Master 2 Recherche mention Sciences du Sport et du Mouvement humain spécialité Sport, Motricité, Santé et Société TC1 Du dualisme cartésien au cognitivisme dans l’étude du comportement moteur Bernard Thon UFR.STAPS Université Paul Sabatier Toulouse [email protected] 1 L’esprit et le corps : la « pensée » du mouvement Description verbale (instructions, consignes…) Dépiction (peinture, dessin, sculpture,schéma, images, graphiques) Démonstration, exécution 2 XVIIème et XVIIIème siècles: les approches philosophiques 3 Le dualisme de « substance » entre l’esprit et le corps Descartes (1596-1650) 4 Le dualisme de « substance » entre l’esprit et le corps Descartes (1596-1650) Pour Descartes, le corps fonctionne comme une machine, et doit obéir aux lois de la physique. La seule physique de son époque concernant la mécanique et l’optique, il suppose que les relations entre la périphérie et le cerveau se font par des mouvements d’air (le pneuma, ou « esprits animaux ») qui circulent dans les nerfs. Ces mouvements sont initiés par des excitations du monde extérieur (par la chaleur dans l’image ci-contre, ou la lumière dans l’image suivante) ou par la volonté de l’âme. 5 Ici, Descartes pose le problème de la vision binoculaire (: deux yeux qui ne voient pas exactement la même chose) et de l’unicité de l’expérience perceptive visuelle. Un même point de l’espace se projette sur des points différents de la rétine droite et gauche. Ces points « homologues » se projettent euxmêmes sur un seul point d’un organe central où s’effectue la fusion des images et participe à l’expérience perceptive. Pour Descartes, cet organe ne peut être que la glande pinéale, qui sert d’intermédiaire entre le corps et l’esprit. Pour plus de détails, voir Smith, (1998). Dualisme de « substance » entre le corps, matériel et périssable, instrument d’action sur le monde physique, et « l’âme », immatérielle et éternelle, siège de la pensée, des émotions et de la conscience. Smith, C. (1998). Descartes' pineal neuropsychology. Brain and Cognition, 36(1), 57-72. 6 Les continuateurs de Descartes • Malebranche : spiritualisme (l’esprit prime sur le corps) • de La Mettrie : matérialisme (seul le corps « existe » et peut être étudié) 7 Nicolas Malebranche (1638-1715) : l’esprit prime sur le corps •Habitudes corporelles et habitudes spirituelles •Selon toutes les apparences du monde, , il y a toujours dans quelques endroits du cerveau, quels qu'ils soient, un assez grand nombre d'esprits animaux très agités par la chaleur du cœur d'ou ils sont sortis, et tous prêts de couler dans les lieux où ils trouvent le passage ouvert. Tous les nerfs aboutissent au réservoir de ces esprits, et l'âme a le pouvoir de déterminer leur mouvement et de les conduire par ces nerfs dans tous les muscles du corps. ces esprits y étant entrés, ils les enflent et par conséquent ils les raccourcissent. Ainsi ils remuent les parties auxquelles ces muscles sont attachés. Mais, afin de suivre notre explication, il faut remarquer que les esprits ne trouvent pas toujours les chemins par où ils doivent passer, assez ouverts et assez libres ; et que cela fait que nous avons par exemple, de la difficulté à remuer les doigts avec la vitesse qui est nécessaire pour jouer des instruments de musique, ou les muscles qui servent à la prononciation pour annoncer les mots d'une langue étrangère; mais que peu à peu les esprits animaux, par leurs cours, continuel ouvrent et aplanissent ces chemins, en sorte qu'avec le temps ils n'y trouvent plus de résistance. Or c'est dans cette facilité que les esprits animaux ont de passer dans les membres de notre corps que consistent les habitudes. La recherche de la vérité, 1674 8 J.O. de La Mettrie (1709-1751): seul le corps est « compréhensible » Philosophe matérialiste, médecin de formation, il s’oppose au dualisme cartésien. Pour lui, la sensation est une propriété de la matière, non de l’âme. Ces idées lui valent des poursuites de l’église catholique, et il fuit la France vers la Hollande. En 1748, il publie l’Homme Machine, et il doit quitter la Hollande pour la cour de Frédéric II à Berlin qui, tout en étant « effrayé » par ses idées, continuera à le protéger. Une des idées maîtresses de La Mettrie est que nos connaissances doivent dériver de l’observation et de l’expérience, et non de la pure spéculation métaphysique. 9 Gottfried Wilhelm LEIBNIZ (1646-1716) L’harmonie entre le corps et l’esprit Mathématicien et philosophe, toute sa démarche est basée sur l’idée de continuité et d’harmonie. Il a beaucoup correspondu avec Malebranche. Il considère qu’il ne peut y avoir d’interaction entre deux substances différentes, l’âme et le corps, et s’oppose donc aux idées de Descartes. Pour Leibniz, il y a une harmonie entre l’âme et le corps, l’esprit et la matière, car elle a été voulu par Dieu. Pour formaliser cette harmonie, il introduit le concept de « monade » pour dépasser le dualisme cartésien. 