Amphitryon - PLATEAUX.CH

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Amphitryon
de Molière
mise en scène Nalini Menamkat
Dossier de presse
Comédie de Genève
www.comedie.ch
Christine Ferrier
+4122 809 60 83
[email protected]
Ana Regueiro
+4122 809 60 73
[email protected]
mardi, vendredi 20h,
mercredi, jeudi,
samedi 19h,
dimanche 17h;
dimanche 8 décembre
et lundis relâche.
03-21 décembre 2013
Décembre à la Comédie
Lundi 9 décembre à 19h
Hommage à Richard Vachoux
co-organisé par le Théâtre de Carouge, Le Poche, le Conservatoire de Musique et la Comédie
avec la participation de Jean Liermier, Françoise Courvoisier, Anne-Marie Delbart,
et de nombreux amis.
entrée libre
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Amphitryon
de Molière
mise en scène Nalini Menamkat
Avec :
Vincent Babel, Ahmed Belbachir,
Yoann Blanc, Isabelle Caillat,
Juan Antonio Crespillo, Camille Figuereo,
Brigitte Rosset, Juliana Samarine,
Christine Vouilloz, Roland Vouilloz
dramaturgie : Katia Schwerzmann
assistante à la mise en scène :
Hinde Kaddour
scénographie : Terence Prout
lumière : Jonas Bühler
son : Graham Broomfield
costumes : Anne Hölck
maquillage et coiffure : Nathalie Tanner
régie générale : Philippe Brunisholz
production : Comédie de Genève
avec le soutien de : la Fondation Leenaards
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Amphitryon
Présentation
Sa nuit de noce avec la belle Alcmène à peine terminée, Amphitryon part à la guerre. Jupiter, en
séducteur chevronné, tombe sous les charmes de la jeune épouse et prend les traits de son guerrier de mari pour se glisser dans le lit de la jeune femme. Pendant ce temps, Mercure, son allié,
monte la garde. Il a pris l’apparence du valet d’Amphitryon, Sosie. Quelle n’est pas la stupeur de
celui-ci lorsque, précédant son maître pour annoncer sa victoire, il se trouve face à face avec cet
« autre moi » !
Ce jeu de doubles est le point de départ d’un joyeux enchaînement de quiproquos, qui, pour le
jeune couple, se transformera peu à peu en « cruel martyre ». Car si du côté des valets, la comédie semble battre son plein, il y a tout lieu de se demander si Amphitryon et Alcmène sortiront
indemnes de cette intrusion des Dieux sur scène...
La pièce agit comme un charme : elle tient du rêve éveillé, du conte, du merveilleux. Les « caractères » chers à Molière sont bouleversés par la magie qui y opère. Leur solidité est ébranlée, et le
doute, s’immisçant, révèle la fragilité des existences.
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Amphitryon
L’idiote, par Nalini Menamkat
Ce qui m’a d’emblée provoquée, ce sont ces vers: irréguliers, libres. L’impertinence des octosyllabes qui viennent fouetter les majestueux alexandrins. Une partition vibrante qui naît du frottement, d’une confrontation joyeuse. À cela s’ajoute une intrigue qui oscille elle aussi entre les
genres. L’auteur continue à faire trembler l’univers merveilleux du mythe dans un subtil déséquilibre. La comédie n’y est pas le propre des valets, tout comme la tragédie n’est pas l’attribut
des gens de pouvoir. Je ris de cet Amphitryon qui se heurte à une réalité qui lui échappe, comme
j’éprouve de l’amertume à l’égard de Sosie, trop habitué à se mouler aux désirs de son maître. Je
tremble devant Alcmène qui ne reconnaît plus l’être aimé et je m’amuse de Jupiter qui découvre
les plaisirs de la chair.
Tragédie et comédie cohabitent ainsi avec beaucoup de légèreté et le passage de l’un à l’autre
ouvre une énigme. C’est pourtant la même mécanique qui semble faire surgir l’un et l’autre. Et je
crois qu’on ne peut pas les séparer, qu’il faut essayer au contraire de les faire jaillir, dans le jeu des
comédiens, à partir de leur naïveté. C’est avec la plus grande sincérité que Sosie se demande :
« Rêvé-je ? est-ce que je sommeille ? Ai-je l’esprit troublé par des transports puissants ? Ne sens-je
pas bien que je veille ? Ne suis-je pas dans mon bon sens ? (…) Ne tiens-je pas une lanterne en
main ? ». Ce questionnement, pour pouvoir véritablement être entendu dans ce qu’il a d’émouvant
et de drôle, exige de l’acteur un grand abandon, une candeur capable de nous déconcerter.
Le spectateur complice le voit bien : les personnages sont idiots, incapables de déchiffrer ce qui
leur arrive. On les suit lorsqu’ils s’embourbent et on les comprend si bien.
Je prendrai donc résolument le parti de l’idiotie et non celui de l’ironie. Pas de surplomb mais une
parole qui naît de la collision avec le réel qui résiste.
Valets, maîtres et dieux sont pris dans le même tourbillon, poussés, par force ou par plaisir, à se
soumettre à l’inconnu qui fait irruption. Si l’Amphitryon de Molière provoque une joie carnavalesque, il appelle aussi une réflexion profonde qui naît de notre risible fragilité.
