Le plan Marshall et la création de l’OECE
En même temps, le secrétaire d’État américain, George C. Marshall, s’inquiète de la mauvaise
situation économique de l’Europe. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les échanges
commerciaux intereuropéens sont en effet ralentis par le manque de devises et souffrent de
l'absence d'une organisation économique internationale capable d'organiser efficacement le
commerce mondial.
Les États-Unis, qui ont le plus grand intérêt à favoriser ces échanges pour gonfler leurs
exportations, envisagent dès lors de relever l'économie européenne via un programme structurel
d'envergure. Pour eux, il s'agit de protéger la prospérité américaine et d'éloigner le spectre de la
surproduction nationale. Mais la volonté des États-Unis d'accorder une aide économique massive à
l’Europe trouve également son origine dans des préoccupations politiques. La peur de l'expansion
communiste en Europe occidentale est sans doute un facteur décisif tout aussi important que la
conquête de marchés nouveaux. Les Américains proposent donc de lutter contre la misère et la
faim en Europe qui, selon eux, entretiennent le communisme.
Ainsi, dans un discours qu'il prononce le 5 juin 1947 à l'Université Harvard de Cambridge, le
général Marshall propose à tous les pays d'Europe une assistance économique et financière
conditionnée par une coopération européenne plus étroite. C'est le plan Marshall ou le European
Recovery Program (ERP).
Très intéressées, la France et la Grande-Bretagne convoquent trois semaines plus tard à Paris une
conférence à laquelle ils convient aussi l'URSS dans le but d'élaborer un programme commun en
réponse à l'offre du général Marshall. Mais Viatcheslav Molotov, ministre russe des Affaires
étrangères, refuse catégoriquement le moindre contrôle international et s'oppose au relèvement
économique de l'Allemagne.
L'Union soviétique rejette définitivement l'offre Marshall et dissuade ses pays satellites et la
Finlande voisine de solliciter l'aide américaine. Ceux qui étaient intéressés, comme la Pologne et
la Tchécoslovaquie, doivent s’incliner. Ce refus approfondit la coupure entre l'Est et l'Ouest de
l'Europe.
Finalement, seize pays s'empressent d'accepter le plan Marshall: Autriche, Belgique, Danemark
(avec les îles Féroé et le Groenland), France, Grèce, Irlande, Islande, Italie (et Saint-Marin),
Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal (avec Madère et les Açores), Royaume-Uni, Suède,
Suisse (avec le Liechtenstein) et Turquie. Ils mettent immédiatement sur pied un Comité de
coopération économique européenne (CCEE) qui dresse un rapport fixant les tâches prioritaires de
l'économie européenne. Mais les Américains exigent que ces pays assurent eux-mêmes la gestion
et la redistribution des fonds. Le CCEE prévoit alors la création d'un organisme permanent de
coopération. Le 16 avril 1948, les seize pays signent à Paris la Convention qui y établit
l'Organisation européenne de coopération économique (OECE). L'Allemagne de l'Ouest et le
territoire de Trieste les rejoignent en 1949. Les colonies et les territoires extraeuropéens des pays
de l'OECE y sont représentés par les métropoles, les États-Unis et le Canada. Bien qu'ils ne soient
pas membres de l'Organisation, ils participent aussi à tous ses travaux. L'OECE est donc de facto
une organisation à vocation mondiale. En 1960, après l'adhésion effective des États-Unis et du
Canada, elle devient d'ailleurs l'Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) qui connaît par la suite de nouveaux élargissements.
Les États-Unis adoptent en avril 1948 une loi d'assistance étrangère qui crée l'Administration de
coopération économique, l'Economic Cooperation Administration (ECA) qui gère le plan
Marshall. Ils décident d'envoyer un représentant permanent en Europe et d'établir des missions
spéciales auprès de chacun des pays bénéficiaires. Des accords bilatéraux sont passés entre chaque
pays et les États-Unis.