L`hétérogénéité des groupes et le travail entre pairs

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Les journées de formation
du Co lle ctif .A.R.L.
8ème rencontres Nationales
23 & 24 Juin 2005
PARIS
Collectif A.R.L.
Compte- rendu
des Journées de Formation juin 2005
" L’hétérogénéité des groupes
et le travail entre pairs "
La lecture de ces pages vous permettra de renouer avec
la dynamique initialisée lors de nos journées de juin 2005 .
Merci, de noter : Les réflexions, les questions que vous inspire ce
compte-rendu et la relecture de vos notes.
Ce travail contribue à poursuivre la mise en œuvre de nos caisses à outils.
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Sommaire
Introduction des journées : Accueil et objectifs des journées Pierre
Les bénéfices de la pratique des A.R.L. compte rendu du Tour de table Pierrot
Hétérogénéité de quoi parlons-nous Fabrice
Approche Typologique de l’hétérogénéité Pierre
Le travail entre Pairs « Témoignages » Catherine Bernard D Marine
Travaux en sous groupe Marcia
Les apports de la théorie socio-cognitive et le S.E.P. de Bandura
Exposé et débat Fabrice et Renée
Synthèse et ouverture
« De la gestion du travail entre Pairs à la gestion de l’hétérogénéité » Elisabeth
Foire aux questions Dominique
Mise en perspective Pierre
Synthèse des bilans Bernard B
Paroles des participants Pierrot
Dates et Projets Repères Bibliographiques Pierrot
Liste des adresses E.MAIL des participants Geneviève
Annexes Documents complémentaires à ces journées
jeudi 23 Juin 2005
-
Le programme de ces deux journées
Vendredi 24 Juin 2005
- Accueil
- Introduction des 2 journées.
L’hétérogénéité de quoi parlons-nous ?
Approche typologique de l’hétérogénéité
Le travail entre Pairs
- Témoignages
- Travaux en sous groupes
-
Les apports de la théorie socio-cognitive et
les Sentiments d'Efficacité Personnelle de Bandura.
Exposé et débat
Comment gérer le travail entre pairs
dans les Ateliers de Raisonnement Logique
Synthèse et ouverture :
De la gestion du travail entre pairs
à la gestion de l’hétérogénéité
Foire aux questions autour des A.R.L.
Mise en perspective, pistes pour les journées 2006 et plus
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1 - Introduction des journées : Accueil et objectifs des journées Pierre
La session 2005 a pour thème « L’hétérogénéité des groupes et le travail entre pairs ».
Nous vous proposons une réflexion, à partir de votre vécu, sur les différents types
d’hétérogénéité que nous pouvons rencontrer afin de mieux cerner cette notion. Une
possibilité parmi d’autres de surmonter les obstacles liés à cette hétérogénéité est le travail
entre pairs.
Là encore, nous échangerons à partir de témoignages que nous avons sollicités.
Afin d’approfondir notre réflexion, deux membres du groupe de préparation, Renée et
Fabrice, feront un apport sur la théorie sociale de BANDURA. Il s’agira d’effectuer des liens
entre cette théorie et la pratique des ARL.
Cette session construite à partir de témoignages et d’apports théoriques, se veut être une
réflexion et une interrogation, si possible critique, de la pratique des ateliers.
2 Les bénéfices de la pratique des A.R.L. compte rendu du Tour de table Pierrot
Chaque participant a été invité à se présenter puis à répondre aux deux questions
suivantes :
Quels bénéfices retirez-vous de la pratique des A.R.L. ?
Vos questions autour de la mise en œuvre des séquences A.R.L. ?
Sont repris ci-dessous les réponses à cette première question.
Quels bénéfices retirez-vous de la pratique des A.R.L. ?
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C’est une démarche où je reste centré sur « l’interlocuteur » ;
Facilite la gestion de l’hétérogénéité ;
Démarche de promotion de la personne apprenante mais aussi du formateur ;
Organise une réflexion de fond sur le sens ;
Les outils déclenchent facilement la motivation ;
Centration sur l’apprenant, donne un statut positif à l’erreur et aide au transfert ;
C’est la pensée qui organise le travail ;
Une connaissance rapide des uns et des autres qui facilite la progression
commune ;
Une attention forte à la personne et développe la tolérance ;
C’est la base de ma formation, je sais ce que je fais ;
Permet de mettre en application la médiation et la dynamique de l’éducabilité
cognitive ;
Une relation privilégiée avec le formé ;
Permet de cibler les capacités ;
Donne de la rigueur et permet d’être plus réceptif aux difficultés ;
Une autre façon d’enseigner et un rapprochement fort avec les situations vécues ;
Le plus grand bénéfice, le changement ;
Entrer dans le raisonnement des apprenants ;
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Contribuer au dépassement de soi et aller un peu au-delà de ce qui apparaissait
possible ;
Se situer comme médiateur et apprendre à le devenir ;
Lien fort entre la recherche et le terrain ;
Intérêt pour des pensées que l’on ne comprend pas du premier coup ;
Aider les gens à mieux fonctionner ;
Les A.R.L. une discipline, un cadre pour aller vers le sens ;
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3 Hétérogénéité de quoi parlons-nous Fabrice
Un travail en sous groupe de 5/6 participants est proposé pour abordé le concept de
l’hétérogénéité. Chacun est invité à partager un témoignage autour de son expérience de
l’hétérogénéité.
Afin d’expliciter les différents témoignages qui vont suivre un cadre de
questionnement est proposé :
o Qu’est ce que pour moi l’hétérogénéité ?
o Quels sont les difficultés, les atouts, le positif que représente pour moi
l’hétérogénéité ?
Difficultés
o
o
o
o
Atouts
Positif
A partir de quels écarts pouvons nous parler d’hétérogénéité ?
Qu’est-ce qui nous fait dire que l’homogénéité n’est plus présente ?
Quels sont les critères d’hétérogénéité à prendre en compte dans un atelier d’A.R.L.
Quels sont les écarts qui faciliteront l’efficience d’une séquence ?
Présentation de ce travail sur une feuille de paper-board afin d’avoir une trace
exploitable au cours des journées.
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4 - Approche Typologique de l’hétérogénéité Pierre
Les types d’hétérogénéités peuvent être très divers, allant du cognitif au social en
passant par l’affectif. Nous pouvons tout d’abord nous demander à quoi peut bien nous servir
une telle typologie. Il ne s’agit pas en effet, de faire une typologie pour une typologie. Mais,
mieux connaître les sources de l’hétérogénéité de son public permet de mieux la gérer. Cette
gestion peut s’effectuer selon deux axes : l’animation du groupe et l’atteinte des objectifs
poursuivis. Je ne traiterai pas ici les conséquences de l’hétérogénéité sur la manière d’animer,
même si je suis conscient qu’il est indispensable d’en tenir compte. Je vous propose
seulement de traiter la question suivante : comment tenir compte des différents types
d’hétérogénéités dans les ARL? Nous travaillerons sur les solutions possibles cette après-midi
mais dores et déjà je vous propose de traiter tout d’abord des hétérogénéités qui ne sont pas
cognitives puis de développer l’hétérogénéité proprement cognitive.
Hétérogénéité des caractéristiques socioculturelle des apprenants
Classiquement, on distingue en premier le sexe. Doit-on tenir compte du fait que l’on
s’adresse à des hommes ou à des femmes? Même si ce matin notre seul objectif est de lister
les types d’hétérogénéités, je préciserai tout de suite que les recherches montrent que cette
variable n’a pas d’influence sur le développement intellectuel. On n’a jamais mis les hommes
d’un côté et les femmes de l’autre dans les ARL. Indépendamment du problème
déontologique que cela poserait, ce clivage ne servirait à rien par rapport à nos objectifs.
Autre caractéristique l’âge. Là également, les recherches montrent que cette variable
n’est pas pertinente sur le développement intellectuel, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille
pas en tenir compte au niveau de la gestion d’un groupe.
Niveau d’étude : peut-on mélanger dans nos ateliers des apprenants n’ayant pas le
CAP et des niveaux bac? La variable niveau d’étude cache souvent celle du niveau cognitif
mais nous verrons qu’il ne faut pas les confondre.
Expérience professionnelle : peut-on mettre ensemble des chômeurs qui n’ont eu que
quelques expériences du marché du travail et des apprenants ayant déjà une grande expérience
derrière eux?
Après s’être interrogé sur les types d’hétérogénéités relevant des caractéristiques
socioculturelles, voyons un autre type d’hétérogénéité, l’hétérogénéité sociale.
Hétérogénéité sociale
La culture est une grande source d’hétérogénéité. Peut-on mettre ensemble des
Maghrébins et des Chinois? Disons d’emblée que le développement intellectuel tel que le
propose PIAGET est universel. En particulier l’ordre des stades est constant même si des
études plus fines ont montré depuis que l’environnement pouvait jouer un grand rôle. Ainsi
dans certaines ethnies, la conservation du poids apparaît avant celle de la matière.
Le langage : il est essentiel de bien distinguer l’analphabétisme de l’illétrisme. Cette
différenciation date des années 70 et permet de distinguer les personnes scolarisées en langue
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française mais en difficulté en lecture/écriture, de celles soit non scolarisées soit scolarisées
dans une langue étrangère.
