DEDICACES AU BON Dieu Tout Puissant, Qiu m’a inspiré Qui m’a guidé dans le bon chemin Louanges et remerciements pour votre clémence et miséricorde A mes très chers parents, Aucun mot ne saurait décrire mon immense gratitude et ma profonde reconnaissance pour tous les sacrifices que vous avez consentis à mon égard, pour tous vos encouragements tout au long de mes années d’étude, et pour la confiance que vous avez en moi. A mon cher frère Ali, et es chères sœurs Layla et Yasmina, Les mots seuls ne sauraient exprimer tout l’amour et l’affection que je vous porte. Puisse Dieu, Tout Puissant, vous procurer santé et prospérité. A mon cher mari Jama, Ce travail ne serait pas accompli sans ton soutien et tes encouragements qui m’ont permis de surmonter toutes les difficultés. A mon petit ange, Aujourd’hui, plus présent que jamais. Que Dieu te bénisse A toute ma famille, Si petite qu’elle soit, mais si grande dans mon cœur. Merci. A la mémoire de ma grand-mère Khadija, Elle a tant donné, sans jamais rien demander. DIEU ait son âme. A toutes mes amies : Siham, Rahma, Zineb, Kaltoum, Najoua ; Merci pour tous les bons moments qu’on a passés. A Sana Abourazzak, Qui a participé chaleureusement à l’élaboration de ce travail. REMERCIEMENTS A notre Maitre, président et rapporteur de thèse, Monsieur HIDA Moustapha, Professeur de Pédiatrie, Vous me faite un grand honneur d’avoir accepté de diriger ce travail. Je vous remercie de m’avoir guidé dans ce travail avec rigueur et bienveillance. A notre Maitre et juge de thèse Monsieur BOUHARROU Abdelhak, Professeur de Pédiatrie, En acceptant de juger notre travail, vous nous accorder un grand honneur. Veuillez trouver ici, cher Maitre, le témoignage de notre vive gratitude. A notre Maitre et juge de thèse Monsieur HARANDOU Mustapha, Professeur d’Anesthésie-Réanimation Vous nous avez reçus avec grande amabilité ; Nous en avons été très touchés. Veuillez trouver ici, cher Maitre, l’expression de notre reconnaissance. A notre Maitre et juge de thèse Monsieur BOUABDALLAH Youssef, Professeur de Chirurgie pédiatrique Nous vous remercions d’avoir voulu répondre à notre souhait, et accepter de juger notre travail. Veuillez accepter l’expression de nos considérations les plus distinguées. A notre Maitre et juge de thèse Monsieur ATMANI Samir, Professeur de Pédiatrie Toujours présent pour nous Veuillez croire à l’assurance de mon profond respect et ma grande reconnaissance. SOMMAIRE INTRODUCTION…………………………………………………………………………………. 1 OBJECTIFS………………………………………………………………………………………… 2 ETUDE DE NOTRE OBSERVATION……………………………………………………………. 4 DISCUSSION……………………………………………………………………………………… 19 I- Aperçu historique…………………………………………………………………. 20 II- Rappel embriohistologique……………………………………………………… 21 III- Epidémiologie……………………………………………………………………… 23 IV- Aspects cliniques…………………………………………………………………. 24 1- Hypertension artérielle aigue………………………………………………………. 24 2- Les manifestations paroxystiques…………………………………………………. 24 3- Les manifestations atypiques………………………………………………………. 25 4- Sténose de l’artère rénale…………………………………………………………… 25 Formes cliniques………………………………………………………………….. 29 V- 1- Formes hypertensives………………………………………………………………… 29 2- Formes sécrétoires……………………………………………………………………. 30 3- Formes asymptomatiques…………………………………………………………… 31 4- Formes topographiques……………………………………………………………… 33 5- Formes malignes………………………………………………………………………. 33 6- Formes familiales……………………………………………………………………… 34 6-1- Néoplasies endocriniennes multiples type 2…………………………… 36 6-2- Maladie de Von Hippel Lindau…………………………………………….. 37 6-3- Neurofibromatose type A…………………………………………………… 38 7- Formes sévères……………………………………………………………………….. 39 8- Formes kystiques……………………………………………………………………... 40 VI- Examens paracliniques………………………………………………………….. 41 1- Dosages hormonaux………………………………………………………………… 41 1-1- Les dosages urinaires……………………………………………………… 43 1-2- Les dosages plasmatiques………………………………………………… 43 1-3- Etude comparative entre les différentes études……………………… 43 1-4- Comment procéder dans la demande des tests biologiques……… 48 1-5- Conclusion……………………………………………………………………. 50 2- Diagnostic topographique………………………………………………………….. 51 2-1- Imagerie morphologique…………………………………………………… 51 a- Echographie abdominale………………………………………………………. 51 b- TDM abdomino pelvienne……………………………………………………... 52 c- IRM thoraco abdomino pelvienne........................................................ 53 2-2- Imagerie fonctionnelle………………………………………………………. 54 a- Scintigraphie à la MIBG…………………………………………………………. 55 b- Scintigraphie à l’In111 pentetréotide (octréoscan)………………………. 59 c- Tomographie par émission de positron…………………………………….. 59 d- Conclusion………………………………………………………………………… 60 3- Diagnostic génétique………………………………………………………………… 61 3-1- Gène RET et néoplasies endocriniennes multiples type 2…………… 65 3-2- Gène VHL et maladie de Von Hippel Lindau……………………………. 67 3-3- Gène NF1 et neurofibromatose de type 1 ou maladie de Von Recklinghausen……………………………………………………………………………….. 68 VII- Prise en charge thérapeutique…………………………………………………. 71 1- Préparation pré opératoire………………………………………………………….. 71 2- Anesthésie……………………………………………………………………………… 73 3- Chirurgie du phéochromocytome…………………………………………………. 74 4- Prise en charge post opératoire……………………………………………………. 80 5- Diagnostic anatomo pathologique………………………………………………… 81 VIII- Evolution et pronostic……………………………………………………………. 82 CONCLUSION…………………………………………………………………………………… 85 RESUME…………………………………………………………………………………………..87 ABREVIATIONS………………………………………………………………………………….90 BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………….92 INTRODUCTION 1 Le phéochromocytome est une tumeur rare développée au dépend des cellules chromaffines, le plus souvent médullosurrénaliennes produisant un excès de catécholamines. Chez l’enfant, cette tumeur pose un problème de diagnostic, compte tenu de sa rareté et des différents signes cliniques associés. Les manifestations paroxystiques du phéochromocytome sont représentées par les céphalées, les palpitations et les crises sudorales. L’hypertension artérielle est un signe fréquent mais son caractère paroxystique retarde le diagnostic, et la maladie peut être révélée par l’une de ses complications neurologiques ou cardiaques. La fréquence des formes multifocales chez l’enfant est considérable. Elles surviennent le plus souvent dans un contexte familial, ou intégrées à l’une des pathologies suivantes : les néoplasies endocriniennes multiples, la maladie de Von Hippel Lindau et la maladie de Von Ricklinghausen. La confirmation du diagnostic repose sur les dosages des catécholamines urinaires ou plasmatiques, de leurs précurseurs ou de leurs métabolites. Le diagnostic topographique a bénéficié du développement de l’imagerie, notamment de l’IRM et de la scintigraphie à la méta-iodobenzylguanidine (MIBG). La prise en charge thérapeutique est multi disciplinaire. Elle fait appel aux pédiatres, aux anesthésistes-réanimateurs et aux chirurgiens pédiatres. L’étude anatomopathologique de la pièce opératoire apporte la confirmation histologique du diagnostic. Nous rapportons le cas de la petite Soukaina, âgée de 10 ans, qui présente un phéochromocytome bilatéral révélé par un accident vasculaire cérébral ischémique (AVC). 2 A travers ce travail, nous mettons le point sur un mode rare de révélation du phéochromocytome chez l’enfant en soulignant les différents aspects diagnostiques et thérapeutiques de cette maladie, tout en se référant aux données de la littérature. 3 ETUDE DE NOTRE OBSERVATION 4 IDENTITE : Soukayna I., fille de 10 ans, deuxième d’une fratrie de 3, de mère âgée de 35 ans, femme au foyer et d’un père âgé de 40 ans, chauffeur de profession, originaire et habitant Fès, vaccinée selon le programme national d’immunisation, scolarisée en 5ème année de l’enseignement fondamental. MOTIF D’HOSPITALISATION : Admise le aux urgences pour trouble de conscience. ANTECEDENTS : - Droitière - Bon développement psycho moteur - Issue de parents non consanguins - Frère et sœur bien portants - Pas de notion d’HTA dans la famille, pas de tâches café au lait familiales - pas de notion d’endocrinopathie familiale HISTOIRE DE LA MALADIE : Le début de la symptomatologie initiale remonte au jour même de son admission par l’installation brutale de céphalées en casque, associées à des vomissements en jet, des sueurs profuses, évoluant dans un contexte de fièvre non chiffrée. Le tableau s’est aggravé 5 heures plus tard par l’installation d’une lourdeur de l’hémicorps droit avec aphasie et trouble de conscience, ce qui a motivé la consultation aux urgences. EXAMEN A L’ADMISSION : L’examen trouve un enfant fébrile à 40°C, normotendue avec une tension artérielle (TA) à 120/50mmHg (normale par rapport à son âge et sa taille), 5 eupnéique à 3O cycles par minute, une fréquence cardiaque à 100 battements par minutes, un poids de 25kg et une taille de 130cm (à moins une déviation standard). • L’examen neurologique : enfant obnubilée, un score de Glassegow coté à 14 (réponse verbale = 5, réponse motrice = 5 et l’ouverture des yeux = 4), sans raideur de la nuque. Les Signes de Koernig et Brudzinski sont négatifs. Elle présente une hémiplégie flasque avec une hémianesthésie droite. Les réflexes ostéo-tendineux rotulien, achilléen, tricipital et bicipital sont abolis du même côté, le reflexe cutané plantaire et cutané abdominal sont indifférents. • L’examen cardiovasculaire : les pouls périphériques sont bien perçus, la systole et la diastole sont libres. On ne note pas de signe d’insuffisance cardiaque. • L’examen abdominal : l’abdomen est souple, sans masse palpable ni contact lombaire. • L’examen du cou : n’objective pas de tuméfaction ni de goitre • L’examen cutanéo muqueux : ne trouve pas de tâches café au lait ni autre signes cutanés. • Les aires ganglionnaires : sont libres AU TOTAL : C’est une fille de 10 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, qui se présente aux urgences dans un tableau de trouble de conscience évoluant dans un contexte fébrile, et chez qui l’examen trouve un enfant fébrile à 40°C, une TA correcte avec hémiplégie droite sans syndrome méningé. L’examen cardiovasculaire, abdominal, cutanéo muqueux et l’examen du cou sont sans anomalies. 6 PRISE EN CHARGE : Résultats des bilans : - La TDM cérébrale initiale montre une plage hypodense mal systématisée au niveau temporo pariétal gauche. - Une ponction lombaire ramène du liquide clair avec 25 éléments blancs/mm3, une glycorachie et une proteïnorachie normales. L’examen direct est négatif. La recherche des antigènes solubles et la PCR à HSV sont non faites. - L’hémogramme montre une hémoglobine (Hb) à13,5g/dl, un taux de plaquettes à : 447000 éléments/mm3, et des globules blancs à : 12300/mm3 - La vitesse de sédimentation (VS) est de: 75mm à la première heure, 135mm à la deuxième heure. - La CRP est à 136 mg/l - L’ionogramme sanguin montre une urée à 0,2g/l, une créatininémie à 2,9mg/l, Na à 138mEq/l, K à 4mEq/l et une glycémie à 0,88 g/dl Initialement, le suspecté, et l’enfant diagnostic d’une méningo-encéphalite herpétique est est mise sous traitement antiviral probabiliste à type d’Aciclovir® à la dose de 20mg/kg/8h en intra veineuse lente. Après 2 jours de traitement anti viral, l’évolution est marquée par la détérioration de l’état neurologique, ce qui a nécessité une intubation ventilation artificielle. A son 5ème jour de traitement, une TDM cérébrale refaite est revenue en faveur d’un AVC ischémique systématisé du territoire de l’artère sylvienne superficielle gauche (figure 1). Devant cette nouvelle donnée, on a arrêté le traitement antiviral et on a mis l’enfant sous traitement anticoagulant (héparine de bas poids moléculaire, Lovenox® à dose de 100UI/kg/jour en 2 prises par jour en sous cutané) et anti inflammatoire (Aspirine à dose de 100mg/kg/jour) devant la 7 suspicion d’un AVC ischémique secondaire à une vascularite. Parallèlement, on a poussé les investigations en vue d’un diagnostic étiologique. Le complément du bilan : • Le bilan de l’AVC ischémique : - Nous avons compléter l’examen clinique par l’examen ophtalmologique, et qui s’est révélé sans anomalie. - L’électrophorèse de l’Hb est normale - L’électrophorèse des protéines (EPP) montre un profile normal - L’ionogramme urinaire est correct - La protéinurie de 24h est normale - Le bilan hépatique est correct. - Le bilan phospho calcique est correct. - Le dosage de l’activité de l’antithrombine III par coloration en cinétique est de 111% (la normale étant située entre 90 et 131%) - Le dosage de la protéine C, par colorimétrie, est de 53% (la normale étant située entre 45 et 95%) - La protéine S, par dosage chronométrique, est de 48% (la normale étant située entre 60 et 130%) - Le dosage du facteur rhumatoïde est négatif - Le dosage des anti corps anti nucléaires est négatif - Le dosage des anti corps anti DNA natif est négatif - Le dosage des anti corps anti nucléaires des polynucléaires neutrophiles est négatif - Le complément C3 est de 2,75 (la normale est située entre 0,90 et 1,80) - L’échocardiographie met en évidence une hypertrophie ventriculaire gauche et une dilatation en fuseau des artères coronaires (figure 2). - L’ECG montre un remaniement électrique en septo apical. 8 - Une troponine Ic demandée en urgence est revenue négative. L’évolution, sous traitement anticoagulant et anti inflammatoire, est marquée par un début de récupération sur le plan neurologique. Par ailleurs, à son 20ème jour après le début de la symptomatologie, elle a présenté des pics hypertensifs arrivant jusqu’à 160/100mmHg pour une normale en fonction de son âge et de sa taille de 115/60mmHg. L’enfant est mise sous traitement médical anti hypertenseur à base de Béta bloqueur (Propranolol Avlocardyl® à dose de 50mg/m²/jour, et inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) (Captopril Lopril® à dose de 1mg/kg/jour). Le bilan de l’HTA, confirmée cliniquement est complété par : • - L’échographie abdominale qui met en évidence la présence d’une lésion tissulaire surrénalienne droite hypo échogène hétérogène, bien limitée, à contours réguliers, non vascularisée au Doppler couleur, mesurant 46 sur 33mm de grand diamètre au niveau du pôle supérieur du rein droit, et une structure tissulaire arrondie échogène vascularisée, de 17mm de grand axe en regard du pôle supérieur du rein gauche. Par ailleurs, les reins sont normaux, et le Doppler des artères rénales ne note pas d’anomalie morphologique ou hémodynamique. - La TDM abdominale : (figure 3), réalisée en coupes axiales de 3mm d’épaisseur, centrées sur les surrénales et les artères rénales en temps artériel, et coupes de 10mm en sous et sus mésocolique objective : • Le rehaussement précoce, au temps artériel, de la veine cave inférieure, du tronc porte et de ses branches. • La présence d’une lésion surrénalienne droite tissulaire, qui se rehausse de façon intense et hétérogène après injection de produit de contraste présentant une nécrose centrale, cette lésion est bien limitée, ses contours sont réguliers, mesurant 32 sur 24mm de diamètre, n’infiltrant pas les structures avoisinantes. 