détail le fonctionnement de ces processus,
explique Anne Grapin-Botton, on pourra
chercher des cibles auxquelles un futur mé-
dicament pourrait s’attaquer efficacement.»
Pour des formes rares de cancer du pancréas,
la biologiste a déjà découvert une mutation
génétique importante dans une voie de
signalisation. Non sans surprise: «On
retrouve le même mécanisme dans le
cancer de l’intestin. Comment se
fait-il qu’un seul gène défectueux
puisse conduire à des tumeurs aussi
différentes?» s’est-elle demandée. Les
différentes tumeurs du pancréas vien-
draient-elles finalement des mêmes cellules pri-
mitives, voire, pour certaines, de cellules sou-
ches? Autant de questions auxquelles la
chercheuse entend trouver une réponse: «Lors-
que nous aurons percé ce mystère, nous saurons
également contre quel type de cellule il faut
avant tout cibler le traitement.»
Carte d’identité
Née le 1er juillet 1967 à La Rochelle (F).
1990 –1995 Etudes de biologie moléculaire et cellulaire
à l’Université de Paris VI-VII; domaine de spécialité:
la biologie du développement.
1996 – 2001 Séjours de recherche, notamment à l’Université
de Harvard aux Etats-Unis.
Depuis 2001, collaboratrice scientifique associée à l’ISREC
à Epalinges.
Depuis octobre 2005, professeur assistante à l’EPFL.
Anne Grapin-Botton est mariée et a trois enfants.
Recherche
plus efficacement – un des cancers les plus
difficiles à soigner: le cancer du pancréas. «Le
problème avec le cancer du pancréas, explique
Anne Grapin-Botton, c’est qu’au moment du
diagnostic, trois patients sur quatre ont déjà des
métastases.» En moyenne, la survie est de six
mois à partir du moment où la tumeur a été
décelée.
«Un grand nombre de chercheurs s’intéressent
à la biologie du développement cérébral. Mais
on ne sait pas grand-chose de celle de l’appareil
digestif», a relevé la biologiste dans sa thèse de
doctorat. Du coup, elle a décidé d’étudier de
plus près ces tumeurs délaissées.
A l’aide d’une aiguille fine, elle injecte précau-
tionneusement un peu de solution d’ADN dans
la zone de l’œuf où l’appareil digestif de la poule
va se former. La solution contient des informa-
tions génétiques – des gènes dont Anne Grapin-
Botton suppose que, chez l’homme, ils poussent
les cellules du cancer du pancréas à migrer pour
former des métastases.
La chercheuse fait passer un faible courant
électrique dans l’œuf. «Cela permet aux cellules
d’absorber les segments d’ADN. Dans une se-
maine,nous saurons si le gène que nous avons
ainsi introduit peut jouer un rôle dans le proces-
sus de formation des métastases du cancer du
pancréas.» Elle examinera ensuite si les cellules
qui ont intégré le gène sont restées à leur em-
placement d’origine ou si elles ont migré.
Composé de neuf collaborateurs, son groupe
de travail à l’Institut Suisse de Recherche Expé-
rimentale sur le Cancer (ISREC) à Epalinges
poursuit deux objectifs: «Pour la forme la plus
fréquente de cancer du pancréas, l’adénocarci-
nome, nous voulons reconstituer le déroulement
des voies de signalisation cellulaire.» Les infor-
mations données à la cellule pour qu’elle se
divise, croisse et forme des métastases parvien-
nent aux cellules cancéreuses à leur surface;
de là, elles doivent être transmises au «tableau
de commande» de la cellule – le noyau – par le
biais de réactions et de molécules biochimi-
ques. «A partir du moment où on connaîtra en
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