10 XIXème siècle: les fondations d’une approche scientifique de la philosophie à la démarche empirique Weber E. H. (1795-1878) Anatomiste et physiologiste allemand, Weber s’intéresse à la « sensation » en adoptant une approche expérimentale. Il invente la méthode des seuils différentiels, qui consiste à présenter au sujet une stimulation initiale, puis à augmenter progressivement son intensité physique jusqu’à ce que le sujet détecte un changement de sensation. Il observe qu’il y a un rapport constant entre l’intensité du stimulus (I) et la variation minimale (i) nécessaire pour évoquer un changement dans la sensation : i/I = constante. Weber, E.H. (1834, 1996) De tactu. Annotationes anatomicae et physiologicae. Leipzig: Koehler. Translated in Ross, H.E. and Murray, D.J. (Eds) E.H. Weber on the tactile senses. 2nd edition. Hove: Erlbaum (UK) Taylor & Francis, 1996. D’après Piéron, dans son ouvrage « Psychologie expérimentale » (édition de 1948), cette loi aurait été découverte par un physicien français, Bouguer (1698-1758) et exposée dans son « Traité d’optique sur la gradation de la lumière » 12 Fechner développe les idées de Weber, et fonde la psychophysique en publiant en 1860 Elemente der Psychophysik. G.T. Fechner (1801-1887) Son projet est de travailler sur « une théorie exacte des rapports entre l’âme et le corps, entre le monde physique et le mode psychique ». Il s’inscrit donc dans une tradition dualiste. Il établit qu’il existe une relation logarithmique entre l’intensité d’un stimulus et la sensation qu’il évoque : S = a LOG(I) + b. (Loi de Weber-Fechner) Ces deux auteurs montrent ainsi qu’il est possible de rendre compte par une formule mathématique des relations entre le monde physique, auquel appartient la source d’excitation, et le monde de l’esprit dans lequel apparaît la sensation. Le monde matériel et le monde mental peuvent être unifiés dans une formule mathématique. 13 Donders (1818-1889) et le paradigme de la chronométrie mentale. "But will all quantitative treatment of mental processes be out of the question then? By no means! An important factor seemed to be susceptible to measurement: I refer to the time required for simple mental processes" (Donders, 1868/1969). “Est-ce-que une analyse quantitative des processus mentaux est hors de question ? Bien sur que non ! Un important facteur semble susceptibe d’être mesuré : je me réfère au temps nécessaire aux processus mentaux simples” 14 Donders (1868) et le paradigme de la chronométrie mentale. Donders suppose que le temps de latence (Temps de réaction, ou TR) d’une réponse (motrice ou verbale) à un stimulus est la somme des durées des opérations élémentaires de traitement de l’information. Pour évaluer ces durées il met en place ces trois situations. Situation « a » Temps de réaction simple : TRa Situation « b » Temps de réaction de choix :TRb Situation « c » Temps de réaction Go/no Go :TRc Donders, F. C. (1969). On the speed of mental processes. In W. G. Koster (Ed.), Attention and Performance, II. Amsterdam: North-Holland (original published in 1868). Dans la situation « b », le sujet doit appuyer sur un des deux boutons selon le stimulus qui apparaît. On suppose que le sujet doit identifier le stimulus et sélectionner la réponse appropriée. Ces deux opérations occupent une partie du temps de réaction: TRb = X + TRident + TRselect (X représentant la durée des autres opérations) Dans la situation « a », un seul stimulus et une seule réponse. Ces deux opérations ne sont pas nécessaires, d’où: TRa = X => TRb – TRa = TRident + TRselect Dans la situation « c », le sujet doit appuyer sur le bouton pour un stimulus, et ignorer l’autre (situation Go/NoGo). Il y a donc incertitude sur le stimulus, mais une seule réponse. L’opération de sélection de la réponse est donc inutile, d’où: TRc = X + TRident => TRc – TRb = TRselect Cette méthode « soustractive » n’est cependant valable que si les opérations entre le stimulus et la réponse se succèdent séquentiellement, sans se recouvrir, 15 même partiellement. Wilhem Wundt (1832-1920) Formation de médecin, physicien, chimiste, il intègre le laboratoire de von Helmoltz. Il s’y intéresse de plus en plus à la psychologie. Il crée, en 1879, le premier laboratoire de Psychologie à Leipzig (Allemagne), et nomme son approche Physiologie Psychologique. Il s’intéresse aux phénomènes de conscience (qui sont, pour lui, l’objet de la psychologie) par une approche analytique (identification des sensations ou sentiments élémentaires) et expérimentale. Cette approche sera qualifiée de « introspection expérimentale ». 16 Hermann EBBINGHAUS (1850-1909) Publie en 1885 « Über das Gedächtnis : Untersuchungen zur experimentallen Psychologie » (Sur la mémoire : une contribution à la psychologie expérimentale ) Chercheur allemand, il est le premier à proposer une approche expérimentale de la mémoire humaine. Il a le souci de quantifier la mémoire par des méthodes rigoureuses. Il mesure le nombre d’essais nécessaire pour apprendre sans erreur une liste de syllabes(N1). Après un délai de rétention variable, il mesure le nombre d’essais nécessaires pour réapprendre la liste (N2). La différence (ou le rapport, en pourcentage) entre N2 et N1 est un indice d’économie dans le ré-apprentissage, et une mesure de la mémoire. Il établit que la quantité d’information « oubliée » est une fraction constante de la quantité d’information en mémoire (loi de l’oubli). La mémoire, après la sensation, est ainsi formalisée sous forme mathématique. 