Niveaux dans l’illétrisme : on distingue 4 niveaux pour des francophones scolarisés
en France entre 6 et 16 ans
Niveau 1 : ne sait pas lire
Niveau 2 : sait lire mais ne peut produire un écrit compréhensible
Niveau 3 : sait lire et produit des écrits à peu près compréhensibles mais avec de
nombreuses erreurs
Niveau 4 : personnes ayant le niveau CFG (certificat de formation générale).
Le langage est bien une source d’hétérogénéité, il faut seulement être au clair sur les
niveaux de sa maîtrise.
Hétérogénéités diverses
Bien d’autres types d’hétérogénéités peuvent être évoqués; je pense par exemple à
visuel/ auditif, mais aussi aux apprenants qui auraient une approche des problèmes plus
globale et d’autres plus analytique. On pourrait multiplier les exemples. On ne peut pas être
exhaustif, encore une fois il faut se poser à chaque fois la question de la pertinence du type
d’hétérogénéité par rapport aux objectifs poursuivis.
Hétérogénéité cognitive
C’est celle qui nous intéresse le plus et sur laquelle je vais m’attarder. Ce type
d’hétérogénéité est indissociable de la phase de diagnostic qui est développée dans le livret du
formateur.
En premier lieu, rappelons qu’il est indispensable de distinguer performance et
compétence. Lorsqu’un apprenant réussit un exercice, il convient en effet de toujours se
demander s’il a bien mis en oeuvre le raisonnement nécessaire à cette réussite. En interrogeant
des adultes mais aussi des élèves, nous avons maintes fois eu bien des surprises. La réussite
n’est pas la preuve de la maîtrise du raisonnement, de la même façon que vous pouvez
dominer une opération intellectuelle spécifique et échouer à un exercice la mettant en jeu.
Autre distinction à effectuer : le niveau scolaire et le niveau cognitif. Il faut éviter de
faire l’amalgame entre les deux.
Je prendrai l’exemple d’adolescents de l’ISES de Neufchâteau âgés de 14 à 18 ans
envoyés dans cette institution par le juge pour enfants. (institution qui n’existe plus depuis
déjà de nombreuses années). Ils étaient en échec scolaire et recevaient une formation
professionnelle. De manière très classique ils avaient de grandes difficultés à effectuer des
divisions et cependant, sur le plan cognitif, certains étaient complètement formels. La vie
quotidienne qui avait été la leur les avait confrontés à des situations fort diverses, lesquelles
leur avaient permis d’effectuer le processus assimilation-accommodation.
De nombreuses mesures du niveau cognitif chez les adultes permettent d’aboutir à la
conclusion suivante : l’hétérogénéité cognitive est la norme. C’est-à-dire que contrairement à
ce qu’on peut déduire des textes piagétiens, on ne passe pas d’un stade à un autre stade de
manière globale, il ne faut pas par exemple maîtriser l’ensemble des opérations concrètes
avant d’aborder le stade formel. Les expériences auxquelles sont confrontés les apprenants
leur permettent de progresser diversement à l’intérieur d’un même stade selon le type
d’opérations intellectuelles. Ainsi, si vous utilisez le test de Longeot qui permet de déterminer
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le niveau intellectuel dans trois domaines (la combinatoire, la logique des propositions et la
proportionnalité), vous constaterez que des apprenants peuvent être concrets dans un domaine
et FB dans un autre. Mais rares sont ceux qui sont concrets partout ou FA partout ou FB
partout. C’est pourquoi je parle de profil cognitif et non de niveau cognitif. Il n’est pas
possible d’étiqueter des adultes : « celui-ci est un concret, celui-là un début formel ». Il faut
être plus précis, parler en termes d’opérations intellectuelles : « il est concret en sériation,
formel en proportionnalité ». La notion de profil cognitif permet de mieux décrire cette
hétérogénéité qui existe sous trois aspects :
- l’hétérogénéité inter-sujets : c’est la plus évidente car elle concerne les profils
d’apprenants différents. Ainsi, si nous reprenons les trois domaines évoqués plus haut
(combinatoire, logique des propositions et proportionnalité), nous pouvons avoir dans un
même groupe, des apprenants ayant comme profil cognitif C, C, FA et d’autres FA, FA, FB.
Les premiers sont donc plutôt concrets et les seconds plutôt formels.
- l’hétérogénéité intra-sujet : un même apprenant peut fonctionner au niveau concret
dans une opération et au niveau formel dans une autre; ce résultat dépend du type d’opération
concerné mais également du contexte des exercices. Par exemple : C, C, FB ou FA, FB, C.
Nous avons vu que l’hétérogénéité est la caractéristique du fonctionnement des adultes. Les
occasions d’être confronté avec telle ou telle opération, et donc de mettre en oeuvre le
processus assimilation-accommodation, varient d’un apprenant à l’autre. Même si chacun a
l’occasion de résoudre des situations nécessitant la classification ou le rapport de cause à
effet, chacun n’y est pas confronté avec la même intensité et surtout au bon moment, lorsqu’il
lui est possible de faire le processus assimilation-accommodation. Cette hétérogénéité est
primordiale car elle peut expliquer la réussite du même apprenant dans un type d’exercice et
ses difficultés dans un autre type d’exercices.
-l’hétérogénéité inter-opération, c’est-à-dire l’hétérogénéité dans l’hétérogénéité. Il
n’existe pas une opération qui serait maîtrisée en premier par l’ensemble des apprenants.
Ainsi on peut avoir comme profil FB, C, C ou C, C, FB. L’hétérogénéité cognitive n’est pas la
même pour tous. Certains maîtrisent par exemple mieux la combinatoire, d’autres mieux la
proportionnalité. On ne peut donc à partir du constat d’une difficulté dans une opération
intellectuelle anticiper le niveau dans une autre opération intellectuelle. Derrière ce constat
c’est le passage d’un stade à un autre qui est en jeu et renforce la nécessité de parler de profil
cognitif Mais je crois de moins en moins à ce passage mais plutôt à une évolution
intellectuelle par type d’opérations.
Je voudrais parler de l’hétérogénéité cognitive dans la vie professionnelle. Avec un
mes thésards nous avons étudié les opérations intellectuelles mises en oeuvre par des
opérateurs chez Peugeot et dans une tuilerie. Dans le travail à la chaîne, chez ceux qui font
des gestes répétitifs, on constate l’existence d’opérations intellectuelles relevant du niveau
préopératoire telles que correspondance terme à terme (branchement de flexibles, ou vissage
de telle pièce) ou rapport de cause à effet (si tel voyant clignote, je dois faire tel geste). Mais
nous avons aussi constaté que certains mettent en oeuvre des opérations intellectuelles d’un
niveau plus élevé comme le rapport de cause à effet négatif : si je ne fais pas tel geste, il y
aura telle conséquence, raisonnement qui relève du niveau concret. On le voit aussi dans
l’analyse des dysfonctionnements. Certains n’anticipent pas, d’autres prévoient et trouvent
des solutions. Nous avons repéré des niveaux fin concret ou même début formel chez certains
opérateurs.
Autre exemple : l’obtention du permis de conduire. Un autre de mes thésards,
moniteur d’auto-école, a sélectionné des diapositives présentées dans le cadre du permis de
conduire. Il a également effectué deux séquences de conduite réelle. Nous avons analysé les
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opérations intellectuelles que mettaient en jeu des sujets pour résoudre ces diverses situations.
Il s’agissait de 5 étudiants, 5 lycéens, 5 niveau CAP. Les modes de résolution observés se
différenciaient beaucoup. Prenons un exemple précis « le feu vient de passer à l’orange :
j’accélère, je ralentis, je m’arrête ». La diapositive montre dans le rétroviseur central qu’un
camion vous suit de près. La bonne réponse est : j’accélère; elle est contraire au schéma appris
: feu orange, je freine. Pour donner la bonne réponse, il faut comprendre qu’il y a des
exceptions à cette règle et être capable d’analyser quand il faut strictement appliquer la règle
et quand il faut la transgresser. L’analyse cognitive montre que ce sont des opérations début
formel. Sur 15, seuls 3 étudiants comprennent cette règle de feu orange, les autres appliquent
la règle apprise, quelles que soient les circonstances. Comprendre les exceptions à une règle
est d’un niveau intellectuel élevé. La justification de l’accélération à l’approche du feu orange
n’est faite que par un seul étudiant. A l’opposé, un des sujets avait de réelles difficultés à se
déplacer mentalement et était de ce fait incapable d’imaginer la couleur du feu dans la rue
perpendiculaire quand son feu passe à l’orange. Ce qui m’a beaucoup frappé dans cette thèse
c’est l’hétérogénéité des raisonnements face à des situations semblables.
Cette hétérogénéité cognitive se retrouve donc aussi bien dans la vie professionnelle
que quotidienne et je pense de plus en plus qu’elle explique une partie des comportements très
différents des personnes.
5 - Le travail entre Pairs « Témoignages » Catherine Bernard D Marine
Objectif :
Discerner les conditions requises pour que le travail entre pairs dans un ARL soit
constructif
Parcours proposé :
¾ Témoignages portant sur le travail entre pairs
¾
Ecriture individuelle à propos d’une situation
Concrète d’hétérogénéité vécue dans un ARL
Témoignages
Plan utilisé pour chaque présentation
1. Indication du cadre de l’intervention, de la nature de l’hétérogénéité, de la
manière dont elle a été repérée et de ses manifestations
2. Description du travail entre pairs et illustration avec un moment précis d’une
séance pour permettre une vraie représentation du déroulement de la séquence
3. Réponses aux questions suivantes :
- En quoi l’hétérogénéité fait-elle obstacle à l’apprentissage ?
