49le clinicien août 1998
Tribune d’éthique
Voyons comment une étude récente définit les
comportements perturbateurs :
«L’appellation “comportements perturbateurs”
désigne une grande variété de conduites agressives,
dysfonctionnelles ou déviantes; les attitudes et les
gestes qualifiés de perturbateurs ont pour effet de
compromettre la qualité du milieu de vie et de
nuire à la dispensation adéquate des soins. Les
comportements perturbateurs ne constituent pas
une maladie en eux-mêmes; ils sont plutôt l’expres-
sion d’une maladie ou d’une tension.
Les comportements perturbateurs prennent
l’une des trois formes suivantes : un comportement
agressif verbal et/ou physique, un comportement
non agressif verbal, un comportement non agressif
physique. Concrètement, les comportements per-
turbateurs les plus fréquemment observés sont
l’agressivité verbale, les cris, les gestes répétitifs, les
demandes persévérantes, l’errance, l’appropriation
de l’espace d’autrui, les conduites physiquement
agressives, les injures, les répétitions de phrases ou
de questions, les plaintes récurrentes, les sons, les
grognements et les pleurs plaintifs.»1
D’après cette définition, certains comportements
de Mme Cantate peuvent être qualifiés de perturba-
teurs : les demandes répétitives et persévérantes, la
quête incessante d’une attention exclusive et l’acti-
vité nocturne. Ces comportements sont perturba-
teurs parce qu’ils induisent du désordre, une irrégu-
larité dans le milieu de vie. Ainsi, il est impossible
pour le personnel de maintenir un rapport de un à
un avec Mme Cantate sans diminuer les interven-
tions auprès des autres résidents qui ont besoin de
soins et d’attention. Les demandes répétitives et
incessantes de Mme Cantate peuvent être consi-
dérées comme des comportements perturbateurs
parce qu’elles font obstacle à l’accomplissement de
ses tâches par le personnel et qu’elles provoquent
chez lui une lassitude compréhensible.
La description du cas mentionne le recours aux
benzodiazépines, dont l’effet est de nécessiter une
immobilisation au fauteuil ou au lit pour éliminer
les risques consécutifs à leur emploi. Cet aspect de
la situation nous place dans la nécessité de clarifier
le concept de la contention :
«Définie au sens large et courant, à la fois d’après
sa finalité et ses moyens, une contention est l’immo-
bilisation totale ou partielle d’une personne par
divers moyens environnementaux, physiques ou chi-
miques. La contention peut aussi avoir pour finalité
l’atténuation de certains comportements inadaptés.
La contention environnementale consiste en un
aménagement des lieux fréquentés par le résident,
par exemple l’installation d’une demi-porte ou de
barrières psychologiques.
La contention physique est obtenue par un équi-
pement attaché ou adjacent au corps du malade.
Cet équipement limite les mouvements du patient
ou le maintient dans une position déterminée. Le
fauteuil gériatrique, les côtés de lits, les attaches ou
les bandes fixées aux membres, la ceinture abdo-
minale et le gilet thoracique en sont des exemples.
La contention chimique est obtenue par le recours
à des substances pharmacologiques. Les substances
utilisées sont des sédatifs, des anxiolytiques, des tran-
quillisants majeurs, etc.»1