17 Le retour du spiritualisme : H. Bergson (1859-1941) Dans l’avant-propos de Matière et Mémoire (1896) sous-titré « Essai sur la relation du corps à l’esprit » Bergson écrit : « Ce livre affirme la réalité de l’esprit, la réalité de la matière, et essaie de déterminer le rapport de l’un à l’autre sur un exemple précis, celui de la mémoire. » Il y a, disions-nous, deux mémoires profondément distinctes: l'une, fixée dans l'organisme, n'est point autre chose que l'ensemble des mécanismes intelligemment montés qui assurent une réplique convenable aux diverses interpellations possibles. Elle fait que nous nous adaptons à la situation présente, et que les actions subies par nous se prolongent d'elles-mêmes en réactions tantôt accomplies tantôt simplement naissantes, mais toujours plus ou moins appropriées. Habitude plutôt que mémoire, elle joue notre expérience passée, mais n'en évoque pas l'image. L'autre est la mémoire vraie. Coextensive à la conscience, elle retient et aligne à la suite les uns des autres tous nos états au fur et à mesure qu'ils se produisent, laissant à chaque fait sa place et par conséquent lui marquant sa date, se mouvant bien réellement dans le passé définitif, et non pas, comme la première, dans un présent qui recommence sans cesse. Bergson, Matière et Mémoire (1896) PUF p.167 18 Théodule Ribot (1839-1916) Agrégé de philosophie, il considère que la psychologie est une branche de la biologie et non de la philosophie, et doit se dégager de toute considération métaphysique. En 1873 ils soutient sa thèse « L’hérédité : étude psychologique sur ses phénomènes, ses lois, ses causes et ses conséquences ». Il y affirme que les phénomènes mentaux sont, comme les autres phénomènes biologiques, soumis aux lois de l’hérédité. Il sera le premier chargé de cours de psychologie expérimentale à la Sorbonne en 1885. Ribot (1870): « La psychologie sera donc précisément expérimentale : elle n’aura pour objet que les phénomènes, leurs lois et leurs causes immédiates; elle ne s’occupera ni de l’âme ni de son essence car cette question étant en dehors de la vérification appartient à la métaphysique » 19 1894 : Alfred Binet fonde à Paris le laboratoire de Psychologie Physiologique. Quelques années plus tard (1905) il propose, avec T. Simon, une mesure de l’intelligence par un ensemble de tests adaptés à l’âge des sujets. Le but est de détecter assez tôt les élèves incapables de suivre l’enseignement dispensé à l’école. Ils jettent les bases de la psychologie différentielle et de l’orientation professionnelle. Alfred Binet (1857-1911) Ces travaux s’inscrivent aussi dans l’esprit « républicain » qui considère que chaque individu doit trouver sa place dans la société sur la base de ses qualités et de son travail, et non de sa naissance ou de sa fortune. 20 La difficulté à analyser le mouvement Géricault G. (1821). Le Derby d’Epsom. Huile sur toile (92 x 122.5 cm) Paris, Musée du Louvre 21 La difficulté à analyser le mouvement Demenÿ, G. (1924) Mécanisme et Education des Mouvements. Paris: Félix Alcan. Réimprimé en 1993 par les Editions Revue EP.S Dans la collection « Archives et Mémoire de l’Education Physique et du Sport » (dir. G. Vigarello) 22 L’analyse du mouvement Vers 1890, Muybridge au USA et Marey et Demenÿ en France mettent au point des dispositifs qui permettent de prendre des photographies instantanées à des intervalles de temps fixes. Ces techniques chronophotographiques donnent une décomposition du mouvement, et seront très utilisées pour analyser de nombreux gestes sportifs Eadweard Muybridge (1830 - 1904 ) Etienne Jules Marey (1830-1904) Georges Demenÿ (1850-1935) 23 Le fusil chronophotographique de Marey Pour plus de détails sur l’histoire de l’analyse du mouvement voir: Pociello, C. (1999). La Science en Mouvement. Paris: Presses Universitaires de France Cliché chronophotographique de Demenÿ (1890) 24 Le phonoscope de Demenÿ (1864) 25 Muybridge 26 La chronophotographie : Muybridge Muybridge E. (1887). Nu descendant un escalier. The Muybridge Collection, Kingston Museum. In Frayling C., Frayling H. & van der Meer R. L’Atelier du Peintre, Image et Page. 27 Chronométrie et motricité Merkel (1885) : TR et incertitude Une des premières études sur les relations entre incertitude et temps de réaction est celle de Merkel (1885) (cité par Schmidt, 1988). Dans cette expérience, les chiffres de 1 à 5 sont associés aux doigts de la main droite, et les chiffres romains de I à V sont associés aux doigts de la main gauche. Le sujet doit appuyer avec le doigt correspondant à l’apparition du signal. Lors d’un bloc d’essai, le sujet sait à l’avance quels signaux peuvent être donnés. Leur nombre varie d’un bloc à l’autre. On mesure le TR pour chaque essai. La courbe représente le TR moyen en fonction du nombre de signaux possibles. Le TR augmente avec l’incertitude (: nombre d’alternatives) de façon non linéaire. L’augmentation de la durée du TR est plus importante lorsqu’on passe de 1 (TR simple) à 2 alternatives que lorsqu’on passe de 8 à 9 alternatives. Merkel, J. (1885). Die zeitlichen Verhaltnisse der Willensthätigkeit. Philosophische Studien, 2, 72-127. 