9 La • présence également d’un autre nodule tissulaire gauche, hypodense avant injection de produit de contraste et qui se rehausse de façon intense et homogène par le produit de contraste, arrondi, bien limité, de contours réguliers, mesurant 20mm de grand axe, sans signes d’extension aux organes de voisinage. Un phéochromocytome bilatéral est fortement suspecté. Le bilan du phéochromocytome : • - Le dosage des catécholamines urinaires fractionnées sur urines de 24h : § Dopamine : 2,97micro mol/24h (la normale est inférieure à 0,5micro mol/24h) § Diurèse = 4500 ml § Créatinine: 2,66mmol/24H (la normale est située entre 5,25 et 11,5 mmol/24H) - Le bilan hormonal thyroïdien est normal. - Une étude génétique est lancée pour la patiente et ses parents à la recherche d’un caractère familial de la maladie. Le diagnostic du phéochromocytome est confirmé, la patiente est proposée pour l’intervention chirurgicale, et ce, après contrôle rigoureux clinique de ses chiffres tentionnels, de sa fréquence cardiaque, et électrique par des ECG biquotidiens, qui ont objectivé une disparition des troubles électriques initiaux. - Une IRM thoraco abdomino pelvienne et une scintigraphie à la MIBG pour détecter une autre localisation n’ont pas pu être faites avant l’intervention chirurgicale. Compte rendu opératoire : L’induction : La patiente est mise en décubitus dorsal. On a pris une voie veineuse périphérique, et une voie veineuse centrale jugulaire interne. On a mis en place une 10 sonde gastrique et une sonde urinaire. Le monitorage est assuré par un cardioscope, un saturomètre, un dynamap et par la surveillance de la pression artérielle invasive (par la prise d’une voie artérielle fémorale). Elle a reçu antibiothérapie : un remplissage Amoxicilline + au acide sérum isotonique clavulanique à (20ml/kg), visée une prophylaxique (50mg/kg/jour), et Hydrocortisone (5mg/kg/6h). Ses paramètres avant l’intervention : une TA à 140/110mmHg, une fréquence cardiaque à 120 battements par minute, et une saturation artérielle en oxygène à 99%. Après une pré oxygénation pendant 3 minutes, elle a reçu du Thiopental à dose de 3mg/kg, du Fentanyl à dose de 5microg/kg, et du Norcuron à dose de 0,1mg/kg. Son intubation est facile par sonde d’intubation numéro 6, puis ajustement des paramètres du respirateur : volume courant à 400ml/min, fréquence respiratoire à 14 cycles par minute, I/E à 1/2, PEP à 0 L’entretien : est assuré par les halogénés (Halotane), et les injections de bolus de Fentanyl. L’acte chirurgical : Il a consisté en une incision médiane à cheval sur l’ombilic, dissection sous cutanée puis une laparotomie médiane et ouverture du péritoine pariétal postérieur. L’exploration trouve une masse tumorale faisant 5cm sur 3cm au dépend de la surrénale droite ; ligature et section du pédicule surrénalien supérieur, puis surrénalectomie totale droite. Au dépend de la surrénale gauche, on trouve une masse faisant 1cm de grand axe, avec tissu jaune chamois faisant rappeler le parenchyme surrénalien. Une surrénalectomie partielle gauche est effectuée. Le geste est achevé par la fermeture plan par plan après drainage de la cavité résiduelle. Les pièces opératoires sont adressées en anatomopathologie pour étude histologique (figure 4). 11 Durant l’intervention, l’enfant a présenté des poussées hypertensives avec des troubles de rythme, ayant répondu à l’administration de la Nicardipine (Loxen®) et de la Lidocaïne. Elle a gardé une glycémie normale tout au long de l’intervention. En post opératoire : La patiente est admise au service de Réanimation, intubée ventilée sous l’effet des drogues, pour qu’elle soit extubée après 6 heures, après stabilisation respiratoire et réveil complet. Ses suites opératoires immédiates sont simples en dehors d’une hypotension passagère qu’elle a présentée et qui a été jugulée par sa mise sous adrénaline. L’hormonothérapie substitutive à base d’hydrocortisone par voie orale (10mg/m²/jour) est maintenue chez Soukaina pendant 1 mois, jusqu’à la réalisation d’un test au synachtène® (Tableau I), pour étudier la sécrétion glucocorticoïde et minéralocorticoïde de la cortico surrénale et évaluer l’axe hypophyso surrénalien, objectivant chez elle une réponse normale du parenchyme surrénalien restant, justifiant la dégression progressive de l’hydrocortisone. Après une surveillance régulière de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque de l’enfant qui se sont normalisées en post opératoire sans traitement, un Holter tensionnel de 24h fait à son 45ème jour du post opératoire, affirme la normalité des chiffres tensionnels. Par ailleurs, des échocardiographies à répétition ont objectivé la régression progressive du volume du ventricule gauche, et du diamètre des artères coronaires au bout de 2 mois. Evolution et recul: Soukaina est sortie, après 2 mois du post opératoire, avec des chiffres tensionnels normaux et une fonction surrénalienne bien évaluée sans traitement substitutif. 12 Une surveillance rigoureuse de sa tension artérielle à domicile, par un brassard électronique, est préconisée. Durant les consultations bi hebdomadaires, soukaina est bien controlée, commençant à récupérer son déficit moteur, devenant de plus en plus autonome. Après un recul de 5 mois après l’intervention chirurgicale, elle a présenté 2 crises convulsives tonico cloniques généralisées, sans exagération de son déficit, et sans ascension de ses chiffres tensionnels. On a mis l’enfant sous Phénobarbital (Gardénal®) à dose de 3mg/kg/jour. Un dosage des métanephrines urinaires fait, est revenu normal : • Normétanéphrine : 0,25micromol/24h (la normale est située entre 0,40 et 2,10micromol/24h) • Métanéphrine : 0,10micromol/l (la normale est situé entre 0,07 et 0,38micromol/l) • Diurèse : 2300ml • Créatinine : 6,12mmol/24H (la normale est située entre 5,25 et 11,50 mmol/24H) Une IRM thoraco abdomino pelvienne est prévue. Une attribution de ces crises convulsives aux séquelles neurologiques de son AVC ischémique antérieure est probable 13 A B Figure1 : image tomodensitométrique cérébrale objectivant un AVC ischémique systématisé du territoire de l’artère sylvienne superficielle gauche : A- Sans injection de produit de contraste B- Après injection du produit de contraste (Iconographie du service de pédiatrie, Professeur HIDA, CHU Hassan II Fès) 14 A B Figure 2 : Images écho cardiographiques : A- Hypertrophie sévère globale du ventricule gauche B- Coronaires droite et gauche dilatées avec hyper refringence des parois et aspect en fuseau par endroit (Iconographie du service de pédiatrie, Professeur HIDA, CHU Hassan II Fès) 15 Figure 3 : TDM abdominale : masse surrénalienne droite faisant32/24mm, et gauche faisant 20mm (Iconographie du service de pédiatrie, Professeur HIDA, CHU Hassan II Fès) 16 A B C Figure 4 : aspects macroscopique et microscopique des pièces opératoires : A- Les 2 pièces sont homogènes, bien limitées. A droite, pièce faisant 5cm de grand axe, à gauche, pièce faisant 2cm de grand axe. B- grossissement x200: Prolifération tumorale en cordons faite de cellules monomorphes avec un stroma vasculaire. C- grossissement x400: Cellules tumorales dotées de noyaux hyperchromatiques et aux cytoplasmes granuleux éosinophiles. (Iconographie du service d’anatomopathologie Professeur AMARTI, CHU Hassan II Fès) khhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhkjjj 17 Déroulement temps en de l'épreuve minutes T -15 T0 T 30 T 60 T 120 Glucocorticoïdes Androgènes et précurseurs Minéralo corticoïdes ACTH de base Ionogramme sanguin Hématocrite Dosages urinaires Synachtène immédiat, à injecter en IVL ou en IM après les prélèvements de T0 à la dose de: 0,25 mg si âge supérieur à 2 ans 0,125 mg si âge inférieur ou égal à 2 ans Hémisuccinate d'hydrocortisone à injecter en IVL ou en IM en fin de test, systématiquement à la dose de 15mg/m2 Surveillance de la fréquence cardiaque toutes les 30 mn et plus en cas de malaise Surveillance de la TA toutes les 30 mn et plus en cas de malaise Glycémie capillaire à T 60 et à T 120 Prévoir glucose à 30% en cas d'hypoglycémie à la dose de 0,3g/kg à injecter en IVL Poursuivre la surveillance clinique jusqu'à T 120 Faire manger l'enfant Tableau I : protocole du test au synachtène immédiat. Endocrinologie Diabétologie Pédiatrique Hopital Necker Enfants Malades. Validé le 21 mars 2006 18 DISCUSSION 19 La pathologie médullosurrénalienne se réduit chez l’enfant aux : - sympathomes ou neuroblastome, qui sont des tumeurs développées à partir des cellules sympathiques [1] - phéochromocytome, qui est une tumeur développée aux dépens des cellules chromaffines de la médullosurrénale (80 à 85 % des cas) [2], ou de résidus embryonnaires chromaffines extra surrénaux [3]. Le terme de phéochromocytome est réservé aux tumeurs développées à partir des cellules chromaffines, il secrète de façon excessive des catécholamines en quantités et de types variables, de façon exclusive ou associée, de façon continue ou discontinue [4, 5]. Quant aux tumeurs extra surrénales développées aux dépens du système nerveux autonome, elles sont appelées paragangliomes et leur siège s’étend de la base du crâne jusqu’au plancher pelvien [2]. Le phéochromocytome reste la pathologie de la médulo-surrénale la plus fréquente chez l’enfant [1]. I- Aperçu historique : Frankel fut le premier à décrire la tumeur surrénalienne en 1886, mai c’est Poll, en 1905 qui lui donna le nom de phéochromocytome en découvrant l’aspect sombre (phéo), couleur (chromo) de la surface de la tumeur en l’exposant aux sels de chrome [3]. Le docteur Von Euler a gagné le prix Nobel 1946 en prouvant que la Norépinéphrine est un neurotransmetteur [6]. Mais diagnostiquer, localiser ou trouver un phéochromocytome dans le corps est resté extrêmement difficile jusqu’aux progrès récents de l’imagerie [6]. Jusqu’à tout récemment, nous pensions que plus de 90% de ces tumeurs rares se produisait en tant qu’entités sporadiques non héréditaires qui ne devaient pas 20 avoir besoin d’aucun criblage génétique, à moins qu’il ait eu des antécédents familiaux d’une certaine forme de néoplasie endocrinienne multiple [6]. II- Rappel embryohistologique : Les phéochromocytomes (surrénalien ou extra surrénalien) ont une ébauche commune : les sympathogonies qui sont les cellules les plus primitives de la lignée sympatho-médullo-surrénale, et qui peuvent se différencier en deux types cellulaires : - Le type phéochromoblastique, support des phéochromoblastomes et des phéochromocytomes, - Le type sympathoblastique, support des sympathogoniomes, des sympathoblastomes et des ganglioneuroblastomes, qui sont tous les trois regroupés sous le seul vocable de neuroblastomes [1]. Tant grande et variable est la complexité histologique de ces tumeurs (figure 5). 21 Tube neural Neuroblastes Symapthogoniome Crête neurale sympahtogonies Sympathoblastses Sympathoblastome* Cellules ganglionnaires sympathique Ganglioneuroblastomes* Ganglioneurones Phéochromoblastes Phéochromoblastome Phéochromocytes Phéochromocytome *regroupés sous le vocable général de NEUROBLASTOMES Figure 5: Rappel embryo-histologique du phéochromocytome d’après Kessie [1] 22 Cette parenté embryologique d'origine neuro ectodermique (crête neurale) de ces tumeurs explique, non seulement la similitude de leurs produits de secrétions, mais aussi l'association fréquente des phéochromocytomes notamment familiaux à certaines pathologies plus ou moins complexes [1]. III- EPIDEMIOLOGIE : L’incidence annuelle du phéochromocytome est de l’ordre de 1cas pour 2 millions [7]. Aux Etats-Unis, son incidence est d’environ 1/1OOOOO personnes dont 10 à 20% des cas sont représentés par des enfants et des adolescents [7]. Le phéochromocytome atteint surtout le garçon (2/3 des cas), alors que chez l’adulte, c’est la femme qui est la plus touchée [8]. La forme bilatérale est plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte (5 à 10%) [9]. L’âge moyen de la découverte diagnostique est de 9ans et demi [3]. Le plus souvent, le phéochromocytome est sporadique, mais peut s’intégrer dans le cadre d’une maladie familiale [7] ou d’une affection génétique [2, 4] surtout quand il est bilatéral, notamment : - les néoplasies endocriniennes multiples dont la prévalence est de 1/25000. - la maladie de Von Hippel Lindau dont la prévalence est de 1/36000. -la maladie de Von Ricklinghausen dont la prévalence est de 1/3000. 23 IV- ASPECTS CLINIQUES : 1- Hyper tension artérielle : Les phéochromocytomes constituent une cause rare de l’hypertension artérielle puisque leur prévalence chez les hypertendus est estimée entre 0,1 et 0,6% [2, 4], ainsi tout hypertendu n’est pas forcément porteur de phéochromocytome. Inversement, le signe cardinal du phéochromocytome est l’association d’une élévation et des paroxysmes de la tension artérielle, mais peu de patients présentent une tension normale entre les paroxysmes [10]. Chez l’enfant, l’hypertension artérielle évolue volontiers sur un mode plus sévère que chez l’adulte [11]. Elle peut toutefois être absente, notamment au cours d’une récidive, ce qui pourrait correspondre à des formes sécrétant la dopamine [8]. Les complications majeures des phéochromocytomes sont liées d’une part aux conséquences cardiaques et neurologiques des poussées hypertensives, d’autre part à la récidive fréquente des formes bénignes (8% à 5 ans, 20% à 10 ans dans les formes sporadiques) [10], enfin à la malignité [10] dont le pronostic reste péjoratif [2]. Dans notre cas, l’HTA n’est pas au premier plan ; ceci pourrait être expliqué par son caractère paroxystique avec des intervalles de tension artérielle normale entre les paroxysmes, son mode de révélation aigu, d’autant plus que notre patiente a des complications liées à son hypertension notamment l’accident vasculaire cérébral, et l’aspect de l’hypertrophie ventriculaire gauche détecté à l’échocardiographie. 2- Les manifestations paroxystiques : La triade caractéristique, à côté de l’hypertension artérielle est représentée par des céphalées intenses lancinantes, des palpitations associées ou non à une 24 tachycardie, et des crises sudorales abondantes et inappropriées [8, 10]. Il peut s’agir également de troubles vasomoteurs de la face ou des extrémités [8]. D’autres signes peuvent se voir, notamment des crises douloureuses abdominales ou thoraciques, des troubles transitoires de la vue et des épisodes d’agitations anxieuses. Ces symptômes surviennent généralement de façon explosive, de plus en plus intenses avec l’évolution de la pathologie. Ils peuvent survenir spontanément, ou être déclenchés par les émotions ou lors de l’examen clinique [8]. 3- les manifestations atypiques : Peuvent égarer le clinicien et faire retarder le diagnostic. Elles sont représentées essentiellement par un arrêt de la croissance, un amaigrissement en dépit d’une polyphagie, une asthénie, une altération de l’état général, un état fébrile ou subfébrile, un syndrome inflammatoire isolé, un syndrome polyuro- polydypsique, une thermophobie ou des troubles de la glycorégulation [4]. En cas d’infarcissement de la tumeur, la libération massive des catécholamines peut générer un choc adrénergique. Des lésions osseuses peuvent se produire au niveau des métaphyses par micro infarctus, provoquées par un vasospasme, et favorisées par l’hyperviscosité sanguine. Ces lésions peuvent simuler des localisations métastatiques [8]. 4- Sténose de l’artère rénale : C’est une manifestation très rare chez l’enfant [8], dont le mécanisme est variable : soit par compression directe de l’artère rénale par la tumeur, soit secondaire au vasospasme induit par les catécholamines, responsable du maintien de l’hypertension artérielle par stimulation de l’activité rénine plasmatique. Nous avons établi un tableau comparatif des différents signes cliniques aux cours du phéochromocytome (Tableau II), et ce, en rapportant les études suivantes : 25 • Etude de Zerhouni et al., effectuée à l’hôpital d’enfants au CHU Ibn Sina [3] et qui rapporte deux cas de phéochromocytome chez l’enfant. • Etude de Arbay et al. [12] qui porte sur 16 enfants qui sont colligés au département de chirurgie pédiatrique au CHU Ankara en Turquie et ce, entre 1970 et 1999. Ces dossiers sont revus rétrospectivement, avec collecte de renseignements sur l’âge, le sexe, les antécédents familiaux, les manifestations cliniques, les méthodes de diagnostic, les modalités thérapeutiques et l’évolution. • Etude de Kessie et al. qui rapporte un seul cas [1]. 