- Face à une difficulté particulière, qu’ose-t-on proposer ? ose-t-on
s’éloigner des règles données dans le livret du formateur, propose-t-on
des solutions originales ?
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6 - Travaux en sous groupe Marcia
A - Ecriture individuelle à propos d’une situation concrète d’hétérogénéité vécue
dans un ARL
Evoquez une situation d’hétérogénéité vécue dans un ARL et présentez-là par écrit en
répondant entre autres aux questions suivantes :
¾
¾
¾
¾
¾
qui sont les apprenant-e-s ?
quel est le type d’hétérogénéité ?
comment se manifeste cette hétérogénéité ?
quels problèmes devez-vous résoudre ?
quelles sont les questions qui vous préoccupent ?
B - Lire les situations individuelles et en choisir une en particulier (critères de choix :
situation représentative, urgence, complexité…). La situation choisie servira de base
pour la suite du travail.
C - Mettre en évidence les conditions de réussite d’un travail entre pairs - à deux, en
petits groupes, en collaboration - en recherchant
¾ dans quelles étapes d’une séquence ARL il vous paraît possible de susciter un travail
entre pairs ?
¾ quelles sont les dispositions, les compétences à développer chez les apprenant-e-s
dans cette situation particulière ?
¾ quel est le rôle particulier du formateur, de la formatrice dans ce type de situation ?
¾ après un travail entre pairs, quelle exploitation peut-on envisager ?
Les réponses à ces questions seront présentées en plénière. Vous pouvez prévoir une présentation
visuelle et/ou orale.
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7 - Les apports de la théorie socio-cognitive et le S.E.P. de Bandura
Exposé et débat Fabrice et Renée
1. HISTORIQUE
Parmi les auteurs qui se sont intéressés à l’interaction sociale dans le développement
des structures cognitives de l’individu on notera :
1-1. LES TRAVAUX DES NEO- PIAGETIENS
•
Les travaux des auteurs comme W. DOISE, A-N PERRET CLERMONT, G.
MUGNY sont bien connus des adhérents de Carl avec bien sur la notion de conflit
socio cognitif
•
Peut être plus actuels (fin des années 1990) et moins connus les travaux précisant
les conditions de l’interaction permettant de produire des effets positifs (travaux
de laboratoires très pointus qu’on peut lire par exemple dans la revue « L’orientation
Scolaire et Professionnelle Numéro spécial Septembre 2003/VOL.32/N° 3 Coopérer
et apprendre par le Dialogue).
•
Les travaux des Nord-américains (1992-96) sur l’apprentissage coopératif nous
apportent un éclairage concret sur la manière de s’y prendre pour favoriser les
interactions sociales (cf. L’apprentissage coopératif. Les Editions de la Chenelière
Canada).
1-2. L. VYGOTSKI
Bien sur on n’oubliera pas l’apport de Lev VYGOTSKI et du rôle central de la
médiation entre le sujet et son environnement, et du concept de « Zone Proximale de
Développement ».
1-3.
BANDURA
Si l’on dit de Bandura qu’il est issu d’une tradition Behavioriste nous avons vu qu’il
s’en éloigne par le rôle actif qu’il attribue au sujet. D’autre part il affirme qu’il n’est pas
nécessaire de passer par l’expérience directe pour obtenir un Renforcement, l’ « observation »
du comportement d’autrui et l’observation des conséquences de ce comportement peut suffire
pour enclencher l’action.
Le schéma béhavioriste classique s’enrichie donc du rôle actif du sujet et d’un
renforcement « vicariant » possible.
2. LA THEORIE SOCIOCOGNITIVE
Nous nous sommes attardés sur 3 points essentiels de cette théorie :
-Le modèle de réciprocité causale triadique
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 14 / 32
-L’apprentissage social
-Le sentiment d’efficacité.
2-1. LE MODELE DE RECIPROCITE CAUSALE TRIADIQUE.
Bandura montre que 3 séries de facteurs entrent en interaction 2 à 2.
Ce sont les facteurs internes à la personne (P) cognitifs, affectifs, biologiques ; les
déterminants de son comportement (C) ; et les propriétés de l’environnement (E).
Ces facteurs interagissent dans des proportions respectives variables suivant les
situations.
Par exemple, l’environnement (E) peut modifier les cognitions du sujet (P) qui vont à
leur tour modifier son comportement (C).
Mais aussi une modification des cognitions (P) de la personne (prise de conscience,
persuasion, etc…..) modifie ses comportements (C) et donc les réponses du milieu (E).
2-2. L’APPRENTISSAGE SOCIAL
L’ « apprentissage social » qui deviendra plus tard « la théorie sociocognitive »
explique le comportement humain en termes d’interactions continues entre les déterminants
cognitifs, comportementaux et environnementaux.
Les 3 facteurs agissent selon des combinatoires variables et dans des proportions
différentes selon les situations de vie : dans une situation d’urgence, une noyade E
conditionne C, P sera en arrière plan. Un acheteur dans un grand magasin fera intervenir
d’abord P sur l’environnement E qui déclenchera après C.
L’humain n’est pas dénué de tout pouvoir, il n’est pas à la merci de l’environnement,
mais il n’est pas totalement libre.
Cette théorie repose sur 3 piliers théoriques fondamentaux :
•
•
•
Les processus vicariants
Les processus symboliques (capacité humaine à se représenter le monde, à analyser
ses expériences, à anticiper sur l’avenir).
Les processus régulateurs (capacité à se diriger, à organiser, à faire des choix.
Nous accorderons une attention particulière à l’apprentissage vicariant (ou
« modeling », en effet si celui-ci n’est pas un simple mimétisme il suppose une observation
active qui interpelle les enseignants et que nous retrouvons dans les travaux bien connus des
psychologues cognitivistes.
Le processus de modelage comporte 4 facettes :
•
•
•
•
L’attention
La mémorisation
La reproduction
La motivation
Chacun de ces facteurs, pour qu’il agisse de façon optimale doit faire appel à des
qualités à développer chez le sujet grâce à un environnement bienveillant et attentif, capable
de renvoyer des feed-back constructifs.
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 15 / 32
A la lecture des travaux de Bandura on s’aperçoit qu’une attention particulière est
apportée aux « stratégies » d’apprentissage, surtout pour les élèves en difficultés qui font
penser aux travaux sur la « métacognition ».
2-3. LE SENTIMENT D’EFFICACITÉ PERSONNELLE
Un concept très important pour Bandura est celui d’auto efficacité ou Sentiment
d’efficacité personnelle.
C’est la croyance qu’un individu a en sa capacité de mener à bien une activité.
Elle se mesure dans une activité précise.
Elle concerne les évaluations par l’individu de ses aptitudes (à la différence de
l’ « estime de soi » qui concerne les évaluations de sa « valeur personnelle ».
Les « Sources du Sentiment d’efficacité ou SEP » se trouvent dans :
2-3-1. La « maîtrise personnelle »
Les succès, les échecs vont être très importants, mais également les
attributions que le sujet accorde à ceux-ci.
En effet on peut attribuer ses succès et échecs à soi même (cause interne :
ses efforts ou ses aptitudes)
On peut aussi les attribuer à des causes externes : le hasard, la situation.
Il est important d’explorer ces attributions surtout dans le cas de l’échec
scolaire.
2-3-2. L’apprentissage social ou vicariant.
L’observation des actions des autres (surtout de nos pairs) et du résultat de
ses actions peut nous encourager à nous lancer dans l’action.
2-3-3. La persuasion par autrui
Attention elle peut favoriser le SEP mais doit être considérée comme digne
de foi.
2-3-4. L’état physiologique et émotionnel
C’est un élément important à prendre en compte, et notamment dans la
gestion du stress.
3. EXEMPLES
Les théories de Bandura s’appliquent à différents domaines :
3-1. L’EDUCATION
Quelques schémas nous ont permis de visualiser l’importance du SEP dans
l’apprentissage et en particulier une étude de Collins (1982) sur les performances
mathématiques obtenues par des élèves en fonction de l’aptitude en mathématiques et du SEP
mathématiques.
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 16 / 32
En effet les performances des enfants ayant des SEP « hauts » sont systématiquement
plus élevées même lorsque le niveau d’aptitudes est « bas » ou « moyen ». Pour les enfants
ayant des SEP « bas », seuls ceux qui ont un niveau d’aptitude élevé ont des performances
élevées.
On remarque que les enfants ayant un SEP élevé ont abandonné plus facilement des
stratégies erronées, ont résolu plus de problèmes, ont choisi d’approfondir ceux ou ils avaient
échoué, de façon générale ils sont plus persistants dans l’effort.
Ainsi la question de comment favoriser le SEP dans les actions éducatives doit
maintenant nous préoccuper
Ce qui semble le plus important est avant tout de viser des expériences de « maîtrise
guidée » et nous retrouvons les travaux autour de la « Métacognition ».