28 Woodworth (1899) : relation empirique entre vitesse et précision du mouvement Yeux fermés Erreur absolue (mm) Yeux ouverts Fréquence du métronome (bat/min) Dans la tâche, le sujet doit pointer alternativement entre deux cibles, et synchroniser ses mouvements avec les battements d’un métronome. La priorité est donc donnée à la contrainte temporelle. On mesure l’erreur spatiale absolue (distance entre la cible et le pointage). La fréquence du métronome est progressivement augmentée. On observe, à partir d’une certaine fréquence, une augmentation progressive de l’erreur (détérioration de la précision), qui atteint un plateau. A partir de 180 b/min, la précision des sujets en conditions « yeux ouverts » est identique à celle de la condition « yeux ouverts ». Dans ce cas, on peut supposer que les sujets ne peuvent plus utiliser les informations visuelles pour contrôler leurs mouvements. Woodworth, R. S. (1899). The accuracy of voluntary movements. Psychological Review, 3, 1-106. 29 XXème siècle: la recherche de fondements théoriques du behaviorisme au cognitivisme 30 L’ approche behavioriste Les précurseurs E.L. Thorndike (1874-1949) Thorndike, aux USA, soutient son doctorat de psychologie en 1898 sur l’intelligence animale. Il met au point des expériences sur l’apprentissage en utilisant des « boîtes à problèmes », et le quantifie par le temps nécessaire pour trouver la solution. Il suppose que l’apprentissage se met en place par une sélection de la « bonne réponse » par élimination des réponses inappropriées ( : qui n’ont pas de conséquences positives pour l’individu). Il introduit le concept de « renforcement » et d’association entre réponse et renforcement ( : loi de l’effet). Cette sélection de la bonne réponse serait automatique, inconsciente, ne nécessitant ni attention ni raisonnement. Cette idée sera reprise par le courant behavioriste. Il fut aussi un des premiers à étudier l’apprentissage moteur chez l’homme avec des expériences très simples, qui consistaient à tracer des lignes, les yeux fermées, d’une certaine longueur. Il démontre le rôle de la connaissance du résultat ( : informations en retour sur le résultat de l’action) qu’il assimile à un renforcement. 32 La Loi de l’effet (Thorndike) "Of several responses made to the same situation those which are accompanied or closely followed by satisfaction to the animal will, other things being equal, be more firmly connected with the situation, so that, when it recurs, they will be more likely to recur; those which are accompanied or closely followed by discomfort to the animal will, other things being equal, have their connections to the situation weakened, so that, when it recurs, they will be less likely to occur. The greater the satisfaction or discomfort, the greater the strengthening or weakening of the bond." 33 Les précurseurs Physiologiste russe, spécialiste de la digestion, il observe des réponses salivaires des animaux à des stimuli qui ne sont pas de nature alimentaire et suppose qu’ils ont acquis cette capacité d’évoquer la réponse à la suite d’une association avec de la nourriture. Y.P. Pavlov (1849-1936) Il décide de poursuivre des recherches sur ce problème, et développe des paradigmes expérimentaux pour mettre en évidence la mise en place de ces associations. Il propose le concept de « conditionnement » pour désigner ce phénomène d’apprentissage. Dans le protocole du conditionnement « pavlovien » (ou « classique »), on présente un stimulus « neutre » (ex: un son) quelques secondes avant un stimulus « inconditionnel » (ex: un aliment) qui évoque une réponse « inconditionnée » (ex: la salivation). Après plusieurs essais, le stimulus initialement neutre provoque la réponse. On parle alors de stimulus « conditionnel » et de réponse « conditionnée ». Pour Pavlov, il s’est crée une liaison entre les stimulus et la réponse. 34 Les précurseurs Henri Pièron (1881-1964) Elève de Ribot, il est nommé maître de conférence en 1908. Dans sa leçon inaugurale, il affirme que la psychologie est une science biologique, ayant comme objet d’étude le comportement des organismes. Il tente en particulier de trouver des continuités ou des « invariance » dans les processus psychologiques, notamment la mémoire, dans le règne animal, « de l’actinie à l’homme » (titre d’un de ses multiples ouvrages publié en 1958). Il établit que la loi de l’oubli (décrite par Ebbinghauss) se retrouve aussi bien chez l’homme que chez la limnée (escargot d’eau douce). 