26 Histoire familiale Sexe Zerhouni [3] Arbay [12] Kessie [1] N=2 N=16 N=1 0 2 Oui 2 garçons 12 garçons 1 Garçon 1 Fille 7 ans 10 ans Notre cas Non 4 filles 12 ans Entre 7 et 14 12 ans ans Céphalées 2 13 Oui Oui Vomissements 2 16 Non Oui HTA 2 16 Oui Oui Dyspnée 1 9 Oui Non Sueurs 2 11 Oui Oui AVC 0 0 Non Oui Palpitations 1 9 Oui Oui Troubles visuels 1 8 Non Oui Age N : nombre Tableau II : Etude comparative des signes cliniques portant sur 4 études 27 Au terme de ce tableau comparatif des différents signes cliniques pouvant se voir dans le cadre du phéochromocytome, on note une histoire familiale de phéochromocytome dans deux études : • dans l’étude rapportée par Kessie et al., l’enfant présenté a deux frères ayant tous les deux un phéochromocytome [1]. • dans l’étude de Arbay et al., deux enfants ont une histoire familiale de phéochromocytome : la maman de l’un d’eux, et le père et la tante paternelle de l’autre [12]. On note une nette prédominance des garçons, concordant avec la littérature [3, 13], quant à notre cas, il s’agit d’une fille. Toutes ces études, notamment la notre, délimitent l’âge de survenue de cette tumeur entre 6 et 14 ans, concordant avec d’autres études [1, 3, 8, 12], mais un début précoce, chez le nourrisson est possible même avant un an [8]. La symptomatologie est dominée chez ces enfants par les céphalées, les vomissements et les troubles visuels [1, 3, 8, 12], quant à l’hypertension artérielle systolo-diastolique, aussi constante chez tous ces enfants, tend à être plus sévère que chez l’adulte [11], ce qui explique les autres manifestations chez notre patiente compliquant son hypertension artérielle : l’hypertrophie ventriculaire gauche, rapporté aussi par l’étude de Zerhouni [3], avec dilatation des artères coronaires. Quant à l’AVC ischémique, mode de révélation du phéochromocytome chez notre patiente, il n’a pas été rapporté pas ces trois études. Dans l’étude de Arbay [12], deux cas rentrent dans une forme syndromique, l’un dans le cadre de la maladie de VHL, et l’autre dans le cadre des néoplasies endocriniennes multiples (NEM) type 2b. 28 V- FORMES CLINIQUES : Les présentations cliniques du phéochromocytome sont très variables, à côté des signes les plus fréquents (sus cités), des associations symptomatiques peuvent révéler le diagnostic du phéochromocytome. 1- Formes hypertensives : L’hypertension artérielle est présente dans 70 à 80% des cas. Quant à l’hypertension paroxystique, elle n’est observée que dans 20 à 30% des cas, sinon, elle est bien décelée sur l’enregistrement ambulatoire de la tension artérielle sur 24 heures [10]. La symptomatologie de cette forme associe : des céphalées, des palpitations, une pâleur cutanéomuqueuse, des sueurs profuses, refroidissement et tremblement des extrémités, anxiété, troubles visuels, et des douleurs abdominales ou thoraciques [4, 14]. Ces signes sont généralement dus à l’hypertension artérielle sévère, et peuvent provoquer des accidents graves : œdème aigu du poumon (OAP), infarctus du myocarde, hémorragie méningée… ou encore un AVC ischémique. Plus souvent, dans 50 à 60% des cas, l’hypertension artérielle est permanente [4, 14[. Devant une hypertension artérielle aigue isolée, certains signes biologiques associés peuvent dresser le diagnostic : l’intolérance au glucose, le diabète, une polyglobulie. L’hypotension orthostatique est aussi un bon élément d’orientation, elle est rencontrée dans 50% des cas [4]. 29 2- Formes sécrétoires : L’expression clinique varie en fonction du profil sécrétoire ; Les tumeurs sécrétant de la noradrénaline entraînent principalement une vasoconstriction et une hypertension artérielle diastolique. Lorsque la sécrétion d’adrénaline est prédominante, on observe une vasoconstriction, une tachycardie, une hypertension artérielle systolique avec hypotension orthostatique et risque d’accès hypertensifs majeurs, voir d’OAP non cardiogénique [4]. Il s’agit de lésions fonctionnelles dont la réversibilité est prouvée par le caractère normal des artères en histologie, par la disparition des sténoses après exérèse de la tumeur ou après traitement médical anti adrénergique [15]. Différents tableaux cliniques de gravité variable sont rapportés allant d’un syndrome de Raynaud à une gangrène des extrémités, passant par les claudications intermittentes des membres inférieurs [15]. A côté de l’atteinte vasculaire des membres inférieurs, le spasme artériel est décrit au niveau des différents territoires vasculaires notamment rénal, cérébral, cardiaque et mésentérique, révélant souvent un phéochromocytome [15]. En cas de sécrétion préférentielle ou exclusive de Dopamine, il n’y a généralement pas d’hypertension artérielle, et le diagnostic est souvent évoqué devant des manifestations atypiques (altération de l’état général, sueurs), ou la découverte fortuite d’une masse surrénalienne qui varie en fonction de la localisation tumorale [2, 4]. Dans les tumeurs médullosurrénaliennes, la sécrétion de la Noradrénaline est généralement prédominante, mais s’accompagne d’une sécrétion d’Adrénaline qui peut être quasi exclusive dans certains cas [2, 4]. Les phéochromocytomes peuvent cosécréter d’autres hormones responsables d’effets cliniques propres : diarrhées profuses en cas de sécrétion du VIP ou de calcitonine, tableau de maladie de Cushing en cas de sécrétion d’ACTH [2, 4]. 30 3- Formes asymptomatiques : Du fait des avancées de l’imagerie et de la généralisation du dépistage génétique familial, la proportion de patients asymptomatiques est de plus en plus élevée, atteignant 25% dans les séries récentes, concernant uniquement les adultes [4, 14, 16, 17]. On rapporte l’expérience du service d’Anesthésie Réanimation Chirurgicale, CHU Ibn Rochd [18], concernant trois patientes qui sont opérées respectivement pour masse de la queue du pancréas, corticosurrénalome malin et tumeur de la rate. Les trois femmes ont présenté des complications en per opératoires : • la première patiente présente des pics hypertensifs (300/150mmHg), une tachycardie supraventriculaire (200 battements par minute), suivie d’une tachycardie ventriculaire, puis arrêt cardiorespiratoire rebelle aux mesures de réanimation. • La deuxième patiente présente, lors de la manipulation de la tumeur, des extra systoles ventriculaires, puis collapsus et asystolie récupérés après 5 minutes de réanimation, mais la patiente garde une instabilité hémodynamique, et décède 36 heures après. • La troisième patiente, admise initialement pour tumeur de la rate avec des végétations endokystiques objectivées à l’échographie. En per opératoire, on découvre que la rate n’est siège d’aucune tumeur, et la présence par ailleurs d’une tumeur surrénalienne dont la manipulation est responsable de pics d’hypertension artérielle (260/140mmHg), une tachycardie supra ventriculaire à 140 battements par minute, extrasystole ventriculaire et bigéminisme. Cette patiente a bien répondu aux mesures de réanimation et son évolution est favorable. 31 Les trois tumeurs réséquées sont adressées à l’étude anatomopathologique, qui a confirmé le diagnostic du phéochromocytome. L’analyse de ces trois observations, ainsi que la revue de la littérature [19, 20], montrent que l’on ne peut rien attendre de l’interrogatoire et de l’examen clinique, et qu’il faut, d’une part pousser les modalités diagnostiques pour le dépistage du phéochromocytome devant toute tumeur retropéritonéale même en l’absence de signes évocateurs, notamment l’HTA, d’autre part, la prudence dans la manipulation de ces tumeurs tant que le diagnostic de phéochromocytome n’est pas écarté [18]. Un autre cas de phéochromocytome découvert en per opératoire est rapporté par Lalaoui, Salmi et al., du service d’Anesthésiologie, de chirurgie viscérale II et l’hôpital militaire d’instruction Mohamed V de Rabat [21] ; c’est l’observation d’un patient chez qui le diagnostic d’un corticosurrénalome est posé après avoir éliminé le diagnostic du phéochromocytome devant la normalité de ses marqueurs biologiques. En per opératoire, le patient a présenté une tachycardie supra ventriculaire avec des accès d’HTA à 220/120mmHg et des sueurs profuses. Après stabilisation de son état hémodynamique, le geste est complété par une surrénalectomie gauche élargie par une splénopancréatectomie caudale. Les suites opératoires sont marquées par la survenue d’un choc hémorragique ayant nécessité la reprise chirurgicale pour geste d’hémostase. Il s’en est suit une insuffisance rénale aigue qui s’est améliorée trois semaines plus tard après des séances d’hémodialyse. Le diagnostic de phéochromocytome est confirmé par l’histologie. Plusieurs observations de phéochromocytome révélé lors d’une chirurgie abdominale ou extra abdominale sont recensées dans la littérature [19, 22 – 26], et le pronostic de ces formes de phéochromocytome est très sombre avec un taux de mortalité variant entre 60 et 85% [24]. 32 Un autre cas publié par D.Bessis et al. [27] concerne un phéochromocytome révélé par des nécroses des extrémités chez un jeune garçon, secondaires à une forte concentration des catécholamines dans la circulation sanguine. 4- Formes topographiques : 15 à 20% des phéochromocytomes sont extrasurrénaliens, 25% d’entre eux sont familiaux et 33% sont malins. Ils peuvent se situer entre la base du crâne et le plancher pelvien, mais la majorité d’entre eux se situe au niveau des ganglions sympathiques para vertébraux lombaires ou médiastinaux supérieurs de l’organe de Zuckerkandl [14, 28]. Dans les phéochromocytomes vésicaux, qui représentent 1%, les crises hypertensives peuvent être déclarées par la miction, ou d’emblée par une complication notamment un choc hémorragique suite à une hématurie foudroyante [29]. Les formes multiples (10% des cas), et surtout bilatérales (10% des cas), surviennent surtout chez les sujets jeunes [7]. Dans l’étude de Arbay [12], 6 enfants des 16 présentant un phéochromocytome ont une forme bilatérale, avec une incidence de 37,5%. Chez 50 à 80% des patients présentant une atteinte bilatérale, une affection génétique sous jacente est diagnostiquée [3, 7, 9], avec une incidence rapportée dans l’étude de Arbay [12] de 12,5%. Dans l’étude de Amar et al. [30], des 256 patients présentant un phéochromocytome, uniquement 41 ont une forme bilatérale (16%), le plus souvent associée soit à la maladie de VHL, soit aux NEM2. 5- Formes malignes : Représentent presque 10% des cas. Leur diagnostic est difficile car il n’existe pas de critères histologiques de certitude, seules la mise en évidence d’une infiltration des ganglions ou des organes de voisinage, ou l’existence de métastases 33 en des sites habituellement exempts de tissu chromaffine, constituent des arguments décisifs de malignité [10]. Les sites métastatiques les plus fréquents sont : le poumon, le foie, les os, et le tissu lymphatique. Les tumeurs de plus de 5cm et de localisation extra surrénalienne sont à plus haut risque de malignité, et de pronostic sévère ; lorsque la tumeur est métastatique initialement, la survie à 5 ans est estimée à 25% [2, 4, 16]. 6- Formes familiales : Plusieurs affections héréditaires de transmission autosomique dominante sont associées à la présence d’un phéochromocytome ou d’un paragangliome [9, 31]. Les formes familiales sont d’installation plus précoce que les formes sporadiques qui surviennent souvent vers l’âge de 50 ans, et les phéochromocytomes chez l’enfant sont volontiers multifocaux, s’intégrant le plus souvent dans le cadre d’une forme familiale [2]. Neumann et al. rapportent une étude qu’ils ont effectuée sur 271 patients de tous les âges, qui sont colligés au centre de Freiburg en Allemagne, et de Warsaw en Poland, et chez qui le diagnostic d’un phéochromocytome est confirmé. Ils ont entamé chez eux une étude génétique pour préciser les différentes caractéristiques épidémiologiques, cliniques, et biologiques de ces tumeurs [9]. Le graphique suivant montre la répartition des formes génétiques en fonction des tranches d’âges. (Figure 6). 34 Figure 6: Pourcentage des formes génétiques de phéochromocytomes en fonction de la tranche d'âge (d'après Neumann [9]). 35 Ce graphique montre que la majorité des cas de phéochromocytome génétique sont concentrés dans la tranche d’âge avant 10 ans (70%), et qu’au fur et à mesure qu’on avance dans les années d’âge, sa fréquence baisse jusqu’à 2% vers l’âge de 60 ans. Notre patiente a une forme bilatérale, ce qui correspond à la répartition de Neumann [9], mais on n’a toujours pas de résultats des études génétiques pouvant confirmer son origine. Globalement, la proportion des phéochromocytomes génétiquement induits, longtemps estimée aux alentours de 10%, semble actuellement de 25% [7, 9]. Avant l’avènement des méthodes de diagnostic génétique, leur diagnostic reposait uniquement sur les antécédents familiaux et la présence de lésions associées au phéochromocytome [7]. Actuellement, le diagnostic génétique est disponible, il repose sur la recherche de mutations germinales du gène RET pour les NEM, du gène du Von Hippel Lindau (VHL), du gène de la neurofibromatose type I (NF1) et des gènes codant pour les sous unités B et D de la succinate déshydrogénase (SDHB, SDHD) associé surtout aux paragangliomes [7]. D’autres associations sont possibles mais peu fréquentes, notamment à la maladie de Struge-Weber, ou la sclérose tubéreuse de Bourneville [8]. 6-1- Néoplasies endocriniennes multiples type 2 (NEM 2): C’est une maladie héréditaire autosomique dominante dont l’expression varie selon les familles et les individus atteints. Les NEM regroupent des affections héréditaires caractérisées, chez un même sujet, par l’apparition d’un processus prolifératif hyperplasique tumoral bénin ou malin, généralement hyperfonctionnel d’au moins deux glandes endocrines [32]. La première description par Sipple de l’association caractéristique du NEM 2A (carcinome malin thyroïdien (CMT) + phéochromocytome + hyperparathyroïdie) date 36 de 1961, suivie par celle de Gorlin du NEM 2B (CMT + phéochromocytome + dysmorphie + neuromatose) puis celle de Farndon (CMT isolé familial) [32]. • NEM 2A : est la forme la plus fréquente des NEM2 (60% des cas). Elle associe un CMT dans 100% des cas, un phéochromocytome dans plus de 50% des cas et une hyperparathyroïdie primitive dans 5 à 20% des cas. En fonction des associations des différentes atteintes endocriniennes possibles, on distingue trois sous types. • NEM 2B : plus rares (ne représentent que 5% des NEM2), associe un CMT dans 100% des cas, à un phéochromocytome dans 50% des cas, une ganglioneuromatose et une dysmorphie de type Marfan [32]. Lorsque les phéochromocytomes font partie de l’un de ces tableaux, ils sont bilatéraux dans les deux tiers des cas d’emblée ou au décours de l’évolution. Le stade d’hyperplasie précède l’adénome médullosurrénalien. Seuls 4% des phéochromocytomes deviennent malins [32]. En 1993, il est démontré que cette pathologie est liée à une anomalie moléculaire du proto oncogène dont l’analyse est actuellement la meilleure technique du dépistage familial [32]. 6-2- Maladie de Von Hippel Lindau : (VHL) C’est une affection héréditaire prédisposant au développement d’hémangioblastomes du système nerveux central et de la rétine, de kystes et/ou de tumeurs des reins et du pancréas, et du phéochromocytome [33, 34]. En 1926, Lindau en a fait la description, des années après la première observation d’angiomes rétiniens effectuée par Von Hippel en 1895 [35]. En fonction du phénotype, quatre types de VHL sont décrits [7]: § Type 1 : - hémangioblastome rétinien - hémangioblastome du système nerveux central 37 - carcinome rénal - kyste et cancer pancréatiques § Type 2A : - phéochromocytome - hémangioblastome rétinien - hémangioblastome du système nerveux central § Type 2B : - phéochromocytome - hémangioblastome rétinien - hémangioblastome du système nerveux central - carcinome rénal - kyste et cancer pancréatiques § Type 2C : - phéochromocytome. 6-3- Neurofibromatose de type 1 (NF1) ou maladie de Von Ricklinghausen : La NF1 est une des maladies génétiques les plus fréquentes (incidence annuelle : 1/3500) [7], elle représente 16% des cas familiaux [36]. Le diagnostic clinique repose sur la présence d’au moins deux des sept critères principaux : - au moins six taches café au lait faisant plus de 0,5cm avant la puberté, et plus de 1,5cm après la puberté. - lentigines axillaires ou inguinales. - au moins deux neurofibromes ou au moins un névrome plexiforme. - gliome du nerf optique. - au moins deux nodules de Lisch (hamartome irien). - une lésion osseuse caractéristique : dysplasie du sphénoïde et amincissement du cortex des os longs. - un apparenté de premier degré. 