Corpus Médical– Faculté de Médecine de Grenoble
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Cancer du pancréas (155)
Professeur Jacques FOURNET
Avril 2003
Pré-Requis :
Rapports anatomiques du pancréas
Voie de drainage lymphatique.
Sémiologie de la douleur pancréatique.
Syndrome cholestatique.
Résumé :
Avec 4000 nouveaux cas par an en France, le cancer du pancréas n'est pas un cancer
très fréquent, mais est un cancer particulièrement redoutable par sa gravité. 15 %
seulement peuvent bénéficiés d'une résection chirurgicale à visée curative. A peine 5 %
sont guéris. La chimiothérapie palliative est en légère progression. Aucun élément de
prévention ou de dépistage n'existe. Quelques tumeurs bénignes kystiques du pancréas
peuvent bénéficier d'une exérèse avant leur dégénérescence.
Mots-clés :
Adénocarcinome pancréatique.
1. Introduction
Le cancer du pancréas le plus fréquent est l’adéno-carcinome pancréatique (développé à partir
des cellules canalaires). Sa fréquence augmente. Incidence 5 à 10/100.000 habitants par an.
Sex ratio 2, âge moyen 55 ans. Pronostic : le plus souvent catastrophique. Les pancréatites
chroniques représentent un faible risque de dégénérescence. Lésions rares : kystes mucineux -
ectasie canalaire mucineuse ont un potentiel de dégénérescence élevée.
2. Circonstance de découverte
Le cancer du pancréas s’observe essentiellement chez l’homme après 50 ans.
2.1. Un ictère cutanéo-muqueux
Cet d’ictère rapidement progressif et continu avec urines foncées et selles décolorées,
typiquement ictère cholestatique.
2.2. Des douleurs pancréatiques
Elles sont plus rares dans la tête du pancréas que dans les autres localisations, notamment
corporéales.
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2.3. Une altération de l’état général
Anorexie (surtout pour les viandes), dyspepsie d’apparition récente, asthénie, perte de poids
souvent massive, parfois une thrombose veineuse profonde.
2.4. Rarement un tableau de pancréatite aiguë (Sténose du
Wirsung), une hypertension portale segmentaire, une sténose
duodénale.
2.5. Des métastases dans 30 à 40 % des cas
Métastases hépatiques +++, péritonéales (carcinose péritonéale), pulmonaires, cérébrales,
etc…
3. Diagnostic
3.1. Examen clinique
Les signes sont inconstants :
une grosse vésicule en cas d’ictère par cancer de la tête du pancréas
une tumeur épigastrique palpable (rare)
par ailleurs signes de métastases hépatiques ou péritonéales
3.2. Examens biologiques d’orientation
Dosage du marqueur CA 19-9 fréquemment augmenté ni très sensible ni spécifique
Dosage de la bilirubine
Dosage de phosphates alcalines : leur augmentation signe la cholestase.
3.3. Examens morphologiques
Echographie abdominale : peut révéler la masse tumorale pancréatique. Et d’emblée
dans 30-40 % des cas des métastases hépatiques (cytoponction pour histopathologie
sur les métastases).
Surtout tomodensitométrie avec injection de produit de contraste avec
acquisition spiralée : hypertrophie hétérogène hypovascularisée du pancréas
associée à une irrégularité des contours (syndrome tumoral).
Echo-endoscopie pancréatique : permet la détection de tumeur pancréatique de
petite de petite taille < 3 cm ou en ce cas seulement elle est supérieure à la
tomodensitométrie.
La ponction du pancréas échoguidée a provoquée parfois des métastases sur le trajet
de ponction externe. Elle est réservée de ce fait pour obtenir la certitude du diagnostic
dans les cas non résécables ou inopérables. La clinique et les examens
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morphologiques permettent souvent de proposer l’intervention chirurgicale d’emblée
dans les tumeurs estimées résécables après bilan d’extension. Le diagnostic
histopathologique indispensable est alors fait en extemporanée après laparotomie.
