Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits LES CONNAISSANCES 1 - Gaz parfait à l’échelle macroscopique Définition : PV Le gaz parfait associé à un gaz réel est le gaz dont l’isotherme en coordonnées d’Amagat ( PV = f (P ) ) est horizontale et passe par le point d’extrapolation à pression nulle de l’isotherme du gaz réel. ne ydrogè de dih le o m 1 gaz parfait Remarques : 1 mo le de dioxy Cette définition est indépendante du gaz réel gène considéré. En effet, bien qu’ayant des P isothermes différentes, de mêmes quantités (nombres de moles) de gaz différents Isothermes de même température T donnent un point d’extrapolation à pression nulle unique. Tout gaz se comporte comme un gaz parfait lorsqu’on fait tendre sa pression vers zéro. L’intérêt du gaz parfait est donc de pouvoir modéliser simplement, en première approximation, le gaz réel lorsque la pression est basse (domaine où les isothermes peuvent êtres confondues). Equation d’état : Compte tenu de la définition du gaz parfait et de celle de la température absolue : PVdu gaz parfait = lim (PV )du gaz réel = k × T où : k est une constante. P →0 P est intensif, V est extensif et T est intensif, donc k est extensif. On peut donc noter : k = nR où n est le nombre de moles du gaz et R une constante intensive appelée constante molaire des gaz parfaits. D’où l’équation d’état du gaz parfait : PV = nRT −1 −1 avec : R = 8,314 J.K mol . Remarque : La valeur de R est imposée par la valeur de la constante k dans l’équation thermométrique, donc par le choix de la température du point triple de l’eau (voir « Echelle absolue », page 20). 32 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits Coefficients thermoélastiques : • Coefficient de dilatation isobare : V= • Coefficient d’accroissement de pression isochore : P= • 1 nRT 1 ∂V P ∂ nRT P nR . donc : α = soit : α = = = T V ∂T P nRT ∂T P P nRT P P 1 nRT 1 ∂P V ∂ nRT V nR soit : β = . donc : β = = = T P ∂T V nRT ∂T V V nRT V V Coefficient de compressibilité isotherme : V= 1 nRT 1 ∂V P ∂ nRT P nRT . donc : χT = − soit : χT = =− = 2 P V ∂P T nRT ∂P P T nRT P P 2 - Mélange de gaz parfaits Pression partielle : On appelle pression partielle de l’un des gaz dans un mélange, la pression qu’il exercerait s’il était seul, dans le même volume et à la même température. On a donc, dans un mélange de gaz parfaits de volume V et de température T , la pression partielle du gaz n° i (dont le nombre de moles est ni ) : Pi = ni RT . V Loi des mélanges idéaux : Un mélange de gaz est dit idéal lorsque la pression du mélange gazeux est la somme des pressions partielles de chacun des gaz le constituant : P= ∑ Pi Loi de Dalton. i On constate expérimentalement, que cette loi est d’autant mieux vérifiée que la pression du mélange gazeux est faible. On peut donc en déduire qu’un mélange de gaz parfaits est un mélange idéal. Calcul des pressions partielles : Le mélange de gaz parfaits étant idéal : P = ∑ Pi = ∑ i RT Donc : = V i ni RT RT = ∑ ni . V V i P . ∑ ni i RT Alors : Pi = ni = V ni ∑ ni P. i On notera : Pi = x i P où : xi est la fraction molaire du gaz n° i . 33 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits Masse molaire moyenne : RT établie précédemment, montre qu’un mélange de gaz parfaits se V i comporte comme un gaz parfait. La relation P = ∑ ni On définit alors sa masse molaire moyenne permettant d’écrire l’équation d’état sous la m forme : PV = RT (comme pour un gaz parfait unique). M m m On a donc : = ∑ ni ⇔ M = M ∑ ni i i Soit : M = ∑ (ni Mi ) i ∑ ni = ∑ ( xi Mi ) où : Mi est la masse molaire du gaz n° i . i i Remarques : M est la moyenne des masses molaires, pondérée par les nombres de moles, d’où le nom de masse molaire moyenne. Cas de l’air constitué principalement de 78% d’azote, 21% d’oxygène, 1% d’argon : M = 0,78 × 28 + 0,21× 32 + 0,01 × 40 ≈ 29 g. mol −1 . Densité d’un gaz par rapport à l’air : C’est le rapport de la masse d’un volume V du gaz, par la masse du même volume d’air, dans les mêmes conditions de température et de pression : d= ρ m ρV = ⇔ d= . ρ mair ρairVair air Autre écriture (si on suppose les gaz parfaits) : d = M m PVM RT = ⇔ d= . Mair mair RT PVair Mair 3 - Gaz parfait à l’échelle microscopique Définition : Compte tenu de sa définition à l’échelle macroscopique, le gaz parfait correspond à la situation limite d’un gaz lorsque sa pression tend vers zéro, c'est-à-dire que son volume tend vers l’infini. Les molécules sont alors infiniment éloignées les unes des autres et n’interagissent pas. Le gaz étant supposé à l’équilibre thermodynamique, un certain nombre de grandeurs qui caractérisent le comportement des molécules sont homogènes et constantes. On peut donc donner la définition suivante du gaz parfait : • un gaz parfait est constitué de molécules identiques n’interagissant pas ; • la densité moléculaire (nombre de molécules par unité de volume) est uniforme ; 34 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits • la répartition statistique des vecteurs vitesses des molécules est uniforme et indépendante du temps ; • toutes les directions de l’espace sont équiprobables pour le vecteur vitesse des molécules (isotropie de la distribution des vecteurs vitesse). Remarque : Le fait que les molécules n’interagissent pas dans un gaz parfait permet de comprendre pourquoi un mélange de gaz parfaits se comporte lui-même comme un gaz parfait. On confirme ainsi le résultat obtenu lors de l’étude à l’échelle macroscopique. Interprétation cinétique de la pression : La force de pression résulte des chocs des molécules sur une paroi. Lors de ces chocs, la force subie par la paroi est l’opposée de la force subie par la molécule (principe de l’action et la réaction). r r La force fi subie par la paroi lors d’un choc avec la molécule n° i de vitesse v i , est donc : r r dv fi = − m i . dt Ces forces sont de durées courtes, mais sont très nombreuses sur une surface S donnée, et se superposent. Il en résulte donc une force totale quasiment constante exercée sur la surface S , dont la moyenne temporelle sur un intervalle ∆t est telle que : Evolution des fi Force totale moyenne t r ∆t r 1 ∫ 0 ∑i fi dt = ∆t ∑i ∫ 0 fi dt . r ∆t r tf dv i r Or : ∫ fi dt = − m ∫ dt = − m ∆v i ( t i et tf étant les instants de début et fin du choc) 0 ti dt r r 1 Donc : F = − m ∑ ∆v i . ∆t i r 1 F = ∆t ∆t Un choc se décompose en fait en deux phases : • Phase d’adsorption au cours de laquelle la molécule incidente vient se fixer sur la r paroi et passe de la vitesse v à la vitesse nulle. r r Au cours de cette phase : ∆v i = −v . • Phase de désorption au cours de laquelle la molécule se libère de la paroi et passe r de la vitesse nulle à la vitesse v ' . r r Au cours de cette phase : ∆v i = v ' . Etude des phases d’adsorption : On ne considère, dans un premier temps, que les molécules arrivant avec un vecteur r vitesse v donné, venant frapper une surface S de la paroi pendant ∆t . 35 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits Elles se situent dans le volume : y τ = S ' v ∆t = S cos α v ∆t = S v x ∆t r v et sont donc au nombre de : paroi v ∆t nv τ = nv S v x ∆t où nv est la densité volumique des molécules r ayant le vecteur vitesse v considéré. α Seule la moitié de ces molécules produit des chocs sur la paroi (l’autre moitié s’éloigne de la paroi). On a donc, pour ce vecteur vitesse particulier : r r r 1 1 ∑ ∆v i = 2 nv τ ∆v i = − 2 nv S v x ∆t v . i S S' = Scos α x r En faisant la somme pour tous les vecteurs vitesse v possibles, on obtient la force due aux adsorptions : r r 1 r 1 1 Fa = − m∑ − n S v x ∆t v = mS ∑ nv v x v . r ∆t vr 2 v 2 v Or, par définition de la moyenne : r ∑r nv v x v = n r vx v v r 1 r Donc : Fa = n m S v x v . 