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Amphitryon
Circonstances de l’écriture, par Hinde Kaddour
« Est-ce la lassitude que lui causa le second étouffement de Tartuffe en août 1667, ou est-ce
l’effet de la maladie, mais Molière, entre février 1667, date du Sicilien, et janvier 1668, date d’Amphitryon, n’apporta aucune œuvre nouvelle au théâtre du Palais Royal... C’est l’époque où il loua
une petite maison à Auteuil, alors village de campagne, d’où l’on ne perdait cependant pas de vue
les clochers et les tours de la capitale. Dans cette retraite sans doute ne venait pas Armande ; mais
Boileau, La Fontaine et Chapelle, ce boute-en-train, connaissaient le chemin du logis. Le vin y était
bon, et même capiteux, si l’on en croit certain projet de noyade collective après boire, que nous
conte Grimarest. Molière, lui, buvait du lait, par ordre de son médecin. Peut-être aussi prenait-il un
plaisir solitaire et voluptueux à redire, sur un mode nouveau, une de ces légendes charnelles dont
les Grecs s’enchantaient. Dans l’aventure la plus humaine de Jupiter, il dégageait le couple parfait
d’Amphitryon et d’Alcmène, goûtant par lui-même quelque mélancolique regret, « (à) la jeune chaleur de leurs tendres amours ».
Il semble que pour une fois il ait un peu oublié son public aux rudes exigences. Comme un homme
en vacances, il s’attarde, se chauffe au rayon lointain du soleil hellène, et retrouve dans les plaines
béotiques le fin sourire d’une race. Il se délasse enfin à écrire une pièce pour lui-même. Amphitryon fut joué le 13 janvier 1668 au Palais-Royal, et eut tout aussitôt le plus vif des succès,
qu’expliquent très suffisamment la somptuosité de la mise en scène, les roulements de tonnerre,
les éclairs, et ces « machines volantes – plus que des astres étincelantes » – avec lesquelles la
Nuit, Mercure et Jupiter sillonnent le ciel. Un autre attrait du spectacle découlait du caractère
inconvenant de cette intrigue divine, de la hardiesse d’une ironie qui fait passer ce que l’histoire
peut avoir de scabreux, selon un équilibre dont les Contes de La Fontaine avaient déjà pu donner
l’idée. Le roi ne vit Amphitryon aux Tuileries qu’après la seconde représentation, et ne semble pas
avoir distingué cette pièce, reprise seulement à la cour en 1680. Il y eut alors 13 représentations
de cette date à la mort de Louis XIV. [...]
On peut penser aussi que Molière, en bon directeur de troupe, cherchait à renouveler son répertoire. La farce italienne et la littérature espagnole lui avaient fourni plusieurs sujets de comédie. Il
relit maintenant Plaute, d’où il tirera, outre Amphitryon, L’Avare. Il n’ignore pas non plus le succès
que Rotrou eut en 1636 avec Les Sosies, adaptation déjà remarquable de l’Amphitryon latin. Le
théâtre du Marais l’avait repris en 1650 sous la forme d’une pièce à machines. S’inspirant de la
même légende, Benserade dans son fameux Ballet royal de la Nuit, dansé par Sa Majesté le 23
février 1653, glisse une pantomime, La Comédie muette d’Amphitryon. Dès l’origine cette légende
avait oscillé du plaisant au sévère. Eschyle, Sophocle, Euripide écrivirent des Amphitryons, et les
comiques grecs en composèrent de leur côté. Les uns et les autres sont perdus. Plaute avait cru
mêler les deux inspirations, « Faciam ut commixta sit tragico comoedia », mais sa pièce, malgré
la présence de Mercure et de Sosie l’esclave, offre une édifiante gravité. Elle célèbre le mystère
sacré de la naissance d’Hercule. Jupiter est divin, Amphitryon princier, et Alcmène noble comme
il sied à une matrone latine. Avec Rotrou, les personnages se teintent d’humanité. Jupiter connaît
la passion, lot ordinaire des mortels, Amphitryon se tire honorablement d’une situation difficile,
Alcmène n’est plus simplement la maîtresse du gynécée qui distribue aux servantes leur pesant
de laine ; elle a déjà de l’esprit et sait répondre aux hommes. Enfin Mercure et Sosie accentuent
l’évolution de la pièce vers le comique. Molière lui fait subir un pas décisif en escamotant la naissance d’Hercule, la série de coups de tonnerre, les serpents étouffés par l’enfant au berceau1. [...] »
1 Robert Jouanny, notice d’Amphitryon, Théâtre complet de Molière, éditions Garnier frères, 1970
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Amphitryon
Note d’intention par Nalini Menamkat
« Monter un classique », qu’est-ce que cela signifie ? Comment donner vie à ce qui ressemble parfois, pour les gens de ma génération, à une belle statue dans un musée ? À ce qui rappelle davantage les bancs d’école qu’une expérience vivifiante ? Ou qui rassure le spectateur par le simple
label que la tradition offre aux esprits peu téméraires ? Comment faire exister sous la couche de
cette tranquillité apparente et apollinienne le dionysiaque débordant si cher à Nietzsche lorsqu’il
se penche sur la tragédie grecque ? Dans un autre registre, celui de la comédie, la langue de
Molière donne ici une piste. Le sentiment aérien qui domine la pièce est soutenu par le vers libre,
surprenant dans les ruptures rythmiques qu’il produit, énigmatique aussi d’une certaine manière
puisqu’on se casse les dents à vouloir y trouver une logique pure. Le vers libre nous pousse à
l’audace, il allie la maîtrise du style et la plus grande liberté. Et cette conjugaison est un doux
appel à se confronter à la tradition. C’est d’ailleurs ce que fait Molière lui-même lorsqu’il reprend
ce mythe d’Amphitryon. Il retrace les lignes préexistantes et les fait déborder sur son époque.