35 Le courant behavioriste : le fondateur En 1913, J.B. WATSON (1878-1958) publie le manifeste behavioriste dans lequel il pose les principes sur lesquels doit être basée une psychologie scientifique : - la psychologie est une branche des sciences naturelles - sa méthode doit être expérimentale et objective - les mêmes approches doivent être menées sur l’homme et sur l’animal - son objet d’étude est le comportement, qu’elle doit prédire et permettre de « contrôler » - elle doit permettre de formaliser des lois générales du comportement John Broadus Watson (1878-1958) 36 Le courant behavioriste : le behaviorisme « radical » B.F. Skinner (1904-1990) Il tente d’expliquer l’ensemble des comportements, y compris les plus complexes (comme le comportement verbal chez l’homme), uniquement en termes d’associations stimulus-réponse. 37 Le courant behavioriste : les critiques Tolman E.C. (1948) Cognitive maps in rats and men, Psychological Review, 55(4), 189-208. E.C. Tolman (1886-1959) Navigation d’une fourmi Labyrinthe radiaire 38 Le courant behavioriste : les critiques Les rats dans ce labyrinthe apprennent rapidement le chemin le plus court pour arriver à la nourriture. Si on place un obstacle en A, il utilisent alors le chemin 2. Si l’obstacle est placé en B, ils utilisent le trajet 3 « sans hésitation ». Tolman interprète ces comportements par la formation, au cours des déplacement de l’animal, d’une « carte cognitive ». 39 La psychologie de la forme (Gestalt psychologie) W. Kohler (1887-1968) Certains comportements ne peuvent s’expliquer en termes d’associations stimulus-réponse. Importance de l’insight et de la restructuration du champ perceptif. 40 L’approche cognitive -Le courant computationnel -Le courant cybernétique -Le courant informationnel -Le courant représentationnel Ganascia J.B. (1996). Les sciences cognitives. Flammarion. Coll. Dominos. Varela F.J. Invitation aux sciences cognitives. Flammarion. Coll. Points. 1935 Turing (1912-1954) L’approche cognitive : le courant « computationnel » Mathématicien anglais, il s’intéresse, entre autre, au problème de la calculabilité d’une fonction. Comment décider qu’une fonction est calculable ? Il démontre (1935-1936) qu’une fonction est calculable si on peut imaginer un automate formel qui puisse effectuer ce calcul en un nombre fini d’étapes. Il imagine cet automate connu sous le nom de « machine de Turing » sous une forme abstraite : ensemble de règles qui définissent son fonctionnement en fonction de ses entrées et de son état. Il n’a donc pas de réalité matérielle particulière, mais peut être « implémenté » sous différentes formes. Les ordinateurs sont des machines de Turing électroniques. Cette formalisation introduit donc une dichotomie entre le « logiciel » (software) et le « matériel » (hardware) qui n’est pas sans rappeler le dualisme cartésien entre l’esprit et le corps. Dans certains formalisation cognitives, le fonctionnement de l’esprit peut être compris par des fonctions abstraites, souvent computationnelles, sans prendre en compte la structure matérielle (le cerveau) dans laquelle ses fonctions sont réalisées. 42 La « machine » de Turing (State,Symbol) (State,Symbol,Direction) (1, " ") (1 , " ", forward) (1, "1") (1 , "1", forward) (1, "-") (1 , "-", forward) (1, "=") (2 , " ", back) (2, "1") (3 , "=", back) (2, "-") (HALT, " ", back) (3, "1") (3 , "1", back) (3, "-") (4 , "-", back) (4, " ") (4 , " ", back) (4, "1") (1 , " ", forward) Règles de transition En fonction de l’état (1 à 4) et du symbole lu (1, =, -) 43 La « machine » de Turing Calcul de la différence : 1111 - 11 44 1943 L’approche cognitive : le courant « cybernétique » ROSENBLUETH WIENER BIGELOW Ils s’intéressent au contrôle de machines artificielles pour que leur fonctionnement s’adapte aux fluctuations de l’environnement (ex : poursuite d’une cible par un radar). Ils introduisent le concept de « rétroaction » (feedback) et de boucle de contrôle. Ils fondent ainsi la cybernétique, dont nous verrons ultérieurement l’importance dans les modèles de la motricité humaine N. Wiener 45 Computation et cybernétique McCullogh & Pitts, neuropsychiatre et mathématicien, ont pour projet de rechercher « les mécanismes matériels et logiques qui incarnent l’esprit ». Pour eux, l’esprit humain est une machine logicomathématique (cf Turing) qui s’incarne dans la matière de l’organisme. Ces idées, reprises par Von NEUMANN (mathématicien), conduiront à la construction du premier ordinateur, appelé à l’époque « cerveau électronique ». Pour Von NEUMANN, le cerveau est un automate qui fonctionne sur le même principe qu’un ordinateur, mais avec des composants différents. L’ordinateur devient une métaphore de l’esprit. John von Neumann (1903-1957) Von Neumann (1996 pour la traduction française) L’ordinateur et le cerveau. Flammarion. Coll. Champs 46 N. Bernstein (1897-1966) Nicolas Bernstein, physiologiste russe, s’intéresse, vers 1940, à la motricité humaine. Ses travaux ne seront connus dans le monde occidental que dans les années 1960. Il est considéré comme le précurseur de l’approche cybernétique et de l’approche dynamique de la motricité. 