Douleurs et Neuropathies J-Y SALLE Service de médecine physique et de réadaptation P VERGNE-SALLE Service de Rhumatologie et consultations de la douleur CHU Limoges Selon l’IASP: douleur neuropathique « douleur provoquée par une lésion ou un dysfonctionnement primaire du système nerveux » Neuropathie diabétique Neuropathies iatrogènes Neuropathie alcoolique Infectiologie : zona, SIDA Rhumatologie : radiculopathies, syndromes canalaires, SDRC Traumatologie : lésions nerveuses tronculaires, plexus Chirurgie : thoracotomie, douleur du membre fantôme Lésions médullaires AVC SEP Un homme de 38 ans consulte pour une lombosciatique gauche chronique évoluant depuis plus d’un an. Il a été opéré d’une hernie discale L4-L5 il y a deux ans, réopérée 6 mois après pour récidive. Il allait mieux pendant les 3 mois qui ont suivi la deuxième intervention puis la douleur est progressivement réapparue. Actuellement, il décrit des douleurs quasi-permanentes à type de brûlures associées à des paroxysmes douloureux qu’il décrit comme des décharges électriques. Il se plaint également de paresthésies du dos du pied et de sensations de serrement du mollet comme un étau. Examen: raideur lombaire modérée (Schöber = + 3 cm) Pas de lasègue, hypoesthésie au tact territoire L5 G, ROT présents, pas de déficit moteur Il prend une association paracétamol/dextropropoxyphène et un antiinflammatoire (celebrex) avec une efficacité insuffisante 1/ douleur neuropathique car douleur permanente décrite comme des brûlures avec des paroxysmes, des paresthésies et une sensation d’étau. 2/ Examen clinique Pas de signe de conflit disco-radiculaire Signes positifs de douleur neuropathique : hypoesthésie dans le territoire radiculaire allodynie ? 3/ IRM lombaire: Mr X…, âgé de 43 ans, se plaint d’une douleur du genou droit localisée à la face antéro-interne du genou et de la jambe, apparue il y a 6 mois. Antécédents d’arthroscopie il y 6 mois pour syndrome méniscal. Actuellement, Mr X se plaint d’une gonalgie avec une douleur quasi-permanente même au repos, décrite comme des brûlures, des fourmillements . La nuit, il ne supporte pas le contact des draps sur son genou. Les différents antalgiques de niveau I et II, ainsi que les AINS prescrits ont été inefficaces. A l’examen clinique: – – – – Pas de modification de l’aspect et de la chaleur cutanée Pas d’épanchement intra-articulaire Amplitudes normales, mobilisation non douloureuse Examen de la hanche D normal Examens paracliniques: Radiographies: inchangées NFS-plaquettes et CRP normales Douleur de type neuropathique: – Systématisation neurologique de la douleur: territoire du nerf saphène – Lésion neurologique potentielle dans les antécédents: arthroscopie – Plaintes douloureuses caractéristiques: » Douleurs spontanées, sans caractère mécanique, avec un fond permanent à type de brûlures » Des paresthésies » Douleurs provoquées : allodynie au frottement – Douleurs non calmées par les antalgiques usuels Etude STOPNEP 2007 Prévalence des douleurs chroniques et neuropathiques en France 30 000 sujets, questionnaire par voie postale Taux de retour de 81% Douleur quotidienne: 37,6% répondent OUI Depuis au moins 3 mois: 31,7% répondent OUI 1/3 des français ont des douleurs chroniques Intensité des douleurs: – 4,5 ± 2,1 sur échelle de 10 en moyenne – Douleur modérée = 46,5%; sévère = 16,1% Prévalence des douleurs chroniques modérées et sévères = 20% Douleurs avec des caractéristiques neuropathiques = 7% de la population Dans plus de 75% des cas: – lombalgies avec plus ou moins des radiculalgies – Douleurs du rachis cervical avec irradiation ± aux membres sup I / Diagnostic de la douleur neuropathique Recherche d’une séméiologie douloureuse particulière – Composante continue ou paroxystique, spontanée ou provoquée par stimulations diverses – Descripteurs: brûlures, décharges électriques, froid douloureux – Sensations désagréables: fourmillements, démangeaisons, engourdissement Contexte éventuel de lésion ou maladie du SN Examen neurologique: – Signes négatifs: déficit sensitif