La cholangiographie rétrograde endoscopique n’a plus d’indication diagnostique.
Elle est utile pour la mise en place d’une éventuelle prothèse biliaire ou pancréatique
dans les formes non résécables ou inopérables.
3.4. Les difficultés diagnostiques
Le diagnostic précoce de cancer du pancréas est très décevant : intérêt potentiel de
l’échoendoscopie (ex : pancréatite aiguë inexpliquée, secondaire à un petit cancer).
Le syndrome douloureux peut être moins évocateur et simuler une colopathie, une
affection rhumatismale, une affection gynécologique (en cas d’irradiation douloureuse
basse pelvienne).
3.5. Le diagnostic différentiel
Entre cancer du pancréas et pancréatite chronique se pose rarement mais la distinction
entre les deux affections est difficile, pouvant conduire à une laparotomie à visée
diagnostique où la distinction n’est pas toujours évidente. (PCH hypertrophique)
Diagnostic avec d’autres tumeurs du pancréas :
o exocrines malignes : cystadénocarcinomes, cancers épidermoïdes, sarcomes,
lymphomes
o bénignes : adénomes ou cystadénomes (mucineux ou séreux).
o tumeurs endocrines (nésidioblastomes) rares : insulinome, gastrinome, (ZE)
plus rarement encore glucanome, vipome, somatostatinome
o métastases pancréatiques d’un autre cancer
4. Bilan d’extension
4.1. Clinique
Hépatomégalie tumorale, ganglion de Troisier, ascite (carcinose péritonéale)
4.2. Paraclinique
Radio-pulmonaire : recherche de métastases
TDM abdominale (scanner à acquisition spiralée avec injection de produit de
contraste permettant l’opacification vasculaire) : permet le bilan d’extension loco-
régional.
o L’analyse surtout des vaisseaux après injection permet de juger de
l’envahissement vasculaire artériel et veineux qui contre indiquent une
intervention à visée curative.
o Elle permet en outre de rechercher des ganglions (sensibilité très moyenne),
des métastases hépatiques, une ascite de faible abondance.
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L’échoendoscopie peut permettre l’exploration des ganglions de proximité du
pancréas (peu sensible pour les ganglions à distance), et une exploration des vaisseaux
veineux notamment : intérêt pour les petits cancers.
5. Traitement
Schéma : pronostic du cancer du pancréas
(J. Fournet)
5.1. Traitement chirurgical
Le seul traitement à visée curative est chirurgical : exérèse (duodéno-pancréatectomie
céphalique ou spléno-pancréatectomie gauche) avec curage ganglionnaire.
L’exérèse à visée curatrice n’est possible que dans 10 % des cas au maximum. Le
bilan d’extension ne permet pas toujours de prévoir l’étendue des lésions néoplasiques
; il ne permet qu’une estimation de l’extirpabilité (TDM- échoendoscopie).
mortalité opératoire : 5%
5 % des patients guérissent après exérèse chirurgicale à visée curative.
5.2. Traitement palliatif
Dérivation chirurgicale biliaire et digestive (tumeur laissée en place).
Prothèse biliaire per-endoscopique ou trans-hépatique (abord externe sous contrôle
échographique), parfois simple drainage externe : indication chez les patients avec
tumeurs inextirpables ou inopérables. Prothèse duodénale en cas de sténose
duodénale.
Chimiothérapie : l’apport de drogues : Gencitabine – Oxalyplatine associé au 5 FU
permet d’accroître la médiane de survie (6 à 8 mois sans traitement).
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Radiothérapie : à visée antalgique essentiellement – étude radiochimiothérapique en
cours.
Traitement de la douleur : morphinique, radiothérapie ; splanchnicectomie chimique
par abord trans-cutané sous contrôle scannographique : le contrôle de la douleur reste
un problème essentiel +++.
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