CPP – 2013/2014 Fonctions réelles
J. Gillibert
Corrigé du TD no11
Exercice 1
Soient fet gdeux fonctions continues RR. On suppose que :
xQ, f(x) = g(x)
Montrer que f=g.
Réponse : Rappelons d’abord le résultat suivant : tout nombre réel est limite d’une suite de
nombres rationnels, autrement dit l’adhérence de Qest égale à R(on dit que Qest dense dans R).
Pour justifier rigoureusement ce résultat, soit αun nombre réel, alors la suite (un)définie par
un=b10nαc
10n
est une suite de nombres rationnels (et même décimaux) qui converge vers α. En effet, par définition de
la partie entière nous avons :
10nα≤ b10nαc<10nα+ 1
d’où :
αun< α +1
10n
ce qui n’est pas très étonnant : unest la valeur approchée par défaut à 10nprès de α. Le théorème des
gendarmes montre que (un)converge vers α.
Passons à la résolution de l’exercice proprement dit. Soit αun réel, et soit (un)une suite de nombres
rationnels qui converge vers α. Alors, par continuité de f, la suite f(un)converge vers f(α). De même, par
continuité de g, la suite g(un)converge vers g(α). Mais unest un nombre rationnel, donc f(un) = g(un)
pour tout n. Par unicité de la limite d’une suite, on en déduit que f(α) = g(α).
Exercice 2
1. Montrer que, pour tout couple (a, b)R2,
max(a, b) = 1
2(a+b+|ab|).
Réponse : On distingue deux cas :
ou bien ab, dans ce cas abest positif ou nul, donc |ab|=ab. Par conséquent :
1
2(a+b+|ab|) = 1
2(a+b+ab) = a= max(a, b)
ou bien a<b, dans ce cas abest strictement négatif, donc |ab|=a+b. Il en résulte que :
1
2(a+b+|ab|) = 1
2(a+ba+b) = b= max(a, b)
Dans tous les cas la formule est bien vérifiée.
2. Soient fet gdeux fonctions continues DR. Soit max(f, g)la fonction définie par
max(f, g) : DR
x7−max(f(x), g(x))
1
Montrer que cette fonction est continue sur D.
Réponse : D’après la question précédente, nous avons :
max(f, g) = 1
2(f+g+|fg|).
Or la fonction fgest continue (comme différence de deux fonctions continues) et la fonction
valeur absolue est continue, donc la fonction |fg|est continue (comme composée de fonctions
continues). Finalement, f+g+|fg|est la somme de trois fonctions continues, donc est continue,
ce qui montre que max(f, g)est continue.
Exercice 3
1. Montrer que l’équation x5=x2+ 2 a au moins une solution sur ]0,2[.
Réponse : Soit f(x) = x5x22, alors notre équation se réécrit f(x)=0. La fonction fest
continue sur Ret f(0) = 2,f(2) = 26. D’après le théorème des valeurs intermédiaires (TVI),
comme 0est compris entre f(0) et f(2), il existe un réel αcompris entre 0et 2tel que f(α)=0.
Comme f(0) et f(2) sont tous les deux non nuls, ce réel αappartient à l’intervalle ouvert ]0,2[.
2. Montrer que le polynôme x3+ 2x1a une unique racine qui appartient à l’intervalle ]0,1[.
Réponse : Soit f(x) = x3+ 2x1. La fonction fest continue dérivable sur R, et sa dérivée
f0(x) = 3x2+ 2 est strictement positive sur R. Par conséquent, fest strictement croissante sur R,
donc d’après le théorème de la bijection elle réalise une bijection entre l’intervalle ]0,1[ et l’intervalle
]f(0), f(1)[=] 1,2[. Ainsi, pour tout r]1,2[, il existe un unique c]0,1[ tel que f(c) = r, d’où
le résultat en prenant r= 0.
3. Montrer que l’équation x2(cos x)5+xsin x+ 1 = 0 admet au moins une solution réelle.
Réponse : La fonction f:x7→ x2(cos x)5+xsin x+ 1 est continue sur R. De plus, on calcule que
f(0) = 1 et que f(π) = 1 π2. Comme 1π2est négatif, on en déduit d’après le TVI qu’il existe
un réel βcompris entre 0et πtel que f(β)=0.
Exercice 4
Soient nNet α]0,+[. Démontrer, en utilisant le théorème de la bijection, que le polynôme
P(X) = Xnαadmet une unique racine dans ]0,+[.
Réponse : La fonction P:x7→ xnαest continue dérivable sur ]0,+[. Sa dérivée x7→ nxn1est
strictement positive sur ]0,+[. Par conséquent, Pest strictement croissante, donc, d’après le théorème
de la bijection, elle réalise une bijection entre ]0,+[et son image, qui est ]α, +[. En particulier, il
existe un unique réel c]0,+[tel que P(c)=0.