tactile, à la piqûre, thermique – Signes positifs: allodynie au frottement, voire thermique Dans un territoire compatible avec une lésion neurologique. Outils diagnostiques: pas de critères diagnostiques L’outil DN4 validé en français est recommandé en pratique clinique pour l’aide au diagnostic (grade A) Sensibilité: 83% Spécificité: 90% Bouhassira D et al Pain 2005, 114: 29-36 Aucun examen n’est nécessaire pour reconnaître la DL neuropathique. Il n’est pas nécessaire de connaître l’étiologie avant de débuter le traitement (accord professionnel) II / Diagnostic étiologique Des examens complémentaires peuvent être nécessaire pour confirmer l’existence d’une lésion nerveuse et son étiologie (accord professionnel) Principales étiologies Cause fréquentes Etiologies périphériques DL neuropathiques post-op Radiculopathies Causes post-traumatiques Syndromes canalaires (canal carpien, canal lombaire et cervical étroits) Etiologies centrales AVC Causes moins fréquentes Etiologies périphériques DL neuropathique post-zost Neuropathies diabétiques Neuropathies post-radiques Neuropathies toxiques Etiologies centrales SEP Trauma cranien Trauma médullaire Causes plus rares: neuropathie du VIH, maladies systémiques, carences vitaminiques, maladies génétiques rares III / Evaluation Mesurer sévérité et retentissement Elle doit permettre de suivre son évolution, débuter un traitement et en évaluer les résultats (grade A) L’évaluation comporte une large partie douleur chronique, non spécifique, et quelques spécificités (grade A): - Intensité globale de la DL neuropathique: EVA, EN, EVS Intensité de chaque symptôme: EVA, EN, EVS Fréquence des douleurs paroxystiques au cours des dernières 24h Impact sur l’activité: EVA, EN, EVS 4 / Traitements grade A: haut niveau de preuve (essai randomisé contrôlé de forte puissance, métaanalyse) grade B: niveau de preuve intermédiaire (essai randomisé contrôlé de faible puissance, étude de cohorte) grade C: faible niveau de preuve (essai non contrôlé, séries de cas, études rétrospectives) accord professionnel 4.1/ Recommandations de grade A 4.1.1 / efficacité établie dans plusieurs étiologies ADT (amitriptyline, clomipramine, imipramine) AE: gabapentine, prégabaline AE: bénéfiques sur les troubles du sommeil et les troubles anxieux associés pour la prégabaline ADT efficaces sur les troubles de l’humeur et anxiété mais à des doses plus élevées Rapport bénéfice/risques: plus faible pour les ADT p/r aux AE La plupart de ces ttt ont un efficacité similaire (grade A) et efficacité sur les DL continues et paroxystiques Efficacité du tramadol dans qq indications (grade A) Efficacité non établie sur les comorbidités Efficacité des morphiniques forts (oxycodone, morphine) (grade A) TRAITEMENT: LES ANTI-DEPRESSEURS Surtout les tricycliques: – – – Activité antalgique indépendante de l’effet thymoanaleptique Blocage de la recapture des monoamines (↑ CID) Beaucoup d’études contrôlées vs placebo, mais peu de patients: efficacité > placebo dans 16 études sur 18 – efficacité partielle et beaucoup d’arrêt pour effets secondaires Posologie: – 10 à 25 mg le soir, puis augmenter par palier de 5 mg tous les 5 à 8 jours en essayant d’atteindre 50 à 75 mg/j, Effets secondaires: fréquents, anticholinergiques, arythmie, allongement du QT, hypoTA, prise de poids, personnes âgées TRAITEMENT: LES ANTIDEPRESSEURS AMM des ATD tricycliques Substance Imipramine (Tofranil) Amitriptyline Indications Algies rebelles, douleurs neuropathiques de l’adulte Algies rebelles (Laroxyl) Clomipramine Douleurs neuropathiques de l’adulte (Anafranil) Désipramine (Pertofran) Douleurs neuropathiques de l’adulte LES ATD: Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine Globalement efficacité moins constante paroxétine = Deroxat Neuropathie du diabète (Sindrup, Pain 90) 20 mg/j citalopram =Seropram Neuropathie du diabète (Sindrup, Clin Pharma Ther 92) 40 mg /j Un ATD mixtes: inhibiteur recapture sérotonine et NA Venlafaxine (Effexor) vs Tofranil Vs placebo Polyneuropathie (Sindrup, Neurology 