Quelques siècles plus tard, nous nous penchons encore sur cette histoire qui a traversé le temps.
Nous creusons les strates et les sous-couches de tous ces Amphitryon(s) pour voir se faire et se
défaire les motifs. Toutes ces réécritures posent d’emblée la question de la contemporanéité de
cette œuvre, de sa résonance aujourd’hui. Mais il ne suffira pas pour répondre à cette interrogation de tirer les choses à soi, de trouver des parallèles réalistes avec notre vie du XXIe siècle, d’user
des moyens techniques actuels pour faire de Jupiter un double virtuel. Les dieux ne descendaient
pas plus souvent sur terre à l’époque de Molière qu’aujourd’hui. Préservons donc cette dimension
qui tient du merveilleux. Car ce qui importe c’est peut-être justement le décalage, cette distance
avec la réalité.
La descente des dieux sur terre déplace les repères et met en crise l’existence. En faisant barrage
à la raison ordinaire, leur présence désorganise le monde alentour. Le visible, le sensible cessent
alors d’être des repères fiables. Et les choses doivent se redéfinir avec tout le flou et le flottement
que cela engendre.
Tout beau charmante Nuit ! Daignez vous arrêter. C’est ainsi que Mercure, en maître de cérémonie,
interpelle la Nuit, lui demandant de déplacer le cours normal des choses. Le temps se suspend et
ouvre une aire de jeu où les hommes devront se débattre face au puissant Jupiter. Celui-ci se plaît
à ouvrir la malle à costumes qui lui permettra de vivre d’autres vies, de jouir de plaisir inconnus.
Car Jupiter n’est pas seulement l’archétype d’un pouvoir absolu, ce serait trop vite le condamner
à être détesté. Comme un enfant, il règne en maître sur son imaginaire. Il fait se côtoyer l’invention
et la destruction dans un même geste, avec une innocence troublante. La jouissance de Jupiter
ne semble pas seulement venir des plaisirs charnels qu’il vole à Alcmène mais aussi du jeu en
lui-même. Il fait fi de la bienséance divine et décide des règles et des rôles. Et comme un enfant
capricieux, il met brusquement fin au scénario qui ne lui obéit pas, Alcmène ne voulant lui donner
une existence propre en distinguant le mari de l’amant.
Sosie aussi se plaît à jouer et s’invente héros de la bataille victorieuse menée par Amphitryon.
Dans son dialogue imaginaire avec Alcmène, la lanterne devient un regard qui, l’éclairant autrement, fait de lui un être différent. Sosie crée ainsi son propre spectacle où il fait bon mentir vrai
selon la formule d’Aragon.
En interrogeant nos masques quotidiens, les rôles que nous jouons et que nous attribuons à
d’autres, la pièce fait vivre un monde qui fonctionne comme un théâtre. Non pas que nous vou7
Amphitryon
Note d’intention, par Nalini Menamkat
lions multiplier les mises en abyme. Le théâtre qui parle du théâtre s’est trop souvent, par besoin
d’auto-justification, replié sur lui-même. Au contraire, cette question s’inscrit ici dans cette notion
humaniste qui domine la pensée du XVIIe siècle, et qui peut paraître aujourd’hui un peu naïve, que
le monde est un théâtre. Cela sous-entend un mouvement, non pas celui d’un monde enfermé
dans le théâtre mais bien d’un théâtre qui dans sa logique imprègne le monde. Le monde entier est
un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons
plusieurs rôles. (Shakespeare). Dans ce sens les dieux, par l’usurpation de l’identité des hommes,
les dépouillent de leur rôle privé et public. Car Amphitryon ne perd pas seulement l’amour mais
aussi sa reconnaissance sociale. Ah ! de tous côtés mortelle est ma douleur, / Et je souffre pour ma
flamme / autant que pour mon honneur.
Au-delà de la critique sociale de ce pouvoir arbitraire (celui de Jupiter mais aussi celui d’Amphitryon à l’égard de Sosie), se dessine aussi une fable en creux, celle d’une humanité qui doit
constamment se redéfinir. Et c’est de cette humanité-là que les dieux font aussi l’épreuve.
L’imposture oblige les êtres humains à interroger la barrière ténue entre le songe et la réalité,
l’aveuglement et la clairvoyance. Amphitryon est donc une boîte à double fond où les apparences
dissimulent souvent la vérité. Pleine de surprises, cette pièce révèle petit à petit l’union de la farce
avec des questionnements philosophiques profonds. Il y a une joie intense dans cette collision
entre un rire presque primaire, celui que génèrent les cocus et les coups de bâtons, et la mise en
doute du fameux je pense donc je suis cartésien.
