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L’American College of Chest Physician, dans son consensus
de 2008 (Chest 2008), recommande l’utilisation de la TBP
pharmacologique pour diminuer de façon significative les
événements thromboemboliques (grade 1A)3. Sans TBP,
l’incidence de TVP acquise en milieu hospitalier est approxi-
mativement 10 % à 40 % en soins médicaux. L’objectif prin-
cipal de la TBP est la réduction de la mortalité et de la mor-
bidité associée à l’embolie pulmonaire et secondairement, la
réduction de la TVP proximale de par son association étroite
avec l’incidence d’embolie pulmonaire et du syndrome
postphlébitique. En troisième lieu, la TBP permet aussi la
prévention de la TVP distale. Bien que celle-ci soit moins
importante sur le plan de la mortalité hospitalière, elle peut
cependant être associée à l’insuffisance veineuse chronique.
Identification des patients à risque de thromboembolie
veineuse
Les facteurs de risque de thrombose veineuse acquis et
congénitaux sont cumulatifs. Certaines thrombophilies
héréditaires prédisposent au développement de TEV. Entre
autres, la déficience en antithrombine et la mutation du fac-
teur V de Leiden ont été décrites comme des facteurs de
risque importants7. Le risque de TEV double à chaque
décennie chez les patients à partir de l’âge de 40 ans8.
L’immobilisation est fréquente autant durant le séjour hos-
pitalier qu’après le congé de l’hôpital et contribue de manière
importante au risque de TEV. Son impact, pris de façon
isolée, est difficile à établir compte tenu des comorbidités
associées et de la définition variable de ce facteur de risque.
L’obésité, définie par un indice de masse corporelle supé-
rieur à 30 kg/m2, augmente de 1,5 à 3 fois le risque de TEV9.
L’installation de cathéters veineux centraux est associée à
une augmentation du risque de TEV dans le réseau veineux
du cathéter, ce qui peut mener à des embolies pulmonaires10.
Par contre, la majorité des événements sont asymp-
tomatiques et de signification clinique incertaine. En ce qui
concerne l’hormonothérapie, les contraceptifs de deuxième
et de troisième génération augmentent respectivement le
risque de TEV de trois à quatre fois. Le risque est principale-
ment influencé par la durée d’utilisation et par la dose
d’oestrogène11. Chez les femmes recevant une
hormonothérapie substitutive, un risque de TEV quatre fois
supérieur a été observé. Une étude de cohorte population-
nelle mentionne que les maladies inflammatoires aigues
de l’intestin sont associées à un risque trois fois supérieur
de TVP et EP12. Une sous-analyse de l’étude MEDENOX
(The prophylaxis in medical patients with enoxaparin) a rap-
porté que l’incidence de TVP chez les patients hospitalisés
dans le cadre d’une infection sérieuse était de 15,5 %
lorsque aucune TBP n’était administrée13,14. Le syndrome
antiphospholipide se manifeste parfois par la présence
d’une thrombose veineuse ou artérielle ou par la présence de
morbidités obstétricales telles les pertes fœtales à répétition
ou la mort in utero. La thrombocytopénie induite par
l’héparine (TIH), peut contribuer au développement de TEV
de l’ordre de 36 % à 52 %15.
Les patients hospitalisés en soins médicaux sont à risque
de TEV de par les pathologies pour lesquelles ils sont traités.
L’infarctus du myocarde est associé à une incidence de
TEV pouvant aller jusqu’à 24 %, variable en fonction du
degré d’anticoagulation nécessaire pour traiter la pathologie
coronarienne3. Cette forte incidence est reliée au fait que les
patients sont plus âgés, immobilisés et qu’ils peuvent
développer de l’insuffisance cardiaque. De plus, l’obésité,
souvent présente chez ces patients, peut causer une stase
veineuse aux membres inférieurs3. L’insuffisance cardia-
que et respiratoire contribue également à l’augmentation du
risque thromboembolique16. Chez les patients en phase aiguë
d’AVC ne recevant pas de TBP, une analyse a montré que la
prévalence de TVP est de 53 % et celle d’EP de 6 %. Un
épisode passé de thromboembolie est considéré comme
étant un puissant facteur de risque de récurrence3. Le risque
de thrombose chez les patients atteints d’un cancer est sept
fois supérieur17. Ce risque augmente davantage en relation
avec les traitements chirurgicaux, radio-oncologiques,
chimiothérapeutiques ou hormonaux. Un cancer actif compte
pour 20 % des nouveaux épisodes de TEV diagnostiqués6.
La TEV est l’une des complications les plus fréquentes chez
les patients atteints de cancer et représente une problémati-
que particulière puisque ces patients sont également à risque
accru de saignement. Les sites tumoraux présentant les plus
grands risques de TEV sont le cerveau, l’ovaire, le pancréas,
le colon, l’estomac, les poumons, la prostate et le rein3,17.
Moyens mécaniques
Le but des méthodes mécaniques est de s’opposer à la
stase veineuse pour accélérer le flux sanguin dans les
membres inférieurs. Les moyens mécaniques actuellement
disponibles sont la contention élastique (bas de support) et la
compression pneumatique intermittente. Les moyens
mécaniques ont un effet additif au traitement antithromboti-
que justifiant leur emploi combiné dans certaines circonstan-
ces à très haut risque6. Lorsque l’utilisation des antithrombo-
tiques est contre-indiquée, ou que les risques hémorragiques
surpassent les bénéfices, la prévention par les moyens
mécaniques est parfois la seule alternative.
Mesures pharmacologiques
Les antithrombotiques sont employés dans le but de pré-
venir la formation de thrombus veineux ou à la limite d’en