03) 225 mg/j NNT = 5,2 NNT = 2,7 La gabapentine = NEURONTIN AMM dans douleurs post-zostériennes Analogue cyclique du GABA Action: potentialisation du GABA , action sur les canaux calciques Efficacité démontrée: Pas d’AMM dans les autres douleurs, cpdt efficacité démontrée dans une étude contrôlée dans les neuropathies du diabète (Backonja, JAMA 98) et une autre étude dans différents synd douloureux (Serpell, Pain 02) = études les plus larges Posologie progressive: 300 mg le soir, puis ↑ par palier de 300 mg tous les 4 à 5 j en 3 prises par jour Essayer d’atteindre 1200 mg/j au minimum et 3600 au maximum Tolérance: meilleure que les autres, cpdt somnolence, ataxie, vertiges, céphalées et pas d’interaction médicamenteuse – La prégabaline: Action similaire à la gabapentine Cependant: pharmacocinétique linéaire, plus grande affinité pour les sous-unités α2δ des canaux calciques voltage-dépendants Efficacité prouvée dans les dl neuropathiques périphériques (plus de 2400 patients inclus dans 10 études) = AMM peu d’interaction médicamenteuse bonne tolérance globale Effets indésirables: étourdissements, somnolence, oedèmes périphériques LE TRAMADOL Action opioïde faible (récepteurs µ) et effets monoaminergiques (inhibiteur de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine) Les formes à libération immédiate sont mal tolérées Les formes LP sont données toutes les 12 heures Effets indésirables les plus fréquents: nausées, vomissements, somnolence, céphalées, vertiges, sécheresse buccale et hypersudation. Risque de surdosage des anti-vitamine K et de la digoxine en cas d’association. Attention à l'association aux anti-dépresseurs sérotoninergiques. ½ vie doublée si insuffisances rénale ou hépatique et sujets > 75 ans Association synergique avec le paracétamol Nouvelles spécialités associant paracétamol et tramadol LI (37,5 mg) Ixprim et Zaldiar: 1 cp 4 fois par jour (max = 8/j) Moins d’effets secondaires LES RECOMMANDATIONS DE LIMOGES L’utilisation des opioïdes forts dans la douleur chronique non cancéreuses reste un sujet de controverses. Des recommandations d’utilisation en rhumatologie ont été élaborées sous l'égide du CEDR, section de la douleur de la Société Française de Rhumatologie. Leur but n'est pas d'inciter à une utilisation imprudente de la morphine, mais d'aider le clinicien à son bon usage quand il a décidé d'y recourir. Peuvent être traités par la morphine: les patients douloureux chroniques non ou insuffisamment soulagés par les thérapeutiques usuelles de la pathologie antérieurement définie (dégénérative, inflammatoire…). LES RECOMMANDATIONS DE LIMOGES L’évaluation initiale doit comporter: – L’histoire de la maladie et toutes les thérapeutiques entreprises – L’évaluation de toutes les composantes de la douleur et ses retentissements (échelles appropriées) – un avis psychiatrique ou dans un centre de la douleur en cas de pathologie mal définie, de troubles psychologiques important ou de facteurs socio-professionnels prédominants LES RECOMMANDATIONS DE LIMOGES Ne seront pas traités par la morphine: – Les troubles psychologiques importants – Les fibromyalgies – Les sujets ayant un comportement addictif – Les alcooliques – Les troubles idiopathiques – Douleurs avec composante socio-professionnelle dominante Information au patient Définition des buts du traitement Doses initiales faibles et ajustement par paliers LES RECOMMANDATIONS DE LIMOGES Modulation de la prescription en fonction de la pathologie: une prise matin ou soir de morphine LP, interdoses de morphine à LI avant un effort ou autres Prévention systématique de la constipation Surveillance rapprochée pour recherche des effets indésirables, efficacité, abus et dépendance psychique 4.1.1 / efficacité établie dans un nombre restreint d’étiologies Duloxétine (CYMBALTA): IRSN Efficacité dans les neuropathies diabétiques (grade A) Efficace aussi sur les troubles anxieux et de l’humeur Le patch de lidocaïne (VERSATIS): Efficacité établie sur la douleur spontanée et l’allodynie mécanique secondaires à des