jeudi 17 novembre
14h et 20h30
Amphitryon
théâtre s 15 ans
de Molière
mise en scène Guy Pierre Couleau
03 29 79 73 47
acb, 20 rue Theuriet Bar-le-Duc
www.acbscene.com
Amphitryon de Molière
mise en scène Guy-Pierre Couleau
assistante à la mise en scène Carolina Pecheny
avec
Cléanthis Isabelle Cagnat
amphitryon Frédéric Cherboeuf
sosie Luc-Antoine Diquéro
Mercure Kristof Langromme
Jupiter Nils Öhlund
La nuit Jessica Vedel
alcmène Clémentine Verdier
lumières Laurent Schneegans
costumes laurianne Scimemi assistée de Blandine Gustin
maquillage Kuno Schlegelmilch
durée 1h45 environ
Nathalie HAMEN
Professeur de Lettres
Professeur-relais auprès de l’acb
BAR-LE-DUC
FICHE DÉCOUVERTE
Amphitryon
de Molière
mise en scène Guy Pierre Couleau
I LE TEXTE
1) L' auteur et l'écriture d'Amphitryon
Molière, dont les grandes pièces avaient été attaquées violemment par la censure (Dom Juan en
1665 et Tartuffe en 1667), se tourne vers des comédies plus légères: il écrit et met en scène en
1668, Amphitryon (en janvier), Georges Dandin (en juillet) et L'Avare (en septembre).
Amphitryon connut un grand succès jusqu'à Pâques et Molière tenait lui-même le rôle de Sosie.
Succès mitigé par la suite (mais quel succès dans la postérité à travers les nombreuses réécritures
de la pièce pour ne citer que celle de Heinrich von Kleist qui écrit en 1807 : Amphitryon, une comédie
d'après Molière !)
Le sujet mythologique, rare chez Molière, était très prisé au 17 ème siècle (Louis XIV lui-même
aimait se faire représenter en Jupiter, roi des dieux, cf. image en annexe) et favorisait le recours
à la machinerie qui plaisait beaucoup au public (les machines sont utilisées dans le Prologue
où l 'on voit La Nuit apparaître sur son char et Mercure sur un nuage (cf. image en annexe) et lors
du dénouement par un "deus ex machina" puisque Jupiter vient résoudre l'affaire en apparaissant
"dans une nue").
Molière s'est très clairement inspiré de l'Amphitryon de Plaute (254-184 avant J.-C.), auteur de
comédies latines qu'il réutilisera la même année pour son Avare imité de l'Aulularia, ainsi que de
la comédie de Jean Rotrou, Les Sosies (1636), reprise en 1650 dans une spectaculaire comédie-
ballet intitulée alors La Naissance d'Hercule.
2) Le titre
Le titre, un simple nom propre, renvoie au mythe d'Amphitryon, très présent dans la littérature
grecque: dans la poésie épique avec Homère et Hésiode , lyrique avec Pindare ainsi que chez les
Tragiques (Eschyle, Sophocle, Euripide ) dont les pièces sur ce mythe ont été, hélas, perdues.
Ce mythe raconte comment Amphithryon, valeureux général des Thébains, a été doublé, dans le
lit de son épouse aimante et dèle par Zeus, éternel coureur de jupons, ce qui a engendré une
double naissance, celles des jumeaux Héraclès et Iphiclès (cf. en annexe, un extrait d'Hésiode
racontant la légende ainsi que l'argument II de la pièce de Plaute)
Le mythe d'Amphitryon est donc le récit de la naissance d'Hercule, ce qui n'est pas rien !
L'autre particulatité de ce titre est la gure de l'antonomase puisque ce nom propre d'Amphitryon
a donné naissance à un nom commun, référencé dans le dictionnaire :
amphitryon, nom masculin, 1752, provenant du vers pronnoncé par Sosie: " Le véritable
Amphitryon / Est L'Amphitryon où l'on dîne" ; hôte qui offre à dîner.
Notons que la version de Plaute - puis dans son sillon, celles de Rotrou et de Molière - a donné
naissance à un personnage hautement comique, celui de Sosie, l'esclave poltron et insolent, qui
va se retrouver devant un autre lui-même, id est Mercure transformé en Sosie ; ce nouveau
personnage est à l'origine d'une deuxième antonomase puisque Sosie va produire, dans l'usage
et le dictionnaire, un nom commun :
Sosie, nom masculin ; 1638, répandu à partir de 1668 ; de Sosie, nom de l'esclave d'Amphitryon
dont Mercure prend l'aspect. Personne qui a une parfaite ressemblance avec une autre. Etre le
sosie de quelqu'un.
Amphitryon de Molière a donc donné naissance à deux noms communs.
Amphitryon est le personnage éponyme de la pièce, celui qui lui donne son titre. Deux
remarques s'imposent : on ne garde de lui, non pas sa dimension roïque de chef de guerre victorieux
mais sa pénible mésaventure conjugale ! par ailleurs, il n'est pas non plus le protagoniste principal
de la pièce, de sa pièce ! Il est peu présent quantitativement (alors que Georges Dandin, qui est
aussi un mari trompé, est très présent dans la pièce à qui il donne son nom) et son personnage
est assez monolithique et négatif : violent avec son valet, impatient avec sa femme même si son
amour pour elle n'est jamais mis en doute.
