LES LIAISONS FAIBLES Contrairement aux liaisons chimiques dont l’énergie varie de 100 à 800 kJ.mol-1 environ, les liaisons chimiques dites faibles mettent en jeu des énergies inférieures à 40 kJ.mol-1. Il s’agit d’interactions à courte distance entre les atomes ou les molécules sans échange d’électrons. On distingue deux types de liaisons chimiques faibles : les forces de Van der Waals et la liaison hydrogène. 1 Interactions de Van der Waals Les forces de Van der Waals sont des interactions attractives entre dipôles électrostatiques qui sont responsable de la cohésion des états condensés de la matière (liquides et solides). Ces interactions mettent en jeu des énergies de l’ordre de 0 à 20 kJ.mol-1. Trois contributions participent à l’interaction attractive : - interaction entre dipôles permanents ou interaction de Keesom ; - interaction dipôle permanent – dipôle induit ou interaction de Debye ; - interaction entre dipôles induits ou interaction de London. Plus les interactions de Van der Waals sont fortes, plus il faut d’énergie thermique pour briser la cohésion des molécules dans le liquide, ce qui se traduit par une température d’ébullition plus élevée. 1.1 Interactions de Keesom Les interactions de Keesom s’exercent entre deux molécules polaires, c’est-à-dire possédant un moment dipolaire permanent (ex : HCl, NO2, PH3…). Plus le moment dipolaire est grand et plus ces interactions seront importantes. Exemple : la propanone est une molécule ayant un moment dipolaire permanent. Elle constitue donc un dipôle électrique. L’extrémité négative d’un dipôle interagit avec un dipôle voisin en attirant son extrémité positive. Cette interaction explique la différence des températures d’ébullition du butane (θéb = - 0,5 °C) et de la propanone (θéb = 55 °C), pourtant de masses moléculaires voisines. Notons que le butane a un moment dipolaire nul (χC ≈ χH). 1.2 Interactions de Debye Les interactions de Debye s’établissent entre une molécule A présentant un moment dipolaire permanent et une molécule B apolaire. Le nuage électronique d’une molécule peut se déformer en présence d’un champ électrique ; cette déformation sépare le barycentre des charges négatives du barycentre des charges négatives, créant ainsi un dipôle induit. Le nuage électronique de la molécule B sera donc déformé en présence du champ électrique créé par la molécule polaire A, entraînant l’apparition d’un moment dipolaire induit dans B. La déformation du nuage électronique sous l’action d’un champ électrique est mesurée par une grandeur appelée polarisabilité. Plus le nuage électronique est gros (Z élevé), plus la polarisabilité est grande. Ainsi, I2 est plus polarisable que Cl2. 1.3 Interactions de London Egalement appelées forces de dispersion, les interactions de London interviennent dans toutes les espèces polaires ou apolaires. En effet, les électrons étant en mouvement continuel, chaque atome possède un moment dipolaire instantané qui induit à son tour un dipôle sur une autre molécule. Les interactions de London augmentent avec le numéro atomique Z, donc augmentent avec la taille des molécules. Exemple : effet de la masse moléculaire sur les températures d’ébullition de composés non polaires. D’après le tableau suivant, on constate que la température d’ébullition croît lorsque la masse moléculaire augmente : ceci est dû à l’augmentation des interactions de London. Composé M (g.mol-1) θéb (°C) N2 28 - 196 O2 32 - 183 F2 38 - 187 Cl2 71 - 34 Br2 160 + 59 2 Liaison hydrogène 2.1 Définition La liaison hydrogène met en jeu des interactions faibles (15 – 20 kJ.mol-1). Environ 10 fois plus intense que les forces de Van der Waals, elle reste néanmoins plus faible qu’une liaison covalente. C’est une liaison de type électrostatique, avec un faible (≈ 10%) caractère covalent. La liaison hydrogène s’établit entre un atome H et un autre atome B dans les conditions suivantes : - l’atome H présente une charge partielle positive δ+ car associé par liaison covalente à un atome A électronégatif ; - l’atome B est électronégatif (halogène, O, N, …) et porte une charge partielle négative δ- ainsi qu’un doublet non liant. Liaison H δ- δ+ δ- A H B La liaison hydrogène peut être intermoléculaire (entre deux molécules) ou intramoléculaire (au sein de la même molécule). 2.2 Influence sur les propriétés physico-chimiques 2.2.1 Température d’ébullition et de fusion L’ébullition et la fusion impliquent une augmentation de la mobilité des molécules. Cette augmentation du désordre est obtenue par rupture des interactions faibles entre les molécules. Ainsi, plus la force des interactions par liaisons hydrogène est grande, plus la température d’ébullition et de fusion est élevée. Exemple : température d’ébullition des chalcogénures d’hydrogène. La figure suivante présente l’évolution de la température d’ébullition des molécules de type H2X (X = O, S, Se et Te : éléments de la colonne 16) en fonction du numéro atomique Z de X. La température d’ébullition devrait augmenter avec la valeur de Z (augmentation de la masse molaire donc des interactions de Van der Waals). Ceci est le cas pour H2S, H2Se et H2Te ; en revanche, la température d’ébullition de H2O est anormalement élevée. En effet, des liaisons hydrogène peuvent s’établir uniquement dans le cas de H2O car les liaisons O – H sont fortement polarisées (la différence d’électronégativité entre H et S, Se et Te est insuffisante pour générer des liaisons polaires). La présence de ces liaisons hydrogène explique le surcroît énergétique nécessaire pour vaporiser l’eau. 2.2.2 Viscosité La viscosité, pouvant être assimilée à la résistance d’un fluide à l’écoulement, augmente avec l’énergie des liaisons hydrogènes. Exemple : l’acide orthophosphorique est un liquide très visqueux à température ambiante en raison de l’existence de nombreuses liaisons hydrogène.