47 Modèle cybernétique du contrôle d’un système finalisé État désiré État désiré Programme commandes commandes effecteurs effecteurs environnement environnement Contrôle en Boucle ouverte comparateur État actuel capteurs Contrôle en Boucle fermée 48 Cybernétique et motricité Modèle cybernétique du contrôle moteur Conditions initiales Contrôle Pro-actif en boucle ouverte But à atteindre Contrôle Retro-actif en boucle fermée « hypothèse » Programme Moteur Conséquences Sensorielles attendues Signal d’erreur Commandes Motrices Comparateur Effecteurs (muscles, articulations) Informations sensorielles proprioceptives Environnement Information sensorielles extéroceptives Résultat 49 Cybernétique et motricité : le principe de réafférence Von Hoslt & Mittelstaed, en 1950, se posent le problème de la perception du mouvement: comment un même message rétinien peut-il être interprété en fonction de l’origine du déplacement de l’image rétinienne, déplacement de l’environnement ou mouvement des yeux et/ou de la tête ? Centres moteurs oculaires Copie d’efférence Commandes motrices (efférences) Centres perceptifs Muscles oculaires Différenciation des : Réafférences (dues aux mouvements des yeux) Exafférences (dues aux déplacements de l’environnement) Mouvement des yeux Déplacement de l’image rétinienne Mouvement dans l’environnement Message rétinien (afférences) Le message rétinien est « interprété » en fonction des commandes motrices Permet de résoudre le problème de « l’agentivité » 50 1949 L’approche cognitive : le courant « informationnel » Shannon et Weaver (1949) proposent une théorie de l’information, initialement destinée à résoudre des problèmes de télécommunication. Ils relient information apportée par un événement à la probabilité de cet événement : H = Log2(1/p) Une unité d’information (1 bit) est apportée par un évènement dont la probabilité = 1/2 Claude Shannon (1916-) Dion E. (1997). Invitation à la théorie de l’information. .Editions du Seuil. Coll. Points 51 Information et motricité Hick (1952) et Hyman (1953): incertitude = information Indépendamment l’un de l’autre Hick (1952) et Hyman (1953) s’appuient sur la théorie de l’information de Shannon & Weaver pour modéliser les relations entre TR et incertitude. La quantité d’information (H) à traiter dépend de la probabilité d’apparition du stimulus (ou du nombre d’alternatives, avec p = 1/N). Selon l’équation de Shannon, H = Log2(N). Plusieurs expériences mettent en évidence ne relation linéaire entre la durée du TR et H: TR = aH + b. Les courbes suivantes correspondent aux données obtenues chez 4 individus différents, qui ont participé à 3 expériences (Hyman, 1953) Hick, W. E. (1952). On the rate of gain of information. Quartely Journal of Experimental Psychology, 4, 11-26. Hyman, R. (1953). Stimulus information as a determinant of reaction time. Journal of Experimental Psychology, 45, 188-196. 52 TR = a Log2(N) + b ou Loi de Hick-Hyman 53 Slater-Hammel : mise en évidence d’un point de non retour dans la production d’une réponse motrice. Expérience: lorsque le sujet appuie sur le bouton, l’aguille se met en mouvement et fait un tour en 1 seconde. La tâche du sujet est de lever le doigt du bouton au moment exact ou l’aiguille atteint le repère. Dans certains essais, l’expérimentateur arrête l’aiguille avant qu’elle arrive sur le repère. Dans ce cas, le sujet doit garder le doigt appuyé. On note le nombre de réponse « erronées » (lever du doigt) en fonction du temps qui resterait à l’aiguille avant d’arriver sur le repère. On observe que pour un arrêt prématuré de l’aguille inférieur à 100 ms, les sujets ne peuvent pas inhiber la réponse. La production de la réponse a atteint un point de non retour. Entre 100 et 160 ms, l’inhibition devient de plus en plus facile. 54 Slater-Hammel : mise en évidence d’un point de non retour dans la production d’une réponse motrice. On observe que pour un arrêt prématuré de l’aguille inférieur à 100 ms, les sujets ne peuvent pas inhiber la réponse. La production de la réponse a atteint un point de non retour. Entre 100 et 160 ms, l’inhibition devient de plus en plus facile. Slater-Hammel, A. T. (1960). Reliability, accuracy and refractoriness of a transit reaction. Research Quartely, 31, 217-228. 55 Information, cybernétique et motricité Fitts : contrôler un mouvement nécessite de traiter d’autant plus d’information que la précision exigée est importante Le sujet doit pointer alternativement les deux cibles sans erreur: contrainte de précision. On fait varier la distance entre les cibles (ou amplitude du mouvement : 2A) et leur largeur (W). On mesure le temps de mouvement (: temps de déplacement d’une cible à l’autre) pour plusieurs combinaisons de A et W. On observe que le TM augmente avec l’amplitude et la précision exigée. Pour Fitts, cette relation s’explique par la quantité d’information à traiter pendant l’exécution. La quantité d’information à traiter pendant un mouvement de pointage dépend de son amplitude (A) et de la largeur de la cible (W). Fitts propose de quantifier cette quantité d’information à partir d’un Indice de Difficulté (Id) : Id = Log2(2A/W) (en bits). De très nombreuses expériences mettent en évidence une relation linéaire entre Id et TM : le temps mis pour exécuter un mouvement est le temps nécessaire pour traiter l’information. 