Cancer du pancréas: mieux dépister pour mieux traiter

Cancer du pancréas: mieux
dépister pour mieux traiter
Keystone/Bagus Indahono
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Texte: DrMartina Frei, journaliste au Tages-
Anzeiger
Dans la couveuse, deux douzaines d’œufs de
poule blancs attendent, sagement alignés. Tous
ont un petit trou en haut, par lequel on peut voir
le jaune de l’œuf. Là, un minuscule point rouge
palpite: le cœur de l’embryon de poule, dont la
taille atteint à peine un millimètre.
Ces œufs sont utilisés dans l’espoir de détecter
plus rapidement – et, par conséquent, de traiter
Le cancer du pancréas est une tumeur peu fréquente.
Mais lorsqu’il se manifeste, il est presque toujours trop
tard. Anne Grapin-Botton, 39 ans, a choisi d’explorer les
mécanismes moléculaires à l’origine de ce cancer.
détail le fonctionnement de ces processus,
explique Anne Grapin-Botton, on pourra
chercher des cibles auxquelles un futur mé-
dicament pourrait s’attaquer efficacement.»
Pour des formes rares de cancer du pancréas,
la biologiste a déjà découvert une mutation
génétique importante dans une voie de
signalisation. Non sans surprise: «On
retrouve le même mécanisme dans le
cancer de l’intestin. Comment se
fait-il qu’un seul gène défectueux
puisse conduire à des tumeurs aussi
différentes?» s’est-elle demandée. Les
différentes tumeurs du pancréas vien-
draient-elles finalement des mêmes cellules pri-
mitives, voire, pour certaines, de cellules sou-
ches? Autant de questions auxquelles la
chercheuse entend trouver une réponse: «Lors-
que nous aurons percé ce mystère, nous saurons
également contre quel type de cellule il faut
avant tout cibler le traitement.»
Carte d’identité
Née le 1er juillet 1967 à La Rochelle (F).
1990 1995 Etudes de biologie moléculaire et cellulaire
à l’Université de Paris VI-VII; domaine de spécialité:
la biologie du développement.
1996 2001 Séjours de recherche, notamment à l’Université
de Harvard aux Etats-Unis.
Depuis 2001, collaboratrice scientifique associée à l’ISREC
à Epalinges.
Depuis octobre 2005, professeur assistante à l’EPFL.
Anne Grapin-Botton est mariée et a trois enfants.
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plus efficacement – un des cancers les plus
difficiles à soigner: le cancer du pancréas. «Le
problème avec le cancer du pancréas, explique
Anne Grapin-Botton, c’est qu’au moment du
diagnostic, trois patients sur quatre ont déjà des
métastases.» En moyenne, la survie est de six
mois à partir du moment où la tumeur a été
décelée.
«Un grand nombre de chercheurs s’intéressent
à la biologie du développement cérébral. Mais
on ne sait pas grand-chose de celle de l’appareil
digestif», a relevé la biologiste dans sa thèse de
doctorat. Du coup, elle a décidé d’étudier de
plus près ces tumeurs délaissées.
A l’aide d’une aiguille fine, elle injecte précau-
tionneusement un peu de solution d’ADN dans
la zone de l’œuf où l’appareil digestif de la poule
va se former. La solution contient des informa-
tions génétiques – des gènes dont Anne Grapin-
Botton suppose que, chez l’homme, ils poussent
les cellules du cancer du pancréas à migrer pour
former des métastases.
La chercheuse fait passer un faible courant
électrique dans l’œuf. «Cela permet aux cellules
d’absorber les segments d’ADN. Dans une se-
maine,nous saurons si le gène que nous avons
ainsi introduit peut jouer un rôle dans le proces-
sus de formation des métastases du cancer du
pancréas.» Elle examinera ensuite si les cellules
qui ont intégré le gène sont restées à leur em-
placement d’origine ou si elles ont migré.
Composé de neuf collaborateurs, son groupe
de travail à l’Institut Suisse de Recherche Expé-
rimentale sur le Cancer (ISREC) à Epalinges
poursuit deux objectifs: «Pour la forme la plus
fréquente de cancer du pancréas, l’adénocarci-
nome, nous voulons reconstituer le déroulement
des voies de signalisation cellulaire.» Les infor-
mations données à la cellule pour qu’elle se
divise, croisse et forme des métastases parvien-
nent aux cellules cancéreuses à leur surface;
de là, elles doivent être transmises au «tableau
de commande» de la cellule – le noyau – par le
biais de réactions et de molécules biochimi-
ques. «A partir du moment où on connaîtra en
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