Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 2, mars-avril 2001
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de de 4 semaines (augmentation de 10,8 %
pour l’hématocrite, 9,2 % pour la VO2 max
et un abaissement du nombre de battements
cardiaques de 177 à 168/mn) (2). En
conclusion, il ne fait aucun doute que l’ad-
ministration de r-HuEpo présente un intérêt
concernant l’amélioration de la performan-
ce dans les épreuves d’endurance où l’exer-
cice est en relation avec la VO2 max.
Dépistage de l’utilisation
de la r-HuEpo chez le sportif
Bien qu’inscrite sur la liste des substances
dopantes publiée par le ministère de la
Jeunesse et des Sports en juin 1989, elle
apparaît sur la liste du Comité international
olympique (CIO) en avril 1990 et sur celle
de l’Union cycliste internationale (UCI) en
1991. Le dopage à la r-HuEpo n’était alors
pas recherché, faute de méthode validée.
Le dépistage de l’utilisation illicite de cette
substance se heurte à plusieurs difficultés,
à savoir :
– la demi-vie très courte du composé ;
–l’absence de toute accumulation même
lors d’administrations itératives ;
–les effets durables, la polyglobulie sub-
sistant plusieurs semaines après arrêt du
traitement ;
–l’homologie presque parfaite entre
r-HuEpo et EPO endogène.
Devant le danger que représentait la prise
de cette substance (des hématocrites supé-
rieurs à 60 % ont été relevés chez des
cyclistes et des taux d’hémoglobine de 20 à
22 g/dl chez des skieurs de fond), deux
organismes internationaux, l’UCI et la
Fédération internationale de ski nordique,
avaient décidé de “mettre au repos”, mais
sans sanction, tout athlète pris soit avec un
hématocrite supérieur à 50 % pour le
cyclisme, soit avec un taux d’hémoglobine
supérieur à 18,5 g/dl pour les épreuves de
ski nordique. Fixer des critères de positivi-
té n’est cependant pas une bonne solution,
d’une part, à cause de la grande variation
physiologique de ces paramètres qui
conduit à choisir des valeurs élevées,
d’autre part, parce qu’il est très facile pour
un athlète de faire baisser son taux d’hé-
matocrite ou d’hémoglobine juste avant un
contrôle, par simple perfusion de sérum
physiologique.
Concernant le contrôle antidopage, il est
évident que la détermination du taux plas-
matique ou urinaire de l’EPO, très variable
d’un sportif à l’autre et variant aussi selon
les circonstances, ne permet pas l’affirma-
tion d’un dopage.
Pour dépister son utilisation illicite, deux
solutions ont été proposées : l’une, qui peut
être qualifiée de “méthode indirecte”, est
fondée sur la mise en évidence de modifi-
cations physiologiques spécifiques appa-
raissant pendant et après un traitement à la
r-HuEpo, l’autre, dite “méthode directe”,
consistant à différencier l’hormone recom-
binante de l’hormone physiologique.
Les méthodes indirectes
Un traitement à la r-HuEpo s’accompagne
d’une variation du nombre des réticulo-
cytes (augmentation pendant le traitement,
chute en dessous des valeurs normales
quelques jours après l’arrêt), et d’une aug-
mentation de l’hématocrite. D’autres para-
mètres biologiques sont également modi-
fiés. Dès 1992, Beguin avait proposé le
dosage sérique du récepteur soluble de la
transferrine (sTfR), en tant que mesure
quantitative de l’érythropoïèse (3). Ce
récepteur est une forme tronquée du récep-
teur de la transferrine issue d’un clivage
protéolytique de son domaine extracellu-
laire. Quatre-vingts pour cent des récep-
teurs solubles proviennent de la moelle
osseuse où ils sont relâchés par les précur-
seurs érythroïdes et par les réticulocytes.
Le taux sérique du sTfR est modifié dans
deux circonstances : il augmente lors d’un
déficit en fer et il varie en fonction du
nombre de précurseurs érythroïdes en pro-
lifération et différenciation.
On doit à Gareau et al. (4, 5) l’idée de l’uti-
lisation de ce paramètre dans le dépistage
d’un dopage à la r-HuEpo. En effet, un
hématocrite élevé associé à un taux sérique
de sTfR élevé constitue un bon indicateur
de la prise de r-HuEpo chez un sportif, ce
dernier paramètre étant insensible à l’effort
physique et à l’effet de l’altitude. Toute-
fois, deux paramètres, biologiques de sur-
croît, ont été jugés insuffisants pour justi-
fier un dopage à la r-HuEpo.
D’autre part, Casoni et al. (6) avaient noté
la présence de valeurs élevées de macro-
cytes (> 120 fl) hypochromes (< 28 pg)
chez plusieurs sujets recevant de la r-HuEpo.
Mais des résultats contradictoires, avec
diminution du VGM chez les patients ané-
miques hémodialysés (7) ou sans change-
ment du VGM, lors d’administrations
concomitantes d’hormone recombinante et
de fer à des volontaires sains, ont été rap-
portés (8).
Lors d’une étude de deux mois, réalisée sur
10 sportifs de très bon niveau régional,
consistant en l’administration sous-cutanée
de doses journalières d’EPO (50 UI/kg) et
de fer
per os (200 mg/j), et d’un suivi bio-
logique jusqu’au retour aux valeurs de base
des paramètres hématologiques, Audran et
al. (2) ont confirmé l’intérêt de la mesure
de l’hématocrite, des réticulocytes, du taux
sérique du sTfR (ou du rapport sTfR/pro-
téines) et de celui de l’EPO dans le con-
trôle d’un dopage à l’EPO. Une étude sem-
blable, mais plus complète a été menée en
Australie par Parisotto et al. (9). Il s’agis-
sait d’une étude en double aveugle, au
cours de laquelle était administré r-HuEpo
(50 UI/kg, en SC, 3 fois par semaine pen-
dant 25 jours) ou de sérum physiologique,
accompagné de prise de fer soit par voie
IM (100 mg, une fois/semaine), soit per os
(105 mg/jour). Les paramètres étudiés
étaient : l’hématocrite, l’hématocrite réti-
culocytaire, le VGM et les taux sériques
d’EPO et de sTfR. Les sujets ont égale-
ment été suivis 4 semaines après arrêt des
administrations. Les auteurs ont pu, sur la
base de leurs résultats, établir deux
modèles statistiques combinant ces diffé-
rents marqueurs, et permettant de détecter
la prise de l’hormone recombinante. Le