56 TM = a Log2(2A/W) + b ou Loi de Fitts Largeur des cibles Fitts, P. M. (1954). The information capacity of the human motor system in controlling the amplitude of movements. Journal of Experimental Psychology, 47, 381-391. Fitts, P. M., & Peterson, J. R. (1964). Information capacity of discrete motor responses. Journal of Experimental Psychology, 67, 103-112. 57 Adams (1971) propose une théorie de l’apprentissage moteur inspiré des formalisations cybernétiques, mais en continuité avec certaines conceptions behavioristes. Ce qui est formé au cours de l’apprentissage, c’est une « représentation » du mouvement sous forme de ses conséquences sensorielles qui servent à guider son exécution. Dans cette acquisition, la connaissance du résultat joue un rôle analogue à celui d’un renforcement (négatif ou positif) qui permet d’éliminer les mauvaises réponses, et de stabiliser les bonnes réponses. On reconnaît ici la « loi de l’effet ». Adams reconnaîtra souvent se situer dans la lignée de Thorndike. Adams, J. A. (1971). A closed-loop theory of motor learning. Journal of Motor Behavior, 3, 111-149. 58 Schmidt (1975) introduit, à la suite de Bartlett et de Pew, le concept de Schème Moteur, pour rendre compte de la stabilité et de la variabilité des actions motrices. Un schème moteur représente : * les invariants d’une classe de mouvements * les opérations de paramétrisation qui permettent de fixer la valeur des paramètres variables, en fonction du but à atteindre et des conditions de réalisation R.A. Schmidt Il a deux composantes: * le schème de rappel qui génère le programme moteur * le schème de reconnaissance, qui définit les conséquences sensorielles attendues, utilisées pour guider le mouvement en cours d’exécution. Schmidt, R. A. (1975). A schema theory of discrete motor skill learning. Psychological Review, 82, 225-260. 59 Modèle du schème moteur But à atteindre Conditions de réalisation Recherche en mémoire et sélection Schème moteur: Forme invariante et Paramètres variables Schème de rappel Schème de reconnaissance Programme Moteur: Commandes motrices Conséquences sensorielles attendues Exécution et contrôle du mouvement 60 La « signature » d’un schème moteur : mise en évidence d’invariant temporels dans la production d’une séquence de mouvements Un(e) dactylographe doit taper le mot « TROUBLE » au clavier, à des vitesse de frappe différentes. Chaque point représente le moment de la frappe d’une touche. Terzuolo, C. A., & Viviani, P. (1979). The central representation of learning motor programs. In R. E. Talbot & D. R. Humphrey (Eds.), Posture and movement (pp. 113-121). New York: Raven. 61 Dissociation des erreurs de « programme moteur généralisé » (PMG) et de «paramétrisation » Tâche : production de force avec un pattern temporel constant et un pattern de force variable (voir figure). 4 groupes de sujets selon le type de tâche pratiquée (A ou B) et la quantité de pratique (20 ou 200 essais). Pratique variable pour tous. Whitacre, C. A., & Shea, C. H. (2000). Performance and learning of generalized motor programs: Relative (GMP) and absolute (parameter) errors. Journal of Motor Behavior, 32(2), 163-175. 62 Dissociation des erreurs de « programme moteur généralisé » (PMG) et de «paramétrisation » Erreur totale Erreur de GMP (Generalized Motor Program) Whitacre, C. A., & Shea, C. H. (2000). Performance and learning of generalized motor programs: Relative (GMP) and absolute (parameter) errors. Journal of Motor Behavior, 32(2), 163-175. 63 L’approche cognitive : le courant « représentationnel » A. Paivio et le « neo-mentalisme » Paivio, A. (1986). Mental Representations. New York: Oxford University Press 64 Multimodalité et représentations cognitives : dualisme des représentations Modèle « neo-mentaliste » de Paivio (1971) représentations symboliques langage image ? non symboliques sensori-motrices 65 L’approche « représentationnelle » : Les arguments Exploration « mentale » d’une carte Stephen Kosslyn Denis, M., & Kosslyn, S. M. (1999). Scanning visual mental images- A window on the mind. Cahiers de Psychologie Cognitive Current Psychology of Cognition, 18(4), 409-465. Denis, M. (1989). Image et Cognition. Paris: Presses Universitaires de France. L’approche « représentationnelle » : Les arguments La rotation « mentale » Shepard, R. N., & Metzler, J. (1971). Mental rotation of three-dimensional objects. Science, 171, 701-703. 67 De la difficulté à penser le mouvement Pour comprendre sa description verbale Le rétropédalage Décomposition du mouvement Les jambes travaillent alternativement et décrivent un mouvement circulaire vers l’intérieur. La jambe droite remonte vers les fesses, pendant que la jambe gauche se déplace vers le dedans et vers le bas (figure 2) La jambe droite s’oriente vers l’extérieur et vers le bas. A ce moment, il est primordial que la plante des pieds soit à plat (au moment de la poussée, pour une efficacité motrice maximale). La jambe gauche commence à remonter vers le dehors (figure 3). Madelenat G. (1995) Revue EP.S, 251, 46-47 La jambe droite se dirige vers le dedans et vers le bas. La pointe de pied est légèrement tendue (et relâchée). La jambe gauche remonte vers les fesses (figure 4) Cette phase précède celle de la figure 2, et le cycle se répète ainsi continuellement (figure 5). Dans l’exécution du … , il est indispensable d’effectuer le mouvement circulaire à partir d’une rotation interne du genou (figure 6). 