D’autre part il semble important de favoriser les processus d’auto évaluation ; mais
pour ce faire il faut aussi s’intéresser aux méthodes d’évaluation (nous retrouvons ici des
notions bien connues, développées dans le courant de l’ « évaluation formative ».
3-2. LA SANTE
Nous sommes bien dans une approche comportementaliste visant la maîtrise d’une
compétence.
Le travail sur les phobies et en particulier celles concernant les animaux est souvent
relaté car il est assez spectaculaire, en quelques séances le patient, grâce à l’aide du thérapeute
va se confronter progressivement mais concrètement à l’objet de sa phobie. Cette maîtrise
guidée va aboutir à un SEP renforcé qui va dépasser l’objet de cette phobie.
3-3. LE TRAVAIL
Dans le domaine du Travail nous avons relaté un exemple d’acquisition de
compétences par le modelage de maîtrise auprès de contremaîtres, il s’agissait de leur
enseigner des comportements relatifs à leur rôle : comment stimuler la motivation, comment
exprimer de la reconnaissance, comment corriger les mauvaises habitudes de travail, comment
discuter des problèmes de discipline et vaincre la résistance au changements.
Ce type d’exemple montre l’efficacité de cette forme d’apprentissage sur un
apprentissage plus classique, il s’applique pour l’acquisition de compétences intellectuelles,
sociales et comportementales.
La méthode comporte plusieurs phases passant par des enregistrements vidéo.
Pour ceux qui souhaitent approfondir, nous vous renvoyons à la lecture de l’article de
J.LECOMTE de la Revue SAVOIRS n° hors-série 2004, édition l’Harmattan (pages 75-78).
3-4 AUTRES
Un autre exemple d’apprentissage vicariant concerne les travaux de Bandura sur
l’apprentissage de la violence : c’est celui de la poupée Bobo où des enfants sont mis en
présence de comportements violents ou non, de la part d’adultes envers un mannequin de
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 17 / 32
clown gonflable (la poupée Bobo). Placés ensuite en présence de ladite poupée, les enfants
qui avaient observé les comportements violents les reproduisaient, et même improvisaient
d’autres actes agressifs, alors que ceux qui n’avaient pas été exposé au modèle violent
présentaient des comportements significativement moins agressifs.
COMMENTAIRES
Notre intention lors de cet exposé était de vous donner envie d’approfondir les travaux
de Bandura car ils nous semblent proches de vos préoccupations pédagogiques. Nous pensons
que des liens peuvent être faits avec l’Educabilité. Dans le cadre de notre Association, nous
pourrions nous interroger sur «comment intégrer ces enseignements dans la pratique des
ARL ».
Bibliographie :
Albert BANDURA AUTO-EFFICACITE Le sentiment d’efficacité personnelle,
traduction de Jacques Lecomte aux éditions DE BOECK (775 pages)
Revue SAVOIRS hors série 2004 De l’apprentissage social au sentiment d’efficacité
personnelle. Autour de l’œuvre de Bandura. Editions L’Harmattan.
email : [email protected]
Sur le mail il y a sûrement beaucoup de choses mais aussi :
www.offratel.nc/magui/apsocial.htm
www.offratel.nc/magui/bandura.htm
http://desette.free.fr:pmev2.htm
Revue SCIENCES Humaines hors série n°40 Mars-avril-mai 2003 et n°148 avril 2004
L’APPRENTISSAGE COOPERATIF : Théories, méthodes, activités.
Ouvrage collectif du Centre d’étude sur l’apprentissage en classe Université
Concordia.
Editions de la Chenelière (Montréal).
8 - Synthèse et ouverture
« De la gestion du travail entre Pairs à la gestion de l’hétérogénéité » Elisabeth
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 18 / 32
9 - Foire aux questions Dominique
Sur l’hétérogénéité,
Comment gérer le groupe quand la disparité est trop grande, que faire quand une partie du
groupe a terminé ; comment articuler l’individuel au groupe, définir des axes de progrès
personnels – qui peuvent donc être différents – en gardant la dynamique collective ? Comment
faire de l’hétérogénéité des groupes un avantage ?
Sur les limites d’utilisation,
Les contraintes données au formateur obligent parfois à adapter le cahier des charges des
ARL ; comment maintenir l’équilibre entre le respect du cadre et une nécessaire évolution, pour
que cet outil reste vivant ?
Quelles sont les limites en termes de rythme, de nombre de séances ? Que faut-il privilégier
alors ? Comment préserver l’essentiel ?
Comment est utilisé ARLI (ARL informatisé) ; comment l’utiliser au mieux ?
Sur le positionnement en amont,
Quelques exercices permettant de constituer les sous groupes, suffisent-ils ou faut-il recourir
aux tests, plus précis mais qui prennent du temps sur l’atelier ? Comment convaincre les élèves de
passer ces tests ? Comment choisir de la manière la plus pertinente les jeunes qui pourront
bénéficier de l’atelier ? Comment repérer certaines caractéristiques, comme l’impulsivité, pour en
faire l’objet d’un travail ?
Quid des capacités qui ne s’expriment pas dans tout ce qui est scolaire ?
Sur le transfert, qui est parfois difficile à atteindre
Comment aider les formateurs eux mêmes, ceux qui ont été formés aux ARL mais qui
n’animent pas d’atelier, comment les aider à transposer la démarche dans les autres modules de
formation ?
Comment relier les ARL avec les autres disciplines : l’enseignement technique, les maths, le
français? Comment faire l’analyse de la tâche ? Comment partir des tâches réelles auxquelles sont
confrontées les personnes et leur proposer des activités qui facilitent le développement cognitif (en
classant par catégories et selon une progression) ?
Sur la motivation
Comment la déclencher, au démarrage de l’atelier ? Comment l’entretenir dans les groupes
qui se lassent vite ?
Le partage d’expériences est toujours souhaité, notamment auprès de publics spécifiques
(travailleurs handicapés des CAT, …)
Sur le plan théorique, les écrits nouveaux, notamment sur le conflit socio-cognitif suscitent
aussi de l’intérêt.
Plus institutionnellement, on sent un frémissement d’intérêt autour de l’éducabilité et de la
médiation des apprentissages ; comment faire la promotion des ARL auprès du Conseil Régional ?
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 19 / 32
Comment présenter les ARL aux institutionnels : sur quels contenus, avec quels objectifs,
pour quelle durée ? sous quelle rubrique : « logique et communication » « éducation cognitive et
communication professionnelle »?
Comment justifier cet outil ?
10 - Mise en perspective Pierre
Cette session a été, d’après l’avis de tous, riche et stimulante. Les échanges,nombreux et
divers, les témoignages nous ont permis d’avancer dans notre réflexion. L’apport sur la
théorie de BANDURA, particulièrement apprécié, ouvre des perspectives nouvelles, par
exemple comment intégrer dans nos approches le sentiment d’efficacité personnelle. Certains
ont d’ailleurs proposé que lors de la session 2006, nous consacrions un temps à la manière
dont les uns et les autre ont utilisé autres ont utilisé l’apport sur BANDURA.
Quel sera le thème de la session de l’an prochain? Retenons d’abord qu’elle se déroulera les
29 et 30 juin. Elle devrait porter sur le transfert, en particulier comment aider le transfert des
acquis ARL à d’autres formations.
Nous solliciterons vos témoignages et tenterons d’obtenir un apport qui puisse nous éclairer
dans notre pratique.
11 - Synthèse des bilans Bernard B
Questionnaire remis en fin de seconde journée.
Le résultat de dépouillement porte sur 15 fiches réponses au questionnaire.
1 question : Que retenez-vous de ces journées ?
. Apport BANDURA.
. Echanges des pratiques (6).
. Eclairage sur ma pratique.
. Possibilité de mettre en mots les actes que je pratique.
. Remise en question de ma pratique.
. Ouverture et approfondissement de mes réflexions sur la motivation (3).
. Prise de hauteur par rapport à ma pratique grâce à l'apport de Bandura.
. Richesse et intérêts des témoignages (3).
. Envie de lire Bandura.
. Intérêt de la présence des auteurs et de leurs réflexions partagées.
2 question : A la suite de ces journées, qu'avez-vous envie de faire bouger ?
. Retravailler les ARL au regard de la théorie de Bandura.
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 20 / 32
. Je vais faire évoluer le scénario du module : " Intégrer les ARL dans sa
pratique de formateur ".
. Mieux gérer les échanges et continuer d'échanger encore plus.
. Utilisation de certains apports de Bandura dans ma pratique (3).
. Grâce aux apports de Bandura, nouvelle vision de ma façon de préparer les
cours ou de le percevoir.
. Faire progresser " ma " et " leur " sentiment d'efficacité personnelle.
. Envie de davantage utiliser l'hétérogénéité comme élément support à la
socialisation , ainsi que la confrontation des points de vue et des démarches.
. Prendre plus de temps dans les séances ARL pour formaliser les objectifs et
expliciter le cadre et la méthode. Revoir l'évaluation : la mienne, mais également celle
des apprenants.
. Liens entre Bandura et ARL.
. Moins faire bouger que stabiliser.
3 question : Suggestions.
. Réitérer la forme de ces rencontres.
. Témoignages et analyses des pratiques utilisées (3).
. Stimulation. Continuer à avoir des échanges. Stimuler l'Association.
. Sur un plan personnel, comment mettre en pratique Bandura ?