Exercice 5
Soit PR[X]un polynôme de degré impair. Montrer que Padmet une racine réelle.
Réponse : Soit n= 2k+ 1 le degré de P, alors le terme de plus haut degré de Pest de la forme ax2k+1
avec a6= 0. D’après le cours
P(x)+ax2k+1
On en déduit que :
lim
x+P(x) = lim
x+ax2k+1 =a×(+)
Le même équivalent étant valable en −∞, il vient
lim
x→−∞ P(x) = lim
x→−∞ ax2k+1 =a×(−∞)
Or a×(+)et a×(−∞)sont deux infinis de signes contraires. La fonction P:RRétant continue, le
théorème des valeurs intermédiaires prouve que l’image de Rpar la fonction Pest l’intervalle ],+[,
autrement dit la fonction P:RRest surjective (attention : elle n’est pas injective en général). En
particulier, 0admet au moins un antécédent par P, ce qu’on voulait.
Exercice 6
Soit f: [0,+[[0,+[une fonction continue, qui tend vers 0quand x+.
2
1. On distingue deux cas : ou bien fest la fonction nulle, dans ce cas il n’y a rien à montrer, ou bien
fn’est pas toujours nulle, dans ce cas il existe x0[0,+[tel que f(x0)>0. D’autre part, on sait
que ftend vers 0en +, donc en appliquant la définition de la limite avec ε=f(x0)
2, on trouve
qu’il existe un réel A > 0tel que
x[0,+[, x A=⇒ |f(x)| ≤ f(x0)
2
Comme fest à valeurs dans [0,+[, cela se reformule en :
x[A, +[,0f(x)f(x0)
2(1)
Donc fest bornée sur l’intervalle [A, +[. D’autre part, le théorème des bornes montre que fest
bornée sur l’intervalle [0, A], plus précisément il existe des réels 0mMtels que
f([0, A]) = [m, M].
Il en résulte que fest majorée sur [0,+[par max M, f(x0)
2. Mais on constate que x0appartient
à[0, A](sinon la propriété (1) serait contredite), donc Mf(x0)>f(x0)
2. Il en résulte que fest
majorée par Msur [0,+[. Or, toujours d’après le théorème de bornes, il existe t[0, A]tel que
f(t) = M, donc fatteint sa borne supérieure.
2. La fonction fn’atteint pas forcément sa borne inférieure. Par exemple, la fonction
f: [0,+[[0,+[
x7−1
x+ 1
satisfait les hypothèses de l’énoncé, mais n’atteint pas sa borne inférieure (qui est 0).
Exercice 7
On considère la fonction f: [0,+[Rdéfinie par
f(x) = x2+x
x2+ 1 .
a) Soit x]0,1[, alors 0< x2+x<x2+ 1 d’où 0< f(x)<1. Donc ]0,1[ est stable par f. Un
raisonnement analogue montre que ]1,+[est stable par f.
b) D’après ce qui précède, étant donné x0]0,1[, la suite (xn)définie par la relation de récurrence
xn+1 =f(xn)est bien définie, et à valeurs dans ]0,1[.
c) Pour montrer que (xn)est croissante, il suffit de montrer que
x]0,1[, f(x)> x
Or nous avons f(x)
x=x+ 1
x2+ 1
Si xappartient à ]0,1[, alors x2< x donc 0< x2+ 1 < x + 1. Il en résulte que f(x)
xest strictement
supérieur à 1, d’où le résultat. La suite (xn)est strictement croissante et majorée par 1, elle converge
donc vers une certaine limite `]0,1]. Par continuité de f, cette limite satisfait f(`) = `, c’est-à-dire
est un point fixe de f. Or l’équation f(`) = `s’écrit
`2+`
`2+ 1 =`
Comme `6= 0, on peut diviser par `les deux membres de l’équation :
`+ 1
`2+ 1 = 1
3
c’est-à-dire :
`+ 1 = `2+ 1
d’où `2`= 0, équation dont les solutions sont 0et 1. Comme `6= 0, on en déduit que `= 1.
Exercice 8
1. Soit f: [a, b][a, b]une fonction continue. Montrer qu’il existe x0[a, b]tel que f(x0) = x0.
Réponse : Considérons la fonction gdéfinie par
g: [a, b]R
x7−f(x)x
Comme fest continue, gl’est aussi. Il est clair par construction de gque notre problème se ramène
à montrer l’existence d’un réel x0[a, b]tel que g(x0)=0. D’autre part :
g(a) = f(a)a0car f(a)appartient à [a, b], en particulier f(a)a
De même :
g(b) = f(b)b0car f(b)appartient à [a, b], en particulier f(b)b
Donc 0est compris entre g(a)et g(b). D’après le théorème des valeurs intermédiaires, il existe donc
x0[a, b]tel que g(x0)=0, CQFD.