Il faut donc prendre la farce au sérieux sans que cela affecte le jeu dans une forme de sévérité.
J’espère ne pas assombrir cette comédie mais au contraire préserver l’allégresse et l’intense légèreté du texte. N’oublions pas que tout le théâtre de Molière est influencé par la commedia dell’arte,
de ses figures de valets fourbes et poltrons dont Sosie est le brillant héritier.
Il faudra éprouver dans le jeu cette partition musicale, qui passe sans prévenir de l’alexandrin
à l’octosyllabe. Trouver la manière qu’ont les mots de résonner dans le corps pour donner à
entendre la souplesse et la joie de cette pièce de Molière.
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Amphitryon
Entretien avec Nalini Menamkat
Propos recueillis par Hinde Kaddour
Après des nouvelles de Beckett, Olga-un regard qui appartenait au genre du théâtre-document, et 1913, une commande à l’occasion du centenaire de la Comédie, vous montez un
classique... C’est un virage radical ?
C’est en effet la première fois que je monte un texte du répertoire dit « classique ». Mais je vois cela
plutôt comme une nouvelle expérience que comme un virage. Je ne mets pas de barrière entre les
textes contemporains et les textes classiques. J’ai toujours eu un très grand attrait pour les mots,
toujours eu le désir d’empoigner des écritures singulières, de travailler sur la langue, d’essayer de
la comprendre. Molière s’inscrit dans cette continuité d’expérimentation du langage.
Évidemment, dans les faits, le travail est différent. Le travail en amont sur un texte classique est,
disons, plus dense, il y a beaucoup plus de littérature secondaire, beaucoup plus de commentaires. La recherche préparatoire est une étape très stimulante. Mais au-delà des connaissances
qu’on peut accumuler, c’est la justesse de tout cela au plateau qu’il faut ensuite trouver. En ne
perdant pas de vue cette question : comment raconter l’histoire ? Et, dans ce cas, cette histoire
millénaire, puisqu’on retrouve la première trace théâtrale du mythe d’Amphitryon chez Plaute ?
Comment la raconter avec les mots de Molière ? Ce qui recoupe un autre enjeu important : comment dire le vers ? Comment préserver la musicalité, la rythmique de ce texte sans perdre le
contenu, le questionnement très concret qui l’anime ?
Je ne travaille donc pas avec l’idée de monter un classique. Ou en tout cas, j’essaie de m’en
défaire, de trouver ma liberté. Non pas pour enlever de sa valeur au texte, mais pour tenter de
soulever d’autres problématiques, plus vivifiantes – d’autant qu’Amphitryon n’est pas la pièce la
plus connue de Molière, elle pèse un peu « moins lourd » dans l’inconscient collectif théâtral qu’un
Misanthrope ou un Avare. Personnellement, j’aspire à beaucoup de simplicité. C’est mon principal
désir et ce à quoi j’espère parvenir.
Déjà en montant les nouvelles de Beckett, vous aviez à cœur ne pas laisser la musicalité de
la langue prendre le pas sur le reste.
Il existe une tentation, surtout dans la tradition francophone, à laisser la beauté de la langue – qui,
dans Amphitryon, est réelle – absorber l’ensemble. Je ne cherche pas à aller à l’encontre de cette
« musicalité », mais j’essaie de la mettre au service de la partition théâtrale. Plus particulièrement,
dans cas d’Amphitryon, en me servant, avec les comédiens, de l’alternance des vers comme d’un
« fouet » rythmique. La structure en vers libres d’Amphitryon a cette vertu : nous ne sommes pas
dans le legato, mais dans des ruptures constantes qui mettent le spectateur sur le qui-vive. L’alternance entre les alexandrins, les octosyllabes et les autres métriques nous donne des indications
précieuses sur les différents tempi à adopter : les moments d’accélération, ceux de relâchement,
qui font corps avec les enjeux des personnages. Je crois qu’il faut tenter d’utiliser le vers comme
un levier narratif.
La pièce fait l’effet d’un alliage très particulier entre comédie, tragédie, farce, merveilleux
mythologique, rêverie philosophique...
Oui, cette oscillation fait en grande part la beauté de cette pièce. Elle oblige à voir les choses de
manière complexe. Par exemple, si l’on prend les deux pôles de la tragédie et de la comédie, on
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Amphitryon
Entretien avec Nalini Menamkat (suite)
se rend compte que, dans le texte de Molière, le passage de l’un à l’autre n’est jamais net. Qu’il
existe un endroit où l’un rejoint l’autre. Qu’à un moment donné, ce qui désespère fait rire. De ce
mélange émerge une distance qui permet à la fois d’être ému et de continuer à réfléchir.
J’ai l’intuition que le point de ralliement entre le tragique et le comique, entre la farce et le sérieux
philosophique, dépend beaucoup d’une forme de naïveté de la part du comédien. C’est-à-dire
que si l’on parvient à atteindre dans le jeu une forme d’abandon, une « idiotie » au sens positif du
terme, on peut révéler à la fois la profondeur et la drôlerie du questionnement des personnages.