38 7- Formes sévères : Des manifestations graves mettant en jeu le pronostic vital peuvent être révélatrices de phéochromocytome notamment : l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque congestive, un AVC, une ischémie des membres inférieurs. Ces signes de sévérité sont rapportés par une étude de Kanjaa et al. [37] effectuée au service de réanimation du CHU Ibn Sina, portant sur 5 cas répertoriés en l’espace de deux ans. Durant cette même période, 15 cas de phéochromocytome simple sont opérés à froid, ce qui tend à confirmer que ces manifestations sévères ne sont pas rares. Une autre observation rapportée par Ouchikhe et al. [5], chez un jeune patient, présente le phéochromocytome comme cause inhabituelle du choc cardiogénique, d’autres cas de phéochromocytome avec insuffisance cardiaque congestive décrits dans la littérature sont sporadiques [37, 39]. Les cas necropsiques des malades décédés par phéochromocytome sont fréquents et constituent 12 des observations autopsiques d’une ancienne série [40]. Quand le tableau évolue sans anomalies tensionnelles, il correspond à celui d’une cardiomyopathie, en apparence primitive, avec aux explorations morphologiques et fonctionnelles une dilatation des cavités cardiaques gauches et parfois droites, et une altération de la fonction systolique et hypokinésie globale [37, 39], avec une particularité importante, c’est qu’elle peut régresser, voire guérir définitivement l’importance quand de l’imprégnation l’intervention catécholaminergique chirurgicale dès que est le arrêtée, diagnostic d’où du phéochromocytome est établi [22]. En effet, il est rapporté dans la littérature des cas de malades proposés à la transplantation cardiaque pour cardiomyopathie et chez qui la découverte et l’exérèse du phéochromocytome sous jacent ont mené à une guérison définitive [39]. 39 En ce qui concerne notre patiente, son mode de révélation est un AVC ischémique secondaire à une HTA à priori paroxystique, ou à des décharges d’adrénaline. Sur le plan cardiaque, elle a présenté à l’échocardiographie une dilatation des cavités gauches et des artères coronaires, en plus des troubles de repolarisation sur son électrocardiogramme à type de sus décalage antéro septal, mais sans ascension de la troponine Ic, et qui s’est corrigé sur 3 semaines sur des ECG biquotidiens. Sur des échocardiographies de contrôle, effectuées en post opératoire, on note une nette amélioration de l’hypertrophie ventriculaire gauche avec amélioration de sa pression d’éjection. Dans la littérature, un seul cas de phéochromocytome révélé par un AVC chez un enfant de 15 ans est rapporté par Lamoureux [41] ; l’enfant est admis dans un tableau de défaillance hémodynamique, il cardiaque, et après rétablissement de son état présente un déficit de l’hémicorps droit et des chiffres tensionnels élevés, avec, sur sa TDM cérébrale, un ramollissement du territoire de la carotide interne. Le complément de bilan biologique est revenu en faveur d’un phéochromocytome. 8- Formes kystiques : Les phéochromocytomes kystiques sont rares ; la première description de cette forme est rapportée par Griselius en 1970 et cité par Tissot [42]. Elles correspondent à une dégénérescence et à une nécrose de la tumeur [43]. Le plus souvent, la nécrose ou l’hémorragie des phéochromocytomes s’accompagnent d’accidents graves [43]. Ces tumeurs kystiques ne posent de réels problèmes que si les dosages hormonaux sont négatifs ou non faits [43]. Leur diagnostic différentiel se fait avec les lésions hémorragiques [44], les lymphangiomes kystiques [43], les adénomes, 40 les métastases, les tumeurs vasculaires de la surrénale, le kyste hydatique de la surrénale, et autres masses kystiques du voisinage [43, 44]. Ces masses kystiques restent longtemps asymptomatiques, les principaux signes cliniques sont représentés par la triade : lombalgies, troubles digestifs et masses lombaire [45], les troubles endocriniens sont exceptionnels (HTA, syndrome de Cushing, insuffisance surrénalienne….) [44, 45]. TAZI et al. [43] ont rapporté le cas d’une tumeur surrénalienne kystique découverte fortuitement à l’occasion d’une échographie abdominale. Sur l’urographie intra veineuse (UIV), une sécrétion et une excrétion rénale bilatérale normale avec abaissement du rein gauche sont constatés. Le diagnostic d’un kyste hydatique surrénalien est donc porté sur ces arguments, appuyé par les arguments épidémiologiques et scannographiques : masse kystique cloisonnée de la surrénale gauche, bien limitée, de 12cm de diamètre. La patiente est opérée par lombotomie : masse kystique développée au dépend de la surrénale gauche, sa dissection a provoqué un seul pic hypertensif à 240mmHg. La surrénalectomie est réalisée par précaution, avec des suites opératoires simples. L’étude histologique de la pièce opératoire est revenue en faveur d’un phéochromocytome bénin dans sa forme kystique. VI- EXAMENS PARACLINIQUES: 1- Dosages hormonaux : Les examens biologiques sont orientés par les signes cliniques d’appel. Le diagnostic positif repose sur la mise en évidence d’une hypersécrétion des catécholamines par la tumeur lors des dosages statiques [2], en sachant que la moindre agression physique ou psychique est capable de déclencher, dans des conditions physiologiques, un pic sécrétoire des catécholamines [8]. 41 Ces tests biologiques peuvent démontrer la synthèse excessive des catécholamines (adrénaline, noradrénaline), de leur précurseur (dopamine), de leurs métabolites (dérivés méthoxylés ; métanephrine et normétanephrine) [46, 47], dans le plasma ou dans les urines [2, 8, 16, 46, 47], et / ou de leur produit terminal de dégradation : l’acide vanylmandéllique (AVM) dans les urines [2, 12]. Les dosages des catécholamines sont très limitées, d’une part parce qu’elles sont normalement produites par le système sympathique et par la médullosurrénale, ainsi, un taux élevé des catécholamines n’est pas spécifique du phéochromocytome [16], d’autre part, et dans certains cas, le phéochromocytome ne produit pas suffisamment de catécholamines pour rendre leurs dosages positifs [16], finalement, le phéochromocytome sécrète souvent les catécholamines par décharges intermittentes, et de ce fait, un dosage effectué entre deux poussées sera négatif [16, 48]. Quant aux métanephrines, elles proviennent du métabolisme intra tumoral des catécholamines [49, normétanephrines 50], sont de ce fait, relativement leurs concentrations indépendantes de et celles l’exocytose des des catécholamines elles même avec une libération plus continue dans la circulation [50]. L’acide vanylmandéllique est le produit terminal majeur du métabolisme de l’adrénaline et de la noradrénaline, mais il n’est pas un bon marqueur du diagnostic des phéochromocytomes [49]. Par ailleurs, Arbay [12] a pu établir une corrélation entre la taille de la tumeur et le taux de l’AVM dans son étude portant sur seize enfants : - 14 malades ont une tumeur de plus de 5cm de grand axe, et un taux d’AVM de 56 ±13mg/24h - 2 malades ont une tumeur de moins de 5cm de grand axe, et un taux d’AVM de 36 ± 6mg/24h. 42 Cette même constatation est rapportée par Sawin [51]. 1-1- Les dosages urinaires : Doivent être réalisés sur deux ou trois diurèses de 24 heures, sur des jours consécutifs. Les urines doivent être recueillies sur acide chlorhydrique et stockées au froid compte tenu de l’instabilité des catécholamines à pH neutre, et l’exclusion dans les huit jours précédents l’examen de tout médicament pouvant interférer avec le métabolisme des catécholamines (antidépresseurs tricycliques, alpha bloquants, phenoxybenzamine, bêta bloquants) [2, 60]. Il faut y associer le dosage de la créatininurie. Les interférences alimentaires ou médicamenteuses, fréquentes avec les méthodes spectrophotométriques ou spectrofluorométriques, ont pratiquement disparu avec l’avènement de la chromatographie liquide à haute performance HPLC [48, 52, 53]. 1-2- Les dosages plasmatiques : Le dosage des catécholamines plasmatiques s’effectue par technique radio enzymatique ou par HPLC. Il ne doit pas être proposé en première intention en raison de zones de chevauchement entre les sujets normaux et les sujets porteurs de phéochromocytome [8, 53]. 1-3- Etude comparative entre les différents dosages : Les différentes méthodes de diagnostic biologique du phéochromocytome sont nettement améliorées, mais on note que les faux négatifs gardent une place importante, d’où la nécessité de trouver le test biologique le plus fiable [1]. Pour ce faire, plusieurs auteurs se sont intéressés à ce sujet, et ont lancé leurs études dans un sens comparatif entre les différents examens biologiques pour définir le plus sensible et le plus spécifique d’entre eux, pour éviter les leurres diagnostiques [54, 55]. Des études récentes ont montré qu’un taux plasmatique élevé en métanephrines et en normétanephrines est plus sensible que les autres tests, que ça 43 soit dans les formes de phéochromocytome sporadique ou familial [56, 57], ceci serait dû à la sécrétion permanente des métanephrines, alors que les catécholamines ont une sécrétion intermittente conditionnée par les chiffres tensionnels [49, 54]. Par ailleurs, la sensibilité des dosages urinaires des catécholamines est supérieure à celle des dosages plasmatiques [38]. L’étude de Ulrich Guller et al. [54], qui a porté sur 152 patients pris en charge pour phéochromocytome au CHU Dulce et au centre hospitalier Verterans à Durham, a conclu que le dosage des normétanephrines dans les urines est le test le plus sensible avec un faible taux de faux négatifs de 3,1%. L’étude de Anna M. et al. [58], s’est intéressée, quant à elle, à comparer les deux tests : le dosage plasmatique de la fraction de la métanephrine, et le dosage des catécholamines associé au dosage des dérivés méthoxylés totaux (DM) dans les urines de 24 heures, et a conclu au fait que les mesures plasmatiques de la fraction de la métanephrine est plus sensible, mais moins spécifique quand on la compare au dosage sur les urines de 24 heures des métanephrines et des catécholamines combinés. Les études de Pacak [16] et Brunaud [46] rejoignent celle de Anna [58] en ce qui concerne la sensibilité supérieure des mesures plasmatiques de la fraction de la métanephrine. Nous avons établi un tableau comparatif de ces 4 études (Tableau III). De ce fait, ils ont démontré que le dosage des métanephrines plasmatiques a plus d’importance dans les formes familiales, et que le dosage des catécholamines sur les urines de 24 heures a une grande sensibilité et moindre de faux positifs dans les formes sporadiques, surtout avec une ancienne HTA [58]. 44 Dosages Brunaud et al. Anna et al. Pacak et al. Ulrich Guller et al N : NP [46] N=354 [58] N=151 [16] N=152 [54] sensibilité spécificité Sensibilité spécificité sensibilité spécificité sensibilité spécificité 86 88 NP NP 83 88 NP NP 84 81 NP NP 85 80 NP NP AVM urinaire 64 95 NP NP 63 94 73 NP DM 97 69 NP NP 76 94 NP NP 77 93 NP NP NP NP 96,9 NP 99 89 97 85 99 89 81,8 NP NP NP 90 98 NP NP NP NP Catéch. Urinaires Catéch. Plasmatiques fractionnés des urines DM totaux urinaires DM totaux plasmatiques DM totaux + Catéch. Urinaires N : nombre DM : dérivés méthoxylés. NP : non précisé. Tableau III : Tableau comparatif de la sensibilité et la spécificité des dosages des catécholamines et des dérivés métoxylés dans le sang et dans le plasma pour le diagnostic du phéochromocytome 45 Il faut préciser qu’un dosage de métanephrines plasmatiques normal est en mesure d’éliminer même les petits phéochromocytomes, alors qu’un dosage négatif des catécholamines urinaires et plasmatiques ne l’élimine pas [56, 58, 59, 60]. A partir de là, on sera confronté à des faux positifs et des faux négatifs entre lesquels on doit faire la part, c’est pourquoi plusieurs études se sont penchées sur cette question. Les faux positifs correspondent à des patients ayant une biologie positive, mais n’ayant pas de phéochromocytome, leur taux est d’environ 10 à 15% [46]. Du point de vue physiopathologique, ce taux est expliqué par l’origine mixte des catécholamines dans l’organisme (nerfs sympathiques et médullosurrénale) [46]. Le problème serait alors de définir les vrais cas de phéochromocytome parmi l’ensemble des résultats biologiques positifs. Ce problème est soulevé par Eisenhofer et al. [60]: leur étude a concerné 208 patients atteints de phéochromocytome et 648 chez qui le diagnostic de phéochromocytome a été exclu ; leur but est de préciser les conditions physiques des malades ou les prises médicamenteuses pouvant être responsables de faux positifs, et les tests pouvant aider la confirmation diagnostique. Cette étude rejoint celle de Brunaud [46]. On a pu répondre à cette question via plusieurs éléments : • Le premier critère à évaluer est celui de l’intensité de la sécrétion tumorale. Ainsi, est-il considéré qu’un dosage des dérivés méthoxylés (urinaire ou plasmatique) supérieure à quatre fois la normale supérieure permet d’affirmer le diagnostic positif du phéochromocytome. Tous les patients remplissant cette condition ont un phéochromocytome et aucun de ces dosages ne s’est révélé être un faux négatif parmi les 856 sujets de l’étude de Eisenhofer et al. [60]. Cette situation où le dosage est supérieure à quatre fois la normale, permet de poser le diagnostic d’environ 80% des phéochromocytomes [59 – 61]. 46 • Le problème des 20% des phéochromocytomes restants : lorsque le résultat des dosages est situé entre la limite supérieure de la normale et quatre fois la normale de cette limite supérieure, plusieurs points peuvent être évalués [46]: o Eliminer les fausses augmentations habituelles des dosages des catécholamines ou de leurs dérivés dont les principales sont dues à certains médicaments (antidépresseurs tricycliques, alpha bloquants, phenoxybenzamine, bêta bloquants) [60], les conditions de stress, les conditions de prélèvement et certains aliments [62, 63]. o Evaluer le profil sécrétoire. En effet, en présence d’un phéochromocytome, il est considéré qu’il existe une élévation relative des dérivés méthoxylés par rapport aux catécholamines. Cette notion est due au fait que les dérivés méthoxylés sont préférentiellement synthétisés par les cellules du phéochromocytome (ce qui n’est pas le cas lors de fausses augmentations des dosages par activation sympatho adrénergique). Ainsi, un ratio des dosages plasmatiques des normétanephrines/noradrénaline supérieur à 0,52 permet de faire le diagnostic d’environ le 1/3 des 20% restants sans risque de faux positifs (valeur de 4,2 pour le ratio métanephrines/adrénaline) [2, 60]. o Proposer un test de freination : La clonidine est un agoniste adrénorécepteur alpha 2 ayant une action suppressive sur le relargage de la noradrénaline par les fibres sympathiques qui permet de distinguer entre un dosage élevé des métanephrines et des normétanephrines plasmatiques secondaires à leur production par le système sympathique, et celui dû réellement à un phéochromocytome [64, 65]. Une baisse du taux des métanephrines plasmatiques de plus de 50% ou à moins de 2,96nmol/l, après administration de la clonidine 47 est en faveur d’une réponse normale, mais un taux qui reste élevé même après administration de la clonidine est en faveur d’un phéochromocytome [46, 60]. Ce test est quasiment abandonné en raison de sa faible sensibilité et spécificité ainsi que ses risques [62]. Il semble actuellement que le dosage des normétanephrines plasmatiques a rendu plus utile l’utilisation de ce test pour le diagnostic positif. Quant à la stimulation au glucagon, elle est utilisée dans les cas où le taux de métanephrines ou de normétanephrines est élevé alors que le taux des catécholamines plasmatiques est normal ou peu élevé. Un taux de métanephrines ou de normétanephrines supérieur à trois fois le premier dosage en deux minutes après l’administration du glucagon en intra veineux est en faveur d’un phéochromocytome avec une grande spécificité, mais ce test n’est pas sensible, et un résultat négatif ne pourra pas éliminer le diagnostic [16, 66, 67]. 