Le 20/02/2012 Travaux Dirigés Macroéconomie n°4 : Rappel : La décision d’investissement est le fait du producteur ou de l’entrepreneur qui décide de transformer des avoirs monétaires en actifs physiques (achats de machines, de bâtiments ou d’usines), ce qui renouvelle le stock de capital. Question 1 : Taux d’intérêt : Deux théories s’opposent, l’analyse classique et l’analyse keynésienne. L’analyse classique : Dans cette théorie, l’agent économique doit faire un choix entre consommation immédiate (présente) et l’épargne, c’est-à-dire la consommation différée (futur). Sachant qu’il y a une préférence pour le présent, l’individu reportera sa consommation dans le futur que s’il reçoit une compensation qui est le taux d’intérêt. L’épargne dépend donc du taux d’intérêt qui est le prix du temps, la récompense de l’attente, l’expression de la préférence pour le présent. L’analyse Keynésienne : Le choix entre l’épargne et la consommation ne s’opère pas en fonction du taux d’intérêt mais du revenu. Le taux d’intérêt intervient dans l’arbitrage entre actifs placés (qui sont immobilisés et rapportent un intérêt) et actifs liquides (monnaies) qui peuvent être utilisés immédiatement mais qui n’apportent aucun revenu. Détenir de la monnaie, c’est ce privé d’un intérêt lié à un placement : le taux d’intérêt est donc le prix de la renonciation à la liquidité. Question 2 : Böhm-Bawerk est un économiste autrichien, disciple de Carl Menger et est avant tout connu sur ses travaux sur la théorie du capital : « Selon toutes les règles, les biens présents ont une valeur subjective plus élevée que les biens futurs en même nombre et de même espèce… Les biens présents ont selon toutes les règles une valeur d’échange et un prix plus élevé que les biens futurs en même nombre et de même espèce. » Dans son analyse, la production capitalistique est définie comme un détour de production : pour plus produire plus, il est nécessaire de produire d’abord des biens d’équipement. Le surplus de quantité produite grâce à l’utilisation du capital correspond à la productivité du capital. Cette production capitalistique est consommatrice de temps. Or, la valeur des biens présents est supérieure à celle des biens futurs (à qualité, quantité et forme identique) d’où la justification d’un taux d’intérêt. Il identifie trois motifs explicatifs de cette différence de valeur (autrement dit pour expliquer la différence entre biens présents et biens futurs). 1ère raison : Elle est d’ordre économique. Un individu qui, dans le présent, manque de certains biens appréciera davantage une quantité de ces biens disponibles immédiatement que la même quantité de biens futurs. Il y a un décalage entre le profil temporel des revenus et celui des besoins de consommations qui incitent certains à payer une prime d’intérêt pour pouvoir anticiper sur le revenu futur. « Un taux d’intérêt positif signifie que les biens sont d’autant moins appréciés qu’ils sont disponibles à une date éloignée. » 2ème raison : Elle est d’ordre psychologique. Les individus tendent à sous évalués leurs besoins futurs. Ils font une mauvaise appréciation de la satisfaction future procurée par la consommation future. Il déprécie le futur par rapport au présent et donc exige une prime pour consentir à retarder une partie de leur consommation. 3ème raison : Elle est d’ordre technique. La production ne peut être mise en œuvre que si l’entrepreneur dispose de biens présents sinon il doit attendre avant de commencer sa production, ce qui allonge d’autant la durée totale jusqu’à la disponibilité des biens. Les entrepreneurs sont donc prêts à payer une prime pour pouvoir disposer des fonds leurs permettant de réaliser l’allongement du détour de production qui permet d’élever la productivité. En conclusion, pour que les investissements puissent être réalisés, il faut amener les consommateurs à épargner, c’est-à-dire à renoncer à la consommation immédiate d’une partie de leur revenu. Pour Böhm-Bawerk, cette fonction est remplie par le taux d’intérêt qui est « le prix du temps » et dont le niveau d’équilibre concilie le besoin de disposer tout de suite de certains biens de consommations et les potentialités par