Le titre renvoie donc à l'épure du mythe grec d'Amphitryon et l'horizon d'attente du spectateur
semble être celui de l'adultère divin et des mortels joués !
3) La liste des personnages
Elle est composée de noms grecs (Amphithryon, Alcmène, Cléanthis et les noms grecs des 4
capitaines thébains) - et indique un ancrage géographique grec (Thèbes) - mêlés à des noms
latins : Molière a donc suivi Plaute qui avait écrit une comoedia palliata, la comédie en pallium,
ainsi appelée parce que le sujet est grec et que les acteurs portent un manteau d'origine grecque
mais Plaute a utilisé l'actualité, pour lui, des noms de dieux grecs romanisés, à savoir Jupiter et
Mercure (et non pas Zeus et Hermès).
Si Plaute a crée le personnage comique de Sosie, Molière lui a donné une femme en inventant
le personnage de Cléanthis. Molière a également introduit le personnage allégorique de la Nuit,
femme élégante et mondaine, pour donner la réplique à Mercure dans le Prologue.
Peu de femmes dans cette liste des personnages (Alcmène et Cléanthis) et trois personnages
relevant de l'univers merveilleux de la mythologie (La Nuit, Mercure et Jupiter).
Deux couples légitimes, maris et femmes : Amphitryon / Alcmène et Sosie / Cléanthis.
Deux couples maîtres/valets, relevant de la thémathique traditionnelle de la comédie.
(En effet, si Sosie est missionné par son maître Amphitryon, Mercure l'est également par son père
Jupiter, maître des dieux).
La liste des personnages annonce la thématique du travestissement, ressort de la comédie, en
indiquant: "sous la forme de".
Le rapport de force, en nombre de personnages, est en faveur d'Amphitryon, puisque tous les
personnages mortels appartiennent à sa maison ou sont ses amis capitaines thébains. Mais que
pourra Amphitryon contre des dieux capables de se métamorphoser ?
4) Structure et forme
La pièce de Molière est en trois actes (contre 5 pour Plaute). Il a simplié l'action en laissant de
côté la naissance gémellaire d'Hercule et d'Iphiclès (il se contente d' annoncer, par la voix de Jupiter,
la naissance d'Hercule au vers 1916, 1917 : "Chez toi doit naître un ls qui, sous le nom d'Hercule,
Remplira de ses faits tout le vaste univers") .
Molière se concentre sur l'une des aventures amoureuses du dieu des dieux, et sur le procédé
dont Jupiter use pour duper Alcmène, arriver dans sa couche conjugale et faire d'Amphitryon un
mari trompé. Le motif du travestissement de Jupiter, dupliqué par Mercure produit évidemment
des scènes de quiproquos et de malentendus qui sont redoublées, comme si, après un séisme
comique, on avait sa réplique !
Traditionnellement, comédies et tragédies comportaient 5 actes. La formule en trois actes tente de
plus en plus Molière qui innove encore en écrivant en vers libres. Il mélange les alexandrins et les
octosyllabes qu'il met dans la bouche des personnages de condition élevée (Jupiter, Mercure et
Amphitryon, Alcmène) ; mais il lui arrive aussi d'user de décasyllabes et d'heptasyllabes. Un seul
vers peut être partagé entre plusieurs personnages lui donnant la souplesse et la vivacité de la
prose. Enn, il utilise les trois sortes de rimes, suivies, croisées ou embrassées.
5) La question du genre
Plaute, dans le prologue de son Amphitryon, fait annoncer à Mercure le nouveau genre de sa pièce :
une tragi-comédie! " Je ferai donc en sorte que la pièce soit mixte, qu'elle soit une tragi-comédie ; car
velopper dans le genre comique, d'un bout à l'autre, une pièce interviennent rois et divinités, cela
ne me paraît pas convenable. Alors, que faire ? Puisqu'un esclave joue aussi un rôle dans cette
pièce, j'en ferai, comme je l'ai dit, une tragi-comédie."
Molière écrit, avec Amphitryon, un divertissement complet qui joue sur tous les registres de la
comédie. Certaines scènes relèvent de la farce (les bastonnades, les allusions grivoises, le valet
gourmand et poltron, le thème du cocu...), d'autres vers de la comédie plus ne (les quiproquos
et les malentendus, les phrases à double sens), même de la comédie galante fortement teintée
de préciosité, très en vogue au 17 ème (cf. Jupiter / Alcmène, I,3) ; pointons la parodie de récit
héroïque de bataille que Sosie vole à son maître Amphitryon qu'il dépouille de ses faits d'armes
glorieux en inventant un récit ctif qu'il débite à une lanterne ! Divertissement complet et comédie
baroque également puisque cette scène du récit à la lanterne, répétition d'un discours qui ne sera
jamais pronnoncé devant Alcmène, est une scène de théâtre dans le théâtre ; baroque aussi ces
jeux de miroir et de travestissements, ressorts de la pièce, ainsi que les machines volantes du
prologue.
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