1-4- Comment procéder dans la demande des tests biologiques ? Pour choisir le premier test à demander, il faut prendre en considération sa fiabilité, pour permettre d’avoir un diagnostic confirmé du phéochromocytome, dont l’importance réside dans le fait qu’un phéochromocytome méconnu (faux négatif) engage le pronostic vital, alors qu’un résultat faux positif pourrait être réfuté par un autre examen. Pacak et al. ont mené une étude pour préciser la fiabilité des différents examens, et au terme de cette étude, ils ont pu établir un algorithme de la demande des examens biochimiques (figure 7) [16]. 48 Figure 7 : Algorithme de la demande des examens biochimiques [16] 49 1-5- CONCLUSION : La demande du dosage des métanephrines plasmatiques en première intention, vue leur grande sensibilité, est recommandée par plusieurs auteurs. Par ailleurs, il est important de doser les catécholamines plasmatiques et de faire des dosages répétitifs des métanephrines dont la production est permanente par la tumeur [58, 59, 68]. Un taux normal des métanephrines ou des normétanephrines plasmatiques sur un deuxième prélèvement élimine le diagnostic du phéochromocytome même si le premier dosage est positif [16]. Le dosage des catécholamines urinaires, plus accessible dans notre contexte, demande des dosages répétitifs sur des urines de 24h au moins 3 jours de suite, sur un milieu acide. Mais la normalité de cet examen n’élimine pas le diagnostic du phéochromocytome. 50 2- Diagnostic topographique : 2-1- Imagerie morphologique : L’imagerie des glandes surrénales de l’enfant repose aujourd’hui sur l’association de l’échographie, de la TDM et de l’IRM. L’UIV et l’artériographie n’ont plus d’intérêt dans leur exploration alors qu’elles représentaient les techniques de référence il y a une vingtaine d’années [69], elles peuvent tout au plus, si elles sont demandées, montrer des signes indirects de la tumeur : abaissement du rein, ou refoulement de l’uretère [8, 43]. Le cathétérisme veineux étagé et l’artériographie sont des méthodes invasives, et leurs indications doivent se limiter aux rares cas où le diagnostic du phéochromocytome n’a pas pu être affirmé par une autre méthode [18]. Toutes formes confondues, environ la moitié des phéochromocytomes de l’enfant sont localisés à une surrénale, un quart aux deux surrénales et un quart sont extra surrénaliens [8]. Ces derniers, dits aussi paragangliomes, sont principalement sous diaphragmatiques (85%), les localisations sus diaphragmatiques (15%) sont essentiellement médiastinales postérieures [8]. Le diagnostic de localisation est donc important avant l’intervention chirurgicale [2, 46]. a- Echographie abdominale : Elle représente aujourd’hui le premier examen de débrouillage. Elle visualise surtout les tumeurs surrénaliennes, mais aussi certaines tumeurs extra surrénaliennes (hile rénal, axe aortique) [8]. L’utilisation de la sonde à haute fréquence permet de visualiser les tumeurs de l’ordre de 1cm de diamètre. Ses performances sont toutefois volontiers limitées chez l’enfant par l’interposition de gaz digestif, et sa sensibilité varie selon les séries et les opérateurs, estimée à 84% [8, 18, 70]. 51 b- TDM abdomino-pelvienne: La TDM abdomino-pelvienne avec et sans injection de produit de contraste est l’examen de choix pour la détection du phéochromocytome [2, 8]. Sa sensibilité est élevée, estimée entre 89 et 98% pour la localisation surrénalienne. Mais cette sensibilité est moins bonne en cas de tumeurs extra surrénaliennes, de métastases ou de récidive (77%) [2] ; elle permet de visualiser des tumeurs de 1 ou 2cm, et présente l’avantage de son faible coût [2]. Ses limites sont les petites tumeurs ne déformant pas les contours des surrénales, la pauvreté de la graisse rétro péritonéale chez l’enfant et l’absence de spécificité des images [8], en plus de l’inconvénient de l’irradiation, des artéfacts mimés par les clips chirurgicaux et l’impossibilité de renseigner sur le caractère neuroendocrine de la tumeur [71]. En l’absence d’une masse surrénalienne, on recherche en priorité une localisation péri aortique ou vésicale [2]. En cas de négativité de cet examen, on réalise une TDM thoracique spiralée, complétée éventuellement par une imagerie de la tête et du cou [2]. La mesure de la densité constitue une aide pour le diagnostic de nature. Lorsque la densité est inférieure à 10UH sur les coupes sans injection, le diagnostic du phéochromocytome est exclu. Pour des densités supérieures (de l’ordre de 40 – 60UH pour le phéochromocytome), il est nécessaire de s’aider des clichés après injection de produit de contraste et du calcul du wash-out. Dans les grosses tumeurs, l’aspect est souvent caractéristique, objectivant une masse hétérogène constituée de plages de nécrose intra tumorales et pouvant contenir des calcifications [2]. La comparaison de la sensibilité et de la spécificité de chaque examen radiologique entre les différentes séries est délicate du fait des différences de recrutement des patients et de la chronologie de la demande de ces examens [71]. 52 Dans la littérature, les chiffres de sensibilité sont compris entre 75 et 100% [71, 72, 73 – 76], le bas de la fourchette concerne les séries avec tumeurs ectopiques ou récidivantes, avec un chiffre de spécificité variant entre 50 et 100% [71]. L’étude de Pacak et al. [16] a pu montrer que la sensibilité de la TDM est de 93 à 100% dans la détection des phéochromocytomes, alors qu’elle baisse à 90% dans les tumeurs extra surrénaliennes. Dans une étude de Noblet-Dick et al. [71], la TDM est l’examen le plus demandé (réalisé chez 84% des patients), avec une sensibilité de 100%, pouvant être expliquée par la localisation surrénalienne ou para surrénalienne, et par la grande taille de touts les phéochromocytomes, quant à la spécificité, elle est de 80%. Dans notre observation, l’échographie est suffisante pour nous orienter vers le diagnostic du phéochromocytome bilatéral, largement confirmé par la TDM abdominale. c- IRM thoraco abdomino pelvienne : Elle est particulièrement performante pour le diagnostic des tumeurs intracardiaques, péricardiques et péri vasculaires du fait de l’absence d’artéfacts respiratoires et dans les localisations de la tête et du cou où sa sensibilité est supérieure à celle de la TDM [2] ; elle est comprise entre 93 et 100% pour les tumeurs surrénaliennes [2]. Ses avantages par rapport à la TDM sont l’absence d’irradiation et d’injection de produit de contraste [8], une meilleure visualisation du retropéritoine chez l’enfant, une meilleure analyse des tissus mous notamment le rehaussement du signal en T2 caractéristique des tumeurs neuroendocrines [8]. Elle a également l’avantage de permettre la détermination des rapports anatomiques de la tumeur avec les vaisseaux voisins [2], comme elle permet la réalisation de coupes axiales et frontales [71]. 53 Ses inconvénients sont surtout son coût très élevé ; L’IRM est peu utilisée (uniquement 17,5% des patients de l’étude de Noblet-Dick en ont bénéficié) [71]. Sa réalisation est longue et dépendante de certaines conditions, notamment d’une sédation, voire d’une anesthésie générale [8]. Enfin, elle est soumise à quelques contre-indications (pacemaker, matériel ferromagnétique…), et elle est peu lisible lors de la recherche d’une récidive en raison des artéfacts liés aux clips chirurgicaux. Selon l’étude de Noblet-Dick et al. [71], les chiffres de la sensibilité et de la spécificité de l’IRM sont tous les deux à 100%, probablement à cause du faible effectif de patients concernés (80 cas). Dans la littérature, la sensibilité est comprise entre 75 et 100% [8, 72, 73 – 76], elle est supérieure à celle de la TDM pour les tumeurs bilatérales ou extra surrénaliennes [72, 76]. La spécificité est comprise entre 50 et 83% [73, 75]. L’image caractéristique du phéochromocytome est un signal intermédiaire en T1 proche de celui du foie et un rapport d’intensité entre la tumeur et le foie supérieur à 2 en T2 [71]. Un hypersignal en T2 se renforçant au deuxième écho est considéré comme quasi spécifique [8]. L’injection de Gadolinium, qui renforce encore le signal, ne présente pas un grand intérêt pour le diagnostic [8]. 2-2- Imagerie fonctionnelle : Elle est complémentaire de l’imagerie morphologique, elle permet de réaliser une exploration scintigraphique du corps entier à la recherche de formes multiples ou pour localiser une tumeur non visualisée par l’imagerie conventionnelle. Cet examen s’impose dans les formes ectopiques, familiales ou malignes et en cas d’imagerie négative [2]. L’examen de référence est la scintigraphie à la MIBG. L’imagerie par tomographie d’émission de positron (TEP) est aussi prometteuse [2, 16, 60]. 54 Dans une étude française multicentrique [72], on a pu prouver que la TDM, l’IRM et la scintigraphie à la MIBG ont une sensibilité de 89%, 97% et 81% respectivement. L’efficacité de ces trois examens pour le diagnostic de localisation de la tumeur est modulée par son substratum anatomique. a- Scintigraphie à la MIBG (méta-iodobenzylguanidine): Elle est d’une aide avantageuse pour le diagnostic topographique. La MIBG est un dérivé de la guanidine, structurellement proche de la noradrénaline, activement recaptée par les récepteurs des terminaisons adrénergiques de type 1, s’accumule sélectivement dans les tumeurs sécrétant des catécholamines quelque phéochromocytomes soit supra leur localisation centimétriques [2, 8, apparaissent 47]. comme Le des ou les foyers d’hyperfixation sur scintigraphie corporelle totale visibles à la 24ème heure et augmente à la 48ème heure [2], vraisemblablement par le fait que sa demi vie est plus longue dans le tissu tumoral [8]. Les surrénales normales sont faiblement visualisées [2, 8]. Certains médicaments (antidepresseurs tricycliques, réserpine, inhibiteurs de la mono amino oxydase par exemple) inhibent la captation des catécholamines, supprimant alors la fixation [8]. En revanche, les alphas bloquants et les bêtas bloquants n’interfèrent pas avec ce mécanisme de fixation [8]. L’élimination de ce traceur est rénale avec la possibilité de faux positifs en cas d’obstacle sur les voies urinaires. Si les images sont douteuses avec l’iode 131 (I131), on peut utiliser l’iode 123 (I123) ; La scintigraphie à l’iode 123 est plus sensible, moins irradiante, permet d’avoir des images de meilleure qualité [71, 79], mais elle est plus coûteuse [2, 8], et visualise les surrénales dans 50% des cas, ce qui peut rendre difficile l’identification d’une petite tumeur [8]. 55 Pour limiter l’irradiation thyroïdienne, il est nécessaire de réaliser une préparation par le Lugol fort 5%, à débuter 5 jours avant la scintigraphie et à poursuivre 3 jours après [2]. La scintigraphie à la MIBG est associée à une sensibilité variant entre 80 et 100%, et à une forte spécificité de 90%. En conséquence, il n’est pas rare de voir des praticiens l’utiliser comme test diagnostique (avant la réalisation des dosages biologiques). Pour Deal et al. [77], la sensibilité de cet examen est mois bonne que celle du scanner dans les localisations surrénaliennes, mais meilleure dans les localisations extra surrénaliennes. Les faux négatifs sont difficiles à expliquer : certains seraient dus à des nécroses intra tumorales ou à des turnovers rapides (il existerait parfois un déficit de la captation des catécholamines et de la MIBG). Sa spécificité est estimée à 95%, et les faux positifs concernent surtout les tumeurs neuro endocrines ; des anomalies de fixation peuvent aussi faire suspecter, à tort, une forme à localisation multiple. Noblet-Dick [71] a mené une étude qui porte sur 80 patients qui ont tous bénéficié d’une scintigraphie à la MIBG à I123, et a conclu à une sensibilité de 83%, et une spécificité de 89%, concordant avec les résultats qui sont rapportés dans la littérature : une sensibilité qui varie entre 80 et 88% [18, 71, 72, 78], le haut de la fourchette concernant des séries avec phéochromocytomes récidivants, multiples ou métastatiques, et une spécificité qui varie entre 84 et 100% [71]. Une étude récente de Ulrich Guller et al. [54] portant sur 152 patients a conclu à une sensibilité de la MIBG à l’I131 à 83,7%. Nous avons établi un tableau comparatif de la sensibilité et la spécificité de la scintigraphie à la MIBG entre différentes études. (Tableau IV) 56 Séries Sensibilité Spécificité Deal [77] NP 95% Brunaud [46] I131 = 80% 90% N=NP I123 = 90% Ulrich Guller [54] I131 = 83,7% NP I131=85,7% I131=100% N=10 N=152 Furuta [79] I131,N=29 I123,N=16 I123=90% Noblet-Dick [71] 83% 89% 81% NP I123=100% N=80 Jalil N.D [72] N=282 N : nombre. NP : non précisé. Tableau IV : Comparaison de la sensibilité et de la spécificité de la scintigraphie à la MIBG entre différentes études. 57 Certaines études, notamment celle de Ulrich Guller et al. [54] se sont intéressés à démontrer l’intérêt de l’association d’un dosage biologique et de la scintigraphie à la MIBG qui augmente la sensibilité à 100% (Tableau V) Nombre de patients Sensibilité % Intervalle de confiance 95% AVM urinaire et MIBG 85 90,6 84,3 – 96,8 83 88 80,9 - 95 82 86,6 79,2 - 94 85 95,3 90,8 – 99,8 27 81,5 66,8 - 96,1 29 96,6 89,9 - 100 33 93,9 85.8, 100 34 97,1 91,4 - 100 Dopamine urinaire et MIBG Epinephrine urinaire et MIBG Norepinephrine urinaire et MIBG Métanephrine urinaires et MIBG Normétanephrines urinaires et MIBG Dopamine plasmatique et MIBG Norépinephrinee plasmatique et MIBG Tableau V : Sensibilités et intervalles de confiance des différents tests biologiques associés à la scintigraphie à la MIBG (54). 58 b- Scintigraphie à l’In111 pentetréotide (octreoscan): La pentetréotide est un analogue de la somatostatine dérivé de l’octréotide, qui présente une excellente affinité pour les récepteurs du sous-type 2, présents sur le tissu chromaffine [2]. Sa sensibilité est supérieure à celle de la scintigraphie à la MIBG formes malignes (87% versus 57%), et pour les pour les paragangliomes sus diaphragmatiques, mais inférieure pour les localisations surrénales[2]. La scintigraphie octréoscan est souvent réalisée en deuxième intention en cas de négativité de la scintigraphie à la MIBG [81]. c- Tomographie par émission de positrons (TEP) : Cette technique d'imagerie utilisant des traceurs émetteurs de positrons, dont l'accumulation est visualisée par caméra TEP, présente l'avantage de pouvoir détecter des lésions de l'ordre de 5 à 10mm [2]. Il est possible de marquer une grande variété de molécules sans modifier leurs propriétés biochimiques. Le seul traceur couramment utilisé, à l'heure actuelle, est le déoxyglucose marqué au fluor 18 (18FDG, dont la demi-vie est de 120 min) [2]. La fixation du traceur reflète le métabolisme intra tumoral du glucose, augmenté dans les tumeurs en raison notamment d'une stimulation de l'expression des transporteurs du glucose (GLUT1 et 3) [2]. Ses performances sont dans l'ensemble décevantes dans les tumeurs endocrines. Dans les phéochromocytomes, les résultats sont globalement comparables à ceux de la scintigraphie à la MIBG, en dehors des formes malignes où sa sensibilité est supérieure [81], sans que cela puisse constituer un argument en faveur du caractère bénin ou malin de la tumeur. Il faut par ailleurs connaître la possibilité de fixation non spécifique du traceur en cas d'inflammation. De nouveaux traceurs plus spécifiques des tumeurs endocrines sont actuellement en développement et leurs résultats sont prometteurs [60]. Il s'agit 59 surtout de la 18F-dihydroxyphénylalanine (18F-DOPA), décarboxylée en dopamine dans les granules sécrétoires de la médullosurrénale. Les études préliminaires ont montré une sensibilité proche de 100 %, supérieure à celle de la scintigraphie à la MIBG, notamment en cas de localisations multiples. Les résultats des études préliminaires concernant la 18F-fluorodopamine sont également très prometteurs. d- Conclusion : Le diagnostic de localisation est important à établir avant la chirurgie pour permettre une exérèse complète de la tumeur ; ceci est rendu facile grâce aux moyens de l’imagerie : TDM, IRM et scintigraphie à la MIBG. Selon certains auteurs, aucune imagerie ne doit être faite tant que le diagnostic biologique du phéochromocytome n’est pas totalement affirmé [8, 47]. La chronologie à respecter dans la demande des examens d’imagerie diffère selon les auteurs. Mais sur le plan pratique, après les examens biologiques, une TDM abdominale puis une IRM abdominale sont indiquées. Si elles mettent en évidence une masse surrénalienne, la scintigraphie à la MIBG permet de confirmer son caractère neuroendocrine et de ce fait, d’éliminer un incidentalome d’autre nature, en plus d’obtenir un bilan d’extension. Si la TDM et l’IRM sont négatives, la scintigraphie aide à localiser une tumeur sus diaphragmatique. 