2 Etude des phases de désorption : r Avec le même raisonnement, pour un vecteur vitesse v ' particulier : r ∑ ∆v i i = r r 1 1 nv ' S cos α v ' ∆t ∆v i = nv ' S (− v ' x ) ∆t v ' 2 2 ( v ' x étant ici négatif). r En faisant la somme pour tous les vecteurs vitesse v ' possibles, on obtient la force due aux désorptions : r r r 1 1 1 Fd = − m∑ − nv ' S v ' x ∆t v ' = mS ∑ nv ' v ' x v ' r r ∆t v ' 2 2 v' r r 1 Soit : Fd = n mS v ' x v ' . 2 r r r 1 Finalement, la force moyenne est : F = n mS v x v + v ' x v ' . 2 [ ] 1 2 2 Fx = 2 n mS v x + v ' x 1 En projection dans la base cartésienne : Fy = n mS v x v y + v ' x v ' y 2 Fz = 1 n mS v x v z + v ' x v ' z 2 [ [ 36 ] ] Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits L’isotropie de la distribution des vitesses impose que v x , v y et v z soient indépendantes et statistiquement identiquement réparties autour de la valeur nulle ; de même pour v ' x , v ' y et v ' z . D’où (pour i ≠ j ) : v i v j = 0 ⇒ Fy = Fz = 0 . La force de pression est donc normale à la surface S considérée. Le gaz parfait apparaît donc comme un fluide parfait (voir « Fluide parfait - Pression », page 15). L’isotropie de la distribution des vitesses impose aussi : vx 2 2 2 = vy 2 = vz 2 Or : v 2 = v x + v y + v z ⇒ v 2 = v x Et de même : v ' x 2 = 2 2 et : v ' x 2 = v 'y + v y 2 + vz2 2 = v 'z donc : v x 2 2 = 1 2 v 3 1 v '2 . 3 On suppose que la paroi et le gaz sont à l’équilibre thermique. Le contact des molécules avec la paroi ne s’accompagne donc pas d’un transfert d’énergie cinétique (en moyenne). On a donc : v ' 2 = v 2 . On obtient alors : v x 2 = v 'x 2 = 1 2 v 3 1 2 et : Fx = 3 n m S v . Finalement, compte tenu de la définition de la pression : P= 1 n mv *2 3 * où : v = v2 est la vitesse quadratique moyenne des molécules. Interprétation cinétique de la température : L’équation d’état des gaz parfaits s’écrit : PV = nV RT ( N A est le nombre d’Avogadro et NA M la masse molaire des molécules). Donc : T = Mv *2 PN A . ⇔ T = 3R nR La température apparaît donc comme une grandeur liée à la vitesse quadratique moyenne des molécules. On parle d’ailleurs d’agitation thermique des molécules dans le gaz. * On notera : v = 3RT = M 3kT m où : k = R NA , .10 −23 J. K −1 est la constante de = 138 Boltzmann. Exemple numérique : Dans l’air, les molécules de dioxygène n’ont pas la même vitesse quadratique moyenne que les molécules de diazote puisqu’elles ont des masses différentes : v * (N 2 ) = 3RT −1 = 515 m.s ; v * (O2 ) = M (N 2 ) 37 3RT −1 = 482 m.s (évaluées à 25°C). M (O2 ) Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits Remarque : Ces vitesses sont très inférieures à la vitesse de libération sur Terre ( 112 , km. s −1 ). Même si certaines molécules du gaz ont une vitesse supérieure à la vitesse quadratique moyenne (et que d’autres ont une vitesse inférieure), on peut prévoir que les molécules ont statistiquement peu de chances d’avoir une vitesse dépassant la vitesse de libération et ne peuvent donc pas s’arracher de l’attraction terrestre. Ceci explique la présence de notre atmosphère « piégée » par la gravitation. Sur la Lune, la vitesse de libération n’est que de 2,2 km.s −1 . Dans les mêmes conditions de température, les molécules auraient statistiquement beaucoup plus de chance d’avoir une vitesse supérieure à cette vitesse de libération. Une atmosphère n’est donc pas envisageable sur la Lune. Même s’il y en a eu une un jour, elle a fini par disparaître. 