68 Motricité et multimodalité Modèle de Annett (1985) Action Language Image langage Interactions verbales (descriptions, consignes, …) image mentale mouvement Interactions motrices 69 Les relations entre processus sensori-moteurs et cognitifs: Paillard Paillard, J. (1985). Les niveaux sensori-moteur et cognitifs du contrôle de l'action. In M. Laurent & P. Therme (Eds.), Recherches en Activités Physiques et Sportives, 1. Marseille: Centre de Recherche de l'UER.EPS. Paillard, J. (1991). The cognitive penetrability of sensorimotor mechanisms - A key problem in sport research. International Journal of Sport Psychology, 22(3-4), 244-250. 70 Deux systèmes visuels : un dualisme structural et fonctionnel Localisation des objets Contrôle visuel de l’action pragmatique Vision des objets Représentation perceptive du monde sémantique Voir : Goodale M.A. & Milner A.D. (1992), Separate visual pathways for perception and action. Trends in Neurosciences, 15, 20–25 Goodale, M.A. & Humphrey, G.K. (1998). The objects of action and perception, Cognition, 67, 181-207. Goodale M.A. (1998) Visuomotor control: Where does vision end and action begin? Current Biology, 8, R489-R491 71 71 Deux systèmes visuels : Illusions perceptives, mais pas motrices…. • The ‘Ebbinghaus' illusion. The standard version of the illusion, the target circles in the centre of the two arrays appear to be different in size even though they are physically identical, as shown in (A). For most people, the circle in the annulus of smaller circles appears to be larger than the circle in the annulus of larger circles. • (B) Shows a version of the illusion in which the target circle in the array of large circles has been made physically larger than the other target circle. The two target circles should now appear to be perceptually equivalent in size. Aglioti, S., DeSouza, J.F.X. & Goodale, M.A. (1995). Size-contrast illusions deceive the eye but not the hand, Current Biology, 5, 679-685. 72 72 Deux systèmes visuels L’action résiste-t-elle à l’illusion… ? Version 3D de l’illusion Aglioti, S., DeSouza, J.F.X. & Goodale, M.A. (1995). Size-contrast illusions deceive the eye but not the hand, Current Biology, 5, 679-685. 73 73 Le contrôle moteur ne s’adapte pas à l’expérience perceptive, mais aux caractéristiques physiques de l’objet : L’action « résiste » à l’illusion perceptive A: ouverture de la pince digitale lorsque les 2 objets sont perçus comme identiques (mais de diamètre physique différent) B: ouverture maximum moyenne lorsque les 2 disques ont des diamètres différents et sont perçus comme différents ou identiques Graphs illustrating grip aperture in different testing conditions. (A) Representative grip aperture profiles for one subject picking up a large disc (solid line) and a small disc (broken line) on separate trials in which he judged the two discs to be identical in size (even though, of course, the two discs were physically quite different). In both cases, the disc was located on the left hand side of the display. (B) (B)The mean maximum grip aperture for the 14 subjects in different testing conditions. The two solid bars on the right indicate the maximum aperture on trials in which the two discs were judged to be perceptually the same even though they were physically different in size. The two open bars on the left indicate the mean maximum aperture on trials in which the two discs were judged to be perceptually different even though they were physically the same size (either two large discs or two small discs). 74 74 Contrôle « inconscient » de la motricité Corrections automatiques de la trajectoire après la perturbation Fourneret P., & Jeannerod M. (1998) Limited conscious monitoring of motor performance in normal subjects Neuropsychologia, 36, 1998, 1133-1140 75 Deux grands types de motricité Motricité téléocinétique « concrète » Motricité morphocinétique « abstraite » Orientée vers des modifications de l’environnement physique Orientée vers des modifications de l’état « mental » du spectateur Guidée par des buts « matériels » Guidée par des buts « immatériels » Réussite quantifiable par des indicateurs « objectifs » Évaluable par des indicateurs « subjectifs » (spectateurs, juges) Contrôlée par un couplage « perception-action » Contrôlée par des « modèles internes » 76 Schéma général des relations entre un système cognitif et son environnement Niveau Cognitif Intention Représentations langage pensée Mémoire(s) représentations Intentions… Analyseur(s) des entrées Niveau Sensori-moteur Automatismes Savoir faire Contrôle du mouvement Traitement des informations Récepteurs sensoriels programmation des sorties Appareil effecteur Motricité topocinétique Environnement physique langage Motricité morphocinétique Environnement social 77