60 3- Diagnostic génétique : Avant l'ère de la génétique moléculaire les diagnostics de NEM2, VHL ou NF1 reposaient sur deux éléments : les antécédents familiaux, et la présence de lésions associées, qui permettent un diagnostic phénotypique. Cependant les antécédents sont parfois difficiles à reconstituer, et la recherche exhaustive des lésions associées impose de nombreux examens complémentaires. L'identification des gènes RET, VHL, ou NF1 a ouvert la voie au diagnostic génétique : celui-ci a d'abord été indirect par analyse de liaison, puis direct par recherche de mutation germinale [82]. Le diagnostic génétique direct ne nécessite qu'un prélèvement de sang total chez le patient (le résultat doit cependant être confirmé sur un deuxième prélèvement indépendant) [82]. Cet outil diagnostique semble donc extrêmement attractif pour le clinicien : si une mutation est retrouvée, il peut effectuer chez le patient une recherche des lésions associées qui sera ciblée et efficace. Il pourra également rechercher parmi les membres de la famille ceux qui sont porteurs du gène morbide. Si aucune mutation n'est retrouvée, on imagine que le diagnostic de phéochromocytome familial sera exclu, ce qui dispensera le patient et sa famille d'examens complémentaires [82]. Cependant, il est nécessaire de connaître les performances de ce diagnostic génétique en terme de sensibilité et spécificité, et il faut également évaluer sa faisabilité, son coût, et sa disponibilité [82]. Il existe au moins trois maladies génétiques qui prédisposent au phéochromocytome : les néoplasies endocriniennes multiples de type 2 (NEM2A et NEM2B), la maladie de Von Hippel-Lindau (VHL), et la neurofibromatose de type 1 (NF1), appelée aussi maladie de Von Recklinghausen [82]. Pour chacune, les gènes sont identifiés : il s'agit respectivement de RET, VHL, et NF1. Ces maladies 61 génétiques ont toutes une transmission autosomique dominante : les patients sont porteurs d'une mutation germinale sur un seul allèle du gène morbide, et ils ont un risque de 50 % de transmettre à chacun de leurs enfants leur mutation et le phénotype correspondant. Ainsi les phéochromocytomes associés à ces pathologies sont généralement appelés « familiaux ». Cependant les antécédents familiaux peuvent être impossibles à reconstituer, ou être réellement absents : soit par pénétrance clinique incomplète de la maladie, soit parce que le patient porte une néomutation. On pourrait donc aussi employer le terme de phéochromocytomes «d'origine génétique» [9, 82]. Il existe par ailleurs des familles porteuses de phéochromocytome, chez lesquelles aucun individu n'a révélé d'autres lésions de NEM2, VHL ou NF1. Il est probable qu'il existe d'autres gènes de prédisposition au phéochromocytome. Il faut cependant souligner que certaines mutations du gène VHL ne s'expriment que par un phéochromocytome : une partie au moins de ces familles n'expriment qu'une forme particulière de la maladie de VHL (type 2A) [83, 84]. Les phéochromocytomes familiaux se distinguent généralement des phéochromocytomes sporadiques par trois caractères : leur bilatéralité (ou multifocalité), leur survenue précoce, et la présence de lésions associées caractéristiques de NEM2, VHL ou NF1. Cependant, au diagnostic initial, la bilatéralité n'est présente que dans environ 50 % des cas (NEM2 et VHL), et elle est rare dans la NF1 [82]. Par ailleurs, à l'échelon individuel, l'âge de survenue n'est pas très discriminant car il existe de grands recoupements avec l'âge de survenue des phéochromocytomes sporadiques. Un âge de survenue précoce, avant 12 ans reste très suspect de maladie de VHL (exceptionnellement NF1) [82]. Enfin au moment de l'apparition du phéochromocytome les lésions associées ne sont pas toujours présentes, au moins cliniquement. Ainsi, doit on considérer a priori que tout patient 62 porteur d'un phéochromocytome, même unilatéral, présente un certain risque d'être porteur d'une mutation germinale de RET, VHL, ou NF1. Pour le patient ceci implique le risque de développer un phéochromocytome controlatéral, et les autres lésions associées à une NEM2, maladie de VHL ou NF1. Pour la famille du patient les implications sont également considérables. Il est donc nécessaire de savoir quand et comment faire le diagnostic de phéochromocytome familial [82]. Le diagnostic génétique doit être généralisé puisque le taux de mutations germinales peut être présent entre 12% [30] et 24% [9] des cas chez les patients présentant à priori un phéochromocytome sporadique. Une étude génétique systématique est donc recommandée devant tout phéochromocytome, même d’allure sporadique et tout particulièrement en cas de forme précoce ou multiple [2]. Elle doit toujours être réalisée après avoir expliqué son intérêt au patient et obtenu un consentement éclairé [2]. La confirmation par le test génétique d'une forme familiale permet d'instaurer une surveillance adéquate et de proposer le dépistage chez les apparentés asymptomatiques de manière à pouvoir mettre en place la surveillance ou le traitement adapté [2]. De plus, le fait de connaître une mutation dans une famille donnée permet d'adapter la prise en charge [2]. LA fréquence relative des formes familiales: Le chiffre de 10 % est souvent admis, mais plusieurs arguments suggèrent qu'il est sous-estimé [82]. Dans une série de 82 patients se présentant pour phéochromocytome, Neumann retrouve 23 % de formes familiales (19 % de maladie de VHL, 4 % de NEM2) [85], et ce chiffre ne prend pas en compte les patients pour lesquels le diagnostic de NEM2 ou VHL est déjà établi avant le diagnostic de phéochromocytome. Si l'on rajoute ces derniers, la fréquence des formes familiales de phéochromocytomes va atteindre 51 % dans ce centre allemand de référence, chiffre élevé qui peut souffrir d'un biais de recrutement [82]. 63 La prévalence des phéochromocytomes familiaux est calculée, de façon un peu théorique, à partir de la prévalence admise des NEM2, VHL et NF1, et de la fréquence du phéochromocytome dans chacune de ces pathologies dans l’étude de Bravo E., Gifford R. et al. [67], on est arrivé à une fourchette de 0,2 à 0,35 pour 10 000, soit 20 à 35 % de la prévalence de 1/10 000 admise pour le phéochromocytome dans la population générale. Neumann et al. [9], ont effectué une étude génétique systématique chez les 271 patients colligés à l’hôpital de Freiburg en Germanie, et de Warsaw en Polande, qui présentent un phéochromocytome isolé, sans histoire familiale de phéochromocytome, ni signes en faveur d’une forme syndromique. Ils ont pu montrer que 66 patients (24%) ont une prédisposition à la maladie de VHL (dans 45% des cas), aux NEM2 (dans 20% des cas), aux paragangliomes (dans 35% des cas), par la mise en évidence de mutations intéressant les gènes VHL, RET, SDHD ou SDHB. Une autre étude plus récente, menée par Amar, Bertherat et al. [30], portant sur 314 patients porteurs de phéochromocytome, montre que 86 patients de ces 314 (27,4%) ont une forme héréditaire, dont 56 (soit 65,1%) ont une forme syndromique ou une histoire familiale évocatrice, et 30 (soit 34,9%) ont une forme sporadique. 90% des mutations sporadiques sont identifiées, et correspondent à des mutations sur les gènes du SDHB (dans 18 cas, soit 60%), et du gène du VHL (dans 9 cas, soit 30%). Les formes sporadiques et bilatérales sont plus présentes chez les jeunes patients [30]. 64 3-1- Gène RET et néoplasies endocriniennes multiples de type 2 (NEM2A et 2B) On sait maintenant que les trois entités cliniques des NEM correspondent à différentes mutations germinales du proto-oncogène RET, qui code pour un récepteur de facteur de croissance à activité tyrosine kinase [82]. Des mutations germinales de RET sont retrouvées dans 99 % des NEM2B, 97 % des NEM2A et 95 % des CMT familiaux isolés [86, 87]. Certaines équipes avancent même le chiffre de 100 % pour l'ensemble des 3 formes [88]. Il s'agit pour la quasi-totalité de mutations faux-sens, qui touchent deux domaines fonctionnels de la protéine RET [82]. Le premier est la région riche en cystéines de la portion extra-cellulaire, codées par les exons 10 et 11: les mutations de ces cystéines permettent d'activer le récepteur en entraînant sa dimérisation indépendamment de la présence de son ligand (glial derived neurotrophic factor GDNF) [82]. Ces mutations de cystéine sont responsables de 98 % des NEM2A. Le deuxième domaine porte l'activité tyrosine kinase intra-cellulaire. Dans ce domaine une mutation du codon 918, qui modifie la spécificité du substrat de l'activité tyrosine kinase, est à elle seule responsable de 98 % des NEM2B [82]. Il existe donc une assez bonne corrélation entre la présence d'une mutation particulière de RET et le développement des lésions associées au CMT, en particulier le phéochromocytome (corrélation génotype/phénotype) [82]. Les mutations du seul codon 634 (exon 11) représentent la grande majorité des cas de NEM2A (84 % des familles françaises) [89]. Cependant pour être absolument exhaustive, la recherche de mutations de RET responsables de phéochromocytome doit se faire sur les exons 10,11,13,14,15,16 [82]. On peut calculer que si le risque de développer un phéochromocytome atteint 58 % pour les mutations du codon 634, il tombe à 8 % pour les mutations de l'exon 10 [90], et devient très faible pour les mutations des codons 768 ou 844 [91]. 65 L'analyse de la littérature montre qu'il est incontestable qu'un phéochromocytome puisse être la première lésion révélée chez un individu porteur d'une mutation germinale de RET [82]. Ainsi dans une étude européenne rétrospective portant sur 300 patients porteurs de NEM2 [122], le diagnostic de phéochromocytome a précédé celui de CMT dans 25 % des cas. Cependant, dans ce travail, le CMT n'est pas recherché systématiquement par mesure de la calcitonine au moment du diagnostic de phéochromocytome chez tous les patients [82]. Il est en fait très probable que la plupart de ces patients sont déjà porteurs d'un CMT cliniquement silencieux, mais accessible à un diagnostic biologique par mesure de la calcitonine. A l'appui de cette hypothèse il existe plusieurs arguments : Dans les familles françaises soumises à un dépistage régulier prospectif, un travail récent de Nguyen et al. du Groupe d'Etudes des Tumeurs à Calcitonine (GETC) [82] a montré que, chez des sujets porteurs d'une mutation de RET prédisposant au phéochromocytome, le CMT est toujours présent lors du diagnostic de phéochromocytome. Ce travail porte sur 87 patients âgés de 1 an à 29 ans dont 14 ont révélé un phéochromocytome (le plus jeune à 12 ans) : 12 sont porteurs d'une mutation de RET au codon 634 (exon 11) et 2 au codon 918 (exon 16). Plusieurs études ont recherché la présence des mutations germinales (ADN leucocytaire) de RET chez des patients porteurs de phéochromocytome apparemment sporadique, non associé à un CMT [82]. Dans trois études, totalisant 67 patients, aucune mutation germinale des exons 10 et 11 de RET n'a été retrouvée dans l'ADN leucocytaire [82]. Il faut noter que chez certains de ces patients, des mutations de RET ont été retrouvées, mais uniquement dans les cellules tumorales. La signification de ces mutations est très différente : il s'agit de mutations somatiques, acquises par une cellule médullo-surrénalienne au début, ou au cours, du développement tumoral, et qui ne prédisposent bien sûr pas à une NEM2 [82]. Une quatrième étude portant sur 120 cas de phéochromocytome sporadique 66 retrouve un seul cas de mutation germinale du gène RET, au codon 790 (exon 13). Ce patient a un dosage de calcitonine normal à l'état basal. Ainsi, seule cette exception montre qu'il est possible que certaines mutations rares de RET soient associées à l'apparition d'un phéochromocytome sans pathologie des cellules C détectable, ou du moins sans élévation de la concentration basale de la calcitonine [82]. 3-2- Gène VHL et maladie de Von-Hippel Lindau (VHL) : Le phéochromocytome peut s'observer avec une fréquence particulièrement élevée dans certaines familles, où il touche jusqu'à 90 % des malades [82]. Lorsque le phéochromocytome est présent, il est souvent la première manifestation de la maladie, qu'il révèle une fois sur deux [85]. Il a été décrit des phéochromocytomes liés à la maladie de VHL dès l'âge de 5 ans (âges extrêmes : 5-62 ans), donc bien avant les plus précoces des phéochromocytomes liés aux NEM2 (13 ans), et avant la plupart des phéochromocytomes sporadiques : jusqu'à preuve du contraire, la survenue d'un phéochromocytome chez un jeune enfant doit être considéré comme liée à une maladie de VHL (il peut exceptionnellement s'agir d'une NF1) [92]. Le gène VHL, situé sur le bras court du chromosome 3 (3p25-26), est composé de seulement trois exons totalisant 284 codons [93]. Il code pour une protéine (pVHL) de 213 acides aminés, exprimée dans tous les tissus, et dont la localisation est essentiellement cytoplasmique [82]. Les mutations de VHL sont soit des mutations ponctuelles, réparties dans les trois exons du gène VHL, soit des délétions partielles ou totales. Les tumeurs des patients atteints de maladie de VHL, en particulier les phéochromocytomes, présentent des délétions acquises sur le bras court du chromosome 3 [94]. Ces pertes d'hétérozygotie font disparaître l'allèle non muté de VHL, ce qui est en faveur d'un rôle suppresseur de tumeur du gène VHL. Grâce à la combinaison des 67 techniques de séquençage, de FISH et de Southern blot semi-quantitatif, le taux de détection des mutations de VHL est voisin de 100 % [82]. De solides corrélations génotype-phénotype ont été établies pour le phéochromocytome : en effet, plus de 90 % des mutations identifiées dans la maladie de VHL de type 2 (avec phéochromocytome) sont des mutations de type faux-sens (qui aboutissent au remplacement d'un acide aminé par un autre) [82]. Comme pour les NEM2, il a été rapporté de nombreux cas de maladie de VHL révélées par un phéochromocytome [85, 95]. Parmi ces patients, plusieurs présentent au moment du diagnostic d'autres lésions, notamment hémangioblastome rétinien ou cérébral, ou cancer du rein, qui permettent de rattacher leur phéochromocytome à une maladie de VHL [82]. Cependant, certains patients n'expriment qu'un phéochromocytome, malgré une recherche soigneuse des autres lésions du VHL [82]. L'avènement de la biologie moléculaire a permis de montrer que plusieurs familles atteintes de phéochromocytome bilatéral isolé sont en fait porteuses de mutations germinales du gène VHL : il s'agit pour celles-là de formes particulières de VHL (type 2A) [83, 84]. Certaines néomutations germinales du gène VHL qui s'expriment uniquement par un phéochromocytome, peuvent se voir chez des patients sans aucun antécédent familial [96]. 