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Retour sur le développement
pays en développement en apportant une assistance technique, financière et
militaire. De nombreux pays nouvellement indépendants rejoignent le groupe des
non–alignés (emmené par l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique et la Yougoslavie),
qui souhaitent conserver leur neutralité vis–à–vis de l’Est et de l’Ouest.
A cette époque, les flux de capitaux privés sont peu abondants et les ONG
marginales. C’est pourquoi le financement public a une telle importance. Sur
l’initiative de l’administration Eisenhower, un Groupe d’aide au développement
est créé afin de préparer le terrain au Comité d’aide au développement (CAD) de
la nouvelle organisation.
Ce Groupe d’aide au développement se compose de douze pays d’Europe,
du Canada, des États–Unis et du Japon. Il se réunira à cinq reprises, à Washington
(mars et octobre 1960), à Bonn (juillet 1960), à Londres (mars 1961) et à Tokyo
(juillet 1961). Je suis alors le secrétaire du groupe, dont la première mission
consiste à mettre en place un système complet de comptes–rendus statistiques
permettant de suivre les divers flux de moyens de financement en direction des
pays en développement (prêts et dons publics, crédits privés, achats obligataires,
investissements direct et en actions, garanties de crédit à l’exportation, etc.), qui
sont appelés à se développer, et en provenance de chaque pays membre. La
plupart des pays n’ont pas de vision globale de ces flux. Une évaluation grossière
est possible à partir des données des balances des paiements, mais il faut solliciter
les banques centrales, les ministères des Finances, les organismes de crédit à
l’exportation, la Banque mondiale et le FMI pour parvenir à décomposer ces flux
en différentes catégories. Les résultats sont souvent surprenants : ainsi, les flux en
provenance de la France sont proportionnellement largement supérieurs à ceux
émanant des États–Unis ; en revanche, et cela ne surprend personne, l’Allemagne,
le Japon et la Scandinavie envoient des sommes relativement faibles. La première
enquête, portant sur Les flux financiers destinés aux pays sur la voie du
développement économique, est réalisée en un temps record et publiée en avril
1961. Elle fixe les grandes lignes directrices qui sont utilisées encore aujourd’hui
par le Comité d’aide au développement pour collecter des données auprès de
ses pays Membres.
Une seconde enquête est présentée lors de la cinquième réunion du Groupe
d’aide au développement à Tokyo, en juillet 1961. Elle met en évidence les
différents types de flux financiers destinés à 60 pays et propose certains
indicateurs : croissance et niveau du PIB, formation intérieure de capital et épargne,
poids de la dette publique, recettes des exportations, taux d’alphabétisation et
démographie. Nous disposons là d’un outil fondamental pour l’analyse du rôle
de l’aide et des flux de capitaux dans le développement économique, même s’il
est évident que cette enquête doit être suivie d’une analyse plus détaillée de
l’efficience de la politique économique dans la répartition des ressources, tâche
que les fondateurs pensent confier au Centre de Développement.