l’allongement des détours de productions. Question 3 : Cette question nous ramène à étudier la tension qui existe entre d’une part une impatience synonyme de préférence pour le présent (l’individu préfère consommer plutôt qu’épargner) et d’autre part le besoin de l’épargne pour pouvoir investir et accumuler du capital pour améliorer la production. L’exemple des détours de production illustre cette tension : on aimerait un bien tout de suite mais on peut augmenter ou améliorer la production de ce bien si on accumule du capital d’où cette tension. Question 4 : On ne peut pas se contenter d’additionner les revenus futurs, il faut les actualisés car les revenus futurs valent moins que les revenus présents. En effet, les agents économiques ont une préférence pour la consommation présente. La présence d’un taux d’intérêt positif qui représente donc la rémunération de la renonciation à la consommation présente implique une réduction de l’échelle des valeurs dans le futur. Par conséquent, la caractéristique des revenus éloignés dans le temps est que leur valeur actualisée est réduite. Plus les revenus sont éloignés dans le temps, plus leur valeur actualisée est faible. Pour décider d’investir ou d’épargner en banque, un entrepreneur va actualiser les deux projets : il calcule la VAN (Valeur Actualisée Nette) qui n’est pas une simple addition des flux de revenus futurs. Cette valeur actuelle consiste à rapporter au présent des recettes qui s’étalent différemment dans le temps. Question 5 : La décision de l’investissement est étudiée par Keynes dans les chapitres 11 et 12 de la théorie générale de la monnaie, de l’intérêt et de l’emploi (1936). Cette décision de l’investissement concerne les entrepreneurs qui cherchent à savoir s’il est intéressant ou non d’ajouter de nouveaux capitaux au capital existant et d’étendre ainsi la capacité de production. Keynes nomme ce comportement particulier « incitation à investir ». L’essentiel de son raisonnement repose sur la comparaison de deux taux stratégique : L’efficacité marginale du capital et le taux d’intérêt. Le rendement escompté de l’investissement est définie par Keynes dans les termes suivants : « Quand un homme achète un bien de capital ou d’investissement, il achète le droit à la série de revenu escompté qu’il espère tirer pendant la durée de ce capital, de la vente de sa production, déduction faite des dépenses courantes nécessaires à obtenir la dite production. Il sera commode d’appeler cette série d’annuités Q1, Q2 … Qn, le rendement escompté de l’investissement. Le rendement escompté du capital (d’un investissement) représente des profits, des bénéfices (c’est à dire recette moins coûts) annuels anticipés résultant de la vente de la production de l’entreprise pendant la durée de vie de l’investissement. En d’autres termes, c’est la valeur actuelle des profits que l’entreprise espère retirer de l’utilisation de ces machines. Question 6 : L’efficacité marginale du capital, notée « e », est définie par Keynes comme « le taux d’escompte qui, appliqué à la série d’annuité constitué par les rendements escomptés de ce capital pendant son existence entière rend la valeur actuelle des annuités égale au prix d’offre de ce capital. » L’EMC est donc le taux d’actualisation qui égalise les flux de revenus espérés de l’investissement (la valeur actuelle de l’investissement) aux coûts de l’investissement (son prix d’offre). On peut considérer que l’EMC est équivalent au TRI (Taux de Rendement Interne), c’est-à-dire le taux d’actualisation des flux de revenus pour lequel la valeur actuelle est égale au coût initiale de l’investissement. Le TRI permet de comparer la rentabilité de plusieurs projets. Il constitue également un critère d’investissement. Un investissement sera réalisé si son TRI est supérieur au taux du marché financier (soit parce que l’investisseur a besoin d’emprunter, soit parce qu’il a la possibilité de placer les fonds disponibles). Dans l’approche Keynésienne, un investissement est déterminé par comparaison entre l’EMC, notée « e », et le taux d’intérêt du marché, notée « r » ou « i ». Lorsque le taux d’intérêt baisse, les projets d’investissements deviennent rentables.