La comédie est intimement liée, je crois, à cet état. D’autant plus dans Amphitryon, où les personnages – notamment Sosie et Amphitryon – sont plongés dans des situations où ils se retrouvent
effectivement « idiots » face à un monde qui ne répond plus à sa logique habituelle. Ils ne sont
jamais en position de surplomb : leur parole naît d’une collision entre la tentative de comprendre
le monde et un réel qui résiste.
Il semble y avoir un lien entre les questionnements des personnages et certains textes de
Descartes.
Dans le Discours sur la méthode, Descartes fonde le fameux « Je pense, donc je suis ». Chez
Molière, il y a un contre-pied, un ébranlement de ce principe de certitude. On voit Amphitryon se
débattre avec les arguments de Descartes : il ne lui suffit pas de penser pour exister, son existence
ne tient pas qu’à sa « puissance de bien juger ». Pour exister, il faut aussi que les autres le reconnaissent. Or l’arrivée sur terre de Jupiter sous ses traits fait vaciller cette reconnaissance. Et, du
même coup, son identité et le rapport pragmatique, rationnel qu’il entretient au monde.
Cette intrusion de l’irrationnel dans l’existence, je crois que nous y sommes tous, à un moment
donné, confrontés. Pas de la même manière qu’Amphitryon, certes, mais c’est finalement assez
commun cette idée que, tout à coup, ce qu’on pensait être vrai ne l’est plus. Ou que celui qu’on
pensait connaître ne répond plus à l’idée que nous nous faisions de lui. Ou que nous ne reconnaissons plus la personne aimée.
Le mythe d’Amphitryon a été abordé par de nombreux dramaturges – entre autres Plaute,
Kleist, Giraudoux... D’où vient selon vous cette fascination ?
Pourquoi certains récits se réinventent-ils constamment à travers les siècles ? Je pense que dans
le cas du mythe d’Amphitryon, cela tient en partie à la métaphore théâtrale en creux dans le texte,
à la mise en abyme du théâtre dans le théâtre qui fait les joies des dramaturges. Cela tient aussi
sans doute à la mise en jeu du motif du double.
Le double est un motif majeur de la littérature, de la peinture, et aujourd’hui également du cinéma.
Je pense par exemple aux œuvres de Frida Kahlo, à L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde
de Stevenson, à Vertigo d’Hitchcock. Ce qui est étonnant, c’est qu’à partir de l’époque romantique, le double est devenu un motif d’angoisse, puis plus tard un thème récurrent de la littérature
d’épouvante et du film d’horreur. Molière, avant cela, parvient à évoquer la question de la dualité
avec une infinie légèreté. Le double ne vient pas exterminer l’original. Il n’est là qu’un temps, pour
éclairer l’interstice qui existe entre l’apparence et le réel.
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Amphitryon
Molière, biographie
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est né à Paris en janvier 1622, dans une famille de riches
tapissiers. Sur ses études et sa formation littéraire, il n’existe pas de document d’époque. Roger
Duchêne, dans sa biographie (1998, Fayard), s’interroge : « A-t-il fait des études régulières ? A-ton voulu masquer qu’au départ il n’a reçu qu’une formation de tapissier ? » Il débute sa carrière
d’acteur à l’âge de 21 ans, avec la troupe de « l’Illustre Théâtre », dont il devient le chef. Investissements coûteux, engagements financiers qui pèsent lourds : les dettes s’accumulent, et Molière
est emprisonné au Châtelet. Son père l’aide à se tirer d’affaire. À l’automne 1645, il quitte Paris.
Il rejoint, avec les Béjart, la troupe de Dufresne, qui bénéficie de protecteurs puissants. C’est le
début de douze années de tournée. En 1655, il écrit sa première grande comédie en cinq actes
et en vers, L’Étourdi ou les contretemps. « Il a déjà dû prendre, sinon la direction, du moins une
place privilégiée dans la troupe dont il est désormais un des acteurs vedettes, et l’écrivain. », note
Roger Duchêne. En 1658, le Duc d’Orléans a 18 ans. Il doit désormais avoir sa propre troupe de
théâtre : ce sera celle de Molière, qui s’installe au Théâtre du Petit-Bourbon, et qui a la jouissance
de la salle, en alternance avec la troupe de Scaramouche. Le 18 novembre 1659, Molière crée sa
première pièce parisienne, Les Précieuses ridicules. Molière, craignant les plagiats, l’imprime à la
hâte. C’est la première fois qu’il publie : il a désormais le statut d’auteur. Louis XIV voit les Précieuses en juillet 1660, ainsi que la nouvelle pièce de Molière, Sganarelle ou le Cocu imaginaire.
Une marque de reconnaissance qu’il doit à ses propres pièces, car les tragédies qu’il donne, y
compris celles de Corneille, sont très critiquées. Le 11 octobre 1660, la troupe est à la rue : on
démolit le théâtre du Petit-Bourbon pour construire la colonnade du Louvre. Mais Molière n’est
pas en disgrâce. Le 21, le roi l’invite pour jouer L’Étourdi et Les Précieuses. Le 26, il rejoue les
mêmes pièces chez le cardinal Mazarin, en présence du roi, qui lui attribue un nouveau théâtre :
c’est celui du Palais-Royal, qui ouvrira en janvier 1661. Molière y crée Dom Garcie, L’École des
maris, et y reprend une comédie ballet, Les Fâcheux. En mai 1662, la troupe est convoquée à
Saint-Germain et interprète huit comédies en moins d’une semaine devant le Roi. En juin, elle
fait un séjour de sept semaines à la cour et joue treize fois devant le Roi. C’est la consécration.