2. Montrer que l’équation cos x=xadmet une solution comprise entre 0et 1.
Réponse : Comme cos([0,π
2]) = [0,1] et que [0,1] est inclus dans [0,π
2], on en déduit que cos([0,1])
est inclus dans [0,1]. Il suffit simplement d’appliquer le résultat de la question précédente à la
fonction cos : [0,1] [0,1].
3. Donner un exemple de fonction continue g:]0,1[]0,1[ qui n’admet pas de point fixe.
Réponse : La fonction x7→ x2convient.
Exercice 9
Soient Iun intervalle de Ret f:IRune fonction continue. Les propositions suivantes sont elles vraies
ou fausses ?
1. Si Iest ouvert alors f(I)est ouvert.
Réponse : C’est faux. Par exemple, sin(]0,2π[) = [1,1].
2. Si Iest fermé alors f(I)est fermé.
Réponse : C’est faux (mais la question est légèrement hors programme). En effet, l’intervalle
[1,+[est fermé (car son complémentaire ],1[ est ouvert), et la fonction x7→ 1/x réalise une
bijection continue entre [1,+[et ]0,1], qui n’est pas fermé.
3. Si Iest borné, alors f(I)est borné.
Réponse : C’est faux. Par exemple, l’image de ]0,1] par la fonction x7→ 1/x est [1,+[.
4. Si Iest fermé borné, alors f(I)est fermé borné.
Réponse : C’est vrai, d’après le théorème des bornes.
Exercice 10
Soit f:RRla fonction définie par
f(x) = 1
1 + x2
1. La fonction fest continue. De plus, la fonction x7→ 1 + x2est strictement croissante, à valeurs
positives, sur [0,+[. Par conséquent, fest strictement décroissante sur ce même intervalle. D’après
le théorème de la bijection, fréalise une bijection de [0,+[sur son image, qui est :
f([0,+[) =] lim
x+f(x), f(0)] =]0,1]
4
2. D’après le théorème de la bijection, l’application f1:]0,1] [0,+[est continue, strictement
décroissante (car de même sens de variation que f).
3. On calcule que :
f1(y) = r1
y1.
(pour un calcul plus détaillé d’une bijection réciproque, voir l’exercice suivant).
Exercice 11
1. Soit la fonction f: [1,+[R, définie par
f(x) = 1
x2+ 2x+ 2.
La fonction x7→ x2+ 2x+ 2 étant strictement croissante sur [1,+[, à valeurs positives, la
fonction x7→ x2+ 2x+ 2 l’est aussi. Par conséquent, la fonction fest strictement décroissante sur
[1,+[. D’après le théorème de la bijection, la fonction fétant continue strictement décroissante,
elle réalise une bijection entre l’intervalle [1,+[et son image. En outre :
f([1,+[) =] lim
x+f(x), f(1)] =]0,1].
Il nous reste à déterminer la bijection réciproque f1. Pour cela, on se donne y]0,1], et on cherche
à déterminer (en fonction de y) l’unique x[1,+[tel que f(x) = y. Cette équation s’écrit :
1
x2+ 2x+ 2 =y
comme yest strictement positif, cette équation équivaut à :
x2+ 2x+ 2 = 1
y2
c’est-à-dire :
(x+ 1)2=1
y21
(notez bien l’idée de passer à la forme canonique, qui évite la lourdeur de la résolution d’une équation
de degré 2en xdont le discriminant dépend de y!). Comme x+ 1 est positif, on en déduit que
x+ 1 = r1
y21
Ainsi :
f1(y) = x=r1
y211.
2. On sait que la fonction tangente réalise une bijection entre ]π
2,π
2[et R. Il nous faut donc trouver
un intervalle Itel que la fonction h:x7→ x3réalise une bijection entre Iet ]π
2,π
2[. On voit bien
que cet intervalle est I=] 3
pπ
2,3
pπ
2[. Plus précisément, Iest l’image de ]π
2,π
2[par la bijection
réciproque de la fonction h:x7→ x3. On a donc le diagramme suivant
]3
pπ
2,3
pπ
2[
h:x7→x3]π
2,π
2[
tan R
dans lequel les deux fonctions sont bijectives. Donc leur composée g= tan hest bijective, et
la fonction réciproque g1est obtenue en composant les fonctions réciproques dans l’autre sens,
c’est-à-dire :
g1=h1arctan
Plus explicitement :
g1(y) = 3
arctan ysi y0
3
arctan ysi y < 0
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