religieuses (1987), cette re´flexion se poursuit dans une imposante monographie sur Dieu
et ses images. Une histoire de l’E
´ternel dans l’art (2008), puis dans un ouvrage de taille
plus modeste, Le Dieu des peintres et des sculpteurs. L’invisible incarne
´(2010). En
2006, Franc¸ois Bœspflug publiait aussi Caricaturer Dieu ? Pouvoirs et dangers de
l’image (2006), un essai plus directement en lien avec la question de la repre´sentation
du proph`ete Muhammad.
De mani`ere ge´ne´rale, l’auteur aborde, dans l’ensemble de ces e´crits, les questions du
culte,delarepre´sentation et de l’interdit, en tenant compte, simultane´ment, du
juda¨ısme, du christianisme et de l’islam, et en constituant un parcours chronologique
abre´ge´, par le biais duquel il situe ces trois traditions religieuses en directe continuite´.
Ce parcours line´aire et l’accent mis sur les textes comme point de rep`ere par rapport
aux images permettent a` l’auteur d’axer l’ensemble de son argumentation sur l’ide´e
que l’interdit de figuration, dans l’islam, e´mane du De´calogue, sans pourtant y eˆtre
reconduit. En outre, l’auteur aborde, toujours dans l’ensemble de ces e´crits, la question
de la repre´sentation « de Dieu » (identifie´ comme sujet principal danslestitresde2006,
2008 et 2010) d’un point de vue the´ologique et chre´tien, ce qui pose probl`eme, du
moins en l’occurrence, puisque, en regard du juda¨ısme et de l’islam, la repre´sentation
de Dieu est hors propos (nonobstant quelques rares cas dans le juda¨ısme). A
`ce sujet,
notons le titre de l’ouvrage de 2006 (Caricaturer Dieu), qui ne peut que surprendre,
puisque la question pose´e est celle de la repre´sentation, ou la caricature, du proph`ete
de l’islam, et non celle de Dieu.
Le Proph `
etedel’islamenimages.Unsujettabou?, paru en 2013, reprend l’essentiel
d’un article paru la meˆmeanne´e (« Le proph`ete de l’islam serait-il irrepre´sentable ? », Revue
des sciences religieuses 87, 2 : 139–159), article auquel l’auteur ajoute une section ou
`il
re´unit et commente vingt illustrations du proph`ete Muhammad provenant de corpus varie´s.
Le livre se divise en trois chapitres, pre´ce´de´s d’une introduction (7–14) sur laquelle je
reviendrai. Le chapitre 1, intitule´ « La place du De´calogue dans le Coran et les
Hadiths », pre´sente un historique dont les premiers e´pisodes mettent en sc`ene la
parole de Dieu – qui re´clame un culte exclusif (17), ne tol`ere aucun rival (18), de´clare
n’avoir besoin de rien (19) et pre´vient qu’il a les statues en horreur (20) –, l’auteur
rappelant ainsi que l’interdit, a` l’origine, porte pre´cise´ment sur les images cultuelles
(20) plutoˆt que sur la figuration. L’e´clairage sur l’histoire est ensuite de´place´ pour
porter sur les humains, soit sur leur re´ception de la parole de Dieu et la fac¸on dont
ils sont susceptibles de transgresser l’interdit, par le biais de la figuration de sc`enes
bibliques, dans le juda¨ısme, et du ou des proph`etes, dans l’islam. Ainsi, « ... une
grande diversite´ d’interpre´tations [ ...] explique que l’interdiction des images a e´te´
selon les temps et les lieux plus ou moins stricte dans sa compre´hension, son exten-
sion et ses domaines d’application, sans jamais eˆtre absolue » (21). Ce de´placement
du sujet de l’histoire reconstitue´e par l’auteur, de Dieu aux humains et de l’image
cultuelle a`larepre´sentation, cette derni`ere e´tant selon lui « destine´e a` jouer un roˆle
dans la transmission des connaissances », ou « n’ayant de rapport ne´cessaire qu’avec
le plaisir de l’intellect et de la de´lectation esthe´tique » (21), pose le probl`eme a` savoir
quelles sont les fonctions que l’auteur conc`ede aux œuvres d’art, tandis qu’il donne
pour origine a` la figuration dans l’islam le texte du De´calogue et ses e´ventuelles
re´percussions dans le Coran et les Hadiths.
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