. Importance des témoignages dans les échanges.
. Faire des échanges en petits groupes, même si après ils ne sont pas repris en
grand groupe.
. Faire un tour de table à la fin des deux journées.
. Définir une procédure d'animation type ARL pour ces journées.
4 question : Attentes pour les journées 2006.
. Suite à réaliser sur le travail de Bandura (3).
. Questionnements et témoignages sur le fonctionnement de ARLI..
. Plus de travail en sous-groupe.
. Apports théoriques et témoignages à prendre dans le groupe CARL afin de se
sentir pleinement concernés par le thème.
. Limiter ses ambitions et ne pas aborder trop de thèmes.
. Thème du transfert à travailler, avec partage à partir des expériences
individuelles paraît souhaitable (3).
. Apports par les membres du CARL d'outils facilitant le transfert.
. Liens Bandura – Transfert – ARL
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 21 / 32
12 - Paroles des participants Pierrot
Pour compléter les photos précédentes quelques « témoignages » partagé en fin de journée
qui reflètent cette accommodation majorante....
ƒ
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Le travail individuel préalable à chacune des interventions a été très productif dans la
compréhension des apports ;
La richesse des apports due pour une part au fait de leur présentation par des membres
du groupe et en lien avec notre pratique ;
Un climat de travail, dans la forme et dans l’interpellation permanente autour des
A.R.L. ;
Intérêt des témoignages complémentaires qui reflètent différentes formes de pratique ;
Un besoin devenir se ressourcer aux journées de juin, pour mieux regarder mes
pratiques au cours de l’année ;
Approfondir, ce n’est pas on en parle, mais c’est on utilise et on échange ;
13 - Dates et Projets Repères Bibliographiques Pierrot
Les journées de 2006 sont arrêtées au 29 et 30 juin 2006
Toujours donner une place importante aux échanges de pratique, regarder ce que nous avons
fait des apports de « Bandura » quelles implications dans notre pratique ?
Trouver des éclairages de proximité ;
Deux dates pour initialiser ces journées
Le lundi 14 novembre réunion téléphone à 17h30
Le Mardi 24 janvier une rencontre sur Paris
Merci de rejoindre cette équipe, l’élargissement est indispensable....
En 2007 nos dixièmes journées
Dès à présent réfléchissons à l’événement que nous mettrons en place pour marquer cet
anniversaire ....
Le site Web
Rappel : Le site actuel est toujours consultable à l'adresse
http://membres.lycos.fr/fgeslin/carl_css/index.html
Vos critiques autour de l’existant permettront d’avancer sur ce projet indispensable pour
assurer la promotion des A.R.L.
Merci de consulter le site et de faire-part de vos remarques et suggestions à Gérard.
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 22 / 32
Repères Bibliographiques
Albert BANDURA AUTO-EFFICACITE (Le S.E.P.) DE BOECK (775 pages)
Revue SAVOIRS hors série 2004 De l’apprentissage social au sentiment d’efficacité personnelle.
Autour de l’œuvre de Bandura. Editions L’Harmattan.
Revue Sciences Humaines hors série n°40 Mars-avril-mai 2003 et n°148 avril 2004
L’APPRENTISSAGE COOPERATIF : Théories, méthodes, activités. Ouvrage collectif du Centre
d’étude sur l’apprentissage en classe Université Concordia. Editions de la Chenelière (Montréal).
La Psychologie de l’enfant Olivier Houdé Que sais-je
J’apprends donc je suis H.Trocmé Fabre Ed D’organisation
LA PENSEE PARTAGEE Elisabeth PERRY
Une approche inter-culturelle du développement (livre + C.D. d'auto formation à l'animation) Ed
Ibis Rouge
Donner du Sens
Créer des liens.
Collectif A.R.L.
Collectif A.R.L.
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 23 / 32
Collectif A.R.L.
Albert BANDURA
à LYON
le Mercredi 14 Avril 2004 à 10h
dans le cadre de la 7 ème Biennale
de l'Education et de la Formation
organisée par l'INRP
à l'ENS Sciences Humaines
les 14, 15, 16, et 17 Avril 2004
Albert BANDURA
De l'apprentissage vicariant à
la perception d'auto-efficacité
Albert BANDURA, inventeur du concept d'apprentissage vicariant, est un auteur peu
connu en France. Son ouvrage sur " l'apprentissage social " publié aux éditions Mardaga en
86 a connu une diffusion ordinaire, au point que le concept d'apprentissage vicariant est resté
longtemps inconnu de maints professionnels et donc inexploité. A fortiori, le rapprochement
que cet ouvrage pourrait autoriser avec certaines interrogations de Maurice REUCHLIN sur
le même sujet - elles même restées très confidentielles - reste-t-il à explorer par les
spécialistes.
Nous nous limiterons pour notre part à une présentation très succincte de ses thèses dont
nous tenons cependant à souligner l'efficacité.
Si les thèses de BANDURA ont eu peu d'écho en France dans le monde de l'enseignement, elles ont
en revanche retenu l'attention des milieux médicaux qui en ont tiré des indications déterminantes dans
le domaine de la cardiologie, tant pour ce qui concerne la prévention des maladies cardio-vasculaires
que pour la préparation et le suivi post-opératoire des opérés du cœur ! Une longue communication
sur le problème a été présentée en décembre 96 aux journées d'études de l'Association pour la
Recherche en Soins Infirmiers, à qui nous empruntons ces informations.
Le fait que les enjeux éducatifs soient moins directement vitaux et moins immédiatement perceptibles
que les enjeux médicaux éclaire sans doute la "prudente réserve" du monde enseignant à l'égard d'un
concept qui semble pourtant pouvoir concerner de manière assez sensible les problèmes d'échec
scolaire ou, pour être plus précis, celui de l'intégration scolaire, tant il est vrai l'accueil des enfants en
difficulté apparaît plus facile et plus efficace dans les classes qui intègrent dans leur problématique
éducative les perspectives offertes par l'apprentissage vicariant. Mais cette traditionnelle prudence
des milieux enseignants – les milieux médicaux le seraient-il moins ? - ne saurait rester éternellement
justifiée, et tout commande aujourd'hui de s'emparer du problème.
La théorie de l'apprentissage vicariant
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 24 / 32
Pour la plupart des théories de l'apprentissage comme pour l'observateur ordinaire, ce qu'on appelle
apprentissage ne peut se faire qu'en accomplissant une action et en faisant l'expérience de ses
conséquences.
Pas plus que REUCHLIN, BANDURA ne rejette cette évidence, mais il observe avec pertinence que
cette vision très consensuelle ne recouvre pas toute la réalité de l'apprentissage. Pour lui, ces
apprentissages par expérience directe surviennent en fait le plus souvent sur une base vicariante,
c'est à dire en observant le comportement des autres et les conséquences qui en résultent pour eux.
L'apprentissage vicariant ne dispense certes pas dans tous les cas de l'expérience directe, mais il
permet le cas échéant de la faciliter et incite à s'y investir si les conséquences observées sont
positives.
Le fait de pouvoir apprendre par observation rend en effet les individus capables d'acquérir des
comportements ou des savoir-faire sans avoir à les élaborer graduellement par un processus d'essais
et d'erreurs affirme BANDURA, qui se démarque ainsi des thèses habituellement béhavioristes des
anglo-saxons.
La théorie de l'auto-efficacité
La théorie de l'auto-efficacité se situe dans le prolongement de l'analyse précédente. Selon cette
théorie définie par BANDURA, la perception qu'a un individu de ses capacités à exécuter une activité
influence et détermine son mode de penser, son niveau de motivation et son comportement.
BANDURA prétend que les personnes cherchent à éviter les situations et les activités qu'elles
perçoivent comme menaçantes, mais elles s'engagent à exécuter les activités qu'elles se sentent
aptes à accomplir.
Pour BANDURA, l'expérience vicariante, c'est à dire l'opportunité de pouvoir observer un individu
similaire à soi-même exécuter une activité donnée, constitue une source d'information importante
influençant la perception d'auto-efficacité. Cette expérience vicariante vaut pour les adultes comme
pour les enfants, dans le domaine professionnel comme dans le domaine scolaire, voire dans bien
d'autres domaines, y compris médical.
Esquisse d'une mise en œuvre à l'école élémentaire
L'apprentissage vicariant, dans la définition peut-être contestable que nous en avons retenue,
fonctionne à l'école élémentaire d'une manière que l'on pourrait dire naturelle mais peu cohérente, et
parfois à l'insu du maître . En voici deux exemples - très connus mais plus complexes qu'on le croit pour lesquels il conviendra ultérieurement de distinguer, entre autres, ce qui relèverait plutôt du
"modeling", de l'imitation pure, de l'apprentissage socio-constructif par observation, etc. .. :
1. Malgré les interdits, les élèves ne se privent pas de prélever des indices utiles en observant le
travail des meilleurs d'entre eux. Ce procédé est condamné, mais il faut s'interroger : sait-on
quel est le poids relatif de ces pratiques jugées illicites dans l'acquisition effective des
connaissances réglementaires... ?
