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L'adhésion de l'Espagne franquiste à l'OECE
Source: CVCE. Francisco José Rodrigo Luelmo.
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Date de dernière mise à jour: 08/07/2016
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L’adhésion de l’Espagne franquiste à l’OECE
Francisco José Rodrigo Luelmo
Après la Seconde Guerre mondiale, la situation économique de l’Europe est catastrophique. En plus des
problèmes d’approvisionnement des peuples européens, les États du Vieux Continent sont à cours de
capitaux et de dollars, leurs balances des paiements sont déficitaires et leurs relations commerciales sont
exclusivement bilatérales. Dans ces conditions, afin d’éviter l’expansion en Europe occidentale du
communisme, qui pourrait tirer parti des pénuries, et de stimuler les investissements américains sur le Vieux
Continent au travers de la reconstruction des pays affectés par la guerre, les États-Unis lancent le plan
Marshall. En juillet 1947, le Comité de coopération économique européenne (CCEE) est créé dans le but de
distribuer les fonds en provenance de Washington.
Ce Comité suit les recommandations du plan Marshall et s’institutionnalise afin d’administrer et d’organiser
avec plus d’efficacité la répartition de l’aide américaine. Dans ce but, les pays appartenant au CCEE fondent
en avril 1948 l’Organisation européenne de coopération économique (OECE). Cette organisation est
considérée comme l’un des éléments à l’origine des Communautés européennes car elle est l’une des
premières à rassembler une grande partie des nations d’Europe occidentale. Outre la gestion des capitaux
envoyés par les États-Unis, l’OECE a d’autres objectifs: favoriser le marché libre, permettre les échanges
commerciaux entre les pays membres et promouvoir l’octroi de crédits pour faciliter la croissance
économique de l’Europe occidentale. Plus tard, en septembre 1950, l’Union européenne des paiements
(UEP) est créée sous l’égide de l’OECE afin de résoudre les problèmes monétaires de l’après-guerre,
d’établir un système de compensations multilatérales et d’octroyer des crédits aux pays endettés. Hormis
l’URSS et les États communistes, qui s’excluent eux-mêmes de ce processus, seuls deux pays européens ne
se retrouvent pas dans l’OECE: la Finlande et l’Espagne.
À cause de la nature autoritaire de son régime politique, l’Espagne n’est pas invitée à adhérer aux
organisations internationales formées après 1945, surtout à la suite des diverses résolutions prises par
l’Assemblée générale de l’ONU en 1946, qui condamnent la dictature franquiste et appellent ses membres à
isoler l’Espagne au plan international pour avoir collaboré avec les puissances fascistes pendant la Seconde
Guerre mondiale. L’OECE ne fait pas exception. Néanmoins, l’isolement de l’Espagne du commerce
international n’est pas uniquement dû à l’autoritarisme du régime du général Franco, mais également à la
politique autarcique et protectionniste menée par les autorités de Madrid, qui a pour effet d’éloigner les
éventuels investisseurs étrangers.
En 1950, toutefois, l’ONU modère l’isolement international de l’Espagne et accorde aux organisations
techniques une autonomie totale concernant l’admission de nouveaux membres. Le régime franquiste tire
avantage de ce changement. Par exemple, l’Espagne devient, en 1953, membre fondateur de la Conférence
européenne des ministres des transports, un organisme lié à l’OECE, ainsi que d’autres organisations de
nature technique sur le Vieux Continent.
Quant à l’OECE elle-même, elle se refuse encore à accueillir l’Espagne. L’appui de Washington sera décisif
pour que Madrid puisse atteindre son objectif d’adhésion à cette organisation. La signature des accords de
défense avec les États-Unis en 1953 et l’annulation des résolutions internationales contre la dictature
franquiste permettent à l’Espagne d’entrer à l’ONU en 1955. De même, on facilite l’adhésion progressive de
l’Espagne à d’autres organismes internationaux tels que l’OECE. Dans ce dernier cas, toutefois, l’adhésion
se fera progressivement car Madrid doit entreprendre une série de réformes économiques pour que le pays
puisse être admis comme membre à part entière.
En janvier 1956, à l’heure d’évaluer la demande d’adhésion de l’Espagne, le Conseil de cette organisation
économique paneuropéenne recommande à l’OECE d’étudier en détail la situation économique de ce pays,
sa balance des paiements et sa réglementation commerciale. Il crée donc un groupe de travail ad hoc afin
d’analyser tous ces sujets. Au fur et à mesure de son analyse, ce groupe de travail constate que l’économie
espagnole n’est pas encore en mesure de satisfaire aux conditions imposées par l’OECE. On propose dès
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lors à l’Espagne un statut provisoire d’«État associé», comme les États-Unis et le Canada; ainsi, le
10 janvier 1958, l’accord d’association entre l’Espagne et l’OECE est signé. À peine un an et demi plus tard,
le 20 juillet 1959, l’Espagne acquiert le statut de membre à part entière de l’OECE. À ce moment,
l’Organisation européenne de coopération économique, aux côtés du FMI et par une assistance technique et
financière, a déjà aidé l’Espagne à élaborer son plan de stabilisation de 1959. Ce plan établit les mécanismes
de libéralisation économique nécessaires à l’intégration du pays à cette organisation européenne. Par la suite,
l’Espagne participe, en qualité d’État membre de l’OECE, à la fondation de l’organisation qui allait succéder
à celle-ci, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’OCDE, qui fut créée
le 14 décembre 1960 et dont le siège se trouve à Paris, allait compter les États-Unis et le Canada dans ses
membres à part entière.
L’adhésion à l’OECE aura donc deux conséquences fondamentales pour l’Espagne: en premier lieu, les
autres pays européens se rapprochent du régime de Franco afin de promouvoir à la fois le développement de
son économie et celui des investissements étrangers. Leur espoir est que la libéralisation économique
mènerait à une libéralisation politique. En deuxième lieu, le régime franquiste est obligé de modifier sa
politique économique pour l’adapter, à des degrés divers, aux normes imposées par l’OECE et au régime du
marché libre, même si l’État, par le biais d’un secteur public puissant, conserve une influence prépondérante
dans l’économie espagnole.
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