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Le plan Marshall et la création de l'OECE
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Date de dernière mise à jour: 07/07/2016
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Le plan Marshall et la création de l’OECE
En même temps, le secrétaire d’État américain, George C. Marshall, s’inquiète de la mauvaise
situation économique de l’Europe. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les échanges
commerciaux intereuropéens sont en effet ralentis par le manque de devises et souffrent de
l'absence d'une organisation économique internationale capable d'organiser efficacement le
commerce mondial.
Les États-Unis, qui ont le plus grand intérêt à favoriser ces échanges pour gonfler leurs
exportations, envisagent dès lors de relever l'économie européenne via un programme structurel
d'envergure. Pour eux, il s'agit de protéger la prospérité américaine et d'éloigner le spectre de la
surproduction nationale. Mais la volonté des États-Unis d'accorder une aide économique massive à
l’Europe trouve également son origine dans des préoccupations politiques. La peur de l'expansion
communiste en Europe occidentale est sans doute un facteur décisif tout aussi important que la
conquête de marchés nouveaux. Les Américains proposent donc de lutter contre la misère et la
faim en Europe qui, selon eux, entretiennent le communisme.
Ainsi, dans un discours qu'il prononce le 5 juin 1947 à l'Université Harvard de Cambridge, le
général Marshall propose à tous les pays d'Europe une assistance économique et financière
conditionnée par une coopération européenne plus étroite. C'est le plan Marshall ou le European
Recovery Program (ERP).
Très intéressées, la France et la Grande-Bretagne convoquent trois semaines plus tard à Paris une
conférence à laquelle ils convient aussi l'URSS dans le but d'élaborer un programme commun en
réponse à l'offre du général Marshall. Mais Viatcheslav Molotov, ministre russe des Affaires
étrangères, refuse catégoriquement le moindre contrôle international et s'oppose au relèvement
économique de l'Allemagne.
L'Union soviétique rejette définitivement l'offre Marshall et dissuade ses pays satellites et la
Finlande voisine de solliciter l'aide américaine. Ceux qui étaient intéressés, comme la Pologne et
la Tchécoslovaquie, doivent s’incliner. Ce refus approfondit la coupure entre l'Est et l'Ouest de
l'Europe.
Finalement, seize pays s'empressent d'accepter le plan Marshall: Autriche, Belgique, Danemark
(avec les îles Féroé et le Groenland), France, Grèce, Irlande, Islande, Italie (et Saint-Marin),
Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal (avec Madère et les Açores), Royaume-Uni, Suède,
Suisse (avec le Liechtenstein) et Turquie. Ils mettent immédiatement sur pied un Comité de
coopération économique européenne (CCEE) qui dresse un rapport fixant les tâches prioritaires de
l'économie européenne. Mais les Américains exigent que ces pays assurent eux-mêmes la gestion
et la redistribution des fonds. Le CCEE prévoit alors la création d'un organisme permanent de
coopération. Le 16 avril 1948, les seize pays signent à Paris la Convention qui y établit
l'Organisation européenne de coopération économique (OECE). L'Allemagne de l'Ouest et le
territoire de Trieste les rejoignent en 1949. Les colonies et les territoires extraeuropéens des pays
de l'OECE y sont représentés par les métropoles, les États-Unis et le Canada. Bien qu'ils ne soient
pas membres de l'Organisation, ils participent aussi à tous ses travaux. L'OECE est donc de facto
une organisation à vocation mondiale. En 1960, après l'adhésion effective des États-Unis et du
Canada, elle devient d'ailleurs l'Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) qui connaît par la suite de nouveaux élargissements.
Les États-Unis adoptent en avril 1948 une loi d'assistance étrangère qui crée l'Administration de
coopération économique, l'Economic Cooperation Administration (ECA) qui gère le plan
Marshall. Ils décident d'envoyer un représentant permanent en Europe et d'établir des missions
spéciales auprès de chacun des pays bénéficiaires. Des accords bilatéraux sont passés entre chaque
pays et les États-Unis.
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Le programme de relèvement européen se répartit à la fois en subsides et en prêts pour un montant
global d'environ 13 milliards de dollars distribués entre avril 1948 et juin 1951. Au-delà des
investissements de modernisation, l'aide américaine est avant tout utilisée pour acheter les
marchandises indispensables aux économies européennes: produits alimentaires et agricoles,
matières premières, outillages et équipements industriels. Les États-Unis affectent également des
dollars au développement de la production de matériaux stratégiques dans les colonies
européennes où les Américains veulent barrer la route au communisme. En octobre 1948, l'OECE
met d'ailleurs sur pied un Comité des territoires d'outre-mer (CTO) qui, à travers un fonds spécial
TOM, incite les pays européens à coopérer avec les États-Unis pour le développement de
l'Afrique.
L'importance politique du plan Marshall ne doit pas être sous-estimée. Par ce soutien, le président
américain Harry Truman veut aider les peuples libres d'Europe à résoudre leurs problèmes
économiques. Mais il s'agit aussi de faire barrage au communisme qui semble menacer des pays
tels que la France et l'Italie. Cette stratégie se révèle payante puisqu'aux élections d'avril 1948, la
démocratie chrétienne l'emporte nettement sur le Parti communiste italien jusque-là si influent. Le
plan Marshall s'accompagne d'ailleurs d'une intense propagande. C'est ainsi qu'un «train pour
l'Europe», rempli de vivres et de denrées alimentaires, sillonne les pays bénéficiaires pour y
exposer les projets entrepris et les résultats engrangés. La presse et les médias audiovisuels sont
également mis à contribution. Car le plan de relèvement européen est bien une arme de la guerre
froide. Mais le plan Marshall marque aussi l'entrée de l'Europe occidentale dans la société de
consommation, symbolisée, par exemple, par le Coca Cola et les films hollywoodiens. Dès 1948,
l'OECE négocie un accord multilatéral de paiements intereuropéens suivi, en 1949, d'un code de
libération des échanges. De juillet 1950 à décembre 1958, une Union européenne des paiements
(UEP) rétablit la convertibilité des monnaies européennes et lève les restrictions quantitatives des
échanges. L'OECE favorise également la productivité économique en Europe via l'Agence
européenne de productivité qu'elle institue en 1953 pour étudier et diffuser les nouvelles avancées
techniques applicables au secteur industriel. En rassemblant initialement les pays démocratiques
européens dotés d'une économie de marché, l'OECE constitue une première étape importante sur
la voie de l'unification européenne. Elle demeure toutefois un organe de coopération
intergouvernementale qui ne parvient pas à créer une union douanière.
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