ACTES DE LA TABLE RONDE PRÉPARATOIRE N° 3 : LA BONNE GOUVERNANCE : OBJET ET CONDITION DU FINANCEMENT
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Procédures contradictoires, dialogue et publicité
Là aussi l’expérience, en particulier des procédures onusiennes, confirme l’importance du recours à des procé-
dures contridictoires tant pour répondre à une exigence de principe que pour les vertus protectrices de telles
procédures. Le contradictoire est ainsi vecteur d’amélioration, dans la seule limite où le dialogue ne devient pas
une fin en soi, mais une étape dans un processus.Au surplus, tout système fermé sans étape périodique
d’évaluation publique « se mord la queue. ». La publicité crédibilise l’instance d’évaluation (transparence),
renforce le dialogue entrepris et, le cas échéant, facilité la bonne compréhension des mesures de sanction prises.
La critériologie et la fiabilité des indicateurs.
A nouveau ici, nous plaidons pour que les normes internationales soient systématiquement utilisées comme
instruments de mesure et d’évaluation. Je voudrais prendre un exemple : je parlais tout à l’heure du droit à la
participation, du rôle de la société civile, des ONG de défense des droits de l’Homme.Dans ce domaine, la liberté
d’association et d’expression est garantie en droit positif. Aux Nations Unies, les Etats ont adopté un régime de
la liberté de défense des droits humains localement et internationalement, le 9 décembre 1998 à l’Assemblée
générale. La Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme pose les obligations des Etats en matière de
garantie et de respect des libertés d’association et d’expression. Elle pose aussi le droit pour chacun de détenir,
de rechercher, d’obtenir, de recevoir des informations ; de les publier, de les communiquer librement y compris
à travers les médias, d’appeler l’attention du public sur ces questions ; d’utiliser les voies de recours, de porter
plainte, de se plaindre des politiques et de l’action des fonctionnaires de l’organe de l’Etat.
Toute la critériologie existe, universellement garantie.Il devrait s’agir du principal référentiel des mécanismes
d’évaluation touchant à ces domaines.
4. LA VOLONTÉ POLITIQUE
S’interroger sur la bonne gouvernance et la conditionnalité, au delà des questions conceptuelles et méthodo-
logies, c’est enfin – ce devrait être d’abord – soulever la question de la volonté politique indispensable au
changement.
Pourquoi un nombre considérable d’Etats se proclamant de la bonne gouvernance sont-ils en train de restreindre,
aujourd’hui, le droit aux libertés d’association et d’expression sous des motifs parfois légitimes et en particulier
la lutte contre le terrorisme, mais en réalité détournés de leur objectif premier pour restreindre des libertés
aussifondamentales. Pourquoi, dans quatre vingts Etats officiellement soucieux de bonne gouvernance, la Décla-
ration de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’Homme que j’évoquais plus tôt est-elle quotidiennement violée ?
Pourquoi le protocole additionnel portant création de la Cour pénale africaine a-t-il tant tardé à recueillir les
quinze ratifications nécessaires à son entrée en vigueur ?
Quand on sait l’importance du problème de l’impunité, parfaitement antinomique des objectifs de sécurité juridique
et de démocratisation, pourquoi le mécanisme du chapitre 5 de la Déclaration de Bamako adoptée par la Franco-
phonie connaît il des problèmes de mise en œuvre aussi importants ?
On en revient toujours à la question de la volonté politique.
En conclusion, les concepts de bonne gouvernance et l’outil de la conditionnalité – ou des engagements réci-
proques – nous paraissent manquer encore de crédibilité et d’effectivité. Pour y remédier et témoigner de l’exis-