Mais l’année 1662 marque aussi le début des scandales, avec la querelle de L’École des femmes.
Suivront l’interdiction du Tartuffe (1664), et les violentes contestations contre Dom Juan (1665). Le
Roi continue cependant de le soutenir et la troupe de Molière prend le titre de « Troupe du roi » au
Palais-Royal. Elle reçoit une pension de 6 000 livres par an : une aisance qui lui permet d’enchaîner
les succès, avec Le Misanthrope (1666), Le Médecin malgré lui (1666), Le Bourgeois gentilhomme
(1671), Le Malade imaginaire (1673). Mais aussi les échecs, avec L’Avare (1668), Les Fourberies
de Scapin (1671) et Les Femmes savantes (1672). Molière meurt le 17 février 1673, à la suite d’une
représentation du Malade imaginaire. Il souffre de fluxions de poitrine depuis huit ans. Il n’a pas
signé, à la différence de son ancienne maîtresse la comédienne Madeleine Béjart, de renonciation à sa profession de comédien. Il ne peut donc recevoir de sépulture religieuse. L’archevêque
permet cependant au curé de Saint-Eustache d’enterrer Molière, à deux conditions « sans aucune
pompe et hors des heures du jour. »
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Amphitryon
Parcours
Nalini Menamkat
Elle suit des études de lettres, de philosophie et de dramaturgie, puis, comme assistante à
la mise en scène et dramaturge, travaille aux côtés de Julien Schmutz, Gérard Desarthe, Éric
Devanthéry, Raoul Teuscher, Hervé Loichemol. Avec la compagnie L’Instant d’un espace, elle
monte, entre autres, L’Enfant froid de Marius von Mayenburg (Maison de Quartier de la Jonction et
Théâtre Trois P’tits Tours de Morges, 2008) et 4.48 Psychose de Sarah Kane (Maison de Quartier
de la Jonction, 2010). À la Comédie, elle y met en scène en 2011 L’Image / D’un ouvrage abandonné de Samuel Beckett, en 2012 Olga – un regard, essai de théâtre-document, et, en 2013,
1913 de Mathieu Bertholet, spectacle anniversaire du centenaire de l’institution.
Vincent Babel
Diplômé de l’École Supérieure d’Art Dramatique de Genève en 1996, il joue dans plus de trente
spectacles mis en scène, notamment par Claude Stratz, Serge Martin, Georges Guerreiro, Cyril
Kaiser, Julien Georges, Eric Salama, Sandra Amodio, Antony Mettler et SImone Audemars. Dernièrement il a joué dans Le Droit du Seigneur de Voltaire au Théâtre du Chatelard, Rousseau dans
Rousseau, une promenade au Jardin Botanique et Alceste dans Le Misanthrope de Molière. Il a
également mis en scène Love Letters de A.R. Gurney au Théâtre Pitoëff, La Confession d’Abraham de Mohamed Kacimi au théâtre l’Alchimic et à l’Alambic à Martigny et Allez, salut au Théâtre
Pitoëff. Par ailleurs, on a pu le voir dans une vingtaine de productions cinématographiques et télévisuelles sous la direction entre autres d’Elena Hazanov, Nicolas Wadimoff, Anne-Marie Miéville,
Frédéric Choffat, Jacques Malaterre et Lorenzo Gabriele.
On l’a vu à la Comédie la saison dernière dans 1913 de Mathieu Bertholet mis en scène par Nalini
Menamkat à l’occasion du Centenaire de l’institution.
Ahmed Belbachir
Depuis sa sortie du Conservatoire d’Art Dramatique de Lyon en 1981, il a enchaîné les rôles.
D’abord avec Carlo Boso, issu du Piccolo Teatro de Milan, puis avec Jacques Weber, Manfred
Karge et Matthias Langhoff avec qui il vit six années de compagnonnage. Sous leur direction,
il joue à l’Odéon dans Le Prince de Hombourg et interprète Edmond dans le Roi Lear, créé au
Théâtre National de Strasbourg. Il a joué plusieurs fois au festival in d’Avignon et plus tard à
Nanterre avec Pascal Rambert dans John and Mary (1992). Au Théâtre de Chaillot, il interprète
Banquo dans le Macbeth de Katarina Thalbach. Shakespeare est l’auteur qu’il a le plus joué. Avec
Hervé Loichemol, il a joué dans Outrages de Yves Laplace (2005), Ruth Eveillée de Denis Guénoun
(2007), Les Juifs et Minna von Barnhelm (2011).
Ahmed Belbachir est également auteur et metteur en scène.
Yoann Blanc
Yoann Blanc, acteur suisse, a été formé à L’INSAS à Bruxelles où il vit et travaille.