3-3- Gène NF1 et neurofibromatose de type 1 (NF1 ou maladie de Von Recklinghausen) Le gène NF1 localisé sur le chromosome 17 a été cloné en 1990 [97, 98]. Il s'agit d'un gène de très grande taille : sa région codante s'étend sur 350kb et il comprend 60 exons [82]. NF1 est transcrit en plusieurs ARN messagers, résultant d'épissages alternatifs, et dont la majorité a une taille comprise entre 11 et 13kb [99]. Les mutations de NF1 sont très nombreuses, réparties sur tout le gène, et le taux de néomutations est très élevé, de l'ordre de 50 % (82). Le gène NF1 code pour 68 une protéine cytoplasmique de 2818 acides aminés appelée neurofibromine. La neurofibromine contient un domaine de 360 acides aminés qui présente une forte homologie avec le domaine catalytique des protéines GAP (GTPase activating protein). Ce domaine permet aux protéines GAP de désactiver les protéines de la famille des petites protéines G monomériques, comme le proto-oncogène p21ras. La plupart des mutations du gène NF1 entraîne la synthèse d'une protéine anormale qui a perdu son activité GTPase [100], ce qui a pour effet d'augmenter le taux de p21ras activé et donc de stimuler la prolifération cellulaire. Cet effet sera plus prononcé si la cellule a aussi perdu l'allèle normal de NF1 [82]. Ainsi l'effet des mutations inactivatrices de NF1 est similaire à celui des mutations activatrices de p21ras. Mais à la différence de p21ras qui est un oncogène, NF1 est un gène suppresseur de tumeur comme VHL. Son effet oncogénique nécessite l'inactivation des deux allèles : un par mutation germinale, l'autre par délétion somatique, selon la théorie du double hit de Knudson, initialement formulée pour le rétinoblastome [82]. Le rôle de NF1 comme gène suppresseur de tumeur est confirmé par l'étude des tumeurs retrouvées chez les patients porteurs de NF1 [82]. Ces tumeurs, en particulier certains phéochromocytomes, montrent en effet des pertes d'hétérozygotie dans la région du gène NF1, qui sont liées à la perte de l'allèle normal dans la tumeur et associées à une perte d'expression de la neurofibromine [82]. Le diagnostic génétique direct de NF1 se heurte à plusieurs difficultés : la grande taille du gène, l'absence de hot spot [82], des mutations le plus souvent individuelles et réparties sur l'ensemble du gène. Actuellement des mutations sont détectées chez seulement 20 à 70 % des patients en fonction des techniques utilisées, et aucune technique ne permet à elle seule de détecter l'ensemble des mutations [82, 99]. Par ailleurs, très peu de relations entre le phénotype et les mutations du gène NF1 ont été retrouvées à ce jour : seules les délétions contenant l'ensemble du gène NF1 et la région du génome 69 environnante semblent être corrélées avec un tableau clinique particulièrement sévère : dysmorphie faciale, multiples neurofibromes cutanés d'apparition précoce et troubles de l'apprentissage, voire retard mental [82]. A la différence des NEM2 et de la maladie de VHL, aucune mutation n'a été associée à un risque plus élevé de phéochromocytome [82]. Ainsi, le diagnostic génétique de NF1 chez un patient porteur de phéochromocytome nécessiterait l'étude extensive d'un gène immense, et avec les techniques actuelles l'absence de mutations retrouvées n'éliminerait pas le diagnostic [82]. Actuellement pour la NF1, la balance penche nettement pour le diagnostic phénotypique [82]. En effet on dispose de marqueurs sensibles et précoces, accessibles à l'examen clinique ou radiologique, alors que le diagnostic génétique direct se heurte à sa lourdeur et à son faible taux de détection [82]. Il ne semble donc pas logique de demander une analyse mutationnelle du gène NF1 chez un sujet porteur de phéochromocytome, même bilatéral, chez lequel aucun autre signe clinique de NF1 n'est retrouvé [82]. Une telle recherche pourrait trouver son indication dans le futur pour les cas douteux où quelques signes sont présents, sans pour autant remplir les critères actuellement admis. Cependant, pour cela, il faudrait auparavant que les techniques de détection de mutation soient plus accessibles et plus efficaces [82]. Il faut par contre noter que, lorsqu'une famille est identifiée, il est possible de pratiquer un diagnostic génétique indirect par analyse de liaison, en utilisant des marqueurs polymorphiques de la région du gène NF1, ou intra génique. Cette stratégie, qui nécessite de prélever plusieurs membres de la famille, permet d'identifier avec une grande sensibilité et spécificité, les sujets porteurs du gène et donc à risque de développer, entre autres, un phéochromocytome [82]. L’étude génétique s’avère donc nécessaire dans le cas de notre patiente. Elle est toujours en cours. 70 VII- PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE : Décrits en 1886 par Frankel, les phéochromocytomes ont fait l’objet des premières exérèses en 1926 par Mayo et Rox [101]. En 1951, une revue de la littérature a relevé 25% de décès péri opératoires en relation avec les variations tensionnelles à type d’hyper ou d’hypotension [102]. 50 ans plus tard, Kvale et al. publient la première série de 51 patients opérés pour phéochromocytome sans décès, grâce à l’utilisation de phentalamine et norépinephrine [103]. Dès lors, il fut classique de proposer, avant l’intervention, un blocage progressif des récepteurs alpha sur une à deux semaines, pour diminuer l’état d’hyperadrénérgie, et restaurer la volémie. 1- Préparation préopératoire : Les objectifs de cette préparation furent précisés par Roïzen et al. en 1978 [104] : « normaliser la tension artérielle et les répercussions électrocardiographiques des cardiopathies sous jacentes le plus souvent hypertrophiques, tout en amenant le patient sur le versant des effets secondaires, hypotension orthostatique et congestion nasale ». Les modalités diffèrent selon les équipes [105]. L’utilisation des médicaments bloquant les récepteurs alpha adrénergiques vise à corriger l’HTA et en prévenir les poussées paroxystiques, ces alpha bloquants permettent également de normaliser la volémie quand celle-ci est diminuée, et de sensibiliser à nouveau les récepteurs alpha [105], ils ont modifié profondément le pronostic opératoire du phéochromocytome ; avant leur utilisation, la mortalité était de 25% lorsque le diagnostic était connu, et de 5O% lorsqu’il ne l’était pas, mais grâce aux alpha bloquants, la mortalité opératoire est devenue presque nulle [8]. Deux types d’alpha bloquants sont proposés : 71 - alpha 1 – alpha 2 bloqueurs non compétitifs : phénoxybenzamine ; elle entraîne le blocage le plus efficace, mais n’élimine pas complètement le risque de variations tensionnelles au cours de l’exérèse chirurgicale. Associée à un alpha blocage prolongée, elle est source de somnolence et de surpoids après l’intervention. Elle entraîne aussi, par le blocage des récepteurs alpha 2 présynaptiques, une stimulation bêta adrénergique reflexe. - alpha 1bloquant compétitifs, la prazosine ; elle possède une demi vie d’élimination de 2 à 3 heures, la doxazosine dont la demi vie d’élimination est de 22 heures après doses répétées, autorise une prise unique journalière [101]. Prys-Roberts et Farndon [106] ont étudié l’intensité et la durée de l’alpha blocage procuré par la phénoxybenzamine. Ce blocage est tel qu’au deuxième jour post opératoire, il est encore équivalent à celui procuré par la doxazosine (6 à 8mg) avant l’intervention. Le blocage procuré par la doxazosine se normalise quant à lui au bout de 24 heures après l’intervention [101]. Depuis les années 1980, les inhibiteurs calciques de la famille des dihydropyridines se sont avérés efficaces dans la préparation des phéochromocytomes à la chirurgie [8, 107, 108]. Ils présentent peu d’effets secondaires. Canale et Bravo [109] ont montré dès 1983 qu’après quatre à huit semaines de préparation, la tension artérielle moyenne est bien abaissée, sans hypotension orthostatique et sans modification réflexe de la fréquence cardiaque. Ceci est lié à la propriété de cette classe thérapeutique à agir d’autant plus sur la fibre musculaire lisse vasculaire que celle-ci est activée [101]. Le schéma proposé dès 1998 par Combemale et al., [110] à partir d’une série de 70 patients est le suivant : Nicardipine 60 à 120 mg/jour pendant une durée de huit à dix jours en présence d’une hypovolémie ou pendant moins d’une semaine en l’absence d’hypovolémie. 72 Dans la pratique, l’utilisation de ces différentes préparations est variable selon les centres : association quasi systématique d’(alpha1-alpha2+bêta) bloqueurs pour Jankovic et al., et Kinney et al., [101], inhibiteur calcique systématique le plus souvent seul pour Combemale et al., [110] et changement progressif dans le temps pour Ulchaker et al., [111] avec utilisation au début de leur série (alpha1alpha2+bêta) bloqueurs, puis d’alpha1 bloqueur ± bêta bloqueur, puis plus récemment d’inhibiteurs calciques. Cette dernière équipe ne prépare pas les 30% des patients asymptomatiques. Il a été rapporté par Cherki et al. [112] dans une étude portant sur 50 patients porteurs de phéochromocytome, que malgré la préparation systématique de ces patients par des inhibiteurs calciques, 20 patients (soit 40%) ont eu au moins une poussée hypertensive. Celles-ci sont de courte durée et d’intensité modérée. Classiquement, les phéochromocytomes sécrètent, de façon élective ou prédominante de l’adrénaline sont à l’origine de troubles de rythme cardiaque [112]. La préparation par les inhibiteurs calciques, quelque soit le profile sécrétoire de la tumeur (adrénaline ou noradrénaline), et quelque soit l’intensité des signes cliniques, doit être considérée comme indispensable [2, 112, 113]. Dans tous les cas, les diurétiques sont à proscrire, car ils risquent de majorer l’hypovolémie [2]. Notre patiente a été mise sous béta bloqueurs et IEC, après 3 semaines, on est arrivé à stabiliser ses chiffres tensionnels, et la conduire en salle de chirurgie. 2- Anesthésie : Le monitorage doit être complet, avec notamment la mesure de la pression artérielle par voie sanglante en raison de ses variations très rapides, mesure de la pression veineuse centrale et parfois cathétérisme droit (sonde de Swan-Ganz) quand il existe une cardiomyopathie [8]. Certains agents anesthésiques sont plus adaptés que d’autres ; toutes les substances histaminolibératrices sont à priori contre-indiquées, car l’histamine 73 provoque une libération de catécholamine. Les agents halogénés, notamment l’halotane, sont formellement interdits en raison du renforcement dans ce contexte de leur effet arythmogène naturel. Les morphinomimétiques puissants bloquent avantageusement la réponse adrénergique aux stimuli chirurgicaux. Les anti hypertenseurs doivent être maintenus le long de l’intervention jusqu’à exérèse de la tumeur [8]. 3- Chirurgie du phéochromocytome : « Disséquer doucement le patient de la tumeur, et non la tumeur du patient », règle d’or dans la chirurgie du phéochromocytome [3]. La surrénale est une glande située profondément dans le rétro péritoine à proximité du diaphragme. Les voies chirurgicales d’accès comme la voie transpéritonéale antérieure, la voie postérieure ou la lombotomie sont des voies d’abord difficiles, associées à un taux élevé de mortalité et à une convalescence prolongée [114]. Les complications des surrenalectomies par voie ouverte sont plus souvent en rapport avec ces difficultés d’accès qu’avec les exérèses glandulaires [115]. Depuis les premiers cas de surrénalectomies laparoscopiques rapportés par Gagner en 1992 [116], les techniques laparoscopiques sont devenues des techniques de référence pour les traitements des tumeurs de la surrénale [112, 114, 115, 117] ; le chirurgien dispose d’une vision agrandie et bien éclairée de cette région anatomique si complexe et si dangereuse jusqu’alors difficile à exposer par voie ouverte [115]. Cette technique vidéo endoscopique a permis de réduire la durée d’hospitalisation post-opératoire, la reprise rapide du transit, une baisse du taux de mortalité, qui a baissé, selon les études de Henry et al. portant sur 274 patients de 10,7% en chirurgie ouverte à 7,5% en chirurgie endoscopique [113, 115]. 74 Dans la plupart des séries, la mortalité des surrénalectomies vidéo endoscopiques est nulle, mais un décès a été rapporté dans l’étude multicentrique de l’Association Francophone de Chirurgie Endocrinienne [118] en rapport avec une pancréatite nécrosante. L’étude de Tauzin-Fin et al. [113] qui porte sur 9 patients, a confirmé que l’insufflation péritonéale et les manipulations tumorales lors de l’ablation de phéochromocytome par coeliochirurgie sont accompagnées d’une libération importante de catécholamines sanguines d’une façon variable et imprévisible pour chaque patient, par un facteur allant de 7 à 16 fois le taux antérieure, et que cette sécrétion est responsable de poussées hypertensives et de tachycardie sinusale. Ces manifestations sont majorées par l’insufflation de CO2 (pour créer le pneumopéritoine), qui entraîne une hypercapnie augmentant ainsi le tonus sympathique. La conversion d’une intervention laparoscopique à une intervention laparotomique reste indiquée devant le moindre problème [112, 113]. Dans l’étude de Cherki et al. [112] portant sur 50 patients, le taux de conversion est plus important par rapport aux données de la littérature, intéressant 8 patients des 50, soit 20% (Tableau VI) 75 Auteurs N Voie Durée Taille Durée Conversion ComplicationS d’abord opératoire de la d’hospitalisation % % (mn) tumeur (jours) (1) 7,6% (1) 7,6% (1) 10% (2) 20% (8) 20% Laparotomie (cm) Chigot 13 1998 Trans- 115 6,7 4,4 péritonéale (90 – 120) (3,5 – 10) (3,7 – 5) Retro- 116 3,8 3,4 péritonéale (100 – 140) (1,5 – 7) (1 – 12) Trans- 52 NP 5,4 péritonéale (35 – 150) [117] Rabii 10 2001 [114] Cherki 2003 50 (3 – 15) [112] (3) 30% Laparoscopie (2) 5% Tableau VI : Comparaison des résultats de surrenalectomies par voie laparoscopique pour phéochromocytome 76 Pour la majorité des opérateurs, la démonstration d’une invasion tumorale extrasurrénalienne est une contre indication absolue à l’intervention coelioscopique, la chirurgie ouverte reste l’abord de référence pour les tumeurs invasive [115], elle procure l’exposition nécessaire à une résection élargie et permet le contrôle vasculaire, notamment du système veineux [115]. Au début, le consensus général était de réserver l’abord vidéo endoscopique aux tumeurs de moins de 6cm sans tenir compte du risque de malignité [115], il est maintenant démontré qu’au sein d’une équipe entraînée, les surrénalectomies vidéo endoscopiques sont réalisables sans risque particulier pour les tumeurs de plus de 6cm, mais cela ne paraît pas modifier radicalement les résultats de l’exérèse [115, 119]. Deux voies d’abord sont possibles dans la chirurgie endoscopique : la voie transpéritonéale et la voie rétro péritonéale : la voie transpéritonéale est la plus souvent utilisée parce qu’elle offre un plus grand espace de travail et permet l’exploration de l’ensemble de la cavité abdominale, comme elle permet le traitement radical des phéochromocytomes bilatéraux en un seul temps [112, 114, 120]. La voie rétro péritonéale exige moins de dissection, et donc un espace plus réduit pour les instruments. En plus, l’absorption du CO2 serait plus importante par cet abord [114]. Par ailleurs, la voie rétro péritonéale provoque une faible augmentation des pressions intra abdominales, il n’y aura alors qu’une faible stimulation du péritoine ce qui diminue le risque de stimulation sympathique et de relargage des catécholamines [114]. Notre patiente, quant à elle, après stabilisation de ses chiffres tensionnels et de son rythme cardiaque par les bêta bloqueurs et les IEC, elle a bénéficié d’une 77 laparotomie trans-péritonéale avec surrénalectomie totale droite, et partielle gauche. Le traitement classique des phéochromocytomes bilatéraux repose sur la surrénalectomie bilatérale [7]. Depuis quelques années, certains auteurs ont proposé un geste qui préservait le parenchyme corticosurrénalien. Les raisons invoquées sont le risque d’insuffisance surrénale aigue (jusqu’à 23%) [7], le faible risque de malignité des phéochromocytomes