2. On sait par ailleurs – mais beaucoup l'ignorent qui travaillent en fonction de routines mal
explicitées - que l'apprentissage vicariant est présent dans certaines pratiques courantes de
correction : correction au tableau par un élève qui a réussi ou au contraire échoué; recours à
des corrigés modèles, qui firent le succès d'une certaine école par correspondance ; invitation
par le professeur à lire une copie réussie. Mais cette sage pratique enseignante peut être
interpellée : son rendement pourrait être meilleur si elle était clarifiée. Faute de l'avoir fait, la
responsabilité propre de cette sage tradition au regard des dysfonctionnement de l'école, du
renforcement des inégalités scolaires et de l'exclusion, peut même être soupçonnée.
La lecture d'une copie réussie ? Elle peut être contre-productive dans la mesure où l'élève cité
va faire figure de "chouchou" ou de "fayot", comportement irrationnel certes mais qui fait
partie de la réalité de la vie collégienne, notamment dans les secteurs difficiles.
La correction d'un exercice au tableau ? Elle est excellente mais ses effets sont parfois
hypothéqués, dans la mesure où elle intervient souvent en conclusion d'une séquence
d'apprentissage et non comme une phase de relance des apprentissages. Ce constat, qui a
inspiré notre approche de la pédagogie de maîtrise, nous parait essentiel.
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 25 / 32
3. On ne manquera pas de rapprocher de ces problèmes le développement fulgurant de la
production parascolaire : cahiers de vacances, annales corrigées, etc.. que le contexte actuel
de crise économique et le savoir-faire commercial des éditeurs ne peuvent à eux seuls
expliquer. Les élèves conviennent volontiers que le fait de pouvoir disposer de solutions
d'exercices en marge des cours qu'ils suivent leur est une aide précieuse pour parvenir à
acquérir les compétences requises, ce qui ne saurait d'ailleurs surprendre : l'analyse du savoir
faire d'autrui à travers le produit de sa compétence, qui relève rappelons le de l'apprentissage
vicariant, a joué un rôle important tout au long de l'histoire de l'humanité dans la transmission
des savoir-faire, et l'école nous paraît bien mal placée pour l'ignorer. Le temps n'est pas si loin
pourtant où les annales d'examens étaient des ouvrages réservés aux professeurs, où ceux-ci
condamnaient l'usage des aides mémoires, mémentos et guides pratiques, ouvrages qui
faisaient une certaine place à un embryon de "méthodologie" mais étaient parfois perçus
comme des concurrents ou des rivaux de leurs "cours". Les "boîtes à bac" du temps jadis, aux
pratiques si contestées, avaient bien compris quant à elles et depuis longtemps l'intérêt
commercial des difficultés scolaires, mais les sévères critiques adressées à leur pédagogie
mériteraient sans doute d'être relativisées : on y enseignait peut-être mal, mais on y pratiquait
un entraînement systématique qui permettait d'apprendre.
Voir aussi : L'apprentissage social, par Daniel Gaonach
Depuis la publication sur notre site, en 96, de cette page sur Bandura,
un nouvel ouvrage est venu enrichir notre connaissance du problème :
*** Albert BANDURA L'auto-efficacité
Psychologie scientifique et développement personnel
Editions De Boeck-Wesmael
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 26 / 32
Questdecol.gif (1122 octets)
Éclairages
La théorie de
l'apprentissage social
Professeur à l'université de Poitiers, Daniel GAONAC'H a participé en 1995 avec plusieurs collaborateurs à la publication d'un "Manuel
de Psychologie pour l'enseignement" (Éditions Hachette) destiné notamment aux étudiants des I.U.F.M. L'ouvrage a le mérite de faire
le point sur les connaissances en cours, notamment dans le domaine des sciences cognitives. Il souligne ici la position particulière de
l'apprentissage social qui, tout comme la Pédagogie de Maîtrise (voir Aletta GRISAY), se situe à l'articulation du béhaviorisme et du
constructivisme.
La théorie de l'apprentissage social, associée notamment au nom d'Albert BANDURA, accepte les
principes des théories béhavioristes, mais prend en compte des phénomènes posant problème aux
conceptions béhavioristes : c'est notamment le cas des attitudes, des attentes, des croyances. On
cherche donc tout particulièrement à rendre compte du rôle des influences sociales dans les
apprentissages.
De ce point de vue, cette théorie se situe à l'articulation entre béhaviorisme et cognitivisme(1), et
constitue une vue synthétique intéressante sur les apprentissages. Le rôle de l'imitation dans le
développement génétique est bien connu. Les enfants apprennent beaucoup en observant leur
entourage, et en tentant d'imiter ce qu'ils observent. Les capacités d'imitation apparaissent d'ailleurs
très tôt. BANDURA étend le raisonnement à toute situation d'apprentissage (2) , et considère que celuici peut d'abord se fonder sur l'observation.
L'apprentissage vicariant
Profiter de l'expérience des autres est une façon extrêmement courante d'apprendre. Nous pouvons
tenir compte des réussites et des échecs de nos congénères pour ajuster nos comportements. Le
renforcement n'est pas alors directement applicable aux comportements de l'apprenant, mais à des
comportements que celui-ci peut observer. C'est ce que les théoriciens de l'apprentissage social
apprennent l'apprentissage vicariant.
•
La référence aux "modèles"
C'est une forme d'apprentissage fortement présente dans beaucoup de situations de la vie
quotidienne. Les publicités pour les loteries mettent toujours en avant Untel qui a gagné le gros lot :
vous voyez bien que c'est possible.... (3) Et pourtant cette donnée ne change évidemment rien aux
chances de gagner de tout un chacun.
Les modèles peuvent être des congénères : adultes, pairs… Ils peuvent aussi correspondre à des
symboles dont la valeur sociale est importante : des mots, des idées qui sont valorisées socialement,
des images, des évènements. Certains films peuvent ainsi servir de référence à toute une génération,
et conduire à renforcer des comportement, des attitudes…
•
L'élève sélectionne
Le professeur dans sa classe peut manipuler ce qui va servir de modèle, dans un sens très large, à la
maîtrise de nouveaux comportements et à la stabilisation des comportements acquis. L'enseignement
ne porte pas que sur les phases d'exercice explicite, mais aussi sur tout ce qui, dans la classe, les
entoure. Tous les aspects de la situation pédagogique servent à l'enfant de période d'observation : les
premières minutes d'une classe, tout ce que le professeur utilise pour amener une question, les
éléments qu'il va mettre en exergue, souligner… C'est sur cette base que l'élève va dégager les
aspects pertinents de la situation (4), c'est à dire, comme dans toute situation d'apprentissage,
sélectionner les éléments sur lesquels va ensuite porter l'apprentissage proprement dit (5).
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 27 / 32
Daniel GAONAC'H
Manuel de psychologie pour l'enseignement
(Hachette 95)
(1) Il nous a semblé intéressant d'utiliser cette perspective théorique - compte tenu de sa position
intermédiaire entre les courants béhavioriste et constructiviste - pour compléter les propositions de la
pédagogie de maîtrise, celle-ci se situant elle même à la charnière des deux courants. Ainsi justifiée
en théorie, cette option impliquait dans la pratique une mini révolution : il fallait non seulement
enfreindre un tabou, car observer l'entourage est généralement proscrit à l'école, mais aussi rendre
techniquement possible - opérationnelle - cette observation de l'entourage : assurer une bonne
lisibilité des actes d'apprentissages, sans verser dans le copiage, et en respectant les exigences du
travail collectif.
(2) A toute situation d'apprentissage, et donc sans doute aux situations scolaires. Or, dans le
fonctionnement actuel de la classe, cette perspective est peu employée : d'une manière générale,
l'élève doit apprendre seul, en écoutant les propos du maître. L'apprentissage par observation existe
cependant, qui peut porter sur différents objets, mais plus exceptionnellement sur des situations dans
lesquelles les sujets sont aux prises avec les objets : c'est le cas néanmoins au moment de la
correction, lorsqu'un élève planche au tableau sur un exercice, que les autres élèves n'auront pas
toujours la possibilité de réinvestir, mais pratiquement jamais en préalable à un exercice, ce qui
pourrait fournir des indices pertinents et permettre à l'apprenant de faire porter immédiatement ses
efforts sur les aspects pertinents de la situation.
(3) Cet exemple trop particulier est peu intéressant au plan pédagogique sinon comme contreexemple : sauf à devenir très aléatoire, l'apprentissage n'est guère comparable à une conduite
hasardeuse : observer un joueur de loto ne peut rien apprendre sur ce qui a pu conduire ce joueur à
gagner puisqu'il s'agit d'un jeu de hasard.
Observer un camarade qui extériorise une compétence donnée est très différent : celui-ci n'agit pas au
hasard, mais selon des règles précises, qui sont autant d'indices pertinents qu'il faut s'efforcer de
recueillir, si la situation le permet, pour réussir son propre apprentissage.
Cette possibilité étant peu utilisée dans le système scolaire actuel, on en revient au cas précédent :
faute d'indices utilisables, l'élève affronte son apprentissage un peu comme il affronterait un jeu de
hasard. Comparaison n'est pas raison, mais le fait est que bien des apprentissages mériteraient cette
critique....
(4) D. Gaonac'h décrit ici une situation d'enseignement : le professeur cherche à guider l'élève vers la
notion à acquérir, à lui fournir habilement les indices pertinents qu'il devra prendre en compte. Au
contraire, si l'on se situe dans une perspective d'apprentissage, on peut penser qu'il est bon de laisser
l'élève découvrir ces indices pertinents, à condition de lui fournir à cet effet une ou plusieurs situations
riches en indices pertinents. C'est l'ambition de notre moment de BILAN.