Au théâtre, il collabore depuis longtemps avec la compagnie Utopia dirigé par Armel Roussel
pour qui il a été également assistant ( Roberto Zucco, Les Européens, Armaggedon je m’en fous,
Pop ?, Si demain vous déplait, Nothing Hurts, Ivanov ReMix). Il a joué entre autres pour Philippe
Sireuil (Pleurez mes yeux pleurez d’après Le Cid, Serpent à Sornette, Le triomphe de l’amour),
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Amphitryon
Parcours (suite)
Alain Françon (Naître, E- Roman dit), Falk Richter (Jeunesse blessée), Michel Dezoteux (Sauvés,
Richard III, Le Révizor), Vincent Goethals (Cendres de cailloux, Un volpone) mais encore Selma
Alaoui (L’amour, la guerre, Anticlimax), Aurore Fattier (After after), Eddy Letexier (La Conquête du
pôle sud), Karim Barras (Artefact), Jean Benoit Ugeux (SPRL), Thomas Fourneaux (Visages). Il a
été nominé à deux reprises comme meilleur comédien au prix de la critique en Belgique. Il jouera
cette saison dans Liliom mis en scène par Galin Stoev à la Colline à Paris ainsi dans Homme sans
but mis en scène par Colin Struyf à Bruxelles.
Ces dernières années on l’a vu également au cinéma, notamment pour John Shank (L’Hiver dernier), Tim Felhbaum (Hell), Géraldine Doignon (De leur vivant) ainsi que dans les court métrages
d’Emmanuel Marre (Le petit chevalier), Matthieu Donck (Partouze) ou encore Romain Graf (Week
end, Pixeliose) avec qui il écrit.
Isabelle Caillat
C’est avec Claude Delon qu’elle découvre le théâtre et c’est à travers son enseignement qu’Isabelle Caillat commence à rêver du métier d’actrice. Elle suit ensuite une formation professionnelle
au Stella Adler Studio of Acting de New York, avant de rentrer à Genève en 2005.
Au théâtre, elle a joué récemment dans Combat de sable de et mis en scène par Myriam Boucris
et dans le mélodrame de Benda Ariane à Naxos mis en scène par Alain Carré ; on a également pu
la voir dans Le Malentendu de Camus mis en scène par Raoul Teuscher, La Ménagerie de verre de
Tennessee Williams, mise en scène de Raoul Pastor, Elvire Jouvet 40 de Louis Jouvet sur une mise
en scène de Miguel Fernandez, Fish Love d’après Tchekhov mis en scène par Lilo Baur.
Au cinéma on l’a vue dans les films de Xavier Ruiz et Jacob Berger ; en 2011, elle remporte le prix
d’interprétation féminine aux Quartz du Cinéma Suisse pour son rôle dans All that remains de
Pierre-Adrian Irlé et Valentin Rotelli.
À la Comédie, elle a joué la saison dernière dans Le Citoyen de Denis Guénoun mis en scène par
Hervé Loichemol.
Juan-Antonio Crespillo
Né en 1968, il intègre la troupe de théâtre de L’Oiselier de Porrentruy en 1986 avant de suivre une
formation au Conservatoire de Lausanne. Depuis 1991, il s’est associé à de nombreux projets
avec les metteurs en scène Omar Porras, Martine Paschoud, Bruce Meyers, Dominique Pitoiset,
Daniel Wolf, Domenico Carli, Séverine Bujard, Marc Liebens, Philippe Mentha, François Marin,
Claude Stratz – dans des pièces de Molière, Tchekhov, Cervantès, Koltès, Euripide, García Lorca… Il a travaillé de nombreuses fois avec Hervé Loichemol, notamment des textes de Voltaire,
Corneille, Chamfort, Heiner Müller, Michel Beretti, Denis Guénoun, Yves Laplace, et tout récemment Gotthold Ephraïm Lessing, dans Minna von Barnhelm ou la Fortune du soldat, et Pirandello
dans Le Plaisir d’être honnête créés en 2011-2012 à la Comédie.
Au cinéma, on retrouve Juan Antonio Crespillo dans quelques longs métrages, dont Mémoires bridées de Pilar Anghita-McKay et Love Express d’Elena Hazanov. On l’a vu enfin dans des téléfilms
et séries produits par France 2 et par la Télévision Suisse Romande.
La saison dernière, on a pu le voir sur la scène de la Comédie dans On ne paie pas, on ne paie
pas ! de Dario Fo dans une mise en scène de Joan Mompart, qui eut un immense succès.
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Amphitryon
Parcours (suite)
Camille Figuereo
Formée à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes (ERAC), elle travaille au théâtre avec Christian
Ritz (Phèdre, La Surprise de l’amour), Omar Porras (La Visite de La vieille dame, El Don Juan,
Maître Puntila et son valet Matti), Ahmed Madani (Ernest ou comment l’oublier), Pierre Pradinas
(Les Amis du placard).
Au cinéma, elle tourne notamment avec Pascal Chaumeil (L’Arnacœur), Brigitte Sy (Les Mains
libres), Philippe Lioret (Toutes nos envies), Christophe Chevalier (Le Nez dans le ruisseau). Elle participe également à plusieurs séries télévisuelles (Scènes de ménages, PEC, Alice Nevers, Section
de recherche, etc.). Elle joue notamment le rôle de Jeanne dans plusieurs épisodes de Scènes de
ménages sur M6.