lésions nerveuses périphériques, notamment le zona (grade A) 4 / Traitement 4.2/ Recommandations de grade B La venlafaxine: Efficacité démontrée sur la douleur des polyneuropathies sensitives (grade B) Valproate de sodium: efficacité dans la DL post-zost (grade B) en cas d’efficacité partielle d’un ttt de 1ère intention, une association médicamenteuse peut être proposée entre les différentes classes thérapeutiques (grade B) 4 / Traitement 4.3/ Recommandations établies après accord professionnel Choix des médicaments: – Le choix d’un ttt de 1ère intention doit s’appuyer sur une efficacité établie (grade A), un rapport bénéfice/risques satisfaisant et si possible une efficacité démontrée sur les comorbidités psychiatriques associées. – AD et AE ont ainsi un avantage p/r aux antalgiques – La prescription des ADT doit être prudente chez la personne âgée et en cas de patho cardiaque, glaucome, adénome de prostate – PGB et GBP utilisées avec précaution en cas d’insuffisance rénale – Duloxétine non recommandée dans les pathologies hépatiques sévères – Patch de lidocaïne: ne doit pas être utilisé sur une peau lésée (phase aiguë éruption du zona) – morphiniques: ne sont pas un ttt de 1ère intention et ne doivent être utilisés qu’après échec des autres thérapeutiques, voire d’une association – En cas d’échec complet ou d’effet II importants d’un médicament d’efficacité démontrée, il est légitime de le substituer contre un ttt de classe thérapeutique différente d’efficacité démontrée Règles de prescription: – Titration nécessaire: grande variabilité des doses pour obtenir un effet antalgique (grade A) – Un ttt efficace doit être poursuivi pendant plusieurs mois (> 6 mois) (avis d’expert) – Évaluation régulière de l’efficacité et de la tolérance – Réduction progressive des posologies au bout de 6 à 8 mois de ttt efficace à doses stables. 4 / Traitement 4.4/ Traitements non recommandés Efficacité faible ou nulle: topiramate (Epitomax®) Lamotrigine (Lamictal®) Oxcarbazépine (Trileptal®) IRS Méxilétine Benzodiazépines et neuroleptiques Antagonistes des récepteurs NMDA (dont kétamine) (grade A: preuve scientifique d’inefficacité) Clonazépam (preuves d’efficacité manquantes, grade C) 4 / Traitement 4.5/ Traitements non médicamenteux TENS: efficace sur la DL neuropathique focale (grade B) La neurostimulation médullaire peut être proposée après échec des traitements médicamenteux bien conduits dans les lomboradiculalgies chroniques post-op (grade B) Preuves insuffisantes dans les autres types de DL (grade C) La psychothérapie et notamment les TCC peuvent être proposées (grade B) Neurostimulation transcutanée Neurostimulation mode conventionnel: impulsions de fréquence élevée et d’intensité moyenne renforcement du contrôle de la porte Neurostimulation mode endorphinique: impulsions de basse fréquence et d’intensité élevée sécrétion d’endorphines dans la corne postérieure Algorythme proposé dans les douleurs neuropathiques périphériques (Finnerup et al, 2005) Autres diagnostics Neuropathies focales _ + CI aux ADT Lidocaïne patch gabapentine/ prégabaline _ ADT ou IRSN CI aux ADT + ADT ou IRSN Tramadol oxycodone gabapentine/ prégabaline Traitements ADT Oxycodone morphine tramadol carbamazépine valproate gabapentine prégabaline IRSN (venlafaxine) lamotrigine ISRS (paroxétine, citalopram) topiramate NNT moyen 3,1 2,6 2,5 3,9 2,3 2,4 3,8 4,2 4 4 7 7,4 NNH moyen 14,7 ns ns 9 21,7 ns 26,1 11,7 ns ns ns 6,3 DOULEURS NEUROPATHIQUES: TRAITEMENT Les Prix en Euros DCI Amitriptyline Clomipramine Carbamazépine Oxcarbazépine Gabapantine Lamotrigine Clonazépam Nom commercial Laroxyl Anafranil Tégrétol Trileptal Neurontin Lamictal Rivotril Prix unitaire 25 mg (0,15) 10 mg (0,08) 200 mg (0,16) 150 mg (1,56 ) 100 mg (0,24) 50 mg ( 0,58) 2 mg (0,06) Prix quotidien Dose Max 150 mg (0,52) 150 mg (1,04) 1200 mg (0,98) 2400 mg (3,36 ) 3200 mg (5,93) 200 mg (2,35) 6 mg (0,13) Autres recommandations 2006: guidelines de la fédération européenne des sociétés de Neurologie (EFNS) gabapentine/prégabaline ou ADT en 1ère