On doit en outre observer que l'optique "enseignement" ne tient guère compte des rythmes individuels
d'apprentissage : pour une raison qui échappe au professeur (inattention, rêverie, absence d'une
référence "pré-requise") et malgré la qualité de son enseignement, l'élève va parfois décrocher. Sans
vouloir mettre en cause la nécessité des leçons, nous pensons - pour l'avoir observé très souvent que le risque de décrochage est grand, ce dont les taux d'échec scolaire semblent témoigner.
Dans notre approche de la pédagogie de maîtrise, nous avons souligné que les leçons tendent à
devenir des leçons de synthèse, prenant appui sur des éléments que les élèves viennent d'acquérir
lors des phases de bilan et d'entraînement, et qu'il peut alors apparaître nécessaire de renforcer ou de
mettre en perspective.
(5) Une question s'impose. Si l'apprentissage vicariant, en ce qu'il conduit l'élève à "dégager les
aspects pertinents d'une situation", s'apparente par là à toute autre situation d'apprentissage, peut on
affirmer la réversibilité de la proposition : toute situation d'apprentissage peut-elle prendre la forme
d'un apprentissage vicariant ? Au terme de six années d'inspections dans les classes exploitant
l'hypothèse de REUCHLIN, nous répondons : NON. Il est très rare qu'un élève ait pu réussir un
apprentissage à travers la seule observation d'un camarade, bien que cela se rencontre parfois. En
revanche, nous affirmons tout aussi catégoriquement : OUI, les élèves ont réussi des apprentissages
parce qu'ils ont pu bénéficier dans un premier temps, lors du moment de bilan, d'un apport
déterminant d'indices pertinents qui leur ont permis d'orienter opportunément leurs efforts. La
P.A Journées de Formation du C.A.R.L. 23 & 24 juin 2006 Paris 28 / 32
"pédagogie de maîtrise à effet vicariant" ne consiste pas à remplacer l'apprentissage normal par
l'apprentissage vicariant, elle consiste à étayer les apprentissages par une phase préalable de prise
d'indices utilisant les ressources de l'apprentissage vicariant. Ainsi réussit-elle à éviter, beaucoup plus
que dans les classes qui n'y ont pas recours, que tant d'actes d'apprentissages soient des actes
manqués.
Liv reuchl.gif (1846 octets)
Maurice REUCHLIN et Albert BANDURA
L'apprentissage vicariant
Avertissement : Les fluctuations de sens propres aux concepts relativement nouveaux entachent
selon toute vraisemblance le présent document d'une certaine part d'ambiguïté.
Pour une partie du travail présenté ici, le terme de "modeling" conviendrait sans doute mieux que celui
de "vicarious learning", les deux processus n'étant d'ailleurs pas, dans la réalité de la classe, sans
"interférences" : on prend modèle sur ceux qui savent faire (modeling), on tire parti de l'observation de
ceux qui sont en train d'apprendre (vicarious learning)..
Nous nous attacherons évidemment, sitôt en possession d'informations plus précises, à rectifier notre
document. Mais le fond du problème, qui est d'améliorer l'efficacité du système, ne semble pas
devoir être mis en cause par cette question de terminologie.
Rappelons en effet que nous sommes parti à l'origine d'une idée de Maurice REUCHLIN qui, sans
être l'inventeur du concept d'apprentissage vicariant, avait eu l'intuition de possibilités d'exploitation
pédagogique importantes que nous allons préciser
seporig.gif (1003 octets)
.
1. L'apprentissage vicariant pourrait correspondre, dans le contexte scolaire et pour simplifier, à ce
que l'enfant peut apprendre en marge du discours du maître proprement dit : en regardant faire
et en écoutant ceux qui savent faire ou en train d'apprendre ou encore, par extension, en analysant la
production de ceux qui savent faire.
Bien que cette définition elle-même puisse poser problème et appeler sans doute à terme certains
ajustements terminologiques, la réalité de ces processus marginaux et mal connus n'est niée par
personne, et leur rôle dans la problématique de l'échec scolaire, qui nous intéresse ici en priorité,
pourrait avoir été indûment sous-estimé.
2. C'est à un ancien instituteur, devenu professeur d'université, que revient le mérite d'avoir signalé
aux lecteurs français l'importance potentielle du phénomène, initialement défini et étudié outre
atlantique par Albert BANDURA. Dans un chapitre traitant de l'apprentissage animal, qui n'était pas un
support publicitaire idéal, Maurice REUCHLIN avait incidemment mentionné l'intérêt pédagogique
potentiel du processus. "C'est l'un des domaines où les contributions de la psychologie de
l’apprentissage à la pédagogie semblent pouvoir être importantes", écrivait-il avant de préciser: "il
semble que la période d’observation permette au sujet de dégager les aspects pertinents de la
situation et de faire porter alors immédiatement ses propres essais sur ces aspects" (Manuel de
Psychologie, p. 163).
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3. L'observation
des classes confirme l'existence du phénomène mais révèle en même temps
l'ambiguïté de son statut. Les maîtres y ont recours, parfois intuitivement, parfois en invoquant un
utile processus d'imprégnation, mais ils condamnent dans le même temps l'usage spontané que
peuvent en faire par ailleurs les élèves lorsqu'ils cherchent à "prélever un indice" sur le travail de leur
voisin. Cette incohérence apparente, qui semble refléter une certaine confusion entre les domaines
respectifs de l'instruction et de l'éducation, inviterait à clarifier rapidement la prise en compte du
processus et à redéfinir les finalités de certaines pratiques scolaires courantes, telles que la correction
ou l'évaluation.
4. L'enseignant
qui fait lire une bonne copie d'élèves pour servir de modèle invoque l'utilité de
l'imprégnation, processus assez mal défini qui justifie de même, en lecture, le recours aux "bons
auteurs". Mais ce processus est en réalité, dans la définition que nous en avons retenue, celui de
l'apprentissage vicariant : l'élève va apprendre, progressivement et intuitivement, à partir du savoir
faire d'autrui, ce que l'enseignant aurait parfois du mal à expliciter. Le recours à l'apprentissage
vicariant est également de pratique courante dans la conduite des leçons : l'enseignant, pour étayer la
progression de son cours, fait appel aux compétences des élèves les plus avancés. Mais lorsqu'un
élève, pour étayer son propre cheminement d'apprenti, cherche à prélever un indice sur le travail de
son voisin, il est alors accusé de "copiage" et rappelé à l'ordre. Ces "prises d'indices", condamnées au
nom de la nécessité du travail et de l'effort personnel, permettent pourtant à l'élève de relancer son
effort personnel et de progresser dans ses apprentissages. On peut se demander si l'intrusion de la
"morale" et des exigences de l'éducation dans le fonctionnement de la classe n'est pas - sur ce
point - contradictoire avec les exigences de l'instruction et potentiellement lourde d'effets
pervers. Elle introduit le risque d'un grave "effet boomerang": privé de la possibilité d'étayer son
difficile cheminement, l'élève perd confiance en ses moyens, relâche ses efforts et déserte le
champ du scolaire.
5. Un même regard critique doit être porté sur la pratique et sur la place de la correction dans les
processus d'apprentissage. Bien des élèves ne comprennent la leçon qu'au moment de la
correction des exercices d'application qui lui font suite, phase qui met en jeu l'analyse du savoir faire
de l'autre et relève donc de l'apprentissage vicariant. La question peut être posée de l'utilité d'une
aussi longue attente, que l'on voudrait studieuse, mais dont le profit intellectuel n'est nullement assuré
dans tous les cas. En se gardant de toute interprétation réductrice et caricaturale de telles situations,
force est de constater que la correction intervient souvent trop tard. La possibilité de réinvestir les
nouveaux acquis risque alors d'être sacrifiée à la poursuite formelle du programme, qui devient
pourtant du même coup plus aléatoire ! Le poids de ce vice caché dans la genèse des processus
d'échec et de rejet de l'école pourrait être plus important que l'on ne veut bien l'admettre.
6. Les
intuitions de Maurice REUCHLIN entrent ainsi en convergence avec un problème important qui,
pour avoir été traité parfois sur le mode tendre (Prévert, Le cancre), n'en constitue pas moins une
question centrale de la pédagogie. En évoquant implicitement le problème du temps d'apprentissage,
M. Reuchlin rejoint les préoccupations des chercheurs américains du courant Mastery Learning et les
cruelles révélations de leurs enquêtes sur le temps investi par l'élève dans sa tâche. Si la
reconnaissance institutionnelle des différences de rythmes d'apprentissage, désormais acquise en
France depuis la "réforme des cycles", conduit à accorder à chaque élève "tout le temps dont il a
besoin pour apprendre", les possibilités réellement offertes à l'enfant varient quantitativement de
façon importante d'une classe à l'autre. Mais elles se révèlent surtout défaillantes dans la manière de
renforcer qualitativement le "temps effectivement investi dans la tâche". Les propositions de M.