À la radio, Camille prête sa voix dans plusieurs fictions pour France Culture et pour la RSR .
On l’a vue récemment à la Comédie de Genève dans On ne paie pas, on ne paie pas ! de Dario Fo
dans une mise en scène de Joan Mompart.
Brigitte Rosset
Elle commence sa carrière en 1992 et travaille au Théâtre de Carouge avec Georges Wod, Georges
Wilson, Jean Liermier.
Participe à la création de la Cie Confiture à Genève. Au sein de cette troupe, elle joue dans une
quinzaine de spectacles à la Cité Bleue, au Casino Théâtre ou au Théâtre Pitoëff. C’est dans ce
cadre qu’elle crée son premier solo, Voyage au bout de la noce en 2001, puis en tournée entre
2002 et 2003. Son deuxième solo, Suite matrimoniale avec vue sur la mère tourne pendant trois
ans, en Suisse et en France. Son dernier seul en scène Smarties, Kleenex et Canada dry reçoit le
« prix du meilleur spectacle d’humour 2012 », distinction remise par la Société Suisse des Auteurs.
À la Comédie, on a pu la voir la saison dernière dans On ne paie pas, on ne paie pas ! de Dario Fo
dans une mise en scène de Joan Mompart.
Juliana Samarine
Juliana Samarine a depuis 35 ans participé à de nombreux spectacles en Suisse Romande et sur
Les scènes européennes notamment sous la direction de Benno Besson, Philippe Mentha, Simon
Eine, Rezo Gabriadzé (directeur du théâtre de marionnettes de Moscou), Laurence Calame, Jérôme Robart, Jolt Poszday et Jacques Probst.
Elle a notamment beaucoup joué Molière, Tchekhov, Musil, Guitry, Racine, Pinter, Shakespeare et
Jacques Probst.
Christine Vouilloz
Christine Vouilloz naît en 1967 en Valais. Elle entre à l’École romande d’art dramatique (ERAD) à
Lausanne en 1986 et l’année suivante elle est reçue à l’École Nationale de Strasbourg.
Dès 1990 elle travaille notamment avec Jacques Lassalle, Joël Jouanneau, Luc Bondy, Joseph
Voeffray, Dominique Pitoiset, Benno Besson, Maya Bösch, Gian Manuel Rau, Françoise Courvoisier, Gianni Schneider, Denis Maillefer.
On la verra le printemps prochain à la Comédie dans Désir sous les ormes d’Eugene O’Neill mis
en scène par Guy Pierre Couleau.
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Amphitryon
Parcours (suite et fin)
Roland Vouilloz
Né à Martigny en 1964, il est formé à l’école supérieure d’art dramatique à Genève, de 1988 à
1990. Il travaille depuis au théâtre dans plus de 80 spectacles notamment sous la direction de
Jean-Yves Ruf, Philippe Sireuil, Benno Besson, Christophe Perton, Jacques Vincey, Gian Manuel
Rau, Denis Maillefer, François Rochaix, Martine Paschoud, Bernard Meister, Philippe Mentha, Roberto Salomon, Gianni Schneider, Daniel Wolf, Dominic Noble, Nicolas Rossier, Anne Vouilloz et
Joseph Emmanuel Voeffray ...
On a pu le voir dans de grands rôles du théâtre classique comme Antiochus dans Bérénice de
Racine, Valère dans Le Tartuffe de Molière, Antoine dans Antoine et Cléopâtre, Leontes dans Le
conte d’hiver, Feste dans La Nuit des rois de Shakespeare, Matti dans Maître Puntilla et son valet
Matti de Brecht, Arlequin dans Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, Héraclès dans La
Folie d’Héraclès …
Mais le théâtre contemporain et les auteurs vivants constituent le principal de son répertoire.
Il a joué 3 monologues : Je suis le mari de*** de Antoine Jaccoud, Dernière lettre à Théo de Metin
Arditi et récemment Quatre soldats de Hubert Mingarelli. Dernièrement, on a pu également le voir
au théâtre dans La panne de Dürrenmatt en tournée en Suisse et en France ainsi qu’à Genève et
Bruxelles dans La maman du petit soldat de Gilles Granouillet ou encore tout récemment dans le
rôle de Arturo Ui dans La résistible ascension de Arturo Ui de Brecht.
Il interprète quelques rôles au cinéma sous la direction notamment de Anne-Marie Mieville, Samuel Benchetrit, Françis Reusser, Silvio Soldini, Bruno Deville, Greg Zglinski, Véronique Goël,
Douglas Beer, Jean-Blaise Junod, Léo Maillard. À la télévision, on le connaît pour son rôle de
Marcel, le kiosquier de La minute kiosque et également celui de Oscar Moreau, le personnage
principal dans la série CROM.
Il a reçu le Prix 2004 de la ville de Martigny et le Prix 2006 de théâtre de La Fondation vaudoise
pour la culture. En 2011, à Soleure, il reçoit le prix Swissperform du meilleur acteur de téléfilm pour
son interprétation de Oscar Moreau dans la série CROM.
À la Comédie, on l’a vu au printemps dernier dans Les Mains sales de Sartre mis en scène par
Philippe Sireuil.
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