intention Attal et al, Eur J Neurol 2006 2007: recommandations du groupe douleurs neuropathiques de l’IASP Identiques dans le choix du traitement de 1ère intention Dworkin et al, Pain 2007 LA FIBROMYALGIE DEFINITION Syndrome caractérisé par: Douleurs musculo-squelettiques diffuses, D’origine inconnue Associées à des plaintes fonctionnelles multiples Un examen clinique normal en dehors de points douloureux localisés, identiques chez tous les malades LA DOULEUR Douleurs articulaires, tendineuses et/ou musculaires des membres et du rachis Associées à: – sensation de gonflement articulaire – impression de raideur matinale – fatigabilité musculaire – douleurs temporo-mandibulaires Majoration par: efforts et inactivité, stress, climat,… SIGNES ASSOCIES Troubles du sommeil Troubles uro-gynécologiques Fatigue générale Troubles sensoriels Colopathie Paresthésies Céphalées Difficultés de concentration Troubles anxio-dépressifs Phénomène de Raynaud Syndrome sec Impatiences, prurit, palpitations CRITERES DIAGNOSTIQUES ACR 1990 de la FM Douleur diffuse (côté D et G, au dessous et au dessus de la taille et rachis) Chronicité > 3 mois Douleur à la palpation ( 4 kg de pression, doit blanchir l’ongle) de 11 sur 18 points d’insertion tendineuse DIAGNOSTIC D’ELIMINATION Rhumatismes inflammatoires: PR, SPA Maladies systémiques: Gougerot Sjögren, lupus Maladies musculaires: polymyosite, myalgies iatrogènes (quinolones, hypolipémiants, anti-H2, biphosphonates, interférons, anti-aromatases …) Troubles endocriniens: hypothyroïdie Métabolisme phosphocalcique: hyperparathyroïdie, diabète phosphoré, ostéomalacie Pathologies infectieuses: hépatites B et C, lyme, HIV EPIDEMIOLOGIE Prévalence = 2% (Wolfe 95) Prévalence augmentant avec l’âge: chiffre > 7% entre 60 et 79 ans Prédominance féminine de 80 à 90% Représente: - 2 à 5% des Cs de médecine générale - 10 à 25% des Cs de rhumatologie (2e rang après l’arthrose) FORMES CLINIQUES Formes associées: Gougerot, PR, lupus (16,7%, Grafe 99), maladies inflammatoires digestives (30%, Buskila 99) Formes régionales: sd douloureux du mb sup, sd myofascial, cervicalgie, FM unilatérale ou incomplète Formes de l’enfant: – – – prévalence de 1,2 à 6,2% (Mikkelsson 99) 28% avec début dans l’enfance ou l’adolescence évolution plutôt favorable (73% de rémission à 30 mois, Buskila 95) TRAITEMENTS Traitements médicamenteux – Antalgiques: tramadol – Certains anti-dépresseurs – Anti-épileptique: Lyrica – Anti-émétiques: sétrons Traitements non médicamenteux ++++ ANTALGIQUES Paracétamol: meilleur rapport efficacité /tolérance Tramadol: nette amélioration sous réserve d’une bonne tolérance de 40% de la douleur après une simple dose vs placebo (Biasi 98) Résultats confirmés vs placebo par Russell (2000) sur 69 malades, mais sélectionnés au départ pour leur bonne tolérance au tramadol Morphine: fortement déconseillée Inefficace, mal tolérée, risque de dépendance psychique AINS et CORTICOIDES AINS: peu d’intérêts, mal tolérés 91% des FM en recoivent à éviter Corticoïdes: pas d’indication, à éviter BENZODIAZEPINES Risque de dépendance et altérations supplémentaires du sommeil lent profond Une étude contre placebo avec l’alprazolam (Xanax) : efficacité significative, parfois retardée (8e semaine)(Russell 91) Si anxiété: préférer la buspirone (Buspar) Les antihistaminiques, type hydroxyzine, utilisés dans les insomnies liées à l’anxiété ANTIDEPRESSEURS TRICYCLIQUES Amitriptyline essentiellement Plusieurs essais contrôlés contre placebo (≈ 180 malades) Résultats: Efficacité modérée sur tous les paramètres habituels d’apparition assez rapide (1 à 2 sem) Amélioration surtout qualité du sommeil et sympt dépressifs Amélioration à court terme dans 25% des cas Forte réponse au placebo Effets II de type anticholinergique ⇒ nbx arrêts de traitement SEROTONINERGIQUES Wolfe 94 Fluoxétine = Prozac 30 malades Goldenberg 96 fluoxétine+amitriptyline 31 malades Arnold 2002 possible jusqu’à 80 mg Durée = 12 sem 60 malades Pas de ≠ , mais bcp de sorties d’essai, durée = 6 sem, dose =20 mg/j