Reuchlin, qui s'inscrivent dans une perspective relevant à la fois d'une sorte d'épistémologie de l'école
et de la délicate problématique phylogenèse / ontogenèse, paraissent pouvoir répondre à cette
attente importante. Elles concernent davantage l'organisation du travail d'apprentissage que
l'acte d'enseigner proprement dit, nous invitant par là à interpeller les poids des habitudes et les
options qui prévalent, aujourd'hui encore, dans les sphères administratives et pédagogiques.
7. L'intérêt
potentiel de l'apprentissage vicariant conduit par ailleurs à poser fermement le problème de
l'évaluation, de la place respective que doivent en prendre les différentes formes dans une conception
rationnelle des apprentissages.
a) La nécessité de l'évaluation dite "institutionnelle", que l'on rencontre par
exemple dans la tenue régulière les livrets individuels de suivi, ne saurait échapper à
personne. Mais son caractère omniprésent et quelque peu envahissant doit cependant être
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dénoncé avec d'autant plus de vigueur que les parents, dans un souci légitime de suivre le
travail de leurs enfants, tendent à en accentuer les effets pervers.
Évaluer un apprentissage en train de se faire est un non sens pédagogique total, qui se
rencontre pourtant fréquemment du fait d'une interprétation quasi irresponsable des
exigences de l'évaluation institutionnelle. Cette hargne évaluative (Stella BARUK) peut alors
porter préjudice aux autres formes de l'évaluation - qui la devancent dans la suite logique des
processus d'apprentissage - et donc à l'apprentissage lui-même.
b) Il en est ainsi de l'évaluation dite formative, qui permet au maître "d'observer et de
comprendre ce qui se passe dans les apprentissages" pour les accompagner et les optimiser.
Celle-ci, qui va permettre d'agir sur la qualité des résultats que l'évaluation institutionnelle
pourra ensuite mettre en évidence, est parfois perturbée par la nécessité de répondre à date
fixe aux exigences mal comprises - ou mal traitées - de l'évaluation institutionnelle. Cette
contradiction, très courante, qui témoigne d'une certaine irresponsabilité hiérarchique ou du
moins d'une conception trop formaliste de celle-ci, est préoccupante.
c) Plus grave encore s'il se peut, l'importance récemment révélée de l'évaluation dite
formatrice, qui permit à une classe de première d'un lycée de Marseille d'obtenir en 1986 les
meilleurs résultats de sa catégorie aux épreuves de français du baccalauréat, est encore
fréquemment ignorée, le comble étant que sa mise en œuvre, bien que portée par le courant
de la méta cognition, rencontre parfois une certaine hostilité institutionnelle.
8. La
prise en compte de l'hypothèse de M. REUCHLIN en vue d'une exploitation plus rationnelle de
l'apprentissage vicariant se heurte à des difficultés certaines. Aux difficultés proprement techniques,
qui sont réelles, s'ajoutent le poids des habitudes et des traditions éducatives les plus respectables,
que paraissent cependant pouvoir contrecarrer le non moins respectable sens des réalités et le
volontarisme des enseignants.
Dérangeante, la suggestion de Maurice Reuchlin l'était en effet et l'est encore, notamment par son
caractère prématuré : les esprits ne semblent pas prêts à entendre une proposition qui détonne dans
le consensus réalisé autour de la "créativité", du droit à l'originalité et à la différence. Elle l'est aussi
par sa filiation avec les travaux sur l'apprentissage animal, qui peut prêter à une ironie facile, non
moins que par un amalgame avec le "copiage", qui peuvent constituer des "obstacles cognitifs" à
l'évolution des représentations des enseignants. Mais aucune de ces résistances légitimes ne peut à
son tour résister à un examen un peu rigoureux, que les exigences du professionnalisme imposent
aujourd'hui avec force.
9. L'apprentissage vicariant est un apprentissage "socio-constructif par observation" (F.
WYNYKAMEN), dans lequel l'élève procède de façon différée, hors de la présence du "modèle"
dont il a cherché identifier les éléments pertinents (M. Reuchlin). Le processus se caractérise par
une succession rapide de changements ou d'ajustements de représentations, comme dans le
"tâtonnement expérimental" dont il constitue une version peut être moins hasardeuse que l'original,
dans la mesure où le temps gagné par étayage des apprentissages notionnels pourrait dès lors être
réinvesti au bénéfice des activités de créativité ou à celui des activités sportives.
Mais l'apprentissage vicariant, tout comme le "tâtonnement expérimental" de FREINET, permet
surtout une mobilisation intensive du raisonnement "hypothético-déductif" ("Si.., alors..."),
"nourriture intellectuelle de base" dont on sait que les élèves déshérités ont souvent été privés et sont
en difficulté pour en avoir été privés (J. LAUTREY).
Cette ultime caractéristique, injustement occultée par les contempteurs de FREINET, pourrait
apporter un argument décisif aux propositions de M. REUCHLIN.
La recherche-action conduite de 1990 à 1996 dans quelques 200 classes des écoles de la ceinture
de Nouméa, et dont s'autorise le présent document, justifie un certain optimisme et plaide pour une
reconduction et un élargissement de la mise à l'épreuve des hypothèses de M. REUCHLIN. En dépit
de l'absence d'infrastructures propres à assurer une évaluation précise de cette opération et des
difficultés rencontrées dans sa mise en œuvre ou dans son évaluation, les indices positifs plaidant
pour une validation de l'hypothèse ne manquent pas. L'accueil fait par les enfants et par les maîtres
qui assurent avoir "redécouvert leur métier", les réactions favorables des parents, la normalisation des
problèmes d'absentéisme, la bonne acceptation des élèves en intégration scolaire, la réduction des
demandes de redoublements ou des signalements d'enfants "en difficulté" auprès des structures
10.
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spécialisées, sont autant d'éléments qui, même difficilement chiffrables, témoignent plus que d'un
frémissement et ne peuvent être démentis de bonne foi.
11. L'opération
"Pédagogie de maîtrise à effet vicariant" travaille sur les rythmes d'apprentissage.
Malgré ses effets équilibrants sur l'organisation temps scolaire, elle ne saurait cependant être
confondue avec celle des "Projets d'aménagement du rythme scolaire" mis en place sous l'égide du
Ministère de la Jeunesse et des Sports, projets dont l'intérêt est par ailleurs réel bien que limité.
a) Divers projets d'aménagement du temps de l'enfant, conçus de longue date sur les
indications de pédiatres ou de chrono biologistes et repris récemment dans le cadre de
l'opération Guy DRUT, postulent qu'une réhabilitation des activités physiques et artistiques
permettrait une réduction de la fatigue de l'enfant qui devrait à son tour avoir une incidence
sur les résultats scolaires ou tout au moins sur le bien être de l'enfant. L'intérêt de cette
hypothèse, et de la causalité en cascade qu'elle met en jeu, est indéniable, mais les effets
réels sur l'amélioration des apprentissages proprement scolaires - à en juger par l'évaluation
des résultats obtenus à l'école ouverte de St-Fons (Lyon) - restent incertains.
b) La filière "Reuchlin-Bandura", sans ignorer cette importante problématique de la fatigue
enfantine, procède cependant d'une démarche en quelque sorte inverse et probablement plus
efficace. Elle postule, sur la base d'une hypothèse non plus médicale mais cognitiviste,
qu'un apprentissage mal conduit est en soi fatigant, et qu'un aménagement des modes
d'apprentissage - impliquant par nécessité cognitive un réaménagement du temps
d'apprentissage de l'enfant, déjà amorcé par la pédagogie de maîtrise - permettrait
d'améliorer la qualité et la vitesse des apprentissages en intervenant sur le processus
d'apprentissage lui-même, libérant par contrecoup du temps pour les activités physiques et
artistiques et favorisant ainsi doublement la réduction de la fatigue de l'écolier. Ce processus
à double-effet avait été remarqué dès les premières mises en application de la "pédagogie de
maîtrise à effet vicariant" et confirmé par la suite
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La nécessité de bien distinguer ces deux approches conceptuelles n'autorise pas à les mettre
en concurrence. Leur complémentarité apparaît souhaitable sinon nécessaire.
La filière Reuchlin/Bandura, bien que non médiatisée et pour l'heure quasi inconnue, vaut par
sa précieuse prise en compte des processus internes de l'apprentissage, par sa facilité
d'application, par son orientation nettement socio-constructiviste et plus encore s'il est
possible par son impact bénéfique sur l'atmosphère de la classe. Son intérêt potentiel ne peut
être mis en cause ni par la forte médiatisation dont a pu bénéficier récemment la filière Drut, ni
par celle qu'annonce le projet Allègre sur l'école du XXI ème siècle, et cela d'autant moins que
l'affinité de la piste Reuchlin-Bandura avec les propositions énoncées par Jospin lors de la
mise en place des cycles est forte :
1. "permettre au maître d'observer et de comprendre ce qui se passe dans les activités
d'apprentissage" pour mieux enseigner dit explicitement Jospin dans la circulaire sur les
Cycles.
2. "permettre aux élèves d'observer et de comprendre ce qui se passe dans les activités
d'apprentissage pour mieux apprendre " disent en substance Bandura et Reuchlin.
Les deux conceptions sont parallèles, que séparent encore une coriace querelle de mots et de
préséance : s'agit-il de bien enseigner ou de bien apprendre ? Ne pourrait on conduire d'un
même mouvement ces deux processus qui se déroulent en principe dans le même lieu, avec
une organisation du travail qui répondrait aux besoins des uns comme des autres ?
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