LA THÉORIE ÉCONOMIQUE MARXISTE
K. Marx est parfois considéré comme le dernier des classiques, car il est le dernier à
estimer que la valeur des biens est déterminée par la quantité de travail qu’ils incorpo-
rent (travail vivant ou mort – celui des travailleurs ayant produit les biens en amont). Les
forces productives (ressources naturelles, humaines et techniques de production) se
combinent avec les rapports de production pour déterminer des modes de production,
dont le capitalisme n’est qu’un cas particulier. Les capitalistes qui se sont accaparés les
moyens de production, rémunèrent les travailleurs en dessous de la valeur des biens
créés; ils leur extorquent ainsi une plus value à l’origine du profit. Pour accroître la pro-
ductivité du capital, les capitalistes accumulent toujours plus de capital, et peuvent
réduire le nombre de travailleurs occupés, contractant d’autant leurs débouchés, entraî-
nant une crise de surproduction. Crise après crise, le capitalisme finit par succomber,
victime de ses propres contradictions.
KEYNES ET LES KEYNÉSIENS
Pendant la crise des années trente,
marquée par une forte contraction de la
production et un chômage de masse, les
mesures prises sur la base des préceptes
de la micro économie se révèlent inca-
pables de faire face à la situation. L’écon -
omiste anglais J. M. Keynes propose en
1936 une nouvelle approche, celle de la
macroéconomie. Considérant l’économie
dans son ensemble, il est amené à expli-
quer la dépression par une insuffisance
de la demande globale anticipée
(demande effective). Il n’y a alors aucune
raison que l’économie sorte de cet équi-
libre de sous-emploi si les anticipations
des agents ne se modifient pas. Pour
Keynes, le seul agent économique susceptible de faire redémarrer l’économie est l’État,
qui doit alors stimuler la demande en augmentant la dépense publique, en particulier
avec une politique de grands travaux.
Après la Seconde Guerre mondiale, la doctrine keynésienne s’impose dans les pays
développés, prospérant dans un contexte favorable : la reconstruction favorise le dirigisme
économique; les gouvernements recherchent un socle théorique permettant de mieux
établir les politiques sociales qu’ils souhaitent mettre en place. Certains économistes vont
tenter une synthèse entre les approches néoclassique et keynésienne, en dotant la
macroéconomie de bases microéconomiques, le tout avec un recours important aux
mathématiques, notamment avec le modèle IS-LM (Investissments and Savings-Liquidity
preference and Money supply) qui permet de choisir entre plusieurs politiques écono-
miques en simulant leurs effets.
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La revanche libérale
Après une période de vaches maigres, la
crise des années soixante-dix va per-
mettre aux économistes libéraux de
retrouver le devant de la scène théo-
rique. En effet, les politiques d’inspira-
tion keynésienne vont se révéler
incapables de faire redémarrer la crois-
sance. Les gouvernements conserva-
teurs s’imposent dans de nombreux
pays développés à partir de la fin des
années soixante-dix et mettent en œuvre
des politiques néolibérales inspirées par
l’économie de l’offre (A. Laffer), le moné-
tarisme (M. Friedman), la nouvelle
macroéconomie classique (R. Lucas) ou
l’école du
Public choice
(J. Buchanan).