Efficacité > de l’association sur EVA et QIF Mais pb méthodologiques Amélioration QIF, EVA, score de fatigue, Mc Gill Pain Q, score de dépression Dose moy = 55 mg/j Anti-dépresseurs inhibiteurs mixtes: Milnacipran = Ixel Gendreau 2005 125 malades Amélioration douleur, fatigue, humeur Duloxétine = Cymbalta Plusieurs études Amélioration douleur, fatigue et humeur LES ANTAGONISTES DU RECEPTEUR DE LA 5-HYDROXYTRYPTAMINE (5-HT3) ondansétron (Zophren) vs paracétamol (Hrycaj 96) Réponse positive chez 11 patients sur 21 Tropisétron (Navoban) vs placebo (Farber 2000) 418 malades, traitement sur 10 jours avec des résultats positifs À la visite à 12 mois: intensité de la douleur encore en dessous de l’intensité initiale chez les répondeurs ANTI-EPILEPTIQUES Prégabaline = Lyrica Crofford 2005 : 529 malades à 450 mg/J: amélioration de la douleur, fatigue, sommeil et qualité de vie TRAITEMENTS NON MEDICAMENTEUX I / TECHNIQUES PHYSIQUES Balnéothérapie et massages: Eau chaude et massages doux (le moins agressif possible Physiothérapie: résultats variables, amélioration avec la chaleur, TENS peu efficace. Cures thermales: A condition: adaptation de l’intensité et du rythme Aucune station réellement spécialisée Exercices physiques: – Résultats variables des études – Exercices physiques souhaitables (musculation douce, entraînement progressif à l’effort, étirements) Marche rapide, natation, gymnastique en eau tiède et vélo – Programme adapté à chaque pers et présélection des pers motivées – Traitement individuel au départ, puis en groupe II / RELAXATION / SOPHROLOGIE Techniques de relaxation de Jacobson > Schultz Résultats difficiles à évaluer Cependant: élément important dans la prise en charge Psychothérapie souvent associée Hypnose: ≈ 50% des malades seraient améliorés (Eisinger 1999) III / THERAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE Apprentissage des différentes techniques de gestion du stress et de la douleur ⇒ Modification de façon durable des comportements non souhaités (facteurs d’entretien) en y substituant des attitudes plus adaptées ⇒ Dans plusieurs études: ≈ 70% d’amélioration vs 40% pour le traitement classique Recommandations EULAR 2006 1: L’abord de la fibromyalgie nécessite une évaluation globale de la douleur, de la fonction et du contexte psychosocial. Elle doit être considérée comme un état complexe et hétérogène où un processus douloureux anormal s’associe à d’autres présentations cliniques (niv IV, force D) 2: le traitement optimal nécessite une approche multidisciplinaire associant des traitements médicamenteux et non médicamenteux, adaptés à l’intensité de la douleur, à la fonction et à d’autres présentations cliniques telles que la dépression, la fatigue et les troubles du sommeil en collaboration avec le patient (niv IV, force D) 3: Les bains en eau chaude avec ou sans exercices sont efficaces (niv IIa, forceB) Recommandations EULAR 2006 4: Des programmes d’exercices individualisés incluant des exercices aérobies et de renforcement peuvent être bénéfiques pour certains patients (niv IIb, force C) 5: Les thérapies cognitives et comportementales peuvent être bénéfiques pour certains patients (niv IV, force D) 6: D’autres thérapies comme la relaxation, la rééducation, la physiothérapie et le soutien psychologique peuvent être proposées selon les besoins individuels des patients (niv II b, force C) Recommandations EULAR 2006 7: Le tramadol est recommandé dans la prise en charge de la douleur de la fibromyalgie. Les antalgiques tels le paracétamol, les opioïdes faibles peuvent aussi être utilisés. Les corticoïdes et les opioïdes forts ne sont pas recommandés (niv I b, force A) 8: Les antidépresseurs: amitriptyline, fluoxétine, duloxétine, milnacipran, moclobémide et pirlindole diminuent la douleur et améliorent souvent la fonction. Ils sont recommandés dans le traitement de la fibromyalgie (niv I b, force A) 9: Le tropisétron, le pramipéxole et la prégabaline diminuent la douleur et sont recommandés dans le traitement de la fibromyalgie (niv I b, force A).