34 / / Veterinary Focus / / Vol 18 No 2 / / 2008
récupération rénale ou à une diminution de la mortalité
(6). Indépendamment de son influence sur l’évolution du
cas, la suppression de l’oligurie est importante car elle
facilite grandement la prise en charge des déséquilibres
hydriques et électrolytiques, notamment quand la dialyse
n’est pas facilement accessible.
Si l’oligurie persiste après la réhydratation, une adminis-
tration de mannitol peut favoriser la diurèse osmotique.
Un bolus initial de mannitol de 0,5 à 1 g/kg est injecté
par voie IV en 10 à 20 minutes. Si une diurèse significative
est observée dans les 60 minutes suivantes, la même
injection peut être répétée toutes les 8 heures. Autrement,
le mannitol peut être administré en perfusion à débit
constant de 1 à 2 mg/kg/min pendant 12 à 36 heures pour
maintenir l’effet. Le mannitol augmente le débit sanguin
rénal, diminue l’hypertrophie des cellules tubulaires,
augmente le débit tubulaire et aide à prévenir l’obstruction
et le collapsus tubulaires. Le mannitol est également un
vasodilatateur léger et un neutralisateur de radicaux libres.
Les diurétiques osmotiques sont contre-indiqués lors de
surhydratation, car l’augmentation du volume intra-
vasculaire risque d’entraîner un oedème pulmonaire.
Chez le chat, il n’est pas prouvé que les perfusions de
dopamine, à doses adaptées, permettent d’augmenter la
production urinaire ; probablement parce que les chats
possèdent peu de récepteurs rénaux à la dopamine (7).
Actuellement, la dopamine n’est PAS un traitement
recommandé de l’IRA chez l’homme ou le chat et son
utilisation est controversée chez le chien.
Les études préliminaires réalisées sur le fénoldopam,
un agoniste DA1 sélectif, ont donné des résultats pro-
metteurs chez l’homme. Une seule étude a été publiée
chez le chat : elle a montré une augmentation tardive
de la production urinaire lors d’administration de fénol-
dopam chez un groupe de chats sains (8).
Hypertension
Les chats en crise urémique sont fréquemment hyper-
tendus, ce qui peut aggraver l’atteinte rénale (9). Un suivi
attentif de la pression artérielle et des paramètres clini-
ques est nécessaire pendant la réanimation liquidienne
pour prévenir une hypertension secondaire à la surcharge
volumique. Les chats présentant une pression artérielle
systolique (PAS) constamment supérieure à 180 mmHg,
ou ceux présentant une PAS >160 mmHg avec des signes
d’atteinte des organes cibles (ex. tortuosité artérielle,
hémorragie ou décollement de la rétine ; AVC ou convul-
sions ; hypertrophie ventriculaire gauche) doivent rece-
voir un traitement anti-hypertenseur.
Du fait de son efficacité, de son absence d’effets secon-
daires et de sa posologie (une seule administration orale
quotidienne), l’amlodipine, un inhibiteur des canaux
calciques, constitue le traitement anti-hypertenseur de
choix chez le chat (10). La dose initiale est de 0,625 mg/
chat, puis la dose est augmentée pour obtenir une PAS
<170 mmHg. Si l’amlodipine seule s’avère inefficace,
l’ajout d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de
l’angiotensine (IECA) et/ou d’un alpha-1 antagoniste
devra être envisagé.
Complications métaboliques
Déséquilibres acido-basiques
L’acidose métabolique est une séquelle fréquente de l’IRA
et elle est liée à la baisse d’excrétion rénale des acides et à
la diminution de la production des bicarbonates (11).
Une acidose métabolique légère peut se corriger avec le
rétablissement de l’euvolémie et la reprise de la diurèse.
Un traitement plus agressif de l’acidose métabolique peut
toutefois être indiqué si l’acidose est très importante
ou si une hyperkaliémie est associée.
Le traitement de l’acidose grave ([bicarbonates sériques]
<16 mmol/L) est établi en fonction de la concentration
sérique de bicarbonates ou de la mesure des gaz sanguins
veineux. Du bicarbonate de sodium est administré en
IV pour atteindre une bicarbonatémie >20 mmol/L
ou jusqu’à ce que la surcharge sodée ou l’hypocalcémie
interdise toute administration supplémentaire. Le déficit
extracellulaire en bicarbonates peut s’estimer de la
manière suivante :
- mEq de HCO3nécessaires = (poids en kg) x 0,3 x
(déficit en base ou (20- TCO2))
Pour limiter les complications iatrogènes, l’objectif immé-
diat n’est pas de restaurer l’équilibre acido-basique mais de
réduire les effets cardiovasculaires indésirables de l’aci-
dose. Ainsi, la moitié de la dose calculée est administrée
en 30 minutes, le reste étant administré avec les solutés IV
au cours des 2 à 4 heures suivantes. Les taux de TCO2et
d’électrolytes sont réévalués après la supplémentation
initiale, pour évaluer l’efficacité du traitement et juger de
la nécessité d’une supplémentation complémentaire (12).
Hyperkaliémie
L’hyperkaliémie est le trouble métabolique le plus grave
associé aux causes rénales et post-rénales d’IRA. Elle peut
être aggravée par une mauvaise utilisation des solutés
contenant du potassium et/ou de médicaments tels que
les IECA. La kaliémie ([K+] sérique) varie fortement chez
les animaux en urémie aiguë et des arythmies cardiaques
potentiellement fatales peuvent apparaître quand [K+]
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Published in IVIS with the permission of the editor
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