouveraient ins´er´es dans le cadre de l’espace et du temps et viendraient
se situer au sein du «champ ». Il ´etait alors tout naturel de consid´erer les grains
comme des sortes de points singuliers du champ. Il ne semble pas que les tenta-
tives faites pour pr´eciser cette s´eduisante conception aient ´et´e tr`es heureuses et les
th´eories quantiques actuelles nous font entrevoir une solution de ce probl`eme bien
autrement profonde et int´eressante. Esquissons la rapidement.
La discontinuit´e symbolis´ee par le grain est sans doute la r´ealit´e ultime. Mais
les grains ne sont pas v´eritablement localisables dans le cadre de l’espace et du
temps comme on le supposait autrefois. C’est le d´eveloppement de la th´eorie des
quanta qui nous a amen´es a cette surprenante conclusion : les incertitudes d’Hei-
senberg s’opposent en effet a ce que nous puissions leur attribuer constamment une
position et une vitesse bien d´eterminˆees dans l’espace. Nous ne devons pas trop
nous en ´etonner. Qu’est-ce, en effet, que l’espace et le temps ? Ce sont des cadres
qui nous sont sugg´eres par l’interpr´etation de nos perceptions usuelles, c’ est-`a-dire
des cadres o`u peuvent se loger les ph´enom`enes essentiellement statistiques et ma-
croscopiques que nos perceptions nous r´ev`elent. Pourquoi alors ˆetre surpris de voir
le grain, r´ealit´e discontinue essentiellement ´el´ementaire et microscopique, refuser
de s’ins´erer exactement dans ce cadre grossier bon seulement pour repr´esenter des
moyennes ? Ce n’est pas l’ espace et le temps, concepts statistiques, qui peuvent
nous permettre de d´ecrire les propri´et´es des entit´es ˆel´ementaires, des grains ; c’est
au contraire `a partir de moyennes statistiques faites sur les manifestations des
entit´es ´el´ementaires qu’une th´eorie suffisamment habile devrait pouvoir d´egager
ce cadre de nos perceptions macroscopique que forment l’espace et le temps. Les
nouvelles th´eories quantiques semblent nous indiquer assez nettement la voie dans
laquelle il faudrait s’ engager pour r´ealiser ce programme. Elles nous montrent, en
effet, que si les grains ne sont pas constamment localisables dans notre cadre usuel
de l’espace et du temps, par contre les probabilit´es de leurs localisations possibles
dans ce cadre sont represent´ees par des fonctions g´en´eralement continues ayant le
caract`ere de grandeurs de champ : ces «champs de probabilit´e »sont les ondes de
la M´ecanique ondulatoire ou du moins des grandeurs se calculant `a partir de ces
ondes. La dualit´e corpuscule-onde, qui avait ´et´e le leitmotiv de Mati`ere et Lumi`ere,
nous apparaˆıt ici sous un autre jour : l’onde ´etendue de la M´ecanique ondulatoire,
onde ψassoci´ee `a l’ ´electron ou onde ´electro-magn´etique associ´ee au photon, c’est
comme le reflet dans notre espace et notre temps macroscopiques de l’impossibilit´e
de localiser les corpuscules ´el´ementaires, les grains, dans un cadre moyen qui n’ est
pas adapt´e `a leur description exacte. Mais, comme pr´ec´edemment, on peut aussi