38 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits LES SAVOIR-FAIRE 1 - Calculer des coefficients thermoélastiques • Si l’équation d’état fait apparaître des fonctions explicites, le calcul peut se faire directement par simple dérivation. Exemple 1 : Calcul de β pour le gaz d’équation d’état P + La fonction P (T ,V ) est explicite : P = nRT a − 2 . V −b V D’où : β = 1 ∂P ∂ nRT V 2 (V − b) a × − = P ∂T V nRTV 2 − a(V − b) ∂T V − b V 2 V Cad : β = V 2 (V − b) nR nRTV 2 − a(V − b) V − b Après simplification : β = Ou encore : β = Soit : β = • a (V − b) = nRT . V2 1 (en fonction de T et V ). a T− V − b ( ) nRV 2 nR a a P + 2 (V − b) − 2 (V − b) V V nR (en fonction de P et V ). P (V − b) Si l’équation d’état fait apparaître des fonctions implicites, il faut faire appel au calcul différentiel (voir « Calculer des dérivées partielles », page 6). Exemple 2 : Calcul de α et χT pour le gaz d’équation d’état P + a (V − b) = nRT . V2 La fonction V (T ,P ) est implicite. En fixant la pression : − Alors : 2a a dV (V − b) + P + 2 dV = nR dT V3 V dV ∂V nR = = a 2a dT ∂T P P + 2 − 3 (V − b) V V nR 1 ∂V V Et : α = = . a 2a V ∂T P P + − ( V − b ) V2 V3 39 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits 2a a En fixant la température : dP − 3 dV (V − b) + P + 2 dV = 0 V V Alors : dV ∂V V −b = =− a 2a dP ∂P T P + 2 − 3 (V − b) V V b V Et : χT = . a 2a P + 2 − 3 (V − b) V V 1− 2 - Déterminer l’équation d’état à partir des coefficients thermoélastiques • Utiliser les expressions des coefficients thermoélastiques afin d’obtenir un système d’équations aux dérivées partielles. • Intégrer ce système d’équations pour obtenir la relation liant les variables d’état. Exemple 3 : Equation d’état du gaz de coefficients α = R RT et χT = . P (RT + bP ) RT + bP 1 ∂V R (1) = V ∂T P RT + bP On peut écrire le système : RT − 1 ∂V = (2) V ∂P T P (RT + bP ) Par intégration de (1) : ln(V ) = ln(RT + bP ) + f (P ) Alors : 1 ∂V b + f '(P ) = V ∂P T RT + bP b RT 1 − f ' (P ) = ⇔ f ' (P ) = − RT + bP P (RT + bP ) P RT + bP Soit : f (P ) = − ln(P ) + cte et : ln(V ) = ln(RT + bP ) − ln(P ) + cte ⇔ V = K . P En reportant dans (2) : − On notera : PV = K (RT + bP ) . Ce gaz doit se comporter comme un gaz parfait lorsque P → 0 . Or : lim(PV ) = KRT donc : K = n . P →0 Finalement : PV = n(RT + bP ) . 3 - Calculer des pressions partielles • Si la pression totale est connue (ou peut être calculée), ainsi que les nombres de moles ou les fractions molaires, il suffit d’utiliser la relation : Pi = x i P . 40 Thermodynamique - Chapitre 3 Propriétés thermoélastiques des gaz parfaits Exemple 4 : Calcul des pressions partielles de l’azote et de l’oxygène de l’air dans les conditions normales de température et de pression (CNTP définies par les conventions : P0 = 1 atm ; T0 = 27315 , K ). En considérant que l’air est constitué d’un mélange d’azote ( x(N2 ) = 78% ), d’oxygène ( x(O2 ) = 21% ) et l’argon ( x(A) = 1% ) : P (N2 ) = x (N2 ) P0 = 0,780 atm = 0,790 bar = 79014 Pa . P (O2 ) = x (O2 ) P0 = 0,210 atm = 0,213 bar = 21273 Pa . On remarquera que ces pressions partielles sont indépendantes de la température puisque la pression totale l’est. • Si le volume, la température et les nombres de moles sont connus, on pourra utiliser la RT définition de la pression partielle : Pi = ni . V Exemple 5 : On prélève un volume V1 = 100 cm3 d’oxygène à la température T1 = 298 K sous la pression atmosphérique P0 , puis un volume V2 = 150 cm d’hydrogène à la température T2 = 273 K sous la pression atmosphérique. Ces deux échantillons sont mélangés dans un récipient de volume V = 200 cm3 et maintenu à la température T = 350 K . Calculer les pressions partielles et la pression totale. Le nombre de moles d’oxygène est : n1 = P0V1 . RT1 Sa pression partielle dans le mélange est donc : P1 = P0V1T P0V1 RT ⇔ P1 = . T1V RT1 V AN : P1 = 0,587 atm = 0,595 bar . Le nombre de moles d’hydrogène est : n2 = P0V2 . RT2 Sa pression partielle dans le mélange est donc : P2 = P0V2T P0V2 RT ⇔ P2 = . T2V RT2 V AN : P2 = 0,962 atm = 0,974 bar . , atm = 157 , bar . La pression totale est alors : P = P1 + P2 = 155 41