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vivante, un matériau de construction pour
certaines substances cellulaires, et elle sert à
protéger des tissus importants (p.ex. le système
nerveux). En tant que solvant, elle permet le
transport de nutriments (fonction de trans-
port), mais aussi d’hormones et d’enzymes.
Elle sert également à transporter les produits
de dégradation du métabolisme, p.ex. l’urée
ou le dioxyde de carbone, qui doivent parve-
nir aux organes excréteurs que sont les reins et
les poumons. En outre, l’organisme déverse
chaque jour pas moins de 8 l de sécrétions
digestives (p.ex. salive, suc gastrique, bile)
dans le tractus digestif pour pouvoir capter
dans le sang par réabsorption les nutriments
dissous de l’alimentation. Si ce cycle est per-
turbé, p.ex. par une diarrhée, d’importantes
pertes hydriques peuvent survenir.
Lors de l’assimilation des nutriments dans
l’organisme, l’eau joue le rôle de réactif et de
solvant dans de nombreuses transformations
biochimiques. Elle est nécessaire pour les
processus de décomposition (réactions d’hy-
drolyse), p.ex. la dégradation de l’amidon en
glucose, et pour la synthèse de certaines
substances (réactions de condensation), p.ex.
les protéines.
La température corporelle est, elle aussi,
régulée via le bilan hydrique. Par comparaison
avec d’autres liquides, l’eau amortit très bien
les variations de température corporelle. Elle
est capable d’absorber ou de libérer des quan-
tités relativement élevées de chaleur (on parle
de capacité calorique spécifique élevée) sans
que sa propre température change beaucoup.
Ce mécanisme est soutenu par la capacité qu’a
le corps de transpirer. En s’évaporant l’eau
prélève de la chaleur, refroidit la peau et
permet ainsi au corps de maintenir une
température constante. Enfin l’eau à égale-
ment un rôle de lubrifiant dans les articula-
tions.
Régulation du bilan hydrique
Pour le maintien de toutes ces fonctions, la
quantité d’eau perdue chaque jour doit être
remplacée par des apports journaliers. Une
régulation sommaire du bilan hydrique
s’effectue via la soif, qui n’apparaît cependant
que lorsque le déficit hydrique atteint déjà au
moins 1%. Elle ne doit donc être un stimu-
lant pour l’apport en eau qu’à moyen terme.
Une régulation beaucoup plus fine s’effectue
via l’hormone dite antidiurétique (ADH, v.
graphique), qui influence l’élimination d’eau
via les reins. Cette hormone produite et
stockée dans le cerveau est libérée lorsque
l’osmolarité (v. explication dans l’encadré)
sanguine augmente. Les causes de cette aug-
mentation peuvent être un apport trop faible
en eau ou une forte perte hydrique, p.ex. à
cause d’une forte transpiration, ou encore une
hausse de la concentration d’électrolytes dans
le sang, p.ex. à cause d’une trop forte consom-
mation de sel.
Les reins, le principal organe excréteur pour
l’eau, produisent quotidiennement quelques
180 l d’urine dite primitive. Celle-ci est
concentrée en 1 à 3 litres par différents méca-
nismes dans le système des tubes rénaux (v. ex-
plication dans le graphique). Si l’osmolarité
sanguine diminue, de l’ADH est libérée et,
sous son action, les reins concentrent plus
fortement l’urine, c.-à-d. qu’ils réduisent l’éli-
mination d’eau. Ensuite, si le volume sanguin
réaugmente, la sécrétion d’ADH diminue et
les reins éliminent à nouveau beaucoup d’eau.
Outre ce mécanisme, d’autres substances exer-
cent une influence sur la sécrétion d’ADH.
P.ex., l’adrénaline, la nicotine mais aussi la
douleur favorisent sa libération, tandis que la
caféine et l’alcool l’inhibent.
Déshydratation
Si ce cycle de régulation est perturbé où si
l’absorption d’eau est trop faible (v. p. 10), un
déficit hydrique apparaît dans l’organisme
(déshydratation, v. encadré). Ce déficit peut,
selon sa durée et son importance, avoir de
graves conséquences (v. tableau). Si le liquide
de l’organisme baisse de 1 à 2% (les experts
parlent de déshydratation légère ou modérée),
les conséquences sont une soif, de 2 à 3% une
soif de plus en plus impérieuse, de 3 à 4% une
sécheresse buccale et des urines concentrées,
de 4 à 6% des maux de tête et des difficultés
de concentration. Si le déficit atteint 6 à 8%,
des nausées, une accélération du rythme car-
diaque (tachycardie) et des crampes muscu-
laires s’ajoutent à ces symptômes. Dans les cas
extrêmes, une confusion mentale ainsi que de
possibles atteintes vasculaires cérébrales appa-
raissent. Un déficit en liquide de plus de 20%
entraîne la mort par insuffisance rénale et col-
lapsus vasculaire.
A long terme, un apport suboptimal en liquide
peut également avoir diverses conséquences,
comme une paresse intestinale ou la forma-
tion de calculs rénaux.
Osmose
Diffusion d’un solvant au travers d’une membrane
semi-perméable séparant deux solutions de concen-
trations différentes; par exemple, l’eau d’une solution
diluée va diffuser vers la solution concentrée jusqu’à
l’équilibre des concentrations de part et d’autre de la
membrane.
Osmolarité
Quantité ou concentration moléculaire des subs-
tances dissoutes dans une solution; unité:
osmol/litre. Les substances osmotiquement actives
sont les électrolytes, les protéines et les glucides.
Pression osmotique
Force exercée de part et d’autre de la membrane
semi-perméable qui les sépare, par 2 liquides inéga-
lement riches en molécules dissoutes. C’est la pres-
sion que le liquide hypertonique (osmolarité élevée)
exerce sur le liquide hypotonique (osmolarité faible).
Explications de certains termes
Symptômes de différents degrés
de déshydratation
Pourcentage
de perte
de poids
corporel
Symptômes
1–2%
2–3%
3–4%
4–6%
6–8%
10 %
20%
– Soif
– Soif de plus en plus intense
– Diminution de la sécrétion salivaire,
sécheresse buccale, urines concentrées
– Maux de tête
– Production réduite d’urine
– Performances physiques et mentales
réduites
– Nausées, vomissements
– Fatigue, faiblesse, difficultés de
concentration
– Troubles moteurs, crampes musculaires
– Troubles du rythme cardiaque
(tachycardie)
– Hausse de la température corporelle
– Confusion mentale
– Mort par insuffisance rénale et
collapsus vasculaire