génétiques qui est de 5% pour les VHL [121], et de 4% pour les NEM2 [122]. Quant à la voie d’abord, la laparotomie reste toujours de mise. La surrénalectomie bilatérale totale n’est indiquée qu’en cas de lésions macroscopiques bilatérales évidentes [112]. Depuis 1986, une trentaine de détections per opératoires lors d’une chirurgie pour phéochromocytome ont été réalisées en France mais toutes n’ont pas été publiées [123]. Actuellement, il est confirmé, à travers plusieurs études, que la détection per opératoire est possible grâce à la scintigraphie par l’I123, dont le principal intérêt est d’améliorer la qualité du geste d’exérèse chirurgicale en repérant des tissus qui auraient été laissés en place, ou de confirmer l’unicité de la tumeur [8, 123], son taux de faux négatifs varie entre 13 et 25% [72], en comparaison, ce taux de faux négatifs paraît diminué lors de la réalisation d’une détection per opératoire. Lors de réinterventions pour phéochromocytome, cette augmentation de la sensibilité est utile pour le chirurgien et peut être considérée comme un avantage. Elle aide au repérage de foyers de tissu tumoral impalpables ou difficilement individualisables. L’utilisation de l’I123 comme radio marqueur augmente encore la sensibilité de l’examen mais a pour conséquence une augmentation du nombre de faux positifs (surrénale normale, bruit de fond hépatique). L’examen morphologique par le chirurgien des structures repérées peut alors pallier au manque de spécificité. Enfin, une taille tumorale inférieure à 5mm est considérée comme responsable de faux négatifs bien que des résidus 78 millimétriques ont pu être repérés lors de la réalisation d’une détection per opératoire à la MIBG [123]. Les expériences de plusieurs auteurs sont rapportées par Brunaud [123] en 2002 (Tableau VII) Auteurs N Apport de la détection traceur localisation Taille cm per opératoire Lehnert et al 1 NP I123 loge surrénale 2 Spapen et al 1 Détection de tissus non I123 poumon 1,5 I125 para vertébrale <1 Loge surrénale 1 Loge surrénale NP loge surrénale 0,1 repérés initialement Ricard et al 3 Détection de tissus non repérés initialement Proye et al 1 Détection de tissus non I125 repérés initialement Adams et al 3 NP (+ arrière VCI) I123 région para V 2 N : nombre. NP : non précisé. Tableau VII. Détection peropératoire par la scintigraphie à la MIBG lors d’une réintervention pour phéochromocytome d’après Brunaud [123]. 79 Ce même auteur, Brunaud, a rapporté en 2005 l’expérience de l’équipe de Ann-Harbor [46, 80] qui a dernièrement réévalué l’intérêt de cette indication, et a montré qu’aucune fois sur les derniers 48 patients traités, la stratégie chirurgicale n’est modifiée par la réalisation d’une scintigraphie à la MIBG. Ces auteurs concluent que la scintigraphie à la MIBG ne doit plus être un examen de routine en pré opératoire chez un patient ayant un diagnostic biologique certain, et dont l’imagerie (TDM et IRM) montre une lésion unilatérale surrénalienne certaine et unique [46]. 4- Prise en charge post opératoire : Une bonne intervention serait celle qui permet une guérison de l’affection et laisserait une fonction surrénalienne résiduelle normale, en base et en cas de stress [7]. Une instabilité hémodynamique peut persister plusieurs jours, en raison du sevrage brutal en catécholamines [8]. A court terme, le pronostic est aujourd'hui très bon dans la majorité des cas, la mortalité péri opératoire ayant énormément diminuée [2, 4, 8]. Cependant, les difficultés de prise en charge post opératoire sont liées aux conséquences de cette chirurgie, dont la plus redoutable est l’insuffisance surrénalienne aiguë, surtout lorsqu’il s’agit de forme bilatérale, de plus, les carences en androgènes surrénaliens entraînent chez les filles des troubles de la libido ultérieurement. Le traitement substitutif repose sur l’hydrocortisone, ou la fludrocortisone à doses bien déterminées [7] : • L’hydrocortisone est une hormone physiologique ayant une action glucocorticoïde prédominante, avec une certaine action minéralo-corticoïde. • La fludrocortisone est une hormone ayant un effet minéralo-corticoïde comparable à celui de l’aldostérone, soit 100 fois plus puissant que celui de l’hydrocortisone. 80 Le test au synachtène permet de tester la réponse du parenchyme surrénalien restant dans les situations de stress [7, 8]. Notre patiente est mise sous hydrocortisone à visée substitutive. Au 30èmejour du post opératoire, elle a bénéficié d’un test au synachtène, qui a montré une bonne réponse du parenchyme surrénalien restant. On a arrêté progressivement le traitement substitutif. L’hypotension artérielle peut également se voir, mais elle est considérée par certains auteurs comme un signe de bonne réponse au sevrage des catécholamines [8]. Notre patiente a présenté une hypotension arrivant à 80mmHg de systolique, on l’a mise sous Adrénaline avec un bon résultat. Une autre complication de la chirurgie du phéochromocytome est décrite dans un cas, par Alilou et al. [124] qui concerne l’hypoglycémie. C’est une complication rare, qui n’a été rapportée dans la littérature que rarement depuis 1977, date de la première observation [124, 125], elle est due principalement à la libération massive d’insuline après exérèse du phéochromocytome, hypothèse évoqué en 1977 et prouvée dès 1983 [124] par la constatation d’une augmentation du peptide C dans les minutes qui suivent l’exérèse, avec un pic entre la troisième et la cinquième heure et un retour à la normale entre la sixième et la huitième heure [124, 126]. La symptomatologie clinique habituelle de l’hypoglycémie est masquée en période post opératoire immédiate. Elle se limite alors essentiellement à un retard de réveil ou une altération de l’état de conscience allant de la simple somnolence à un coma dans les heures qui suivent le réveil [124], de même qu’une tachycardie isolée, difficile à interpréter en période post opératoire immédiate. 5- Diagnostic anatomopathologique : Les phéochromocytomes sont caractérisés par un important polymorphisme architectural d’une zone à une autre [8]. Ils sont constitués de phéochromocytes organisés en formations trabéculaires ou rubanées. Ces travées sont séparées par 81 un stroma très richement vascularisé, et l’architecture est typiquement endocrinoïde. Parfois, les cellules peuvent avoir une disposition acineuse. En périphérie des travées formés par les phéochromocytes se trouvent les cellules sus tentaculaires, qui existent également dans l’histologie normale de la surrénale. Le diagnostic histologique est étayé par la mise en évidence, dans les cellules tumorales, de granulations argyrophiles par la coloration de Grimelius et par des techniques d’immunohistochimie avec un anticorps antichromogranine qui marquent les cellules de façon caractéristique [8]. VIII- EVOLUTION ET PRONOSTIC : L’évolution du phéochromocytome non traité est toujours grave, souvent mortelle, d’où la nécessité d’une prise en charge chirurgicale précoce qui reste le seul moyen thérapeutique susceptible de stopper les processus lésionnels dus à l’imprégnation par les catécholamines [15]. Quant aux phéochromocytomes opérés, à cours terme, leur pronostic est aujourd’hui très bon dans la majorité des cas, la mortalité péri opératoire ayant énormément diminué [8]. Les difficultés sont surtout liées au diagnostic des récidives [8]; en effet, une récidive peut survenir de nombreuses années après le diagnostic initial, les écarts allant de 1 à plus de 20 ans chez les adultes [8]. Abemayor et al. [8, 127] ont rapporté le cas d'un enfant de 7 ans et demi, opéré d'un phéochromocytome extrasurrénalien bénin, qui a récidivé 7 ans plus tard sous la forme de cinq métastases pulmonaires, puis autres métastases 14 ans après la résection de ces premières. Miraillé [7] a rapporté dans son étude l’expérience de plusieurs auteurs dans la chirurgie des phéochromocytomes bilatéraux (Tableau VIII) ; L’analyse de ces différentes études montre que les récidives existent (17% sur l’ensemble de ces études), et sont d’autant plus fréquentes que le suivi est prolongé. En outre, la fonction surrénalienne, quand elle est précisée dans les articles, notamment en 82 réponse à la stimulation au Synachtène® n’est pas toujours préservée, le risque est donc d’avoir des patients insuffisants surrénaliens. Un traitement substitutif est obligatoirement de mise. La notion de récurrence suppose que le patient soit asymptomatique après l'intervention, avec des taux normaux de catécholamines. Ein et al. [128] rapportent dans leur série un taux de récurrence chez l'enfant de 30 %, entre 1 et 6 ans après l'ablation de la tumeur initiale, avec atteinte de la surrénale controlatérale dans les trois quarts des cas. Arbay et al. rapportent un taux de récurrence de 25% [12]. Ceci est certainement dû à la plus grande fréquence de formes familiales chez l'enfant. Les récidives sont soit liées à un nouveau phéochromocytome apparu de novo secondairement, soit à une autre localisation inhibée par la tumeur principale et qui se réveille après son exérèse [8, 112, 128], soit à une possible fragmentation per opératoire de la tumeur [8, 112]. Il convient donc de surveiller ces enfants tous les ans, à la recherche de symptômes, par un examen clinique et une prise de la pression artérielle [8]. 83 Auteurs Neumann 1999 Nombre de Nombre phéochromocytomes de bilatéraux. résection 13 12 Résultats hormonaux Récidive (délais) 8/10 : fonction stimulée 1 (6ans) stimulée 0 (24 mois) normale Neumann 1999 4 4 4/4 : fonction normale Ikeda 2002 1 1 Scintigraphie normale 0 (36 mois) Inabnet 2000 24 5 2 : fonction basale normale 3 (3, 4, 13 ans) Lee 1996 15 14 13 : fonction basale normale 3 (10, 14, 27 6/8 : ans) fonction stimulée normale Baghai 2002 4 2 2 : fonction stimulée normale 0 (11, 47 mois) Walther 1999 9 9 5 : fonction basale normale 1 (152 mois) Notre cas 1 1 Fonction stimulée normale 0 (12mois) Tableau VIII : résultats des séries chirurgicales de surrénalectomies bilatérales partielles pour phéochromocytomes bilatéraux (d’après Miraillé [7]) 84 CONCLUSION 85 Le phéochromocytome est une pathologie rare et sévère ; sa survenue à un âge précoce, sa bilatéralité et son association à des signes de gravité en font la sévérité. Notre observation en fait l’exemple ; le phéochromocytome bilatéral est révélé par un AVC ischémique qui a dominé le tableau initial chez une fille de 10 ans. L’HTA a laissé place à son retentissement cardiaque et neurologique, et ne s’est confirmée que tardivement témoignant de son caractère paroxystique. L’imagerie a orienté vers le diagnostic (échographie et TDM abdominales), confirmé par le dosage des catécholamines urinaires. L’exérèse chirurgicale (surrénalectomie totale droite et partielle gauche), avec bonne surveillance péri opératoire, ont permis d’avoir de bons résultats. L’étude histologique a étayé la nature anatomo pathologique de la pièce opératoire. La surveillance clinique, biologique et échocardiographique post opératoire ont conclu à la disparition de l’HTA, à la normalité de la fonction surrénalienne restante après un test de stimulation, et à la disparition des complications cardiaques de l’HTA. Le recul actuel est de 12mois, Soukaina a récupéré son déficit moteur, quoi qu’elle a présenté 2 crises convulsives au 5 ème mois du post-opératoire, jugulées par un traitement anti épileptique, probablement séquellaires à son AVC ischémique antérieur. Le dosage des métanephrines urinaires est normal. L’inclusion de cette tumeur dans une entité à caractère familial, notamment dans le cadre des NEM, de la maladie de VHL ou des NF1 n’est pas définitivement confirmée; l’étude génétique est en cours. Nous soulignons l’intérêt de la bonne collaboration multi disciplinaire entre pédiatres, radiologues, anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens pédiatres, anatomo-pathologistes et généticiens, dans la prise en charge d’une telle pathologie comme le phéochromocytome bilatéral aboutissant à un tel succès thérapeutique. 86 RESUME Le phéochromocytome est une tumeur rare de l’enfant, qui peut être unilatérale isolée, mais plus souvent bilatérale et intégrée dans le cadre d’une maladie héréditaire (les néoplasies endocriniennes multiples, la maladie de Von Hippel Lindau et la maladie de Von Ricklinghause. Son diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cliniques, surtout l’HTA paroxystique, parfois peut être révélé par une complication de cette HTA comme est le cas de notre patiente, admise au service de pédiatrie au CHU Hassan II de Fès pour AVC ischémique, qui est un mode particulier de révélation du phéochromocytome. La confirmation diagnostique fait appel aux méthodes de la biologie moléculaire. Le diagnostic topographique est devenu plus aisé grâce au développement de l’imagerie, surtout avec l’avènement de la scintigraphie à la MIBG. La prise en charge thérapeutique est multidisciplinaire et le pronostic dépend de la rapidité de l’intervention, de la qualité de la prise en charge, et des localisations associées. 87 SUMMARY The pheochromocytoma is a rare tumor in children that could be unilateral and isolated, or, most frequently, bilateral and integrated as a hereditary disease (multiple endocrine neoplasia, Von Hipel Lindau disease, or Von Ricklinghausen disease). It’s diagnosis depends upon a set of clinical arguments, especially the paroxystic high blood pressure, that may leads the place to its complications, which is the case of our patient, admitted in the paediatric department at CHU Hassan II FEZ; she had an ischemic stroke syndrome, which is a particular way of revelation of the pheochromocytoma. The confirmation diagnosis calls for methods used in the molecular biology. The topographic diagnosis has become easier thanks to the development of the imaging procedures, in particular with the advent of the MIBG scintigraphy. The therapeutic care is multidisciplinary, and the prognosis relies on the speed and the quality of care, along with the related localizations. 88 ﻣﻠﺨـــﺺ داء ﺛﻨﺎﺋﻲ اﻟﻘﻮاﺗﻢ ھﻮ ورم ﻧﺎذر ﻋﻨﺪ اﻟﻄﻔﻞ ،ﯾﻤﻜﻦ أن ﯾﻜﻮن أﺣﺎدي اﻟﺠﺎﻧﺐ ،ﻟﻜﻨﮫ ﻋﺎدة ﺛﻨﺎﺋﻲ اﻟﺠﺎﻧﺐ ﻓﻲ ﺧﻀﻢ ﻣﺮض وراﺛﻲ :اﻷورام اﻟﺼﻤﺎوﯾﺔ اﻟﻤﺘﻌﺪدة ،ﻣﺮض ﻓﻮن ھﯿﺒﻞ ﻻﻧﺪو ،أو ﻣﺮض ﻓﻮن رﯾﻜﻠﯿﻨﻜﮭﺎوزن . ﯾﻌﺘﻤﺪ ﺗﺸﺨﯿﺼﮫ ﻋﻠﻰ ﻣﺠﻤﻮﻋﺔ ﻣﻦ اﻟﺤﺠﺞ اﻟﺴﺮﯾﺮﯾﺔ وﺧﺼﻮﺻﺎ اﻻرﺗﻔﺎع اﻻﻧﺘﯿﺎﺑﻲ ﻟﻀﻐﻂ اﻟﺪم ،واﻟﺬي ﯾﺘﻤﺜﻞ أﺣﯿﺎﻧﺎ ﻓﻲ أﺣﺪ ﻣﻀﺎﻋﻔﺎﺗﮫ ،ﻛﻤﺎ ھﻮ اﻟﺤﺎل ﺑﺎﻟﻨﺴﺒﺔ ﻟﻤﺮﯾﻀﺘﻨﺎ واﻟﺘﻲ أدﺧﻠﺖ ﻣﺼﻠﺤﺔ ﻃﺐ اﻷﻃﻔﺎل ﺑﺎﻟﻤﺮﻛﺰ اﻻﺳﺘﺸﻔﺎﺋﻲ اﻟﺠﺎﻣﻌﻲ اﻟﺤﺴﻦ اﻟﺜﺎﻧﻲ ﺑﻔﺎس ﻣﻦ أﺟﻞ داء ﻣﺘﻼزﻣﺔ اﻟﺴﻜﺘﺔ اﻹﻗﻔﺎري وھﻮ ﻧﻤﻂ ﻧﺎذر ﻟﺘﺠﺴﺪ داء اﻟﻘﻮاﺗﻢ ﻋﻨﺪ اﻟﻄﻔﻞ . ﯾﺴﺘﺪﻋﻲ ﺗﺄﻛﯿﺪ اﻟﺘﺸﺨﯿﺺ ﻋﺪة ﺗﺤﺎﻟﯿﻞ اﻟﺒﯿﻮﻟﻮﺟﯿﺎ اﻟﺠﺰﯾﺌﯿﺔ .وﻗﺪ أﺻﺒﺢ اﻟﺘﺸﺨﯿﺺ اﻟﻄﺒﻮﻏﺮاﻓﻲ أﻛﺜﺮ ﺳﮭﻮﻟﺔ ﺑﻔﻀﻞ اﻟﺘﺼﻮﯾﺮ اﻟﻮﻣﻀﺎﻧﻲ ﺑـ . MIBG ﯾﻌﺪ اﻟﺘﺪﺑﯿﺮ اﻟﻌﻼﺟﻲ ﻣﺘﻌﺪد اﻻﺧﺘﺼﺎﺻﺎت ،وﯾﺮﺗﺒﻂ ﻣﺼﯿﺮ اﻟﻤﺮﯾﺾ ﺑﺴﺮﻋﺔ وﺟﻮدة اﻟﺘﺪﺑﯿﺮ اﻟﻌﻼﺟﻲ وﺑﺎﻟﺒﺆر اﻟﻤﺼﺎﺣﺒﺔ. 89 ABRÉVIATIONS - ACTH : Adreno Cortico Topic Hormon - AINS : anti inflammatoires non stéroïdiens - AVC : accident vasculaire cérébral - AVM : acide vanylmandéllique - CMT : carcinome malin thyroïdien - CRP : C réactive protéine - DM : dérivés méthoxylés - ECG : électro cardiogramme - EPP : électrophorèse de protéine - FDG : déoxyglucose marqué au fluor - FISH : Hybridation In Situ Fluorescente (Fluorecent In Situ Hibridization) - GAP : GTPase activating protein - GB : globules blancs - GDNF : glial derived neurotrophic factor - HB : hémoglobine - HPLC : chromatographie liquide à haute performance - HTA : hypertension artérielle aigue - IVD : intra veineuse directe - IVL : intra veineuse lente - K: potassium - mEq : milli équivalent - mmHG : millitimètre de mercure - MIBG : méthyl iodobenzylguanidine - Na : sodium 90 - NEM : Néoplasies Endocriniennes Multiples - NF1 : neurofibromatose type 1 - OAP : œdème aigu du poumon - SDH : succinate déshydrogénase - TEP : tomographie par émission de positrons - UH : unité de Hounsfield - UIV : urographie intra veineuse - VCI : veine cave inférieure - VHL : Von Hippel Lindau - VS : vitesse de sédimentation 91 BIBLIOGRAPHIE [1]- Kessie K., Agbere A., Bahunde M., et al. 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